Le mot « collège » ne doit pas tromper. Il ’agit ici de collèges universitaires médiévaux dont l’importance dans l’histoire de France a été considérable : ces établissements s’inséraient
dans un mouvement européen qui souhaitait permettre à de « pauvres clercs » d’étudier en leur offrant le gîte et le couvert.
Grâce à une impulsion décisive donnée par le pape d’Avignon Innocent VI et plusieurs dignitaires de la Curie, leur succès fut net dès le milieu du XIVe siècle. Le mouvement de création de collèges se poursuivit avec succès durant le XVe siècle et ils finirent par regrouper un nombre non négligeable d’étudiants.
Dotés de statuts, d’une maison, de rentes et de bénéfices destinés à assurer des bourses, d’un encadrement spirituel avec bibliothèque et chapelle, ils eurent en commun d’évoluer vers
une relative autonomie : la communauté recrutait ses condisciples et élisait en son sein un responsable de la discipline et de la gestion. Les boursiers devaient supporter un long séjour et une sévère discipline mais les sacrifices consentis ne furent pas inutiles : l’examen des carrières montre que les collèges de juristes des universités de Cahors et Toulouse ont bien produit une élite au service de l’Église et de l’État.
Cette étude extrêmement complète apporte un éclairage inédit sur un aspect essentiel de l’histoire de France et, parallèlement,
sur un pan méconnu de l’histoire des idées.
Patrice Foissac est professeur agrégé d’histoire-géographie au collège Léon Gambetta de Cahors (46) et Docteur en Histoire médiévale.