Auteur de plusieurs articles dans notre bulletin, conférencier de notre séance d’hiver de décembre 2001 (“L’imprimerie cadurcienne, miroir de la Contre-Réforme”), Patrick Ferté, maître de conférences d’histoire moderne à l’Université de Toulouse-Le Mirail, nous livre aujourd’hui le premier volume d’un travail monumental consacré aux étudiants méridionaux de 1561 à la Révolution.
Spécialiste très reconnu de l’histoire des anciennes universités et notamment par sa thèse sur l’université de Cahors au XVIIIème siècle, il a entrepris de répertorier tous les étudiants des diocèses du Midi de la France. Répertoire nominatif et non anonyme, avec les origines et le cursus de chacun. L’outil informatique lui a permis “de passer au crible plus d’un million d’actes universitaires” que le hasard des archives a heureusement conservé, à l’inverse du Nord de la France.
Dans une riche introduction Patrick Ferté présente sa méthode, déjoue les pièges et justifie son parti. Le comptage par diocèse, et non par université, permet seul aux historiens de tirer le meilleur profit de ces sources inestimables, c’est-à-dire de définir les liens entre l’institution universitaire et les mouvements démographiques, avec ceux conjoncturels, de l’économie, mais aussi avec les stratégies culturelles des élites… et des autres.
L’historien de la société puisera dans ce répertoire pour montrer combien les universités d’Ancien Régime ont favorisé la reproduction des gens en place, “officiers” propriétaires de leur charge mais contraints d’obtenir un parchemin (plus ou moins régulièrement parfois). Elles ont permis aussi une réelle ascension sociale prouvée par la fréquentation universitaire de fils de la moyenne bourgeoisie, marchands, ou maîtres-artisans. On pouvait également aller à l’Université, à titre purement décoratif, sans songer à en utiliser l’enseignement !
Préfacé par Dominique Julia, spécialiste éminent de l’histoire de l’éducation, ce premier volume concerne les diocèses d’Albi, Castres, Lavaur, Montauban, c’est-à-dire partie du Quercy pour ce dernier. On y voit l’aire de recrutement de notre Université cadurcienne jusqu’en 1751, date de sa suppression. Le second volume, à paraître, couvrira le diocèse de Cahors : six seront nécessaires pour répertorier les 40 000 étudiants concernés.
Tout un pan de l’histoire sociale de notre Midi sera alors disponible qui pourra nourrir bien des secteurs de la recherche : socioculturelle, religieuse, intellectuelle. Les généalogistes bénéficieront, et déjà grâce à ce premier volume, d’un exceptionnel gisement pour leurs enquêtes.
Etienne Baux.
Patrick Ferté est maître de conférences d ‘histoire moderne à l ‘Université de Toulouse-Le Mirail. Spécialiste de l ‘histoire des anciennes universités méridionales, il est l ‘auteur de plusieurs ouvrages sur ce thème et de maints articles scientifiques publiés en France et à l ‘étranger (Irlande, Espagne, Mexique, Canada…).
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