Malgré ses soucis de santé, Michel Cosem conservait la même vivacité d’esprit et travaillait à plusieurs projets. C’est avec une douloureuse surprise que le monde de la poésie et ses amis ont accueilli l’annonce de son décès le 10 juin dernier.
Il était né en 1939 d’une famille originaire de la région toulousaine.
C’est à Toulouse qu’il fit ses études et qu’il fonda, dès 1960, la revue « Encres Vives ». Il y publia ses premiers poèmes.
Il devint ensuite documentaliste dans l’Ariège. Les Pyrénées furent son second bastion.
Egalement au début des années 60, il acheta une maison dans le Lot, au Fenoul, sur la commune de Saint-Bressou. Dès lors, il y passa tous ses étés.
Enfin, il s’installa définitivement à Issepts, avec sa compagne Annie Briet, elle aussi écrivain. Son attachement pour le Quercy ne se démentit jamais.
La poésie est l’alpha et l’oméga de son écriture. Lorsqu’il entra en poésie, il se trouva comme pris entre l’écriture traditionnelle et l’avant-garde. Or il ne voulait pas renoncer au lyrisme, tout en renouvelant la langue. « Encres Vives » devint le lieu de débats animés . En même temps, il développait son œuvre. Sa poésie semble couler de source. Elle parle d’un pays où les frontières sont abolies. L’animal, la fleur, l’homme et la femme se connaissent de toute éternité. Tout devient possible dans cette poésie au-delà de l’étrange : « Dans la fourrure du feu/ une légende est en train de naître ». Les lieux, découverts au cours de longs voyages, viendront lester l’imaginaire d’un poids de concret, sans toutefois l’annuler. En poésie, il reçut les prix Antonin Artaud (1986) et Jean Malrieu (1993).
Mais cette poésie, il voudra en redoubler la portée, en multipliant les ateliers d’écriture, en élaborant des anthologies, en faisant de la revue « Encres Vives » un support de nouveaux recueils (1500 en 40 ans). Michel Cosem fut un véritable découvreur de poètes. A travers l’association Escalasud, créée en 1990, il s’attacha à manifester la richesse parfois ignorée de la poésie de la grande aire occitane.
Le roman vint concrétiser par d’autres voies son univers, en donnant notamment une dimension mythique au cadre de ses ouvrages, qu’il s’agisse des Pyrénées : « Les yeux de l’Oursonne », « Les oiseaux du Mont Perdu », ou du Quercy :
« Marie Fenoul », « Emilie et la Dordogne » . Ses nombreux romans pour la jeunesse lui ont valu le prix Renaudot Jeunesse en 2003.
Il écrivit de très nombreux contes, au carrefour de la poésie et du roman.
L’oeuvre de Michel Cosem est considérable, tant au plan du nombre d’ouvrages que de leur genre (poésie, roman, anthologies, essais), mais aussi quant à ses finalités : l’écriture de création, le militantisme culturel (faire écrire, faire lire, faire écouter la poésie). Cette œuvre manifeste une essentielle générosité, tant envers ses contemporains qu’en direction des générations futures.
Quercy net remercie Gilles Lades, poète et écrivain figeacois pour son texte que nous accompagnons du visuel de la couverture d’un ouvrage de Michel Cosem, signé Christian Verdun.