Mois : août 2020

Un hapax, qué és acô ?

Un PEN en est un s’il s’agit d’un jardin.  Mystères du latin des notaires de Montcuq au Moyen-Age !

PEN est un vieux mot descriptif de formes du relief, un « fossile » linguistique, paléo-linguistique disent les spécialistes, toujours vivant en Occitan local.
A St-Pantaléon, Feu Mr Laniès, décédé il y a peu, désignait ainsi les « têtes » de causses formant des « Pechs», des «hauteurs dominantes», avançant vers la Vallée de la (Petite) Barguelonne et surplombant celle-ci. A St-Géniès la butte calcaire, très aride, portant le vieux castel des sires locaux médiévaux porte toujours le nom de Penne, écrit en Oc ancien tantôt  « Penna » (Pénno en Oc parlé) ou, très souvent dans les vieux actes, «PEN».

Pour les linguistes et historiens-linguistes «PEN» est un mot, une forme » chargée de sens, vivante en Occitan où elle s’est conservée mais qui nous vient des langues de la Préhistoire et des premiers agriculteurs-éleveurs, des plus anciens Paysans du Grand Sud de la France actuelle et de tout le Bassin Méditerranéen. Langues auxquelles appartient, par exemple, le mot CUQ, nom primitif de la hauteur isolée à sommet rocheux et rond comme un crâne (une butte-témoin pour les géographes) qui devint «MONT CUQ» aux temps des Comtes de Toulouse et Quercy (850-1249).

Un «PEN», butte aride et rocheuse, dépourvue de sols cultivables, est donc tout sauf un site propice au jardinage maraîcher. Or, c’est précisément ainsi que les vieux notaires d’Ancien Régime et du Moyen-Age désignaient à Montcuq, MAIS SEULEMENT au Bàrri de Nârcés(dont le nom signifie «lieu aux sols gorgés d’eaux», chose très vraie à Nârcés !), les jardins aux bonnes terres cultivables et aux sols riches en eaux et en sources, et jardins clos de murs de pierres sèches.

Les vieux actes concernent des jardins alors sis à droite, en descendant vers «St-Jean», de l’actuelle «Rue du Faubourg de Nârcés» alors dite «Carriera Vielha» del Bàrri de Nârcés (Carriéro byélyo en Oc parlé, accent tonique à l’espagnole ou à l’italienne). Ces jardins s’étendaient dans la Combe del Rîu de Léyret (RÎw dé Léyrétt) 1, petit cours d’eau intermittent, saisonnier, hivernal, naissant, surgissant périodiquement et coulant dans ce qui est devenu un chemin passant en contre-bas et à l’ouest du Centre Médico-Social et de l’Espace d’Animation et ruisseau descendant vers la Petite Barguelonne (qu’il rejoint au Pont de Belle Dent , lorsque l’on va vers Gàyrac).

On est donc là en aires de bonnes terres agricoles et riches en eaux que draine ce ruisseau. Or les notaires appellent PENs (BUTTES ROCHEUSES arides, impropres à la culture), les jardins gras et fertiles établis en cette combe ! Mystère du vocabulaire technique des habitants de Montcuq qui y avaient là des jardins ? Terme propre au vocabulaire juridique donc de sens précis et créateur de Droits et d’obligations, des notaires ? Questions de Droit Privé Ancien dans un pays régi par la Charte des Coutumes de Montcuq et par le Droit Romain ?

Pour les linguistes, ce pourrait être un terme UNIQUE rencontré UNE SEULE FOIS ou DANS UN SEUL LIEU et avec un sens inconnu ailleurs. On appelle cela un «HAPAX»… Lisant quelques pages de l’ouvrage d’Andrew Lewis sur les Capétiens et la Formation de l’Etat Royal Dynastique, intitulé «le Sang Royal», je suis tombé sur une citation qui pourrait être éclairante. Les scribes de la Chancellerie Royale, en Latin des Pays d’OÏL (Île-de-France) écrivaient parfois «appenagium» pour «apanagium» (apanage : terres ,droits seigneuriaux du Domaine Royal concédés par le Roi à ses fils cadets ou à ses frères). Appenagium révèle une étymologie latine en «ad Penagium», littéralement «POUR LE PENage, à Titre de PENage». Un «Penagium» était donc, les latinistes acquiesceront sans réticence, un «ensemble de droits» établis, centrés sur un «PEN». «PEN» était donc en vocabulaire des juristes médiévaux du Moult Doulx. L’origine est là aussi bien plus ancienne que l’Occitan ,le Latin, le Gaulois, on dit de ces mots (PEN, CUQ, LIGER) qu’ils sont « pré-indoeuropéen ». Ils furent ceux de langues répandues dans tout notre Grand Sud et dont il nous reste le « BASQUE » ! Ce furent les parlers des populations dites Ibéro-aquitaines qui s’étendaient jusqu’à la Loire ou presque… Royaulme de Francia Occidentalis le noyau fondateur, la base, le fondement, d’un «CORPUS» de DROITS réservés aux héritiers secondaires d’un Patrimoine, aux CADETS ainsi investis de biens et droits à eux laissés par leur père ou par leur frère aîné.

L’introduction de cette «institution» de Droit Privé en Pays d’Oc et ici à MONTCUQ et seulement au Bàrri (Quartier/Faubourg) de Nârcés n’est pas sans ouvrir bien des perspectives…

Cette «institution» est -elle «indigène» ? Propre à ce lieu ou introduite ?

S’agirait-il d’un legs paléo-juridique hérité de systèmes juridiques bien plus anciens ? Normes, coutumes, pratiques des Ibéro-Aquitains proto-historiques ? Ne souriez pas ! Les généalogistes et notaires actuels ont remarqué la persistance et rémanence en nos pays Carcinols de coutumes juridiques successorales propres aux populations ibériques anciennes et toujours observées en Gascogne (entre Garonne et Pyrénées ) et Pyrénées du Roussillon au Pays Basque et à la Galice : les filles aînées héritent de tout le «Patrimoine» (qui est plutôt là un «Matrimoine» !) et reprennent alors le nom de leur grand-mère maternelle : les biens se transmettent en ligne féminine….

S’agirait-il d’une application au droit privé local de pratiques imitées de celles des Capétiens ? OR déjà les COMTES Raymondéncs de Toulouse, seigneurs directs (et SOUVERAINS) de Montcuq pratiquaient l’institution d’apanages («appenagium» ?) en faveur de leurs fils et frères cadets (légitimes ou pas) : origine des Vicomtes de Toulouse-Bruniquel-Monclar (éteints fin 17ème siècle) et même de leurs filles et soeurs… (origine, indirecte, des vicomtes de Toulouse-Lautrec)

On aurait donc là, peut-être, à Montcuq, indice de la pratique de l’institution d’héritiers secondaires investis de biens concédés aux cadets et imputés sur le patrimoine principal laissé par le « Pater Familias »…

Affaire à creuser davantage…

F-X Nardou, Montcuq, 17 Août 2020.

 

1 Ce ruisseau, dont le nom est de même étymologie et sens que «Loiret», le Petit Loir, le Petit Liger latin (Liger à prononcer « Liguèrr », pas «Lijé» !)

Littérature et Histoire : septembre s’annonce très riche !

Les festivités autour du 150 e anniversaire de la proclamation de la République avec en vedette notre tribun local dont le coeur a été transféré au Panthéon il y a 100 ans, sont, plus que jamais d’actualité. La Covid oblige bien évidemment les organisateurs à prendre les mesures nécessaires pour éviter tout risque et le public est invité à se faire pré-inscrire sur le site de l’UPTC en cliquant CE LIEN.
Premier rendez-vous mardi 4 septembre avec la conférence inaugurale d’Etienne Baux « La République Gambetta ».

« À moins de cent ans après sa naissance, la République, quand Gambetta la proclama le 4 septembre 1870, n’avait pas laissé de bons souvenirs :  les luttes civiles, le désordre, la guillotine. Par deux fois, elle avait été étranglée par un Bonaparte. Les atroces fusillades de la Commune l’avaient aussi discréditée.

Inlassablement, Gambetta voulut la rétablir dans l’esprit des Français, préférant la réforme à la révolution, dans le respect absolu du suffrage universel, des libertés fondamentales et de la laïcité. C’est lui le créateur de notre modèle politique. Il a réconcilié les Français et la République ».

 

 

Une Carte mystère qui nous conduit sur une évasion du Château du Roi !

La carte mystère proposée la semaine dernière vous invitait à découvrir l’adresse à laquelle se trouvait l’hôtel Singou. Parmi les quelques bonnes réponses – 385 rue Anatole France –  la première à nous parvenir nous apportait un éclairage que nous sommes heureux de partager.

Evelyne Thiébaut, notre gagnante, joignait à son envoi, la copie d’un article de La Dépêche du Midi du 11 mars 1911 intitulé « Les évadés cambrioleurs« . Cet article que nous vous pouvez télécharger, car libre de droit, nous offre, détails à l’appui, le parcours de deux jeunes qui, après leur évasion « …d’une témérité folle… » passe par « notre » hôtel Singou, dans lequel un nouveau larcin est pratiqué avant de reprendre la fuite.
Heureusement, force reste à la loi et nous savons, par un nouvel article publié quelques semaines plus tard, que nos deux évadés ont été remis en lieu sûr !
Encore bravo à notre gagnante qui nous fait revivre un moment de notre passé cadurcien.

Carte mystère : qui localisera l’Hôtel Singou ?

 

Cette nouvelle carte mystère sera-t-elle plus facile à localiser ?
N’oubliez de proposer votre réponse (n° de l’immeuble existant et nom de la voie aujourd’hui)
à déposer dans l’espace accessible en cliquant CE LIEN

A gagner un jeu de 12 cartes postales « Cahors d’Antan » série n° 2, offert par l’Association des Collectionneurs Lotois.

Autrefois, la « Goulo d’Agoust », la foire du 1er août à Montcuq

 

Les foires et marchés sont aujourd’hui, plus que jamais sur le devant de la scène. Les mesures sanitaires, la défiance de certains consommateurs, l’absence de nos amis touristes…. autant de freins qui handicapent notre économie et mettent à mal nos relations sociales.
Nous profitons de quelques textes que François-Xavier Nardou, passionné d’histoire, pour découvrir l’ « autrefois » de son village préféré.

 

« D’ Août s’ouvre la goule. La Goulo d’Agoust, Gueule d’Août, était le nom en Oc du 1er Août, fête de St-Pierre aux Liens ( libération miraculeuse de st Pierre hors des prisons de Césarée de Palestine), fête patronale de St-Daunès et d’autres paroisses du Quercy-Blanc. Le 1er Août conserve le souvenir de rites que célébraient les Celtes (nos Gaulois entre autres) pour marquer l’Union du Ciel-Père et de la TerreMère, fête de Tout le Peuple rassemblé autour des rois et des druides. La Grande-Bretagne observe encore ce Lamma’s Day, Lamma venant du celtique Lugh Nasad, Noces de Lugh, dieu du Ciel lumineux (ancien maître des Hauteurs sacrées de Mont Lauzun, Monte Lugo Dùnum, et Lauzerte, Lugo Derta, Chênaie de Lugh). A Montcuq le 1er Août fut jusque vers 1965/70 une des grandes foires de l’année avec celle du 31 décembre, l’une au coeur de l’été l’autre de l’hiver. Montcuq avait alors deux foires / mois, contre, d’après la Charte des Coutumes de 1463, seulement deux par an au Moyen-Age, passées ensuite à quatre par an d’après un Aveu et Dénombrement au Roi de 1667. Mais Montcuq avait alors depuis le temps des Comtes de Toulouse, fondateurs du Castel et Ville de ce Loc et Cuq, deux marchés par semaine au bestiaux de toutes sortes, le mercredi (jour du dieu romain du commerce, des marchands et des voleurs) et le Samedi (jour de Saturne, vieux dieu de toutes les Abondances, notamment en grains, et des Origines), tantôt au Bàrri de Nârcés, au Mercadial et au Maquo L’Azé, tantôt au Bàrri dels Cantals et dels Oulmels (St-Privat) et au Pâtus del Sol (aire à battre le blé). Vers 1960 le 1er août attirait tant de marchands de toutes sortes et de clients venus d’entre Garonne, Tarn et Lot que les rues étaient littéralement noires de monde. Aux 17ème et 18ème s. Montcuq était un des principaux Marchés aux Blés de tout le Bassin Aquitain, puis jusque vers 1965, de la Côsto dé Malby (Poste actuelle) à la Place de La Porte de La Ville (République), à Nârcés, au Sol et place St-Privat, se tenait l’un des plus gros marchés aux bovins et autres bestiaux de tout le Sud-Ouest. Cafés et auberges faisaient fortune. Les commerçants locaux vivaient de ces foires. Profitant des foires de bonnes cuisinières tenaient taverne ces jours-là, proposant aux maquignons lou binatsé, le pot-au-feu avec tsabrol, qui concluait les ventes de bétail. Quant aux voleurs, cachés dans les bartàssés, ils guettaient les marchands sur le chemin de retour par la Ribyèyro dé La Barto en bords de Barguelonne ».

26 Juillet 2020, François-Xavier Nardou, Montcuq.

Et la « maison-réclames » était ….

 

…au 220 rue Victor Hugo.

Aujourd’hui, c’est un cabinet dentaire. L’immeuble est encadré par la rue Hautesserre à sa gauche et la rue Pierre Brunies à sa droite. En regardant les deux structures de ces bâtiments, on constate des similitude dans les proportions ; seuls les matériaux et les décors sont différents. Quant à la destination des lieux, les services ne sont plus les mêmes !

 

Liban et Quercy, une grande amitié culturelle consacrée à la Francophonie

Souillac 1991 – Le Président Charles Hélou (au centre sur la photo) est encadré, par le Professeur Edmond Jouve et par Stélio Farandjis (à gauche), ancien Secrétaire Général du Haut Conseil de la francophonie.

Cette catastrophe subie par ce pays ami et dont notre langue fait aussi partie de leur culture ; le français y est enseigné depuis le XVIIIe siècle et près de la moitié de leurs étudiants intègre chaque année nos universités, nous rappelle les liens qui unissent nos deux territoires.

C’est notamment dans le cadre des Rencontres francophones du canton de Payrac (1991-2012), initiées par Edmond Jouve, Professeur émérite de l’Université Paris Descartes Sorbonne Paris cité (aujourd’hui Université de Paris) dont le berceau familial est à Nadaillac-de-Rouge.

Pour la première édition en 1991 consacrée au grand écrivain Pierre Benoit, Edmond Jouve avait invité le Président Charles Hélou (1913-2001) qui a dirigé le Liban de 1964 à 1970. Son nom signe la préface des  actes de ce colloque.
Quelques années plus tard, en 1996, le 6e colloque était entièrement consacré au Liban. Au cours de toutes ces années, les liens se sont maintenus entre les membres du comité lotois d’organisation et les personnalités libanaises qui sont venues en Quercy.

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