Jean-Pierre Lagasquie, archéologue et préhistorien lotois, vient de décéder subitement victime d’une crise cardiaque, à Marrakech, le 16 mars 2023, tandis qu’il s’apprêtait à rejoindre la France.
Descendant d’une vieille famille lotoise enracinée dans la vallée du Célé depuis des siècles, il compta parmi ses ancêtres un père passionné par la sauvegarde du patrimoine et qui présidera la Société des Etudes du Lot ainsi qu’un arrière grand-père médecin, ami de Champollion et chercheur, en Egypte, sur les origines de la peste.
Jean-Pierre fut envoûté dès l’enfance par – selon ses propres mots – « les mystères des terres du Quercy… la lumière du sud et le chant des cigales… l’odeur de buis et de chênes surchauffés… les espaces sauvages et mystérieux… les rocs et falaises aux multiples recoins… l’eau claire et murmurante atténuant et compensant le brasier des plateaux. »
Cet amour du pays façonna son tempérament et affuta sa curiosité. De jeune spéléologue intrépide, il devient préhistorien passionné, s’inscrivant dans les pas du Chanoine Lemozi qu’il rencontre encore adolescent, puis de Jean Clottes au côté duquel, jeune homme, il effectue de nombreuses fouilles.
Électron libre, autodidacte, il parcourt les causses du Quercy en surface et sous terre et fait des découvertes exceptionnelles, notamment la grotte ornée du Moulin. Il établit un inventaire archéologique méthodique du causse de Marcilhac-sur-Célé qui fera l’objet de deux livres « Pierres en sursis » (1994) et « Mémoire de pierre » (2022). Il se spécialise dans l’étude de la préhistoire récente (néolithique). Sa thèse de doctorat sera consacrée à l’architecture des dolmens du Quercy, se basant sur ses fouilles des dolmens de Marcilhac-sur-Célé (Dolmen de la Devèze sud) et des communes de Gréalou et Montbrun (dolmen des Aguals) – deux sites archéologiques aujourd’hui classés Monuments historiques.
Ses livres « Dolmen et Tumulus » (1996) et « Les dolmens du Quercy, trois millénaires d’histoire religieuse » (2017) sont des ouvrages de vulgarisation qui mettent en lumière son apport original et pertinent basé sur une méthode de travail qu’il souhaite rigoureuse et scientifique.
Ses passions pour l’archéologie et l’exploration l’emmèneront également en Afrique, notamment au Niger, au Kenya, en Éthiopie… Mais, c’est au Maroc qu’il nouera de profondes amitiés et ne cessera de séjourner tout au long de son existence.
Très attaché à son territoire, il va alerter les autorités sur les menaces et les destructions qu’engendre le concassage des terrains situés sur le causse de Gramat, ce qui va l’amener à publier l’opuscule « Pierres en sursis ».
Jean-Pierre Lagasquie a fortement contribué à la recherche sur le mégalithisme en Quercy. Il a mieux fait connaître la richesse du département fort de plus de 600 dolmens répertoriés et n’a eu de cesse de vouloir partager sa passion et son émerveillement face au mystère de ces tombeaux collectifs construits il y a plus de 5 000 ans.
Un temps de recueillement aura lieu le samedi 29 avril 2023, à 16 heures, au cimetière de Marcilhac-sur-Célé.
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Lors de la rencontre à Lourdes de mars 2021, la Conférence des Évêques de France a proposé de lancer le procès en béatification du Père Marie-Étienne Vayssière. Né à Saint-Céré en 1864, il passera plus de trente ans au sanctuaire de la Sainte Baume (83) avant d’être élu prieur des dominicains de la province de Toulouse.
La Sainte Baume : un site enchanteur, au cœur de la Provence, avec son imposante barrière calcaire et son épaisse forêt. L’âme de ces lieux, c’est la grotte sacrée située au creux du rocher où, depuis des siècles, est vénérée Marie-Madeleine. La femme blessée et transfigurée de l’Évangile aurait habité dans cette grotte les dernières années de sa vie. Sur ses pas, le sanctuaire de la Sainte Baume, devient un haut-lieu de pèlerinage du Var.
Un jour d’avril 1900, arrive sur ce Rocamadour de Provence, un jeune dominicain de 36 ans, le Père Marie-Étienne Vayssière. Un Lotois. Il vient d’y être nommé « gardien de la grotte », le seul poste compatible, pense-t-on, avec sa santé définitivement compromise à la suite d’une grave anémie cérébrale. Il ne devait y rester que quelques mois… Il y demeurera 32 ans.
Un enfant du Lot
Toussaint Vayssière (son nom d’état civil) naît à Saint-Céré le 29 octobre 1864 dans un milieu modeste. Orphelin de père et de mère, dès ses cinq ans, il est choisi enfant de chœur. Alors qu’il sert un enterrement dans l’église Sainte Spérie du village, il semble entendre une voix « Tu seras prêtre ». Sa vocation de prêtre qui éclôt dans sa prime jeunesse, ne le quittera plus. Sa première communion le 26 mars 1876, à l’âge de 12 ans, reste un repère important de sa vie. Il la commémorera chaque année.
Entré au grand séminaire de Cahors en vue d’être ordonné prêtre diocésain, il ressent finalement, à la lecture d’une biographie du père Lacordaire, un appel à la vie religieuse dominicaine, ayant en lui l’idée profondément ancrée qu’il serait un prédicateur. Ses capacités le promettaient en effet, à un vrai talent d’orateur et d’enseignant. À 22 ans, il entre dans l’Ordre des prêcheurs de Toulouse et reçoit le nom de frère MarieEtienne.
Une vie d’ermite
Ses rêves d’études et de prédication se brisent moins de deux ans après, sous les coups d’une extrême fatigue et de maux de tête qui l’empêchent de lire et de se concentrer. Sa vie vacille, sa vocation chancelle, son avenir s’obscurcit. C’est dans cet état de douloureuse impuissance qu’il est ordonné prêtre « que pour dire la messe ». « La messe, c’est à ce moment-là qu’on lisait sur son visage le plus de douceur, de paix et de sérénité » témoignera son prieur provincial. Ne pouvant se concentrer plus de vingt minutes, il est surnommé « le bon à rien » : « Je ne pouvais rien faire, ni lire, ni confesser, ni rien » constate le dominicain dès sa première affectation au couvent de Biarritz. Le frère Étienne reconnaît « avoir connu l’anéantissement ». « Mais cette déchirure dans sa vie religieuse va déterminer tout son chemin spirituel » indique le frère Olivier Guillou, vice-postulateur de la cause en béatification du dominicain.
« Consentant à n’être rien », il vivote dans les couvents jusqu’à son arrivée à la Sainte Baume où il connaît une conversion à la vie de solitude et de prière : il accueille ceux qui viennent dans cette « grotte de pénitence ». Là, sur la montagne de la Sainte Baume, il fait, près de Marie-Madeleine, une expérience de confiante acceptation de la volonté de Dieu. Beaucoup de laïcs et de religieux trouvent auprès de lui des conseils de sagesse d’un père viscéralement attaché au Christ, à la Vierge Marie, à sainte Marie Madeleine et à saint Dominique. Grâce à la grande liberté spirituelle qu’il laisse, il en aide beaucoup à s’engager pour Dieu, soit dans la vie religieuse, soit dans le monde, soit en couple. Se révélant un authentique maître spirituel, son enseignement d’une grande simplicité, est parfaitement adapté à tout chrétien : « A La Sainte Baume, on arrive touriste et on repart pèlerin » aime-t-il à relever, en fin de visite.
Un prêcheur inspirant et inspiré
Au fil des ans, les pèlerins se pressent en nombre à la grotte. Sa réputation de sainteté le précède. Sa santé toujours précaire ne lui permet pas de prêcher des retraites à un grand nombre de fidèles. Qu’à cela ne tienne, il accompagne de façon individuelle chaque retraitant. De livre, il n’écrit point. Ses nombreuses lettres et ses témoignages de vie représentent son unique testament. Face au succès de sa mission, il est élu en 1932, prieur de la province de Toulouse. Avec pour but de rétablir une certaine unité dans son secteur, les frères ayant des divergences que seul, un spirituel comme lui, pouvait aider à dépasser. Cette charge, il l’assumera jusqu’à sa mort survenue au terme de son second mandat, le 14 septembre 1940. Il repose désormais, au cimetière du sanctuaire de La Sainte Baume.
La puissance de la faiblesse
Depuis de nombreuses années, les frères de saint Dominique le considèrent comme saint. Ils travaillent à faire connaître cette figure peu connue du grand public. « C’est le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, qui a poussé le dossier, stimulant les dominicains très attachés à la figure du Père Vayssiére » nous précise Mgr Laurent Camiade qui poursuit : « le paradoxe avec ce prêtre, c’est qu’une grande partie de son apostolat part d’une expérience d’échec, d’impuissance à agir. La grande leçon qu’il a apprise par cette épreuve, c’est qu’il faut s’anéantir pour que Dieu règne. C’est à la Sainte Baume que va s’approfondir ce charisme de l’abandon de Dieu. Que d’autres talents vont émerger et porter du fruit dans son ministère. Comme la disponibilité dans l’accueil du tout-venant, l’accompagnement spirituel, mais aussi la restauration inlassable des bâtiments et les projets d’agrandissement des locaux d’accueil sur ce lieu de pèlerinage. » « Ces quelques remarques montrent la fécondité du ministère de ce grand spirituel en même temps que son enracinement dans l’expérience de sa faiblesse, ajoute l’évêque de Cahors. Le cœur de son expérience qui est aussi son message, est que c’est en partant de son néant que l’on peut laisser l’Esprit Saint jaillir en soi et faire son œuvre à Lui ».
ANDRÉ DÉCUP
Publié avec l’autorisation de l’auteur de l’article et de l’hebdomadaire La Vie Quercynoise
Un ouvrage consacré à ce dominicain a été publié par les éditions de la Béatitude
Image d’illustration : Façade du couvent de la Sainte-Baume à l’entrée de la grotte. (crédit photo Wikipédia)
Déclarée « Juste parmi les Nations » depuis le 31/05/1994, Françoise Lapeyre, sage-femme à l’hôpital de Cahors durant l’occupation, est désormais associée à l’Hôtel de la Préfecture, vigie républicaine départementale. Sa vie et ses actes héroïques ont été évoqués par M. Simon Massbaum, correspondant Yad Vashem Lot et Aveyron Mme Mireille Larrède, préfète du Lot en présence des personnalités et représentants de l’ONaCVG du Lot et du Musée de la Résistance et de la déportation et d’une partie du personnel de la préfecture, le mardi 4 avril 2023.
On peut retrouver le parcours de Françoise Lapeyre en cliquant CE LIEN
L’image d’illustration montre le recto de la médaille attribuée aux « Juste parmi les Nations ». Le nom du (de la) récipiendaire est gravé au verso.
Présent de longue date dans les pages de la première version de notre site internet, nous profitons de la publication de l’ouvrage consacré à l’histoire de Saint-Cirq-Lapopie dont la couverture est illustrée par une oeuvre de Jean-Eugène Pujol pour redonner à cet artiste sa place dans notre nouvelle galerie des « quercynois célèbres ».
SOMMAIRE :
Biographie
L’artiste par Dominique, l’un de ses fils
Professeur de dessin
Quelques oeuvres
Expositions et musées
Biographie : Jean-Eugène Pujol est né le 4 mai 1899 à Carbonne, dans le Volvestre, d’une famille de propriétaire terrien, dont le père Fernand Pujol possède un talent de dessinateur. Très tôt, Eugène Pujol manifeste son désir d’être peintre. Sa première toile en 1911 représente la campagne toulousaine. Il rentre à l’école des Beaux-Arts en 1917.
Appelé sous les drapeaux en septembre 1918, il reste mobilisé trois ans à Toulouse et peut suivre presque normalement les cours de l’école.
Démobilisé en juin 1921, il part à l’école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, dans l’atelier de Fernand Sabatté et de Louis Roger, respectivement élèves de Gustave Moreau et de Jean-Paul Laurens, puis il s’inscrit à l’École du Louvre. A Paris, il découvre Gervais et Hélène Rivière.
En 1924, il obtient la médaille du portrait au Salon des artistes français et de 1925 à 1947, il est membre des Artistes méridionaux. Une fois diplômé, il part comme professeur de dessin à Fougères où il restera jusqu’en 1927, alors nommé à Cahors. Il s’y marie en 1929 avec une cadurcienne et revient très souvent dans le Lot, séduit par les paysages et la lumière.
En 1930, il repart à Paris comme professeur au lycée Rollin à Montmartre et habite rue Paul Féval, il rencontre un de ces compatriotes carbonnais, le sculpteur Abbal qui l’initie à la sculpture. Il s’y consacrera pendant plusieurs années, sans abandonner la peinture.
Nommé à Toulouse en 1940, il se fixe définitivement à Cahors où, à partir de 1941, il enseigne le dessin au lycée Gambetta et à l’École normale de jeunes filles. Il se partage entre les ateliers de sa maison du Cours Vaxis face au Lot et de Labéraudie, sur les coteaux.
Après la guerre, il entreprend très régulièrement des voyages en France et à l’étranger ; en 1946/1947 il se rend en Alsace où son beau-frère est en poste, en Espagne, l’été, avec ses jeunes enfants et en Corse, en solitaire. Il part en Algérie en 1947 et à Rome en 1949/1950 avec sa fille aînée, Marie-Thérèse, d’où il revient très marqué par les «Chambres» de Raphaël.
De 1972 à 1981, il voyage très régulièrement à Venise qu’il avait jusqu’à cette époque dédaignée, par crainte d’affronter une ville trop médiatisée. C’est une grande période de créativité chez cet artiste qui peint plusieurs centaines de toiles de la Sérénissime.
En 1979, il va à Londres avec ses enfants.
Le peintre s’éteint en 1986.
L’artiste par Dominique, l’un de ses fils :
Écrire un texte à propos de mon père, c’est bien difficile. Tant de souvenirs viennent à mon esprit des temps heureux où nous vivions tous ensemble.
Vous comprendrez que je ne parle pas de son oeuvre, car il y a pas plus mauvais expert que celui qui fait entrer ses sentiments personnels dans son jugement. Entre le fils d’un artiste, vivre sa jeunesse auprès de lui, partager les moments de création, les joies de partir avec lui dans la nature et peindre ou dessiner, laisse forcément quelque chose, une empreinte pour sa vie durant.
Les questions que je me posais lors de mon adolescence, sur ma vie, mon avenir, je les ai partagées avec lui et mon penchant pour la peinture ou le dessin n’est pas un hasard. Le climat familial, mon père que j’ai vu si souvent travailler, si heureux à Labéraudie, où nous passions tous les étés, en sont pour l’essentiel à l’origine.
A Labéraudie il peignait, faisait de la menuiserie et se passionnait pour l’architecture. Cette maison, il l’a pensée comme un artiste de la Renaissance. L’atelier qui ouvre sur le jardin par une large verrière, est au coeur de la maison, donnant une âme à cette vieille bâtisse. C’était là que tout se passait et se passe encore.
Lorsque j’ai voulu peindre à l’huile pour la première fois vers 9 ou 10 ans, il m’a installé une toile neuve sur un chevalet et m’a dit : « Vas-y ! ». J’ai fait son portrait… une tête triangulaire, un oeil de cyclope, c’était horrible, mais il m’a dit avec un sourire « C’est un vrai Picasso».
Il m’encourageait en bon professeur de dessin qu’il était et lorsqu’un jour je lui ai dit : « Je pourrais peut-être faire le professorat de dessin comme toi ? », il répondit « Il vaut mieux que tu sois architecte
– Mais cela n’a rien à voir avec la peinture !
– Tu crois que construire la maison des hommes, ce n’est pas beau ! »
J’ai beaucoup réfléchi et à 17 ans, je savais que je serai architecte.
Je ne suis pas le seul enfant de la famille, nous sommes quatre, trois filles et moi le dernier. La maison était toujours très animée, et souvent remplie de cris d’enfants, surtout quand nous jouions à Minuit sonnant, à nous faire peur dans la maison, toutes lumières éteintes. Quand cela dépassait certaines limites, mon père ouvrait le porte de son atelier et de sa voix courroucée, forte et grave, nous criait « Vous voulez que je vous aide » et cela nous arrachait des cris supplémentaires.
Il avait du caractère, mon père, et cela lui permettait de préserver son espace vital car ma mère si douce nous aimait tant que ses interventions manquaient de vigueur.
Mon père a peint pendant près de soixante-dix ans, et je n’ai partagé qu’une petite partie de sa vie d’artiste, mais quelles années si riches, si belles !
Notre souvenir est intact et il m’arrive, en franchissant le seuil de Labéraudie, d’être heureux de le retrouver devant son chevalet, mais seules ses toiles sont là, témoignant qu’un artiste ne meurt jamais.
Dominique
Professeur de dessin : Professeur de peinture et de dessin au Lycée Gambetta.
Né à Carbonne (Haute-Garonne) le 14 mai 1899, Eugène Pujol entre à l’école des Beaux-Arts de Toulouse en 1917, puis suit les cours de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris et de l’École du Louvre. Il est fortement influencé par les peintres paysagistes tels Corot, Courbet et Cézanne. Au Salon des artistes français de 1924, il obtient la médaille du portrait.
En 1929, il se marie avec une cadurcienne ; les paysages et la lumière du Lot vont l’amener à choisir un poste à Cahors où il se fixera, après avoir enseigné à Paris, Fougères et Toulouse. Il enseigne les Arts Appliqués au Lycée Gambetta, de 1941 à 1962 et à l’École Normale de jeunes filles. Durant toutes ces années, il a patiemment formé le regard, guidé le geste de nombreux élèves qui ont pourtant toujours ignoré, tant la simplicité et la discrétion de leur maître étaient grandes, que ce dernier s’adonnait quotidiennement à son activité de peintre dans l’atelier qu’il avait aménagé à Labéraudie, où il créait, remaniait sans cesse ses oeuvres jusqu’à leur totale plénitude.
L’artiste s’est plu à reproduire avec bonheur de paisibles scènes familiales, s’attachant à mettre en valeur le moindre détail. On lui doit également de merveilleux portraits qui mettent en scène des personnages connus ou inconnus.
Mais Eugène Pujol n’est pas seulement un peintre de l’humain. Son réalisme pictural transparaît avec bonheur sur quelques cinq cent toiles reproduisant la campagne quercynoise. L’Italie, et plus précisément Venise, l’ont fortement impressionné, lui inspirant des oeuvres particulières, où l’on ressent la fascination qu’a pu exercer l’ex-Sérénissime République sur l’artiste.
Quoique son caractère modeste ne lui ait pas fait rechercher la gloire, ses expositions furent toujours accueillies avec intérêt par les Toulousains. Ce n’est qu’à partir de 1992 que l’on a pu contempler quelques-unes de ses toiles à Cahors, dans la salle dite du » Grenier du Chapitre « , rue Saint-James. Puis trois expositions eurent lieu, simultanément, afin de lui rendre hommage, du 14 septembre au 30 octobre 1994 : au Musée Henri-Martin de Cahors, au Musée André-Abbal de Carbonne et à l’École des Beaux-Arts de Toulouse. Aujourd’hui, ses toiles sont exposées aux Musées de Toulouse (Musée des Augustins), de Cahors, de Carbonne et de Montauban (1).
(1) Le Collège conserve également le témoignage de ses œuvres. Deux de ses toiles ornent les murs du bureau du Principal : » Le port de Larroque-des-Arcs » et » Rocamadour « .
VILLES Sophie, La Mémoire Vive ou Cahors, histoire du Collège Gambetta et des ses grands hommes, pp. 208-209 – P.A.E. Collège Gambetta, Association de Sauvegarde du Lycée Gambetta, Cahors – Novembre 1998.
Sans prétendre afficher la totalité des oeuvres du peintre, voici une sélection – présentée en visuels de basse définition pour un affichage aisé – à partir du catalogue réalisé en 1994 pour les trois expositions consacrées à Jean-Eugène Pujol.
> Cahors, Musée Henri Martin, 14 septembre – 30 octobre 1994
> Carbonne, Musée André Abbal, 14 septembre – 30 octobre 1994
> Toulouse, Palais des Arts, 28 novembre – 30 décembre 1994
Expositions :
> Paris
Salon des Artistes Français (1926 à 1939) : sociétaire
Musée Galliera, exposition «Les provinces françaises»
Salon des Indépendants : sociétaire en 1928
École nationale des Beaux-Arts de Paris
> Toulouse
Galerie Chappe-Lautier
Salon des artistes méridionaux (de 1925 à 1942)
Salon des provinces françaises
> Cahors
> Albi
> Figeac
Musées :
Montauban, Cahors, Toulouse, Carbonne
Réunis ce vendredi 27 janvier à l’atelier-musée Jean Lurçat de Saint-Laurent-les-Tours, Dominique Garcia, président de l’Inrap, et Serge Rigal, président du département du Lot, ont signé une convention définissant les principes de la collaboration des deux institutions pour la détection, la sauvegarde et la valorisation du patrimoine archéologique, en présence de Daniel Guérin, directeur général de l’Inrap, de Mme Caroline Mey-Fau, vice présidente en charge du Patrimoine historique, de l’Archéologie préventive et des Archives départementales – ainsi que Catherine Utrera (Inrap) et Marc Jarry (Inrap).
(lire la suite de l’article sur le site de l’Inrap en cliquant CE LIEN)
Sollicité par l’association des Amis de Saint-Cirq, Patrice Foissac, docteur en Histoire médiévale, ancien président de la Société des Etudes du Lot, a consacré 3 années de travail pour relever le défi établi dans les années 60 par les érudits locaux et départementaux ; « … qu’aucune histoire du lieu n’a pu être écrite… ».
Avec une parution prévue en mars/avril 2023, un fort volume de 400 pages enrichies de nombreuses illustrations, permettra de restituer dans un texte accessible, une approche du quotidien des hommes et leurs relations dans ce territoire, aujourd’hui phare du Quercy et l’un des plus beaux villages de France
Les 3 principaux chapitres porteront sur :
> Le Cadre de vie : territoire seigneurial – les territoires de l’Eglise – le territoire d’une communauté – les villages voisins
> Les pouvoirs : le Roi – seigneurs et coseigneurs – l’Eglise (clergé et paroissiens) – le Consulat.
> Les villageois : L’identité – travail et groupes sociaux – familles et individus
L’ouvrage est illustré par un dessin-gouaché réalisé en 1937 par le peintre cadurcien Jean-Eugène Pujol (1899-1986).
Publication de l’ouvrage en mars 2023. La souscription est ouverte jusqu’au 15 février 2023 (Cliquez CE LIEN pour télécharger le bulletin de souscription)
Notre site comportant de nombreuses pages sur le thème de la Résistance en Quercy, nous sommes régulièrement sollicités pour compléter nos contenus. C’est le cas avec ce texte qui fait référence à Helmut Kampfe, militaire allemand dont le nom sera associé au massacre d’Oradour-sur-Glane
« En traversant la route nationale 141 à Moissannes. Depuis 1986, en bordure de cet axe menant à Clermont-Ferrand, se dresse un menhir de 60 tonnes et de 6 m de haut, réalisé par l’artiste Jean-Joseph Sanfourche. Dans les environs de cet endroit Helmut Kampfe à été capturé, le 9 juin 1944. Il chevauchait seul devant ses troupes. Près de Moissannes, il rencontre les maquisards de Georges Guingouin commandés par le sergent Canou. Cette capture eut de graves conséquences comme Oradour-sur-Glane. »
En pièce jointe, notre contributeur que nous remercions, nous propose un document de 8 pages intitulé : « Chemins de mémoire de la Résistance du Pays Monts et Barrages ». CLIQUEZ CE LIEN pour lecture et téléchargement.
La rencontre qui s’est tenue à l’Hôtel de ville de Montcuq le mardi 27 septembre, autour de l’exposition consacrée à l’enfant de la ville Jean-Jaques Chapou, a donné lieu à plusieurs interventions des représentants des collectivités et associations invitées. Nous reproduisons ci-dessous l’essentiel du texte du délégué du Souvenir français, M. Hervé Thiebaut, cheville ouvrière de cette exposition.
Le patronyme de Chapou, est évoqué à Montcuq, par un boulevard, l’école primaire, par une plaque au Collège Jean Jacques Faurie, qui présente en cent caractères, notre résistant. Quant au monument aux morts. Le nom de Chapou, y est gravé trois fois dans la pierre ; il ne sera jamais oublié. Son père Etienne, mort au Champ d’Honneur en 1914, sa mère Camille née Bigou, déportée pour action dans la résistance, à Ravensbrück, en Juillet 1944, morte quelques jours avant la mort de son fils.
J’en appelle à votre ressenti quant au parcours de Jean-Jacques Chapou, qui fut l’étincelle de la Résistance en Quercy Blanc, qui, de par ses actions de fédérateur des maquis du Quercy, d’entraineur d’hommes sur le terrain, dans les combats, a marqué profondément cette période d’occupation. Jean-Jacques Chapou servit uniquement la liberté. Quel souvenir, quelle connaissance auront notre jeune génération, dans quelques années ? Le monde moderne va effacer petit à petit, le parcours de Jean-Jacques Chapou, au profit de supports virtuels, pour une mémoire virtuelle ! L’histoire nous demande de préserver son passé, c’est le devoir de notre génération, nous en sommes ce jour les gardiens.
C’est pour cela que nous devons palier à l’oubli, en lui élevant une mémoire physique dans notre ville de Montcuq, sous la forme d’une pierre droite, son profil en rond de bosse, son étoile à cinq branches, avec les inscriptions gravées dédiées à Jean-Jacques Chapou. L’ajout d’un QR CODE, permettra au passant, au touriste, de lire immédiatement cette page d’Histoire sur sa tablette ou son téléphone portable et ainsi compléter son information sur les Maquis, les Amis et Compagnons d’Armes de Chapou, et en particulier le discours en hommage rendu par Marcel Bourrières, maire de Montcuq le 8 juillet 1945. C’est pour cela qu’il faudrait envisager dès à présent une souscription individuelle et collective pour les associations, dédiée à l’érection de ce que j’appelle une « mémoire physique »….
…Cette exposition, est tout d’abord l’apport de Mlle Sarah Chabert, pour un mémoire présenté en Master de 1° année, à Université d’Avignon, (actuellement en 2° année) sur Jean-Jacques Chapou son arrière-grand-père. C’est aussi un un travail collégial, avec le Musée de la Résistance, de la Déportation, et de la libération du Lot (Mlle Louise Manciet en master 2 Université Jean Jaurès TOULOUSE stagiaire au musée, M. Jean-Luc Couderc, cheville ouvrière et personnage essentiel à la bonne marche du Musée, la Maison du Patrimoine et son animateur M. Emmanuel Carrère, référent du futur musée de la Résistance et de la Déportation. Je les remercie de la confiance qu’ils m’ont accordé pour le prêt des panneaux, et de me donner l’autorisation pour réaliser cette exposition. Merci à Mme Françoise Chapou, avec laquelle nous sommes en contact, ainsi qu’avec sa petite-fille Sarah Chabert..
Photo d’illustration (Quercy net) de gauche à droite : Sylvie Caroff, élue municipale ville de Cahors, en charge notamment des musées / Emmanuel Carrère, référent du futur musée de la Résistance et de la Déportation (ouverture prévue en juin 2025) / Jean-Luc Couderc, secrétaire de l’association du Musée de la Résistance et de la Déportation / Françoise Chapou, fille de Jean-Jacques Chapou / Christiane Bouat, vice-présidente de la Société des Membres de la Légion d’Honneur (section du Lot) / Hervé Thiebaut, délégué du Souvenir français.
Le dimanche 4 septembre s’est déroulée la traditionnelle rencontre qui, depuis 1881, date de création de l’Amicale, réunit, dans une chaleureuse ambiance, les “Anciens” du Lycée et du collège Gambetta dans les locaux du collège, rue Wilson.
L’assemblée générale a permis à plus de 60 membres de se rencontrer et, pour 45 d’entre eux, dans la salle Fénelon, de participer au déjeuner présidé par le Docteur Hervé Gomar, gynécologue-obstétricien, qui nous a parlé de ses années au Lycée puis de son parcours professionnel très dense. L’Amicale a eu le plaisir de compter sur la présence de la nouvelle principale et ses principaux collaborateurs à ce déjeuner.
A cette occasion l’Amicale a accueilli 6 nouveaux membres, preuve de sa vitalité et de l’intérêt qu’elle suscite encore après 140 années d’existence.
Les anciens qui souhaitent rejoindre l’Amicale sont invités à nous contacter, soit à l’adresse suivante: anciens.gambetta@ac-
Depuis la création du Musée de la Résistance, de la Déportation et de la Libération du Lot, dont les collections ne seront accessibles au public qu’en 2025, nombreux sont les témoignages et questionnements qui se font jour sur les faits de guerre durant les années du Second conflit mondial.
Les déplacements récents en France de deux familles (Britannique et Américaine) ont permis des retrouvailles non seulement fort émouvantes mais également la visite des lieux notamment des parachutages (Mansergue) et surtout d’échanges en présence des membres de l’association des amis du musée. Il revenait à Jean-Luc Couderc de présenter aux représentants de la presse locale nos visiteurs et leurs motivations
Depuis sa Louisiane natale Donna Wakeman est dans le Lot depuis le 23 juin pour marcher sur les pas de son père, William Hawk-Daniels alias capitaine Dick, officier de l’OSS Office of Strategic Services (qui deviendra plus tard la CIA) parachuté en juillet 1944 sur le terrain du Bouleau entre Carennac et Miers.
« Mon père, né également en Louisiane, parlait Français (Cajuns). Capitaine du 506ème d’infanterie parachutiste de la 101ème aéroportée était volontaire pour des mission d’appuis de la Résistance sur le territoire français ».
Dès son arrivée dans le Lot, il rejoint les Britanniques du réseau FOOTMAN aux côtés de Cyril Watney dit Michel et Georges Hiller dit Maxime – parachutés également à Mansergue mais en janvier 44. Tous ces soutiens extérieurs venaient apporter leurs compétences techniques (maniement des armes, utilisation des explosifs, transmission de messages radio…) On leur doit des sabotages de ponts (Saint-Pantaléon, Lascabanes, Lhospitalet) mais également de certaines lignes téléphoniques importantes comme celle qui reliait Montauban et Cahors….
Les membres de la Famille de Cyril Watney (Anthony, Tina et Isabel Martin).également présents participent à ces échanges très fructeux avec l’évocation de l’accrochage par l’armée allemande le 22 juillet de la voiture d’André Malraux de passage à Gramat. Les autres passagers Georges Hiller et Collignon, responsable des groupes Veny sont blessés et conduits à Maniagues par Cyril Watney où ils seront soignés avec « les moyens du bord ». Fort heureusement William Hawk-Daniels alias capitaine Dick à assuré la livraison de médicaments parachutés depuis Londres et dont le musée possède le container utilisé lors du parachutage (v. photo de groupe)
Cet épilogue est concrétisé par un rapport écrit et remis au musée par Donna Wakeman, fille du capitaine Dick. A noter que le capitaine Dick était présent à Cahors le jour de la libération de la ville.
Vous souhaitez débuter des recherches généalogiques ou écrire l’histoire de votre village : les Archives départementales du Lot se déplacent pour vous faire connaître les sources disponibles et vous fournir les méthodes pour bien les approprier. Plusieurs ateliers gratuits seront proposés en cette année 2022 dans six médiathèques lotoises.
Je fais l’histoire de mon village
La grande Histoire a eu des répercussions dans nos villes et nos campagnes. Si vous souhaitez retracer l’histoire de votre commune, cet atelier va vous permettre à la fois d’identifier les sources disponibles et d’acquérir les bases méthodologiques pour les exploiter.
- Médiathèque de Latronquière, 5 avril ( 05 65 40 14 12)
- Médiathèque de Saint-Céré, 6 septembre
- Médiathèque de Gramat, 21 septembre
- Médiathèque de Puy l’Evêque, 26 septembre
- Médiathèque de Souillac, 29 septembre
- Médiathèque de Labastide-Murat, 18 octobre
Ateliers à 14 heures, limités à 10 personnes
Je débute ma généalogie
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A l’occasion de la Commémoration du 700e anniversaire de la mort de Dante et des nombreuses manifestations qui se sont déroulées en Italie et en Corse, l’universitaire lotois Gaston Bazalgues nous fait part de sa communication publiée dans la revue Musanostra du 15 septembre 2021.
Tout au long de l’année 2021 on a célébré en Italie et en Corse le 700e anniversaire de la mort de Dante Alighieri. Cela a donné lieu à de nombreuses manifestations : colloques, conférences, publications diverses, expositions, émissions télévisées, reconstitutions historiques comme, par exemple, celle du procès qui entraîna l’exil de Dante de Florence à Ravenne. Le rôle de Dante était tenu par un descendant direct du poète. De même, celui du juge fut joué par un de ses descendants directs.
On note dans quelques-unes de ces manifestations des allusions au troubadour quercynois Uc de Saint-Circ, originaire de Thégra. Celui-ci est l’un des ponts entre la Renaissance troubadouresque, la première Renaissance selon Hegel, et la Renaissance italienne. Dans le Donatz proençals (vers 1240), grammaire de la langue des troubadours, écrite par Uc de Saint-Circ sous le pseudonyme de Uc Faydit, Dante trouva des outils linguistiques qui lui permirent, à partir de son toscan, d’inventer l’italien moderne.
La Revue littéraire Musanostra avec pour partenaires la Collectivité de Corse et la Ville de Bastia a publié le 15 septembre 2021, date commémorative de la mort du poète, un numéro hors série de 192 pages magnifiquement illustré impliquant 22 contributeurs, 3 artistes et 2 photographes.
Gaston Bazalgues
Uc de Saint-Circ, Uc Faidit et Dante
Le Donatz proençals est une grammaire de la langue des troubadours écrite vers 1240 par Uc Faidit à la demande de l’entourage de l’Empereur Frédéric II qui accueillit à sa cour, entre autres, des troubadours et des lettrés venus de Sicile1.
Que signifie Donatz proençals ? Donatz est le nom de Donatus grammairien latin du IVe siècle auteur d’une grammaire latine utilisée pendant tout le Moyen Age. Aussi le terme donat a-t-il fini par devenir synonyme de traité de grammaire. Le plus ancien donat français est le Donait françois en 1409. Proençals désigne la langue littéraire des troubadours. Avant eux on n’avait que roman pour nommer les parlers issus du latin : auvergnat, gascon, picard, champenois, etc. Ainsi la Chanson de Sainte Foy d’Agen, de 593 vers rimés, écrite en roman vers 1060, annonce la langue des troubadours. Les moines de Conques sont allés emprunter les reliques de Sainte Foy du côté d’Agen pour les vénérer dans leur église.
Pour désigner leur langue, les premiers troubadours, Guillaume IX, Eble de Ventadour , etc. ont employé le terme de lemosin. Les villageois du sud du domaine catalan emploient llemosin pour désigner leur parler, reste d’une unité culturelle aujourd’hui éparpillée.
L’espace troubadouresque s’élargissant, s’étendant du Poitou au nord de l’Italie et au sud de Barcelone, le terme lemosin a été remplacé par proençals dérivant de Provincia, la province romaine, la Narbonnaise dont l’influence s’étendait sur presque tout l’espace qu’on appellera plus tard occitan. Il fait référence au latin, à la culture latine.
En 1293 Dante différencie son toscan, lingua di si, de la langue d’oc, lingua d’oco.
Après la Croisade contre les Albigeois la chancellerie royale française invente Terra Occitania sur le modèle Terra Aquitania. Cela lui permet de revendiquer toutes les terres où l’on parle occitan. Terra Occitania et occitan apparaissent maintes fois dans l’écrit. Le mot occitan a l’avantage de désigner l’ensemble des parlers d’oc : limousin, gascon, provençal, etc.
Le Donatz proençals n’est pas le premier écrit grammatical relatif à la langue des troubadours. C’est, à son époque, le plus complet et il va donner à Dante les outils grammaticaux qui lui permettront d’inventer, à partir du toscan, l’italien littéraire, en différenciant grammatica, le latin, et volgare.
Dès la fin du XIXe siècle Gröber se demande si Uc de Saint-Circ et Uc Faidit ne sont pas une seule et même personne2. Les recherches de Saverio Guida, de l’université de Messine, l’ont confirmé3.
L’œuvre poétique du troubadour a été publiée en 1913 par Alfred Jeanroy qui, dans son introduction, présente la famille du poète. Le père, Armand de Saint-Circ, petit vavasseur, possédait le château de Saint-Circ bâti sur un éperon dominant le ruisseau de l’Alzou, près de Rocamadour. La forteresse détruite par guerre, la famille se réfugia auprès du seigneur de Thégra. Alfred Jeanroy est venu sur place pour découvrir les ruines du château. Descendu en gare de Rocamadour, il s’est rendu en calèche à Saint-Cyr. Malheureusement on l’a conduit aux granges de Saint-Cyr sur un terrain plat et non sur l’éperon rocheux. Il en déduisit que Uc n’était peut-être pas l’auteur de sa propre Vida4.
Uc qui avait de nombreux frères partit de Thégra étudier à Montpellier pour devenir clerc. Il y avait alors un axe commercial La Rochelle-Montpellier et un chemin roumieu Montpellier, Saint-Guilhem le Désert, Conques, Rocamadour. Montpellier est alors une cité commerçante presque indépendante. Le comte bat monnaie et lui-même est troubadour. Il n’y a pas encore là une Université mais des écoles plus ou moins éphémères où se côtoient, dans un contexte de convivenca, de tolérance raciale et religieuse, chrétiens, juifs et musulmans andalous5. L’étudiant quercynois a pu assister aux fêtes qui couronnèrent le mariage de la fille du comte, Marie de Montpellier, avec le roi d’Aragon, Pierre II. Uc prendra ce dernier comme modèle de prince.
Uc a dû faire des études sérieuses et acquérir, au moins en partie, les trois premières branches du savoir, le trivium : grammaire (latin classique), rhétorique et logique. Mais il ne devint pas clerc et choisit d’être jongleur et troubadour c’est à dire auteur compositeur. Il existe alors trois types de joglars, le jongleur acrobate, montreur d’animaux, etc. Vient ensuite le jongleur qui déclame des textes épiques et enfin celui qui chante les œuvres des troubadours avec l’aide d’un instrument de musique. Il peut alors, dans un court récit, présenter la vie de l’auteur. Ces textes courts écrits sont appelés Vidas et présentent le troubadour souvent d’une manière romancée, élogieuse ou critique.
Uc part de Montpellier à la recherche de protecteurs. Il évite les terres de Toulouse ravagées, ruinées, par la Croisade contre les Albigeois puis les troupes du roi de France. Il se rend à la cour de plusieurs mécènes, en Gascogne auprès de la comtesse de Bénauges, en Poitou auprès de Savaric de Mauléon qui, troubadour lui-même, accueille nombre de jongleurs et troubadours. De là il se rend en Castille à la cour du roi Alphonse. Il y rencontre les imitateurs des troubadours, des trobadores, des poètes galaïco-portugais. A la cour du roi de Castille cohabitent deux langues littéraires : le galaïco-portugais (poésie lyrique et satirique) et le castillan (épopée). Il a pu aussi rencontrer des musiciens andalous.
Nous n’avons que deux textes de Uc de Saint-Circ suivis de la musique, édités par Ismaël de la Cuesta6, de l’université de Madrid dans son monumental ouvrage Las Cançons dels Troubadours. Ces textes révèlent un musicien confirmé. Selon Nydia de Fernandez Pereiro 7 il donna des leçons de provençal et de poétique en Castille, enseigna l’art de composer et de chanter des textes lyriques ou satiriques. C’est ce qu’il développera à Trévise.
De Castille, Uc se Saint-Circ va dans le royaume d’Aragon. A Barcelone il est un peu chez lui puisque Montpellier est devenue ville intellectuelle du royaume d’Aragon et qu’elle accueille des troubadours exilés, faidits.
Uc se rend alors auprès du comte de Rodez où il compose une partie de son œuvre marquée par ses relations avec la trobairitz Clara d’Anduze. Mais les conditions de vie matérielles et morales du trobar n’existent plus. Les terres de Toulouse ont été ravagées par la Croisade contre les Cathares et l’intervention directe du roi de France. Les Français et l’Église ont ruiné le printemps de la première Renaissance selon l’expression de Hegel. Les valeurs de convivenca, paratge, larguessa et la promotion morale et sociale de la femme ne peuvent plus s’exprimer dans un contexte d’Inquisition.
Les premiers écrits de Uc dateraient d’environ 1211. Vers 1220 il s’exile à Trévise. Là, il s’installe, prend épouse et entre au service de grandes familles éclairées. Il enseigne l’art du trobar et devient, selon l’expression de Saverio Guida, trovatore istitutore. Dans cet environnement il écrit de nombreuses Vidas de troubadours et de Rasons de trobar, avec mise en place d’une critique littéraire en langue romane. Ces Vidas servirent de modèle à de petites biographies de hauts personnages dans la région et jusqu’à Florence. De ces biographies on passe à de courts récits imaginaires pour arriver ainsi à la publication du Novellino ou Libro di novelle e di bel parlar gentile par un auteur florentin anonyme favorable aux Gibelins partisans de l’empereur Frédéric II, et opposés aux Guelfes, partisans du Pape. Uc de Saint-Circ se trouve donc, avec d’autres, à l’origine d’un nouveau genre littéraire : la nouvelle.
La marche de Trévise offrit à Uc de Saint-Circ, auteur des Vidas et Rasons de trobar, des conditions favorables à la poursuite de son œuvre. Sous le pseudonyme Uc Faidit du Donat proençals il est l’un des passeurs, l’un des ponts, entre la Renaissance troubadouresque et la Renaissance italienne.
Tout à la fin de sa vie il fut accusé d’hérésie et d’usure, ce qui fait penser aux Cahorsins mais il semble avoir été peu inquiété et mourut riche. La dernière date connue de son existence est 1257.
Uc de Saint-Circ est presque inconnu dans son Quercy natal. Pas un nom de place, de bibliothèque, de collège. Le printemps de la première Renaissance et sa destruction par la Croisade et l’Inquisition était bien connu des historiens et des romanistes à la fin du XIXe siècle.
Le traumatisme de la défaite de 1870 et de la Commune, a fait que l’école laïque obligatoire se soit attachée à former de bons citoyens, de bons soldats pour récupérer l’Alsace-Lorraine et continuer l’Épopée coloniale. Les heures sombres de l’histoire de France sont volontairement ignorées. Unité nationale oblige, les langues autres que le français, basque, breton, corse, etc. sont pourchassées même si Mistral fut prix Nobel de littérature en 1904.
Gaston Bazalgues
1Marshall, J.-H. : The Donatz proençals. London : Oxford University Press, 1969.
2Gröber, G.: Die Lierdersammlungen der Troubadours cité par Martin de Riquer dans Los trovadores. Barcelona : Ariel, 1975, t III, p. 1540.
3Guida, Saverio : Primi approcci a Uc de Saint-Circ. Messina : Rubettino, 1996.
4Jeanroy, A. et Salverda de Grave, J.-J. : Poésies de Uc de Saint-Circ. Toulouse : Privat, 1913.
Bazalgues, Jacqueline et Gaston : Alfred Jeanroy ou un explorateur égaré sur les traces de Uc de Saint-Circ. Montpellier : Revue des Langues Romanes, Université Paul Valéry, tome CI, 1997, n° 1.
5Bazalgues, Jacqueline : Sur les traces du troubadour Uc de Saint-Circ à Saint-Cyr d’Alzou, Rocamadour et Montpellier in Uc de Saint-Circ et son temps, Actes du colloque de Thégra les 11 et 12 septembre 1998. Montpellier : CNRS, ESA 5475 et Thégra Animation, 1999.
6Fernandez de la Cuesta, Ismaël : Cançons dels troubadours. Toulouse : IEO, 1979.
7Nydia G. B. de Fernandez Pereiro : Originalidad y sinceridad en la poesia de amor trovadoresca. La Plata, 1968.
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Évêque malgré lui, Alain de Solminihac (1593-1659) se dévouait corps et âme à sa mission. Refusant d’être enfermé dans un bureau, il participait à la construction de nouvelles églises, rendait visite à toutes ses paroisses et soignait les malades.
Son nom est intimement attaché au Lot sur les dernières années de sa vie (1636-1659). Son diocèse qui se divisait en 800 paroisses et comptait 900 prêtres était néanmoins ruiné par les guerres de religions. Louis XIII avait trouvé en Alain, celui qui sera qualifié d’évêque « réformateur ». Il s’attela à cette mission jusqu’à son dernier souffle.
On peut retrouver le riche parcours d’Alain de Solminihac dans l’ouvrage préfacé par Mgr Laurent Camiade. A partir d’un texte d’Etienne Baux et illustré par Christian Verdun. l’ouvrage édité par édicausse, est toujours disponible en cliquant CE LIEN. Vous pouvez également vous le procurer chez votre libraire.
CDD 36 mois à pourvoir au 01/02/22 — date limite d’inscription 10/01/2022