Auteur/autrice : christian.esteve Page 9 of 10

La statue de Gambetta

La statue de Gambetta à Saigon ?

 

La statue de Gambetta a aussi été placée à Saigon Place Gambetta

saigon

La statue de Gambetta, la même que celle qui est à Cahors, avait été installée à Saïgon.

saigon01

Voici la carte postale la représentant. Je me suis rendu à Saïgon/Hô Chi Minh Ville récemment, je l’ai cherchée, je ne l’ai pas trouvée. Je pense qu’elle a été déposée et sans doute fondue… Sic transit…

JB, mai 2005

Célébrité du Pont Valentré

En 1943, pour accompagner le Débarquement, l’armée américaine a édité un petit ouvrage de 64 pages pour initier les soldats US au langage français.

Du genre : Do you understand? = KAWN-pruh-nay VOO? pour : Comprenez-vous?

Mais ce qui intéressant c’est que ce guide comporte 5 illustrations de monuments français : la Tour Eiffel, le Panthéon, l’Arc de Triomphe, une église et….LE PONT VALENTRE.

Amusant non ?      Bouzerand, septembre 2004

 

Les débuts de l’imprimerie à Cahors

Les débuts de l’imprimerie, à Cahors, ne sauraient être antérieurs à 1583, contrairement à de tenaces légendes. Les biographes quercynois citent Jacques Rousseau, imprimeur itinérant venu d’Anjou, comme le premier imprimeur de Cahors.

La bibliothèque municipale possède une copie d’un ouvrage dont l’original se trouve à Londres, signé « à Caors par Jacques Rousseau ». Il est daté de 1586, le thème est l’historique de Cahors. Pourtant, cette ville était dotée d’une université. Mais ses professeurs étaient obligés, comme le professeur Dominici, de publier à Paris.

LES GRANDES DYNASTIES D’IMPRIMEURS CADURCIENS

L’imprimerie cadurcienne prit rapidement son essor avec de véritables dynasties d’imprimeurs, telle celle des Rousseau puis les Bonnet, les Richard, couvrant les XVIIe et XVIII, siècles, à coté d’imprimeurs « météores » au nombre d’une douzaine.

(1549-1656) La dynastie ROUSSEAU : Jacques Rousseau est le fondateur d’une véritable dynastie d’imprimeurs cadurciens. Il est nommé imprimeur de l’université et de la ville de Cahors. A sa mort, son fils Claude prend la succession. Celui-ci imprime des manuels scolaires pour le collège des Jésuites à partir de 1604. Sa femme continue l’impression jusqu’à ce que son fils puisse prendre la relève sous l’appellation «Veuve de Rousseau ». L’héritier, André Rousseau, n’ayant pas de fils, vend son imprimerie le 4 juillet 1656. (1614-1683)

La dynastie DALVY : Le premier de cette dynastie est Jean DALVY qui était fils de libraire. Il exerce une activité d’imprimeur de 1614 à 1640. C’était un notable de la ville de Cahors dans laquelle il s’était établit vers 1600. Il fut même consul (conseiller municipal) et eut le privilège d’être le libraire et l’imprimeur de l’évêque de Cahors. Son fils, Pierre DALVY (1621-1683) rachète l’atelier d’André ROUSSEAU, à son principal concurrent, le 4 juillet 1656. (1636-1698)

La dynastie RICHARD : Le premier de la dynastie est Georges RICHARD dont le premier ouvrage connu a été publié en 1681. Sa seconde femme est fille d’imprimeur. Ses enfants François et Pierre lui succèdent. Sa fille, Hélène, épouse un imprimeur de Carcassonne venu s’établir à Cahors. (1668-1694)

La dynastie BONNET : Le premier de la dynastie est Jean BONNET. Associé de Pierre DALVY, il lui succède vers 1660. Son fils François prend la relève en 1685. C’est ensuite le second fils, le libraire Arnaud, qui rachète l’atelier. Le nom de BONNET disparaît du corps des imprimeurs au début du XVIIIème siècle.

ÉVOLUTION DE LA PRODUCTION CADURCIENNE AU COURS DES SIECLES

La majorité des livres produits au XVIIe siècle, soit 432 pièces ou titres et 35 000 pages, relève de la littérature religieuse : celle qui se voulait un instrument de la réforme catholique inspirée par le concile de Trente. L’épiscopat cadurcien, avec d’aussi fortes personnalités qu’Alain de Solminihac, se place tout naturellement au premier rang des clients des imprimeurs.

Ceux-ci dépendent donc de ses commandes pour leur survie. A peu de distance, des écrits huguenots sortent en masse des imprimeries montalbanaises. L’administration, la littérature, les sciences viennent loin derrière avec 3% seulement chacune des pages imprimées. Une seule oeuvre imprimée, bien audacieuse pour son temps, échappe au conformisme de rigueur, « Scatabronda » (1697) : celle-là même que Patrick Ferté exhuma et étudia en 1983. On y critiquait les juges, le clergé ; on y revendiquait des droits pour les femmes et pour la langue locale, l’occitan !

Journal du Lot, août 1941

Le XVIIIe siècle connut un notable ralentissement dans l’activité des imprimeurs: trois fois moins de pages, avec bien moins de gros ouvrages. A ce moment Cahors est supplanté par les villes voisines, alors qu’elle les devançait, sauf Montauban, au XVIIe siècle. Ainsi Rodez, au XVIIIe siècle, publie trois fois plus de pages que Cahors et travaille parfois pour nos évêques. Cela correspond bien à la crise de langueur qui affecta alors Cahors et le Quercy, privés de leurs Etats, de la Cour des Aides et enfin de l’Université (1751). Aucune Académie ou société littéraire ne s’y créa. Il faut souligner le paradoxe que constitue l’absence de liens entre l’imprimerie cadurcienne et l’Université qui ne fut jamais, à la différence du collège des jésuites, cliente et soutien des imprimeurs locaux : cela ne laisse pas de surprendre et confirme le déclin de l’institution, ce qui, par ailleurs, n’est pas propre au seul Quercy.

Il faudra attendre le XIXe siècle et un courant libertaire fort, pour qu’intervienne le renouveau de l’imprimerie cadurcienne . Au début du XIXeme siècle, on ne faisait état que de deux imprimeries à Cahors. Au début du XXème, on mentionne sept imprimeurs dont l’imprimerie Coueslant (devenue aujourd’hui Imprimerie France Quercy), et l’imprimerie Brassac (qui deviendra imprimerie Besse, puis Dhiver, et aujourd’hui Cahors Imprimerie).

Ancienne imprimerie Laytou l’imprimerie Couslant est achetée en 1897 par Auguste Coueslant jeune Maître-Imprimeur huguenot du Vigan (Gard). Un incendie la détruit totalement en janvier 1912. En 1928, elle est de loin la plus importante, puisqu’elle compte presque 150 salariés. Dans les années 60, l’imprimerie cadurcienne compte une dizaine d’entreprises, mais l’imprimerie France Quercy reste néanmoins l’établissement le plus important.

Sources : - BSEL, 4e fasc. 2001, T. CXXII, oct.-déc., p. 342-343, compte-rendu d'Etienne Baux sur la conférence de Patrick Ferté : "l'imprimerie cadurcienne, miroir de la contre-réforme". - Compte-rendu par Claire Ligier, Académie de Toulouse, Lycée Clément Marot, PAE. - Cahors, une jeune ville de 2000 ans, Alexandre Marciel, Publifusion Editeur. - Imprimerie France Quercy.

14-18.lot.fr

Le site Internet 14-18.lot.fr , créé par le Département du Lot, vient d’ouvrir. Ce site a pour vocation de rassembler les nombreuses initiatives lotoises liées à la Grande Guerre mais aussi de présenter les histoires singulières de poilus et de leur famille qui ont subi cette tragédie.

Au travers de témoignages, d’illustrations d’époque, des photos des monuments aux morts, de reproductions de courriers, de vidéos, de contributions de spécialistes, ce site invite à se replonger dans ce qui fut l’une des périodes les plus sombres de notre Histoire.

Rappelons que le Lot, département rural, a été durement saigné lors de la Grande Guerre: 8 000 poilus sont morts durant cette période. A ce chiffre, il faut ajouter tous ceux qui sont décédés des suites de leurs blessures. De très nombreux Lotois et communes se sont mobilisés ces derniers mois pour leur rendre hommage.

Si vous aussi, vous souhaitez partager un sujet sur 14-18, une initiative, un témoignage, des documents, des photos, vous pouvez les déposer sur ce site 14-18.lot.fr. Ce site est à vous, faites le vivre.

Uc de Saint-Circ, un père de la Renaissance Italienne

Uc de Saint-Circ est né à Thégra à la fin du XIIème siècle. Son père, petit vavasseur (1), avait dû quitter son château de Saint-Cirq (graphie actuelle) situé sur l’actuelle commune de Couzou, sans doute ruiné par Henri Court-Mantel lors du sac de Rocamadour en 1183. Pour éviter une copropriété des biens familiaux (selon la coutume occitane, cadet d’une nombreuse fratrie, il était copropriétaire de ses biens avec ses frères) ses frères l’envoient étudier à Montpellier où on le destinait à l’état de Clerc.

cassini_uc

Château de Saint-Cirq (graphie actuelle)

Rappelons que Montpellier, alors sous la domination des rois d’Aragon et de Majorque, était une ville universitaire très importante où se retrouvaient de nombreux quercynois. Inversement, les professeurs de Montpellier enseignaient à l’Université de Cahors. Dans la capitale culturelle des rois d’Aragon où l’apport scientifique des musulmans et des juifs est important, Uc a pu acquérir, au moins en partie, les trois premières branches du savoir, le trivium : grammaire (latin classique), rhétorique et logique. Mais il ne devient pas clerc, il se fait jongleur et entre au service du comte de Rodez, du vicomte de Turenne et du bon dauphin d’Auvergne. Il sert de lien entre ces trois puissantes. Très tôt, il devient troubadour, nous dirions aujourd’hui, auteur-compositeur, un intellectuel profane du Moyen Age.

On le retrouve en Gascogne, auprès de Savaric de Mauléon, de la comtesse de Bénauges, en Poitou puis en Aragon et en Castille. En Provence enfin, d’où il gagne la Marche de Trévise vers 1220. Là il prend épouse et dernière date connue de sa vie, est accusé d’hérésie et d’usure en 1257 (Cathare ou bien Cahorsin ?). En Italie du nord, son rôle est fondamental dans la gestion de la Renaissance. Exilé, faidit, il apporte à sa patrie d’adoption le texte troubadouresque. Sur place il crée des vidas, premières biographies de troubadours marquées par la nostalgie d’un temps heureux, d’un pays perdu et remis dans le droit chemin obscurantiste par la ruée des croisés. C’est le point de départ, en Europe, de la critique littéraire en langue vulgaire et de la nouvelle en prose. Il y a un suivi des vidas au Novellino anonyme puis à Boccace et jusqu’à nos jours.

Uc est ainsi devenu, en Italie, un poéticien, un maître du trobar et plus encore, selon l’expression de Robert Laffont : « Le grand témoin de l’Occitanie en Italie ». Il ne nous reste qu’une cinquantaine de textes écrits par Uc et trois musiques qui permettent d’entrevoir un musicien de talent. Son œuvre est un « roman vécu ». Enfin, nous savons depuis peu, grâce aux travaux de Saverio Guida de l’université de Messine, qu’Uc de Saint-Circ et Uc Faidit sont une seule et même personne. Uc Faidit écrit vers 1240 le Donatz proençals, une grammaire, un traité de versification suivi d’un dictionnaire des rimes. Deux versions : une en oc et l’autre en latin. L’ouvrage est novateur (les exemples sont créés et non empruntés) et permettra à Dante, en différenciant le volgare du latino, de promouvoir l’italien moderne.

Depuis quelques années, l’Association Thégra Animation fait revivre Uc de Saint-Circ à travers un son et lumière retraçant sa vie et lui a consacré un colloque en 1998. Un cd de Gérard Zuchetto a été enregistré dans l’église de Thégra.

D’après : Anthologie des Poètes du Quercy, par Gilles Lades, éditions du Laquet et Encyclopédie du Lot, Bonneton.
Auteur : Gaston Bazalgues, Encyclopédie Bonneton, 2000

(1) VAVASSEUR, subst. masc. C’était le vassal d’un autre vassal, ou celui qui tenait un fief d’un vassal qui relevait lui-même d’un seigneur. D’autres historiens entendent que Vavasseur était une dignité immédiatement au-dessous de celle de baron.

Petit conte de Noël pour les enfants de Calamane

par Bernard Davidou

En ce temps-là les maisons de Calamane étaient, comme aujourd’hui, agenouillées autour de l’église qui, reconstruite depuis, n’avait pas l’orientation que nous lui connaissons. L’éclairage municipal n’existant pas encore, le soir, les lueurs vacillantes des « calhels » (1) dans les cuisines donnaient au village l’allure d’un gros animal ventru et gris, aux multiples yeux clignotants, assoupi au pied du coteau.

Calamane

Comme chaque fin d’année de ce siècle de superstition, par une nuit de pleine lune, la bête, dont la tête orne encore de nos jours l’angle de la maison de Monsieur X.. (2), reprenait vie. Elle grimaça puis extirpa lentement son corps et ses pattes du calcaire gris de la pierre d’angle.Après quelques pas hésitants elle descendit « la carrière» (3) d’une allure plus assurée et commença son travail.

Elle avait reçu mission, lors de la création du village, de marquer les maisons du sceau invisible des malheurs qu’elles subiraient dans l’année à venir. Elle disposait pour cela de tout un assortiment de maladies ou autres mauvaises choses et pouvait aussi bien distribuer la sécheresse ou l’inondation que la famine ou la guerre.

L’éclat particulier de la lune ce soir là avait réveillé la bête malfaisante la nuit de Noël mais elle ne le savait pas. Elle fit donc le tour du village, marquant au gré de sa fantaisie les demeures cossues des laboureurs comme les humbles masures des journaliers qui ne vivaient que de leurs bras.

A cette époque la vie était dure pour tous et les années avaient presque toutes leur cortège de deuils et de misères. Les hommes qui survivaient s’en accommodaient malgré tout. Les Calamanais cependant supportent plus facilement l’adversité qu’ailleurs. En effet, les habitants de notre village ont toujours eu, pour faire face au malheur, un trésor qui existe partout certes, mais en moins grande quantité: Chez nous, chaque maison est un coffre-fort à tendresse.

Arrivée au terme de sa tournée sur le pont qui enjambe le « Reignac »(4) ayant épuisé son stock de malédictions pour l’année à venir, la bête, insensible au courant d’air glacial qui suit le cours du ruisseau, s’arrêta pour souffler un peu. Après que la cloche de l’église toute proche eut égrené et répété les douze coups de minuit, elle fut intriguée par un bruit qu’elle ne connaissait pas et qui s’échappait d’une maison avec une forte odeur de lard et de choux. Intriguée elle s’approcha et regarda à la fenêtre. Dans la salle sombre et enfumée, au coin de la cheminée, une vieille berçait un enfant tout en chantonnant et filant.

La lueur blême du foyer, l’éclairage hésitant de la lampe à huile et la tendresse du chant de l’aïeule donnaient au tableau une dimension que la bête ne connaissait pas. Alors, vaincue par l’émotion, elle mesura la vanité de son travail et, regrettant toutes ses mauvaises actions passées, se mit à pleurer. Depuis cette année-là, la bête reprend vie chaque nuit de Noël mais elle ne distribue rien. Si vous vous attardez dans les rues de notre village ce soir là, vous la verrez peut-être, après le douzième coup de minuit, qui essaye de voler dans nos maisons, un peu de notre tendresse à travers les rideaux de nos fenêtres.

(1) Calhel = Ancienne lampe à huile de noix.

(2) Maison PALOMARES où une tête grimaçante figure dans une pierre de l’angle ouest sur la rue principale du village : « la carrière » (carrièra en occitan).

(3) La carrière : Rue principale du village (en occitan une rue s’appelle la carrièra)

(4) Le Reignac est le ruisseau qui traverse le village.

Bernard DAVIDOU Sept 1981

 

Premier jour de vacances à Cézac

par Bernard Davidou

Partis la veille de la capitale, ils arrivèrent dans le milieu de la matinée. Quand ils eurent quitté la nationale vingt et qu’après quelques hésitations sur les départementales, ils découvrirent brusquement la vallée du Lendou et ils furent certains d’être arrivés.

Cézac

Tout était comme la lettre du propriétaire le décrivait : Les champs de tournesol dont les grosses fleurs rondes faisaient penser à la photo d’une foule dont les visages regardent tous dans la même direction, les maisons ventrues accrochées aux flancs de la vallée et dont les noms chantaient encore dans leur mémoire de citadins, Cabazac, La Tauche, Prat-mejes, Les Martis, Tré la font, parce que le propriétaire les leur avait donnés comme jalon de leur itinéraire…

Surpris par le changement d’allure de la voiture, le chien jappa réveillant l’aîné qui colla à la vitre des yeux ronds et pleins de sommeil. Il était près de dix heures et la chaleur montait doucement en ce premier jour de vacances.

L’église apparût enfin, coquette dans son écrin de verdure, éclatante de toutes ses pierres colorées par le temps et la mousse. Sur le pont qui enjambe le ruisseau, des enfants avaient posé leurs vélos. Assis sur le parapet, ils interrompirent leur dispute pour regarder passer la voiture dont ils remarquèrent l’immatriculation parisienne.

Après avoir cherché et s’être fait aider deux fois, ils trouvèrent le « gîte rural » dont la clé avaient été confiée au voisin la veille par le propriétaire. Ils prirent possession de ce qui allait devenir leur habitation pendant quatre semaines. C’était une vieille maison quercynoise ventrue, couverte de tuiles canal rouges et aux murs épais. Elle avait abrité, les anciens du village s’en souviennent, plusieurs générations d’honnêtes gens dont la lignée s’était éteinte.

Après en avoir hérité, un lointain parent l’avait sommairement remise en état pour en tirer un petit profit. Ils notèrent avec étonnement la grande cheminée aux lignes simples, l’évier de pierre et les lits de noyer, hauts et étroits coiffés du traditionnel édredon. Les enfants découvrirent la cave sombre et fraîche où le désordre des toiles d’araignées contrastait avec l’alignement des barriques, abandonnées là sous la garde d’une grande cuve et d’un pressoir.

Ca et là dans la maison comme dans ses dépendances, un « calhel » en cuivre, un fer de bœuf, une bêche ou un râteau édenté rappelaient que la maison avait été conçue pour une autre destinée et avait eu une vie qui semblait s’être arrêtée brutalement.

Les parisiens, sans bien comprendre la raison d’être de chacune de leurs découvertes, muets et respectueux, éprouvaient une certaine gêne à investir des lieux aussi étrangers, frais et silencieux. Le chien, qui, inquiet, les suivait pas à pas, indifférent aux sentiments qui les agitaient car dépourvu de leur imagination, promenait sa truffe humide sur toutes ces choses sans retrouver l’odeur des derniers représentants de son espèce ayant occupé les lieux.

C’est après le repas du soir, en rentrant dans leur lit qu’ils les découvrirent: Dans une photographie jaunie des années trente, oubliée au dessus de la porte de leur chambre était un couple de paysans. Le cadre rectangulaire supportait encore une vitre cassée selon la diagonale. Mari et femme étaient représentés en buste de face.

Selon la coutume quercynoise, un rameau de buis était accroché au dessus. Le visage carré de l’homme reflétait la force et l’assurance. Un sourire donnait un peu de chaleur à des traits qui, sans lui, auraient paru durs. Seul un nœud papillon, de circonstance pour la photo, dénotait dans le personnage. La femme était menue et ses traits très fins. L’ensemble de son visage s’harmonisait avec un modeste sourire qui semblait naturel.

Le couple inspirait une impression d’équilibre et de gentillesse et, quoi qu’il sembla fixer le lit qui avait été le sien, il ne paraissait ni étonné ni courroucé d’y voir des étrangers, tout au plus un peu résigné, comme s’ils avaient prévu et admis ce qui arrivait.

Vaincus par la fatigue, les étrangers éteignirent l’électricité, mais dans la lumière froide de la lune qui filtrait à travers les volets mal joints, ils virent longtemps les deux vieux qui souriaient dans leur maison qui s’endormait. Au dehors les cigales l’une après l’autre se taisaient. Les vacances venaient de commencer à Cézac.

Bernard Davidou – Août 1983

 

Cabra

La chèvre blanche – La cabreta blanca

Légende proposée par Sèrgi Rossèl, de Cabrairets. La Cabreta Blanca de Cabrairet, légende quercynoise imitée du roman du XIV siècle", par Edouard Forestié, (1884) sagèl de la biblioteca de Montalban 1971 Il s'agit d'un ouvrage qui figure dans le fonds ancien de la bibliothèque de Cahors. L'expression "imitée du roman" signifie que l'auteur de la publication a, en 1884, imité la façon d'écrire l'occitan du Moyen-Age, la langue romane ou roman.

 

Nous en transcrivons ci-dessous le texte avec la graphie actuelle de l’occitan.

En l’an mil e tres cent quaranta,

La vèspra del gaug Nadalet,
Jos lo tuc desrocat ont canta
La cavèca de Cabrairet,

Lo Céle en la comba brumava,
E lo temps èra mòlt escur,
Lo troneire al cèl aclapava…
En aquela nuèg de malur,
Lo Sénher de Biro sopava,

Dins la grand sala del castèl,
La cançon de Rotland trobava
Un estranh bèl menestrèl.

En aquela fèsta tan bèla
Foron cavalièrs e donzèls,
E mai d’una gentil donzèla
Fasiá lusir sos negres uèlhs.

La taula èra belcòp ondrada
D’enaps, de gobèls esmalhats,
De vaissèla d’argent daurada,
Plats e cofinèls d’aur talhats.

En los grasals èron becadas,
Galinas, lèbres e cabrits,
Pinhonat, ostias dauradas,
E moras, e rasims confits.

A la nuèch prima, una vasala
Venc a la pòrta del castèl,
E fo menada dins la sala ;
Mandava parlar al donzèl :

«Que vòls-tu, paura filheta ?»
Çò ditz lo Sénher de Biro
«Ma mairina, la Marieta,
«La mai besonha del Biro,

«Auei, de ser, es plan malauta,
«Palaticada de sos braçes,
«E lo servent non farà fauta
«De li prendre, se non pòt pas

«Pagar la talha aquesta prima,
«un tròç de casal arrasat
«Que ten en la darrièira cima
«De la comba del mas d’Arsat.

«Sénher, mandi pietat per ela
«En trabalhant vos pagarai
«Lo dèime de la paura vièlha
«E per vos io Dieu pregarai.»

En aiçí com ditz la paureta.
Ela plorava tot sos uèlhs,
E tremolava aquí soleta
Entre tant de joves donzèls.

Biro se leva de cadièira
E ven per li far un potet,
Li disent a la pregadièira :
«Non crenhes pas, te farai dret.»

Ela lo crei, sa jòia es granda,
E non gausa pas dire : «non»
Mas al bon Dieu se recomanda
Per lo pregar de far perdon.

Lo desleial que vei sa mena,
Amoros, lo sang al cap d’uèlh,
En un petit retrait la mena
De la granda tor del castèl.

Aicí, Biro li ditz : «Marieta,
«te donarai un anèl d’aur,
«un frachís, una centureta,
«per aver de tu, sens paur,

«Alegria, puèi avinensa,
«E puèi amor. De Cabrairet
«Io te farai dòna mestressa
«Se tu vòls ausir mon preg.»

La filheta es mòlt rancurada
Quand lo vei tant encalanat,
E de grand temor alenada,
A genolhs li manda pietat ;

«Sénher, per una onesta filha,
«Mai val lo casal que l’castèl,
«E com ditz ma mairina vièlha
«Presi l’onor mai que l’joièlh.

«L’esquila tinda la primièira
«De la messa de mièja nuèch :
«Laissatz m’anar, que soi tardièira,
«Me cal montar entrò al puèg.»

Lo trafar ritz de sa demanda…
Adonc Marieta, pregant Dieu,
Per la fenèstra qu’ela alanda,
Montant s’avalitz dins lo riu !…

Lo Céle en la comba brumava,
E lo temps èra mòlt escur…
Mas Nòstre Sénher, que velhava,
En aquela nuèch de malur,

Mandèt dos ángels en la tèrra,
Que portèron son arma al cèl…
Biro fo nafrat a la guèrra,
Al cap d’an, dejós son castèl.

Òm vei, despuèi, una cabreta,
Blanca coma un petit anhèl,
Que, desconorta, pais l’erbeta,
Es l’arma de Biro l’crudèl,

Que deu montar a la nuèch prima ,
La vèspra del gaug Nadalet
Entrò cinc cents ans a la cima
Del puèg agut de Cabrairet.

Adaptation en français, dépourvue de prétention littéraire, destinée à éclairer le sens pour les lecteurs qui ignorent l’occitan écrit : Légende de la chèvre blanche

Voici maintenant des extraits du spectacle son et lumière « La légende de la chèvre blanche » qui est réalisé par les habitants de Cabrerets dans les ruines du château du diable, au pied de la falaise, le long du Célé, chaque année depuis 1996 à l’occasion de la fête locale. Jouée en français et à plusieurs voix, cette version fournit une adaptation du texte occitan dont nous ne donnons pas la traduction mot à mot.

Les murs parlent, Ecoutez leur voix,
Elle évoque la mémoire des seigneurs de Cabrerets.

– Mon nom est Waïffre, duc d’Aquitaine. J’ai construit ce château en l’an de grâce 745.
Ma forteresse mesurait alors 90 m de long sur 30 m de hauteur, avec des murailles de plus de six pieds d’épaisseur. Elle était flanquée de deux tours carrées.
Sur la falaise, j’avais fait peindre un dragon, un diable rouge qui vomissait des flammes sur les assaillants.
Pour avoir combattu pour l’indépendance de l’Aquitaine, je fus mis à mort par Pépin le Bref en l’an de grâce 768.
Oyez, oyez, bonnes gens, ce qui se passa en ces temps là, la nuit de Noël de l’an de grâce 745.

Dans la plus grande salle, illuminée par les flammes ardentes de l’énorme cheminée, le seigneur faisait ripaille avec ses chevaliers, ses vassaux et ses compagnons d’armes.
Tous étaient revêtus de leurs plus riches parures. Les plats étaient en or et les coupes ciselées. L’air résonnait de rires et de badinages.
Soudain la grande porte s’ouvrit.

Un archer parut, poussant devant lui une jeune bergère. Elle est vêtue de toile grossière, ses mains sont calleuses et ses pieds nus.
C’est une fille de serf, mais elle est belle. Sous les hardes, on devine un corps parfait. A sa vue, il se fait un grand silence.

Frappé par son charme, le seigneur lui parle ainsi :
– Oh, Oh ! que veux-tu, belle enfant ? Que puis-je faire pour toi, approche, approche, que l’on te voie mieux !
– Je demande secours pour ma grand-mère, la Jeanneton, qui est paralysée et mourra de faim si vous ne l’aidez !
– J’aiderai la vieille et te couvrirai de bijoux si tu veux bien être ma maîtresse et celle de Cabrerets !

Le seigneur s’approche de Mariette. La pauvre fille devine son intention, inspirée par le diable du lieu. Elle veut s’enfuir, mais la porte est fermée.
Alors, tandis que les convives rient grossièrement, elle bondit vers la fenêtre et se jette dans les eaux glacées et tumultueuses du Célé.
Dans le silence revenu, on entendit un faible cri :
– Jésus, Marie…

Puis la rivière se referma sur la douce Mariette. Son corps ne fut jamais retrouvé.
On dit que, la nuit même, deux anges furent envoyés par Dieu pour conduire au ciel l’âme pure de la bergère.
Le lendemain, toute la contrée fut couverte d’ennemis. Le château fut assiégé par des hordes venues d’on ne sait où.
Le seigneur vit périr tous ses guerriers et ses gardes. Il vit sa forteresse brûler et tomber en ruine.

Dans les campagnes environnantes, ce n’était que terreur et désolation.
Frappé à mort, le seigneur connut le même sort que la bergère : on jeta son corps dans le Célé.
Le diable hante désormais les ruines de la forteresse. D’aucuns y voient l’ombre du seigneur qui périt si misérablement il y a bien des siècles.
Mais depuis lors, en ces lieux, par les nuits de pleine lune, si d’aventure vous vous promenez le long du Célé, vous apercevrez parfois, tout en haut, dans les rochers, une chevrette blanche se détachant sur l’arête.

On ne sait où elle va. Tout ce qu’on sait, c’est qu’elle est blanche et que nul ne peut s’en approcher.
C’est, disaient nos pères, l’âme de Mariette, à qui Dieu permet chaque année de revoir les lieux d’où elle s’est envolée, un soir de Noël.

 

Commentaires : On notera, chose normale dans les légendes, des différences entre les deux versions : dans celle en occitan, le seigneur est "Biron", alors que ce nom n'apparaît que bien plus tard, au XVI° siècle, et encore à propos d'un autre château de Cabrerets ; en occitan, la chèvre incarne l'âme en peine du seigneur, et non celle de la jeune-fille.

En outre, il faut ajouter que cette légende, comme beaucoup d'autres, est assez répandue et connue en d'autres lieux sous des formes variables. En particulier, pas très loin de Cabrerets, celle du saut de la monina.
padirac

Saint Martin et le Diable

Il fait nuit noire sur le causse.

Saint Martin, découragé de n’avoir trouvé âme qui vive susceptible de monter tout droit au Paradis, chevauche tristement sa vieille mule.

Soudain, au bord d’un gouffre, apparait Satan, ricanant, la besace pleine d’âmes de quercynois damnés. S’apercevant que Saint Martin, lui, a les mains vides, il propose un marché à Saint Martin outré – « On ne pactise pas avec le diable. » répond ce dernier, et n’écoutant que son courage, le saint homme éperonne sa mule et, d’un bond prodigieux franchit le gouffre.

De saisissement, Satan, déséquilibré, disparaît dans les profondeurs de l’abîme, tandis que Saint Martin s’éloigne tranquillement dans la nuit du Causse. On peut encore voir, dit-on, l’empreinte du sabot de la mule sur la roche au bord du gouffre !

Est-ce réellement à Padirac ? Il y a tant de gouffres dans le Quercy …

Manoir de Mordesson

La légende de Bertheline de Mordesson

Texte publié en 1942 à Saïgon dans « l’écho d’extrême-orient » Yves Desjeux

 » Sur la verte colline, en un vol de batailles,
Le vieux Manoir, jadis, a connu les fureurs ;
Les cris des chevaliers, et le sang des entailles,
Ont rougi ses vieux murs, de leurs rouges clameurs.
Joseph de Salvagnac

 

Lorsqu’il mourut, aux environs de 1360, Guarin de Castelnau, seigneur de Gramat, Loubressac, Lavergne, Prangères et autres lieux, laissait pour unique héritière une jeune fille de 18 ans répondant au nom de Bertheline. Pour supporter les charges d’une si vaste seigneurie Bertheline dut ajouter à la beauté et à la noblesse de sa naissance, les qualités de courage et d’audace qui font l’honneur du sexe fort . Les temps étaient durs ; l’anglais ravageait la Guyenne et le Quercy et les troupes de Jehan Chandos traînaient le massacre et le pillage sur leurs traces.

A la sombre forteresse de Castelnau, aux cinq puissantes tours de son château de Gramat, Bertheline préférait les agréments plus champêtres de sa baronnie de Prangères. Là, parmi les bois de châtaigniers, sur les hauteurs qui dominent le petit lac et d’où la vue s’étend très loin vers la cité de Gramat, les baronnies de Lavergne et Bio, et vers le couchant jusqu’aux gorges de l’Alzou et au-delà de Notre Dame de Rocamadour, Guarin de Castelnau avait fait construire le manoir de Mordesson.

C’était un rude homme le vieux Guarin. Mais les délicatesses de l’amour paternel et le sens du beau se rencontrent aussi chez les âmes rudes. Rien n’avait était négligé à Mordesson pour que l’enfance de Bertheline fut ensoleillée et charmée de tout ce que la nature et l’industrie des hommes peuvent apporter de beauté et de douceur de vivre. Aussi la jeune fille y passait-elle tout le temps que lui laissait l’administration de son vaste domaine.

Bertheline ne connut pas ces difficultés qui font trop souvent le malheur des dynasties quand les charges viennent à en retomber sur des épaules trop faibles. On se souvenait des vertus du vieux Guarin et l’on conservait à son héritière, la même fidélité loyale, avec, en plus, l’admiration que l’on a pour une jolie fille, douce et bonne. Jamais le grand et bel Amaury de Valon, seigneur de Lavergne et de Thégras, ni Jehan de Miers , que l’on appelait  » le brave « , ni Amidieu de La Rocque, réputé pour son exquise courtoisie, jamais cette fleur de la chevalerie n’eut voulu profiter de ces circonstances pour briguer un pouvoir tombé aux mains d’une femme ; ils se fussent crus déshonorés et malheur à quiconque oserait porter la main sur leur charmante suzeraine, car leurs épées et leur sang étaient garants de leur loyauté.

C’est pourquoi dans cet après-midi de juin 1369 ils étaient réunis à Mordesson, dans la salle du Conseil, autour de la robe blanche de Bertheline. On avait signalé dans la région l’approche des anglais, et toutes les forteresses de la seigneurie étaient garnies d’hommes d’armes. Mais c’était sur Mordesson que se dirigeait Jehan Péhautier capitaine de cinquante lances, parce que le château n’ayant pas de remparts, il pouvait s’emparer facilement de l’héritière de Guarin de Castelnau. Bertheline s’entretenait avec chacun comme un chef et comme un ami. Amaury de Valon, Jehan de Miers et quelques autres seigneurs renouvelaient leurs serments de loyaux services ; mais nul n’espérait autre chose que porter haut sa bravoure et son honneur, car ils savaient le cœur de Bertheline promis au jeune vaillant Bertrand de Terride, puissant en Périgord.

Il y avait aussi, près de leur suzeraine, les consuls de Grandes : Jean Cornilh, Jean de Merle, puis Hugues Orliac qui portait un jeune taureau sur ses épaules aux fêtes de la dîme, Bénédict Lafont, Bartolomé Darnis réputé pour sa connaissance des coutumes et des lois romaines, et enfin Antoine Bergonhos dont la richesse était l’occasion d’un proverbe. Tous étaient là, près de Bertheline parce que la vie, l’indépendance et la fortune de tous étaient en cause.
– Madame, dit Amaury de Valon, si vous le permettez, nous chanterons la chanson du Chêne et du Gui.
Bertheline rougit légèrement, car la chanson était d’elle. Les vois fortes et timbrées se mêlèrent à la sienne , et la mélodie jaillissait cristalline et fraîche comme les sources de l’Alzou , car, comme elles, elle s’exhalait du terroir.
 » L’ennemi ! Voilà l’ennemi !  » Le guetteur descendit de la tour ; il avait vu les cinquante lances de Jehan de Préhautier étinceler sur les glèbes du Causse-Nu, et l’on entendait les truands crier de joie dans l’espoir d’un triomphe facile. Mordesson n’avait pas de remparts.
Déjà Jehan Préhautier, le fer au poing avait pénétré dans la salle du Conseil, laissant sa horde dans la cour intérieure
 » – Quel est le Maître de céans ?  » rugit-il ! .
La jeune fille s’avança :
 » – Je suis Bertheline de Mordesson, seule héritière de Guarin de Castelnau. Que me voulez-vous ?
Le soudard perdit sa morgue. Le charme d’une femme est une arme redoutable pour les plus fiers soldats, parce qu’ils n’en rencontrent pas souvent sur leur chemin. Mais Jehan de Préhautier rêva d’une aventure singulière : sa voix rude prit des intonations plus douces et refoulant les injures qu’il s’apprêtait à dire, le routier chercha des termes dont il n’était pas coutumier :
 » – Je suis Jehan Préhautier, dit-il, capitaine de cinquante lances pour très haut et très puissant seigneur Jehan Chandos La valeur de ceux qui combattent sous la bannière de messire Saint Georges n’est plus à dire et l’on sait quelles ruines ensevelissent à cette heure ceux qui leur ont résisté. Mais c’est un autre sentiment que j’apporte dans cette enceinte.
Ce cœur qui ne frémit jamais dans les plus terribles rencontres, je le dépose à vos pieds, Madame, et pour peu que vous l’acceptiez, les gens d’armes qui vous défendent compteront cinquante lances de plus dans votre parti.  »
 » – Vous outragez, capitaine ! La fille de Guarin de Castelnau ne donnera pas sa main à un coureur d’aventures qui n’a de sang à son blason que celui de victimes innocentes.
Vous ignorez sans doute que le sang des Castelnau s’est mêlé à celui du Roi des Cieux en coulant aussi sur la Terre Sainte ! C’est là qu’il a gagné ses titres de noblesse. Et vous, capitaine, de combien de quartiers s’honore votre maison ?  »
Jehan Préhautier blêmit. C’était lui rappeler qu’il n’était qu’un capitaine d’aventure et que jamais le crime pour lui ne s’était distingué de la geste. Il voulu prouver qu’il connaissait aussi les bonnes manières de la chevalerie :
 » – Votre injure appelle vengeance, Madame. Désignez donc parmi les vôtres , celui qui m’en rendra raison  »
 » – Mes partisans sont de bonne lignée, capitaine, et nul ne dérogera. N’attendez donc point les honneurs d’un combat singulier avec un sang plus noble que le votre.  »
 » – Çà , Madame, vous m ‘en rendrez compte vous-même ! Je veux vous enfermer dans les prisons de votre château !  »
 » – Il n’est point de prisons à Mordesson, capitaine. Sans doute en eut-on construit si l’on avait songé qu’un capitaine de mauvaise rencontre s’aviserait un jour de tenir ici le langage d’un truand.  »
 » – Vous m’outragez encore, dit Jehan Préhautier au comble de la rage, mais prenez garde qui si truand suis, ne porte la main sur vous !  »
 » – Vous m’avez outragée d’abord, capitaine, réclamant ma main pour prix de votre trahison. Mais ce n’est pas un tel paiement qu’il faut aux gens de votre espèce : c’est trente deniers.  »
Jean Préhautier se fut lancé sur elle. Mais déjà Amaury de Valon levait son épée. Préhautier prit du champ :
 » – A moi compagnons, cria-t-il, et mort de sang !  »
Les truands se ruèrent dans l’enceinte, et les paisibles murailles du plus pacifique des castels, résonnèrent du tumulte des grands combats. Les injures des soudards se mêlaient aux défis des chevaliers, les épées s’entrechoquaient avec les masses d’armes, les pertuisanes recherchaient les défauts des cuirasses et les fentes des bassinets, et sur les tapisseries faites pour la joie des regards, le sang des hommes se mêla aux riches couleurs de l’art.
Bertheline, derrière le rempart des poitrines loyales, était agenouillée devant une effigie de Notre Dame de Roc Amadour :
 » – Bonne Dame, disait-elle, voyez ici combatre vos gentils seigneurs : Amaury de Valon qui richement dota le sanctuaire et Jehan de Miers qui prit la bannière des pèlerins et Amidieu de La Rocque qui bellement chante le cantique à l’office de la Mère-Dieu. Bonne Dame soyez en leur garde.  »
Maître Jehan Cornilh qui est sage et de bon conseil s’approcha d’elle :
 » Madame, dit-il, il convient fuir ! Quand truands sont plus de trois pour un, oncques chevalier ne l’emporte. Il convient fuir, Madame, pour le salut de votre baronnie !  »
 » – Fuir, Maître Cornilh ? Les Castelnau ont quelques fois péri sous le nombre, mais jamais montré le dos !  »
 » – Votre vie n’est point votre, Madame, reprit sévèrement Jehan Cornilh. Vous la devez à votre baronnie. Il convient fuir, que je vous dis !  »
Bertheline fit un grand signe de croix sur Maître Cornilh. Mais il ne disparut pas avec cette odeur de souffre qui caractérise les créatures du Malin et Bertheline comprit alors qu’il était de bon conseil. Elle disparut par la petite porte de la tour, sortit du Manoir, par la poterne qui n’était point gardée et s’enfuit par le sentier du lac.
 » – Messire, dit un truand à Jehan Préhautier, la Dame de céans s’est échappée par la poterne !  »
 » – Mort de sang, hurla le capitaine ; en selle compagnons et rattrapons-la ou j’y perdrais mon âme ! Mort de sang, mort de sang !  »
La poursuite fut infernale. Le sentier qui conduit au lac, à peine large pour Bertheline, fut le tombeau d’un grand nombre. Les cavaliers se heurtaient dans le torrent de la chevauchée, se brisant entre eux, tombant sous le flot des bêtes ou se broyant contre le tronc des chênes. Les injures se mêlaient aux cris désespérés, les blasphèmes et les hurlements se noyaient dans le fracas des cuirasses.
 » Mort de sang ! Mort de sang !  » hurlait Péhautier, mais le sang ruisselait des siens et la mort planait sur lui-même.
Légère comme les biches de la forêt, adroite comme elles, Bertheline avait gagné le lac quand les truands étaient à peine en selle. Là, à l’orée du chemin de Darnis, elle se heurte à l’Archange Saint Michel. Du moins, elle le crut, tant la splendeur du blanc cheval d’armes n’avait de comparable que l’éclatante armure du chevalier.
 » Voilà, pensa-t-elle l’archange des combats que m’envoie Notre Dame de Roc Amadour..  »
Sans mot dire le beau chevalier l’enleva de terre et la plaçant en croupe, piqua des deux en direction de Roc Amadour. A peu de distance le vacarme des poursuivants faisait trembler la forêt. Les imprécations de Jehan Préhautier parvenaient aux oreilles des fugitifs, mais le cheval de l’archange bondissait comme dans les miracles, rapide et léger comme le cheval de Dieu.
On traversa Darnis, puis Saint Germain de Rignac dont le moutier abrite des Saints, puis l’on s’engagea dans le petit sentier rocailleux qui mène à la Roque du Souci. Tout à coup Bertheline se rappela le gouffre sans fond vers lequel ils allaient tout droit et sa frayeur était grande. Mais un archange ne périt pas comme un simple mortel et sa Foi était encore plus grande que sa frayeur. Le blanc cheval galopait, museaux fumants, étincelant des quatre fers à l’allure du vertige et fonçait droit vers l’abîme.
Le cavalier céleste se signa en piquant des deux, le cheval s’envola dans les airs pour retomber de l’autre coté du précipice laissant l’empreinte de ses sabots dans la pierre. Et Bertheline sut que Madame Marie l’avait en garde. Mais emporté dans la violence de la chevauchée, Jean Préhautier et ce qui restait de ses cinquante lances furent se briser dans la Roque du Souci dans un tumulte effroyable d’os broyés et de blasphèmes.  » Mort de sang ! Mort de sang ! criaient-ils encore ; mais déjà avec leurs voix leurs âmes se perdaient en Enfer !
Les fugitifs, miraculeusement sauvés s’étaient arrêtés pour remercier Notre Dame de Roc Amadour Le chevalier sauveur souleva la visière de son heaume et Bertheline poussa un cri…
 » – Bertrand ! C’était vous ! Oh ! Bertrand !…
 » – Oui, Madame, c’est bien moi Bertrand de Terride qui loue le Ciel parce qu’il ma donné en vous sauvant la vie, de mériter ce cœur que vous m’avez promis. En apprenant que l’anglais ravageait les plateaux du Quercy, sans plus tarder suis venu car vous étiez en grand danger et perte certaine. Et m’en voyez heureux , Madame, comme oncque chevalier de bon encontre ne put l’être jamais !  »
Arrivés à Roc Amadour les deux jouvenceaux s’en allèrent trouver Madame Marie en son sanctuaire, et prièrent longuement. Belle était leur prière et leurs voix montaient le long du rocher béni vers la Vierge Noire , au milieu de la fumée des cierges et de l’odeur de l’encens. Messire Rogier de la Roque qui est premier chapelain de Notre Dame en son sanctuaire de Roc Amadour, entra dans la chapelle.
 » – Messire, dit Bertheline, voici Bertrand de Terride que je choisis comme époux devant Dieu.  »
 » – Messire, dit Bertrand de Terride, voici Bertheline de Castelnau que je choisi comme épouse devant Dieu.  »
 » – Soyez unis !  » répondit Messire Rogier de la Roque, premier chapelain de Notre Dame, en son sanctuaire de Roc Amadour.
Et cela se passait un jour de juin 1369.

Cette légende a été rapportée au début du siècle dernier par l’Abbé Bargues, curé de Prangères, à Yves Desjeux qui l’a transcrite pour sa pérennité.

 

LA CHANSON DU CHÊNE ET DU GUI .

Elle tremblait, la terre
Quand marchaient nos aïeux

Ils n’aimaient que la guerre
Ne craignaient que les cieux.
A Rome désarmée
Ils dictèrent les lois
En y jetant le poids
De leur vaillante épée.
Vaincus parfois, pour l’esclavage,
Non, jamais ! ils ne furent prêts.
Pour échapper à cet outrage
Allant dans leurs sombres forêts
Fer en main ils touchaient l’emblème.
De leur rude pas
Ils volaient de nouveau dans les combats suprêmes,
Pour n’être point soumis.
Qui donc leur forgerait leurs chaînes
A ces fils du Quercy ?
Ils étaient forts comme leurs chênes.
Et toujours verts comme leur gui !
César, aux lois de Rome
Voulut nous asservir,
Mais la Gaule eut un homme
Et qui savait mourir !
Héroïque Luctère
Redouté du vainqueur
Entends la Gaule entière
Te dire avec son cœur
La mort ! mais non pas l’esclavage !
Pour lui nous ne sommes pas prêts
Pour échapper à cet outrage
Allons dans nos sombres forêts
Là, nous contemplerons l’emblème
De notre fier pays.
Nous mourons s’il le faut dans les combats suprêmes
Pour n’être pas soumis.
César nous forgerait des chaînes
A nous , fils du Quercy !
Nous sommes forts comme des chênes
Et toujours verts comme leur gui !
Aujourd’hui, l’Angleterre
Veut te donner sa loi,
Et pense par la guerre
Avoir raison de toi.
De toi, terre des braves
De toi ,terre des forts !
Ah ! brise ses entraves
Affronte mille morts.
Oui ! la mort ! jamais l’esclavage
Pour lui nous ne sommes pas prêts !
Pour échapper à cet outrage,
Allons dans nos sombres forêts.
Là, serrant dans nos bras l’emblème
De notre cher pays
Nous mourrons s’il le faut dans les combats suprêmes,
Pour n’être pas soumis.
L’Anglais nous forgerait des chaînes,
A nous fils du Quercy !
Nous sommes forts comme nos chaînes,
Et toujours verts comme leur gui !

Le hameau de Toulousque

Je tiens de ma grand mère de Mercuès, décédée en 1967, et qui habitait la maison que j’habite maintenant, une légende sur ce hameau perdu entre Bouydou et Mercuès. Il avait nom : Toulousque ; il comptait une quarantaine de maisons ; aujourd’hui, ce ne sont plus que des ruines, vestiges d’un village abandonné, déserté par des habitants ruinés par la crise du philoxera.

C’est actuellement une très jolie promenande à faire à pied en partant au niveau de la D911 sous le château après les arcades, et qui rejoint Bouydou et Auzole. Auparavant, ce fut un hameau florissant où la vie était douce et les vignes prospères. On pouvait y fêter Noël en famille, à la chaleur d’un bon feu, à la lumière des bougies.

Voici la légende que me contait ma grand-mère : Par un soir de noël, très froid et étoilé, quand toutes les maisons de Toulousque brillaient de mille feux et que leurs occupants dégustaient dans la joie, les plats chauds et fumants du réveillon quercynois, un pauvre mendiant, transi et fatigué, s’en vint frapper à l’huis de ces foyers heureux.
A chaque porte close, il répéta humblement sa prière :
– « Ayez pitié ! Ne me refusez pas le vivre et le couvert en cette nuit de Noël ! Il fait si froid dehors. »
En vain supplia-t-il, gémit-il, pleura-t-il ; nulle porte deavnt lui ne s’ouvrit à ses cris. Pas un être vivant n’eut pitié.
Frissonnant, désespéré, il chercha la chapelle ; la porte était fermée. Alors, il se laissa tomber sur les marches du porche, maudissant dans la nuit, le village et tous ses habitants. On retrouva, au matin, son corps gelé et recroquevillé.
Commencèrent alors les malheurs du hameau de Toulousque. Un mal mystérieux s’y répandit qui décima petit à petit la population. Plus personne ne voulut venir habiter ce village maudit.
Et si, le soir de Noël, aux alentours de minuit, vous montez à Toulousque, vous pourrez, parait-il, entendre le mendiant supplier, pleurer et gémir en demandant de l’aide.

Légende rapportée par un habitant de Mercuès

L'ouysse

La fée de la rivière Ouysse

Un cheval, un jeune et beau cavalier sifflotant sur le chemin de Thémines, voilà comment commence mon histoire. Une vieille « fatsilière », noire et ridée, une de ces antiques fées gauloises, l’arrête en saisissant la bride de son cheval. La vieille réclame un baiser.

– « Ne la contrarions pas », se dit le chevalier. Il en est aussitôt récompensé car la vieille fée satisfaite lui tend alors une superbe turquoise.
– « Donne-la à la dame de tes pensées et quand tu seras en danger, la pierre pâlira et conduira ta mie, saine et sauve, là où tu seras. »

Le chevalier des Arnis, puisque tel est son nom, s’empressa d’obéir à la « fatsilière » bienfaisante et passa la bague au doigt de sa fiancée Gayette.A quelques temps de là, par un chaud après-midi d’été, il voulut se désaltérer dans les eaux fraîches et limpides de la rivière Ouysse. C’est alors qu’une force inconnue l’entraîna vers le fond et qu’il se trouva bientôt au milieu d’ondines forts jolies entourant un trône où siégeait la plus belle d’entre elles.
– « Je suis la fée de l’Ouysse » dit-elle.
– « Tu es mon prisonnier ; à moins que tu ne me donnes un baiser, qui, seul, pourra rompre le sortilège qui me tient enfermée ici. »
– « Dame, je ne trahirai pas ma mie ! »
– « Eh bien ! qu’on l’enferme ! »
Et le chevalier se retrouva au fond d’une prison sombre et humide. C’est alors, qu’au doigt de son amie, la turquoise pâlit et qu’une force magique la guide vers la rivière puis l’entraîne jusqu’au fond. A sa vue, la fée de l’Ouysse entre dans une violente colère et, comme la jeune fille ose lui réclamer son fiancé, elle la fait jeter avec lui au fond du même cachot. Il faut vous dire que cette fée de l’Ouysse, malgré sa très grande beauté, était une mauvaise fée punie par la reine des fées, pour avoir usé de ses pouvoirs fort méchamment.
Elle avait, en effet, causé la mort d’un jeune homme et de sa fiancée parce qu’il avait osé dédaigner son amour. Depuis, la reine des fées la tenait enfermée sous l’eau, sans voir le jour, aussi sa colère était-elle grande et ne laissait place à aucune pitié pour les deux jeunes gens. Ceux-ci, persuadés qu’ils ne pourraient l’infléchir, entreprirent de s’enfuir de leur sombre cachot ; mais en vain ; la méchante fée les rattrapa et lance au poing voulut tuer le chevalier désarmé. Mais, sa fiancée, courageusement, s’interposa. La fée, stupéfaite, d’un tel courage, attendrie par cette preuve d’amour, lâcha sa lance. Le chevalier, soulagé, heureux qu’elle ait ainsi épargné son amie, lui donna aussitôt un baiser spontané et reconnaissant.

Le maléfice avait pris fin ; la pitié avait pénétré dans le coeur de la fée de l’Ouysse qui pouvait enfin ressortir à l’air libre, jurant qu’elle ne recommencerait jamais, tandis que les jeunes gens, heureux, s’en allaient vers leur bonheur terrestre.

Epée de Rocamadour

L’épée de Rocamadour

C’est dans la geste du roi, composée au Xème siècle, que l’on retrouve la «chanson de Roland». Ami d’Olivier, frère de sa fiancée la belle Aude, Roland est comte de la Marche de Bretagne, et surtout neveu de Charlemagne.

Quand ce dernier passe les Pyrénées pour aller lutter contre les Sarrasins en Navarre, Roland commande l’arrière garde qu’attaquent les Sarrasins au col de Ronceveaux, suite à la trahison de Ganelon.

Roland et ses hommes résistent jusqu’au dernier. Blessé à mort, il sonne enfin dans son olifant, appelant Charlemagne à son secours. La légende veut que Roland ait aussi tenté de casser sur un rocher son épée Durandal pour qu’elle ne tombe pas aux mains des Sarrasins, mais c’est le rocher qui se brisa.

La légende raconte que Roland ne réussissant pas à briser son épée Durandal, pria l’archange Saint Michel de l’aider à la soustraire aux infidèles. Roland la lança de toutes ses forces vers la vallée. Durandal traversant les airs sur des kilomètres, vint se planter dans le rocher du sanctuaire de Rocamadour.

Elle y est encore, vieille et rouillée, fichée au dessus de la porte de la chapelle Notre Dame

La truffe

L’omelette

Non ce n’est pas une recette, mais bien un conte du Quercy qui va vous expliquer l’origine de la découverte de la truffe.
Dans les champs d’une ferme du Quercy Blanc entre Lalbenque et Concots, une pauvre orpheline pleure un impossible amour pour le Prince d’Aquitaine qui en tombe malade. Quand, soudain, son attention est attirée par une jolie petite mouche, colorée et agile, qui s’affaire dans l’herbe rase du Causse. Intéressée, elle la suit dans ses pérégrinations.
« Que peut-elle bien chercher ? », pense-t-elle tout haut. Et, ô miracle ! La mouche-fée répond :
« La perle noire du Causse, la truffe, mon enfant. Gratte ; elle est là. »
Et la jeune fille met au jour une superbe truffe, odorante à souhait, qu’elle s’empresse, sur les conseils de la fée, d’aller cuisiner.
Et, c’est une superbe omelette aux truffes, appétissante et dégageant un subtil parfum, que l’orpheline peut alors présenter au prince malade et triste qui retrouve aussitôt appétit et santé.
« Jeune fille, tu me rends la vie. Veux-tu bien m’épouser ? »
« Sûrement, noble Sire, c’est mon voeu le plus cher, mais je suis pauvre et orpheline. »
« Qu’à cela ne tienne, je suis riche pour deux. »
Ils se marièrent, ils furent heureux et bien sûr, ils eurent beaucoup d’enfants …

Les origines de la truffe version Martel

Vous pensez bien qu’il a fallu un fameux coup de baguette magique pour faire jaillir de la terre ingrate du Causse, ce diamant noir qu’est la truffe.
Il faut se reporter loin en arrière ; du temps où, dans les chaumières Quercynoises, on devait se contenter comme repas, l’hiver venu, de quelques châtaignes.
C’est ainsi qu’un soir, froid et pluvieux, dans une chaumière caussenarde, près de Martel, un pauvre paysan regardait tristement ses enfants, malingres et chétifs, jouer sagement devant l’âtre, tandis que sa femme, déjà ridée et épuisée par les rudes travaux des champs, ravaudait leurs vêtements usés.
Un coup bref, frappé à la porte, le fit sursauter et plus encore le fait que la porte s’ouvrit d’elle-même et qu’une vieille femme, courbée sur un bâton, grelottante et édentée, demanda humblement l’hospitalité.
L’homme se leva vivement, fit entrer la vieille femme et referma la porte.
« Entrez vous mettre au chaud, bonne vieille, mais la chère sera maigre ; nous n’avons que des châtaignes à partager avec vous ce soir. »
« Vous n’avez que des châtaignes, mais un grand coeur, dit la vieille ; aussi je veux vous aider. Voici quelques graines. Semez-les dès le printemps au pied de vos chênes. A l’automne, vous pourrez alors récolter un champignon odorant et savoureux qui fera votre richesse, car je ne le donne qu’à vous. Prenez-en grand soin ! ».
Et la vieille disparut dans une pluie d’étincelles.
Le brave homme fit tout ce que la fée – car c’en était une évidemment – avait ordonné et , à l’automne suivant, il eut une magnifique récolte : de gros champignons noirs, ronds comme des oeufs et dégageant un parfum exquis. La truffe était née !
Et avec elle, richesse et prospérité régnèrent bientôt dans le village car le paysan n’avait rien perdu de sa bonté, même s’il était devenu riche et avait pu s’offrir terres et château alentour. Hélas ! Il n’en fut pas de même pour ses enfants qui n’héritèrent que de sa fortune, pas de sa bonté. Détestés des villageois, avares et cupides, ils osèrent refuser, un soir d’hiver, l’hospitalité à une pauvre vieille, épuisée et transie.
C’était la bonne fée que leurs parents avaient si bien reçue du temps de leur pauvreté. La porte du château étant restée fermée à ses prières, elle leva son bâton et fit disparaître la fière demeure tandis que les châtelains étaient changés en truies.
Et, c’est depuis ce jour-là, qu’on ramasse les truffes, sur le Causse de Martel, à l’aide de truies, aujourd’hui, cependant, bien souvent remplacées par des chiens.

Lac de St Namphaise

La légende de St Namphaise

Selon la tradition, Saint Namphaise apparaît en Quercy à la fin du 8e siècle. C’est alors un preux guerrier, un compagnon de Charlemagne qui, lassé de la guerre et de ses massacres, a décidé de se retirer en religion et de devenir ermite. Venu dans le Quercy, il cherche alors dans les vastes solitudes boisées un lieu propice à la méditation et à la prière. Il le trouve d’abord à Lantouy, près de la vallée du Lot où il fonde un monastère, mais très vite sa popularité l’accable et il abandonne les lieux.

Un couvent de religieuses lui succédera qui aura un destin tragique : les nonnes tombent dans le paganisme et sacrifient des enfants aux dieux des abîmes. Le couvent est rasé et les nones dispersées. Saint Namphaise séjourne alors au monastère de Marcilhac, dans la vallée du Celé, mais, d’où il s’enfuit en quête d’une plus grande solitude. Il la trouvera sur les hauteurs de Quissac, dans une grotte, près d’une petite colline nommée l’ouradour qui sans doute est une déformation du mot latin oratorium : petite chapelle.

Là, dans les solitudes ventées et surchauffées du Causse, il trouve sa voie qui le réconcilie avec les hommes : il va creuser des lacs. C’est en effet à lui que la tradition attribue l’origine de ces centaines de bassins, de tailles et de profondeurs diverses, qui parsèment le Causse. Saint Namphaise vieillit lentement, devenu le patron des bergers et des troupeaux. Jusqu’au jour où sa route croisa un taureau furieux. Ce dernier chargea et Saint Namphaise n’eut que le temps de jeter le plus loin possible son marteau de mineur. Il tomba à Caniac, la paroisse voisine, où on éleva une église pour recueillir la dépouille de l’ermite. Saint Namphaise y repose toujours dans la crypte et guérit les épilepsies pour peu que l’on passe à genoux sous les piliers de son tombeau.

Page 9 of 10

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén