Certains lieux apparaissent, plus que d ‘autres, marqués par l ’empreinte de l ‘histoire : la ville de Souillac en fait partie et il n ‘est, pour s ‘en convaincre, que de s ‘attarder devant l ‘imposante abbatiale Sainte-Marie, comme le fit jadis l ‘historien d ‘art français, Émile Mâle, avant de l ‘évoquer, avec le talent qu ‘on lui connaît, dans des pages de la Revue des Deux Mondes devenues mémorables. Cet édifice, qui suscite aujourd ‘hui encore l ‘admiration des touristes et dont deux absidioles détruites par les huguenots furent rebâties en 1841, soutient (pour le moins) la comparaison avec les cathédrales de Cahors, de Périgueux ou d ‘Angoulême. Mais s ‘il fascine à ce point, ce n ‘est pas seulement pour des raisons esthétiques, c ‘est parce qu ‘il représente, d ‘une manière éclatante, le passé de la cité. Tous les événements importants ont gravité en effet autour du monastère (Xe siècle) et de son abbatiale qui sera achevée en 1150, en pleine période de splendeur pour la cité et pour la communauté religieuse. Souillac s ‘épanouit sous cette autorité ecclésiastique et, dépendant, pour le pouvoir temporel, de la vicomté de Brassac, elle devient ville royale en 1253.
Au XIIIe siècle, c ‘est une belle cité féodale, entourée de remparts qui sont flanqués de tourelles, avec cinq portes et un pont-levis qui s ‘abaisse, chaque matin, pour laisser passer les cultivateurs et les mariniers : un centre urbain animé, où marchands, artisans et hommes de loi s ‘affairent, à l ‘ombre de la citadelle protectrice (église fortifiée, grosse tour qui permet de surveiller les environs et monastère qui dispense un enseignement gratuit). Le pouvoir local, vers lequel se sont acheminés paisiblement les Souillagais, se partage entre la commune et le monastère, sous l ‘autorité du seigneur, doyen puis abbé. L ‘agriculture est prospère et les petits métiers nombreux, mais tout change lors de la guerre de Cent Ans – les registres des villes de Martel, Gourdon et Cajarc sont éloquents à ce sujet – et l ‘on doit alors songer avant tout à la sécurité de la ville, aux assauts des ennemis qu ‘il faut repousser, aux portes et aux remparts que l ‘on doit réparer, aux moyens de racheter la cité quand elle est aux mains des Anglais. Le traité de Brétigny (1360), catastrophique pour le Sud-Ouest de la France, provoque de nouveaux combats (1367-1373) et il faudra beaucoup de temps pour revenir à une vie paisible. A la fin du XVe siècle, le monastère est érigé comme abbaye et Souillac, redevenue prospère, est un véritable centre d ‘approvisionnement.
Les guerres de religion remettent toute cette belle harmonie en cause et Souillac, « point stratégique », est au cœur des batailles, de 1562 à 1613. En 1653, la ville, tombée aux mains des frondeurs, sera délivrée par les troupes royales. Il faudra à Mgr de la Mothe-Houdancourt plus d ‘un demi-siècle pour restaurer l ‘abbaye, mais la foi et le dynamisme économique seront les plus forts jusqu ‘en 1789 et même pendant la Révolution « la masse des habitants reste catholique ». Dans cette vaste fresque historique, apparaissent aussi les viaducs et la Forge, Bourzolles et Saint-Étienne-Lacombe, Cazoulès et Lanzac, Pinsac, les châteaux de la Treyne et de Belcastel et les grottes de Lacave, « l ‘une des deux plus grandes curiosités souterraines d ‘Europe ».
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