Catégorie : Histoire Page 4 of 8

Espédaillac, Village des Causses du Quercy

« Au coeur des causses du Quercy, Espédaillac fait figure d’emblème. Le paysage villageois modelé au fil de l’histoire par des organisations sociales et des pratiques essentiellement tournées vers l’élevage, témoigne de la mise en valeur d’un terroir difficile…. »

Cette phrase sous la plume de l’équipe du CAUE du Lot (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement) qui a consacré une étude sur ce territoire, témoigne d’un passé encore très présent, préservé par la position du village loin des grands axes de passage.

La commission Patrimoine qui a recensé tout ce que le village peut porter comme témoignages depuis les premiers siècles jusqu’à des temps contemporains, devrait nous livrer au printemps 2021, la quintessence de son travail sous la forme d’un ouvrage sous-titré « Histoire et Patrimoine ».

Les éditions édicausse, qui ne publient que des ouvrages consacrés au Quercy ont en charge sa réalisation et sa publication prévue courant avril 2021. La création de la couverture et la mise en page ont été confiées à Jérôme Soleil, graphiste. Une souscription ouverte jusqu’au 15 mars, d’ores et déjà accessible, permet d’acquérir cet ouvrage au prix de 20 € au lieu de 25.

Sommaire complet de l’ouvrage accessible en cliquant CE LIEN

Le Quercy, dernier repaire d’André Breton

Titre d’un des 3 sujets diffusés par la chaîne ARTE dans le cadre de l’émission « Invitation au voyage ».

Le village est filmé à son avantage et plusieurs intervenants ajoutent leurs commentaires : on y retrouve avec plaisir Alain Prillard, ancien locataire du village, qui, contrairement à André Breton, a souhaité « se désirer ailleurs ! », sans doute pour éviter la perversion commerciale qui inonde notre joli village.

Disponible du 08/12/2020 au 12/02/2021
Prochaine diffusion le mardi 15 décembre à 16 h 30

N’oublions jamais

 

En ces temps de commémoration, revenons quelques mois en arrière, principalement le 19 juillet, lors de cette Journée nationale pour évoquer les traces visibles en permanence des témoignages tels que les monuments et les plaques mémorielles.

 

Cette plaque répondait à une note du Ministre des Anciens Combattants et Victimes de Guerre dans l’application du décret n°93-150 du 3 février 1993 instituant l’organisation d’une journée nationale commémorative en hommage aux « victimes de la République française en hommage aux victimes des persécutions racistes et antisémites et des crimes contre l’humanité commis sous l’autorité de fait dite « Gouvernement de l’État français ». Cette plaque a été apposée, côté cour d’honneur de l’ancienne caserne, le 18 juillet 1993, sur la façade de l’ancien Musée de la Résistance, de la Déportation et de la Libération du Lot, déposée et entreposée dans les réserves de ce même Musée, le 24 juillet 2018.

Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’Etat français et d’hommage aux « Justes » de France

Vous qui passez dans me voir…

Nous profitons des célébrations Gambetta sans oublier le conflit de 70, pour publier ce texte conservé dans nos archives et qui concerne la ville de Figeac.

A PROPOS DU CENTENAIRE D’UN MONUMENT ÉRIGÉ A LA MEMOIRE D’UN SAINT-CYRIEN ET DES COMBATTANTS DE LA GUERRE DE 1870-71

Un monument imposant situé place de la Raison, au cœur de Figeac, chef lieu d’un arrondissement du Lot,  dispute l’intérêt du passant  à un obélisque érigé à la mémoire de Champollion, la gloire de cette belle « Ville d’art et d’Histoire ».

Rares pourtant sont ceux qui ont la curiosité de s’approcher de ce monument érigé sur un emplacement offert par la ville de Figeac et qui fut inauguré avec solennité le 7 juillet 1907. Plus rares encore sont ceux qui s’intéressent à ce qu’il représente.

Et pourtant, il rappelle des évènements douloureux  qu’il faudrait garder en mémoire et, depuis cent ans, c’est à son ombre que se déroulent les cérémonies patriotiques locales et devant lui que s’inclinent les drapeaux des anciens combattants.

Une monographie (1) évoque en ces termes « le monument des combattants de 1870-71 » : « Inauguré à Figeac le 7 juillet 1907, il a été érigé, par souscription publique, au Capitaine Anglade né à Figeac le 14 novembre  1835 et tué à la bataille de Froesviller, et aux enfants de l’arrondissement morts pour la défense de la patrie (1870-1871). C’est l’œuvre du statuaire Auguste Seysse(2), dont le plâtre avait été vivement admiré, l’année 1906, au Salon de la société des artistes français. L’ensemble est d’un effet saisissant pour tous les visiteurs. Ce monument remarquable consiste en un socle de granit très fin de Dijon : la face antérieure offre un  bas-relief  reproduisant un épisode de la bataille de Froesviller (6 août 1870) où le 2ème régiment de tirailleurs algériens se signala par l’abnégation de tous ses soldats, leur mépris de la mort, leur ténacité sous le feu ennemi, leur audace dans la charge. « Ce sont des démons. » criaient ce jour la les allemands affolés et terrifiés par ces hommes noirs couverts de sang et de poudre. Au dessus du socle, le capitaine Anglade est représenté debout, dans une attitude à la fois simple et martiale, fière mais sans forfanterie ; il tient des deux mains son sabre et semble attendre l’ennemi. Son visage, que tous ses anciens camarades trouvent d’une ressemblance parfaite, exprime une mâle décision et une énergie qui défie les menaces. Autour de lui sont groupés un mobile du Lot qui met un ennemi en joue, un tirailleur qui tient le drapeau haut et ferme, et enfin un artilleur expirant. Toutes les physionomies, toutes les attitudes sont du meilleur réalisme et contribuent à faire de l’œuvre, coulée en bronze, un monument vraiment digne de la pensée patriotique qui l’a inspiré »

Ce monument honore donc les soldats de l’armée impériale, et notamment  les tirailleurs algériens que l’on appelait les turcos, ainsi que ceux de la Garde Nationale Mobile engagée contre l’ennemi par Gambetta et le Gouvernement provisoire de la Défense Nationale.

Mais qui était le Capitaine Anglade et quelle est la source de l’inspiration de l’artiste qui réalisa,  plus de trente ans après les faits, cette œuvre remarquable par sa taille et le souffle qui s’en dégage ?

Le dossier de cet officier et l’historique du 2ème régiment de tirailleurs algériens (2ème RTA) consultés au service historique de la défense permettent de répondre  à ces questions et ménagent  aussi quelques surprises.

Qui était le Capitaine Anglade ? 

Second fils d’une famille de commerçants assez aisés, Pierre, Auguste Anglade nait le 6 novembre 1835 à Figeac où ses parents sont installés. A l’issue de ses études au collège de la ville, il souscrit  en octobre 1855 un acte d’engagement préalable à son admission à l’ « Ecole Impériale Spéciale Militaire ». A sa sortie de Saint-Cyr, il est affecté comme sous-lieutenant au 49ème régiment d’infanterie de ligne par décret du 1er octobre 1857. Il fera campagne en Italie – Magenta et Solférino – avec son régiment du 29 avril au 29 juillet 1859 et recevra la médaille d’Italie et celle de la valeur militaire de Sardaigne.  Il demeurera jusqu’en 1865 au 49ème de ligne alors en garnison à Limoges, date à laquelle il demande de permuter avec un officier du 2ème régiment de tirailleurs algériens de Mostaganem plus jeune en grade que lui.

 Le rapport transmis au ministre et au visa de l’aide de camp de l’Empereur est ainsi rédigé : « M. M. Anglade et Jacob demandent à permuter entre eux pour convenances personnelles. M. Anglade, plus ancien de grade que M.  Jacob, renonce à son ancienneté pour prendre au 2ème régiment de tirailleurs le rang qu’y occupe ce dernier. Les deux colonels ont donné leur consentement.

Cette demande étant régulière, on propose au Ministre d’autoriser la dite permutation qui donnera droit à l’indemnité de route et à la gratification d’entrée en campagne conformément aux dispositions de l’article 9 du décret du 3 février 1852. »

C’est au sein du 2ème Régiment de tirailleurs algériens,  qu’il rejoint en 1865 et où il servira jusqu’à sa mort, que se scellera le destin de Pierre, Auguste Anglade.

Quelle est la source de l’inspiration de l’artiste qui réalisa  plus de trente ans après les faits cette statue remarquable par sa taille et le souffle qui s’en dégage ? 

L’historique du 2ème RTA rapporte deux des faits les plus marquants de la bataille de Woerth qui sont rappelés par le monument.

Embarqué à Oran le 21 juillet 1870, le gros du 2ème RTA débarque à Marseille le 24 et arrive à Strasbourg  le 26. Il prend position le 4 août avec le Ier Corps de l’Armée du Rhin que commande le Maréchal de Mac Mahon sur le plateau de Froeswiller, non loin de Woerth.

La bataille s’engage le 6 au matin et les français vont lutter à plus de deux contre un. Le 2ème RTA qui occupe un éperon boisé, position forte du dispositif, repousse toute la journée les assauts répétés des prussiens et des bavarois appuyés par une redoutable artillerie. Il réplique inlassablement à ces assauts par de furieuses charges à la baïonnette qui rejettent chaque fois l’ennemi en désordre dans la vallée mais éclaircissent les rangs des tirailleurs. Le repli de ses voisins accablés sous le nombre des assaillants rend sa situation désespérée. Son chef de corps, le colonel de Suzzoni, décide alors de renvoyer à l’arrière le sous-lieutenant Valès, porte drapeau. Lui-même n’ayant pas reçu d’ordre de repli  meurt peu après, dans une ultime charge qu’il entraine. Nul ne songe à cesser de défendre la position alors que, submergée par le nombre, l’armée se replie grâce au sacrifice des cuirassiers.

Les restes du régiment fragmentés par le combat, se retranchent dans le bois et font face. « Les turcos, ivres de poudre, furieux de rage, travaillaient terriblement de leurs larges baïonnettes et ne lâchaient leurs derniers coups de feu que sur la peau de leurs adversaires ».

C’est à ce moment que se situe le geste héroïque que rapporte ainsi l’historique du régiment. « Une trentaine d’hommes réunis autour du  Lieutenant Anglade, tout ce qui reste de la 5ème du 1er, se trouvent de même isolés de leurs camarades et cernés par une masse de plusieurs centaines de bavarois. On les fusille à 100 mètres, ils n’ont plus de munitions, il n’y a plus qu’à mourir….. Un major bavarois s’élance disant en français :
– Bas les armes, la résistance est impossible !
– Je vais te faire voir, crie Anglade. – En avant !

Les turcos s’élancent. Anglade rejoint le major et lui plonge son sabre dans la poitrine mais il n’a même pas le temps de le retirer, il est percé de coups et ses hommes qui l’ont tous suivi, tombent un à un dans une suprême lutte à la baïonnette. »

A cinq heures, le régiment n’existe plus. 8 officiers et 441 hommes échappés presque isolément survivent à l’agonie du régiment. Ils combattront encore à Sedan. « Quand au drapeau, le dévouement de sa garde l’empêcha d’être englouti dans cette horrible tourmente » Après des péripéties sans nombre, ce glorieux trophée porté par le sergent Abd el Kader ben Dekkish arrive à Strasbourg le 9 au soir. A la capitulation de la ville, les lieutenants Bontoux et Valès se le partagent et l’emportent en captivité. Le sous-lieutenant Valès parvient à le dérober aux yeux des prussiens et, à son retour en France, rapporte le drapeau qui lui avait été confié. En récompense, il en reçut la moitié de la cravate qu’un de ses descendants rendit en 1948 pour compléter le drapeau qui serait exposé aux Invalides (3).

L’artiste a donc rappelé le geste héroïque de Pierre Auguste Anglade mais aussi le courage légendaire des turcos en représentant le sergent Abd el Kader ben Dekkish qui porte fièrement le drapeau du régiment qu’il contribua à sauver.  L’artilleur blessé rappelle peut-être la batterie d’artillerie et celle de mitrailleuses qui se trouvaient en arrière du régiment et furent terriblement maltraitées, selon l’historique du 2ème RTA, par les canons Krupp de l’artillerie prussienne.

Le mobile qui met en joue un adversaire serait un figeacois nommé Delpech. La Garde Nationale Mobile n’a pas participé à la bataille de Woerth. Sa présence se justifie par le fait que le monument a aussi été érigé à la mémoire des 187 enfants de l’arrondissement de Figeac morts pour la Patrie dont la liste figure, par canton et commune, sur les plaques de marbre fixées sur les faces latérales et arrière du socle du monument.

Mais demeure une question qui justifia des courriers au ministère d’un parent de Pierre Auguste Anglade, d’un sénateur lotois et in fine du préfet du Lot quand le projet d’érection du monument se précisa.

Le héros était il lieutenant, comme l’indique l’historique, ou capitaine ?

La réponse se trouve dans le dossier de cet officier où l’on trouve, outre les correspondances précitées, la minute de l’acte de sa nomination au grade de capitaine par décret du 4 août 1870. Cette nomination ne pouvait être connue le 6 août ni du chef de corps ni de l’intéressé. Sans doute ne l’était elle pas non plus du rédacteur de l’historique.

Si Pierre Auguste Anglade est mort avec les galons de lieutenant,  il était donc  bien Capitaine.

Une légende (4)  veut que des brancardiers allemands aient relevé sur les lieux des derniers combats du 2ème RTA le corps d’un capitaine, donné pour Anglade, tenant dans sa main une lettre de sa fille Marguerite.

Ce point est douteux. D’une part  aucune trace de cet enfant ne figure dans son dossier, d’autre part Anglade portait le 6 août des galons de lieutenant.

Observons  toutefois que la mère du Capitaine Anglade s’appelait aussi Marguerite……

Rappelons enfin, en guise de conclusion, que le Capitaine Anglade  a été enterré dans une fosse commune avec ses hommes, à l’endroit même où il mourut.  La croix qui fut érigée après la guerre de 1870 porte la mention :

Aux braves Turcos.
Ici repose mon fils
P. Auguste Anglade
Capitaine des Turcos
Mort au champ d’honneur
Le 6 août 1870
A l’âge de 34 ans.

NOTES :

(1) Rédigée par monsieur Lucien Cavalié Pages 21 et 22 et éditée à Figeac (Imprimerie Goutel)
(2) Sculpteur et graveur en médailles de l’école française, né à Toulouse en 1862. Elève de Falguière, il expose aux artistes français depuis 1884. Médaille d’argent à l’exposition de 1900 et à celle de 1937. Sociétaire hors concours. Chevalier de la Légion d’honneur en 1900, officier en 1932. On lui doit notamment les « Arts du théâtre » et les « Arts du dessin » au Grand palais à Paris.
(3) D’après une étude du Colonel Bergue conservée aux archives municipales de Figeac.
(4) Encore rapportée tout récemment dans un article de Philippe Tomasetti dans le n° 34 de la revue du cercle d’histoire et d’archéologie de l’Alsace du nord « L’Outre-Forêt » II-2006. : « Entre légendes, vérités historiques et confusions : les maisons des Turcos, près de Woerth »

Article de Jean-Pierre BAUX, paru dans la Revue Le CASOAR, N° 185, Avril 2007.
Photos : J.-P. Baux

Célébrations Gambetta : la conférence du 29 septembre est annulée

 

Georges Ribeill, historien du rail qui devait évoquer le thème suivant : « Léon Gambetta, le plan Freycinet et les chemins de fer : des lignes projetées aux lignes réalisées » ne pourra pas assurer sa conférence. Celle-ci est reportée à une date ultérieure.

Célébrations Gambetta : un nouvel ouvrage « lotois » à paraître

Léon Gambetta dont le nom est présent dans presque toutes les communes de France a fait couler beaucoup d’encre et pourtant les 44 années de sa courte vie passionnent encore aujourd’hui. Cadurcien de naissance, il ne cessera de gravir une à une les marches de la renommée et la seule évocation de son nom mobilise. De prétoires en assemblées, en passant par les liesses populaires lors de ses tournées, tous se pressent pour écouter le tribun. Les joutes politiques font son quotidien et ses relations au plus haut sommet de l’Etat, même parmi ses « amis », lui porteront le plus souvent, ombrage et défaveur.

Mais Gambetta entretient aussi des relations avec les femmes. Mais peut-être est-ce plutôt l’intérêt du beau sexe pour ce personnage qui avait autant besoin d’une seconde mère sans pour autant refuser qu’elle prit les habits d’une maîtresse ou courtisane. Certes, plusieurs noms entoureront notre « défenseur du territoire » mais celui de Léonie Léon entraînera Gambetta dans une « passion juvénile » qui persistera jusqu’à la mort. En sont témoins près de trois mille lettres, presque toutes passionnées. S’y mêlera une éloquence de tribune que Léonie accompagne à souhait …

L’ouvrage propose sous la plume d’un « ancien » professeur du Lycée Gambetta de Cahors agrégé de grammaire, Maurice Rouget (1912-2002), une lecture où la passion amoureuse de Gambetta et Léonie Léon et son arrière-fond politique ont scellé à jamais leur destin et celui de la France.

Préfacé par Etienne Baux, l’ouvrage sera illustré par une riche iconographie issue de la très belle collection personnelle de Jean-Michel Rivière, Président de l’Amicale des Anciens Elèves du Lycée et Collège Gambetta. Un album souvenir composé de photos, cartes postales et documents d’époque viendra compléter cet ensemble. Une carte postale numérotée, dessinée par l’artiste plasticien Christian Verdun, sera offerte aux seuls souscripteurs.

SOUSCRIPTION VALABLE JUSQU’AU 15 NOVEMBRE / PARUTION DECEMBRE 2020

BULLETIN DE SOUSCRIPTION DISPONIBLE EN CLIQUANT CE LIEN

+ d’information sur le site des éditions édicausse avec possibilité de souscription avec paiement en ligne

Léo Ferré… le Quercy, la vie d’un artiste généreux et vulnérable

Léo Ferré a vécu cinq ans en Quercy de 1963 à 1968, à Perdrigal (Pech Rigal) sur la commune de Saint-Clair près de Gourdon. Une période féconde où il mit en musique les poètes Verlaine, Rimbaud, Baudelaire, rédigea des réflexions sur l’écriture, créa des chansons, écrivit des poèmes sur ce pays.

Paradis Perdrigal, le jaune te va bien,
Cette couleur qui fonce à mort vers les ténèbres …/….
Il faut prier pour moi dans ton ordre païen
Il faut me pardonner mes pas dans ton silence
Et me donner le temps pour que mon temps commence
Pour que tout aille mieux et du Mal, et du Bien1

Du jaune à l’ocre, il décline les couleurs du Lot en contrepoint au bleu et au vert de l’Île de Guesclin qui lui inspira Les Chants de la fureur dont est extrait La Mémoire et la Mer : deux lieux qui vont le marquer profondément.

En dépit du lien qui a uni, un temps, Léo Ferré à André Breton qui devait écrire la préface du recueil « Poètes… vos papiers ! » avant d’y renoncer, le « pape » du surréalisme n’est pas à l’origine de sa venue en Quercy. Léo Ferré se préfaça lui-même dans un texte à la rage magnifique : La poésie contemporaine ne chante plus. Elle rampe. Elle a cependant le privilège de la distinction, elle ne fréquente pas les mots mal famés, elle les ignore.2 Rappelons que d’autres surréalistes fréquentaient le Lot. Louis Aragon, Léo Ferré mettra en musique plusieurs poèmes dont Strophes pour se souvenir rebaptisées par Léo L’Affiche rouge, Francis Carco…, des plasticiens : Matta, Zadkine, liés au mouvement ou à sa mouvance.

C’est après un concert au Casino de Saint-Céré, que Léo Ferré demanda à son ami le peintre Serge Arnoux (1933-2014) habitant Glanes de chercher un lieu vaste et isolé pour pouvoir y accueillir ses animaux, en particulier Pépée, une femelle chimpanzé.

Pech Rigal, renommé Perdrigal  pour rendre justice aux perdrix que les chasseurs flambergent, était peut-être déjà dédié aux oiseaux, rigal signifiant rouge gorge en Occitan. Sur ce pech, un château en assez mauvais état se dressait.

L’arche de Léo va s’y ancrer : Pépée et ses compagnons Zaza, Bambino, ainsi que des chiens, des chats, des moutons, un cheval, un cochon… La vie, là-haut, n’était pas toujours facile : Je suis sorti, il ventait, il pleuvait, il merdait… La nature est une drôlesse ! Faut savoir la prendre au bon endroit../.. La révolte des choses se taire dans l’immobilité../.. Le silence, cette musique du doute et du pardon. » 3 

L’attachement de Léo Ferré pour les animaux est primordial. Toute sa vie, il en fera ses compagnons. Dans l’un des premiers textes dits, il proclame : Je suis un chien et les chiens quand ils sentent la compagnie, ils se décolliérisent.4

On trouve dans son œuvre un bestiaire plein de tendresse et d’émo­tion : l’innocence leur dégoulinant des babines. Les oiseaux sont les plus représentés : ils symbolisent la liberté et le chant. Il dit de lui-même : Je suis né une métaphore au bec.

Le cheval, autre animal emblématique, lié à la folie, au vieillissement et à la mort.

Ô Nietzche agrippé aux naseaux de Turin
Ce fiacre roulant dans le fantastique
Et la folie te prenant par la main5
À mon enterrement, j’aurai des chevaux bleus…
Des dingues et des Pop aux sabots de guitare
Des chevaux pleins de fleurs des champs dedans leurs yeux
Hennissant des chansons de nuit quand y en a marre6
Et l’on se sent blanchi comme un cheval fourbu7 »

Outre les animaux, la nature, les arbres sont omniprésents, même dans le traité Le Mot voilà l’ennemi8 :

Il n’y a pas d’arbre sans le mot « arbre ». Rien n’existe que je ne doive nommer…/…
Chez moi, je donne un nom aux chênes. Je les case et les glands ne sont plus perdus.

Léo Ferré entretient un rapport dionysiaque avec la nature, voire animiste. Quand on coupe un arbre j’ai mal à la jambe.

Les éléments naturels : la mer, le vent emportent son œuvre dans un mouvement perpétuel pour échapper à l’immobilité et aux entraves. Que de mouvements toujours sollicités du dedans ! On dirait que les choses pensent, chantent, dansent, s’immolent à quelque loi sacrée qui régit tout l’univers.9 

Une « vie d’artiste »

Léo Ferré est né le 24 août 1916 à Monaco. Dès l’âge de cinq ans, il dirige des orchestres imaginaires. À douze ans, il met en musique un poème de Verlaine. Son désir : devenir compositeur.

Très vite, il comprend qu’il faut trouver un biais pour faire connaître sa musique et recourt alors aux mots. D’abord dans des chansons faussement populaires comme C’est le printemps qui manie humour et argot tout en se référant aux tableaux de Monet, Manet, Gauguin… De nouveau, il constate que s’il ne les chante pas lui-même, il ne pourra survivre.

Et ce fut long, la vie d’artiste est éprouvante, la création exigeante : chansons, poèmes, textes, roman, arts poétiques, réflexions sur la pensée libertaire, journal, introductions… Les chants de la fureur publiés en 2013 aux Éditions Gallimard/La mémoire et la mer présentent 1577 pages de textes.

Quant à la musique : une symphonie, des opéras, un oratorio La chanson du mal-Aimé d’Apollinaire et la mise en musique de 23 poètes, Baudelaire venant en tête avec 54 poèmes.

Dans les chansons, il utilise toutes sortes d’instruments piano, accordéon, violon, orchestre symphonique qu’il dirigera lui-même : son rêve d’enfant ! Tous les rythmes : jazz, blues, pop, valse, classique… Il déclamera de longs textes sur des sons de vagues, de vent, de chant de baleines…

Des concerts témoignent de cette profusion. Ainsi en 1974, à L’Opéra Comique, le spectacle s’ouvre sur La Chanson du Mal Aimé, suivie du Concerto pour la Main Gauche de Ravel, avant d’enchaîner sur ses chansons en compagnie du groupe pop les Zoos : un spectacle bouleversant et baroque sous l’or et le rouge de ce théâtre à l’italienne.

Léo Ferré a toujours travaillé dans plusieurs directions simultanément, mais le public découvrait ces diverses facettes selon les opportunités et l’évolution des mentalités. Novateur et passeur, il partage « fraternellement » ce qu’il aime : poésie, musique, peinture.

Il décède le 14 juillet 1993 en Toscane.

Malgré cette diversité, son œuvre constitue un univers cohérent qu’il nous offre. Il revendique haut et fort la liberté de penser et de créer, aussi il dérange. Une censure multiple s’exerce contre son œuvre : politique, poétique, érotique, musical.

Il bouscule les usages et les codes dans la vie comme dans la littérature. Il passe des alexandrins aux vers libres, trousse des quatrains ou déroule de longs récitatifs basés sur des associations d’idées ou des sonorités. Il mêle argot et franglais, accouple les mots de tous les jours aux métaphores… Maîtrisant les formes classiques de la versification et les arcanes de la langue française, il se permet licences et frasques. De même en musique, il fusionne le tempo au propos ou, à contrario, dresse un terrible réquisitoire sur une berceuse, chante a cappella ou enchevêtre des morceaux différents comme en écho.

Cette œuvre magistrale, mal connue, grave et profonde est constamment tempérée par la tendresse et l’humour. J’ai développé ce dernier point lors de conférences et d’émissions de radio (disponibles sur mon site.)

Son extrême sensibilité le rendait vulnérable, mais générosité et simplicité l’animaient. Attitude qui ne se démentira jamais tout au long de sa carrière de 1945 à 1993 (une cinquantaine d’années) ; jamais il ne reniera ses conceptions artis­ti­ques ni ne trahira ses convictions politiques, n’en déplaisent aux médisants, jaloux et autres détracteurs qui rabâchent toujours les mêmes inepties.

L’utilisation qu’il a fait de sa vie, le biographique rejoignant l’universel attesté par la façon dont il jongle avec les pronoms dans ses chansons, brassant les « je » « tu » « nous » en passant par le « on » nous emporte.

Demain tu seras riche mon camarade, car ce que je te donne n’a pas de prix. Accepte-moi comme je t’accepte.10

Je voudrais que ces quelques vers constituent un manifeste du désespoir, je voudrais que ces quelques vers constituent pour les hommes libres qui demeurent mes frères, un manifeste de l’espoir. (Préface)

Colette BROGNIART

Écrivain, biographe, amie de Léo Ferré

http://colettebrogniart.com

Photo 1 – Léo Ferré (1975) – Patrick Ullmann

Photo 2 – Léo Ferré & Bambino (1966) Hubert Grooteclaes

Photo 3 – Chateau de Perdrigal (1970) – Colette Brogniart

1 Texte paru sous le titre Perdrigal en 1969 dans la revue La Rue

2  Préface – 1956

3 Je donnerais dix jours de ma vie – Revue La Rue -1967

4 Une affiche représentant un chien, intitulée « Un chien à la mutualité » annonçait un concert sans autre précision…

5 Le Chemin d’enfer – Mon Programme – 1969

6 À mon enterrement -1974

7 Avec le temps – 1969

8 Paru dans la revue – La Rue n° 7 1970

9 Benoît Misère – Roman de Léo Ferré (1970)

10 Demain -1980

Jean-Gabriel Perboyre, lazariste, missionnaire et martyr en Chine

A l’occasion de la Journée annuelle consacrée à Jean-Gabriel Perboyre, en sa maison natale du Puech sur la commune de Montgesty, nous publions cette page qui vient s’ajouter dans notre rubrique « Quercynois célèbres ».

Jusqu’au sacerdoce
Jean Gabriel Perboyre est né au lieu dit « Le Puech », commune de Montgesty (Lot), le jour de l’Épiphanie, le 6 janvier 1802. Il a été baptisé à l’église de Montgesty, le lendemain. L’aîné d’une famille de huit enfants, dont les parents (Pierre Perboyre et Marie Rigal) sont agriculteurs, il n’a d’autre ambition que de rester à la maison paternelle. D’ailleurs on compte sur lui, l’aîné des garçons, pour assurer, la relève dans l’exploitation familiale.

Sa vocation, Jean Gabriel la doit à un événement fortuit. Au début de 1817 son jeune frère, Louis, part à Montauban, au collège dirigé par leur oncle Jacques, prêtre de la Congrégation des Lazaristes. Mais l’enfant a le mal du pays. Pour faciliter l’acclimatation, l’aîné vient le rejoindre, pour un mois ou deux.Admis provisoirement en 6ème, Jean Gabriel montre vite du goût et de réelles capacités pour les études. Le prêtre discerne chez son neveu les signes d’une vocation et persuade les parents de lui permettre de poursuivre sa formation, L’adolescent n’envisage pas encore le sacerdoce. Cependant, la prière et la réflexion aidant, il écrira bientôt à son père “qu’il a compris que Dieu voulait qu’il soit prêtre ”. C’est à cette époque que naît également son désir d’être missionnaire en Chine.Les études secondaires terminées, Jean-Gabriel demande à entrer chez les Lazaristes où son frère Louis l’a précédé. Il prononce ses vœux le 20 décembre 1820.A la fin de l’été 1823 il a achevé sa théologie, mais ne sera ordonné que le 23 septembre 1826. Entre temps ses supérieurs l’envoient au collège de Montdidier. Trois années durant lesquelles élèves et professeurs seront vivement frappés par la sagesse et la bonté de ce jeune religieux, tout comme par sa passion du travail. Ces mêmes qualités le font également apprécier à Saint-Flour où il se retrouve après son ordination professeur au grand séminaire, puis directeur du petit- séminaire.Le Père Perboyre puise dans la prière force et dynamisme pour accomplir sa tâche. Mais l’excès de travail n’améliore pas une santé déjà faible. En 1831 il est appelé à Paris pour assister le directeur du noviciat.Il garde toujours au coeur le désir ardent de partir en Chine. Il dira un jour à un séminariste : “ Priez pour que ma santé se fortifie et que je puisse aller en Chine afin d’y prêcher Jésus-Christ et d’y mourir avec lui. “ II n’était entré chez les Lazaristes que pour cela, confit-il à un autre.


Missionnaire en Chine
Plus heureux, son frère Louis était parti à la fin de l’année 1830 ; mais il meurt au court du voyage. Ce décès atteint profondément Jean-Gabriel et attise son désir. Il écrit à son oncle Jacques : “ Que ne suis-je trouvé digne d’aller remplir la place qu’il laisse vacante ! Hélas j’ai déjà 30 ans « . Ténacité et prière instante parviendront à vaincre les réticences des supérieurs… et des médecins. Avec plusieurs compagnons il embarque pour la Chine le 24 mars 1835, au Havre. Cinq mois de mer non exempts d’émotions fortes conduisent les missionnaires à Macao. Le père Perboyre y séjourna quatre mois pour s’initier à la Chine. Rude besogne pour cet homme de 33 ans que l’apprentissage d’une langue extrêmement difficile. Cependant il possède bientôt un bagage suffisant. En décembre, il peut écrire : “ Je pars bien portant et bien content. Si vous pouviez me voir un peu maintenant, je vous offrirais un spectacle intéressant avec mon accoutrement chinois, ma tête rasée, ma longue tresse et mes moustaches… On dit que je présente pas mal en Chinois. C’est par-là qu’il faut commencer pour se faire tout à tous puissions nous ainsi les gagner à Jésus-Christ ”.Dans ce pays interdit à tout européen sous peine de mort, il fallait paraître le plus chinois possible et inventer toutes sortes de ruses pour circuler. En jonque d’abord, constamment obligé de se camoufler pour éviter les regards indiscrets et déjouer les contrôles de police, toujours en éveil dans la peur des raids de pirates, le père Perboyre aborde au Fokien. Une longue route attend encore le missionnaire, au péril des fleuves et des rudes sentiers montagnards, au péril de la fièvre également. Sur ce chemin d’épreuves et de fatigues, il va à la rencontre de la communauté qui lui est confiée, dans la région du Houpé.Il y parvient en 1838. Près de deux-mille chrétiens vivent là, dispersés dans une quinzaine de villages. Une population pauvre et souvent au seuil de la misère. L’église de la résidence centrale n’est qu’une masure, “ mais sa richesse est le millier de fidèles qui la remplit, même sous la pluie et la neige ”, Dans la mesure de ses moyens, Jean-Gabriel vient en aide à tous ceux qui ont besoin de lui et se donne corps et âme à son travail apostolique. Rien ne semble devoir venir troubler la vie de la communauté.


Le martyr
Le 15 septembre 1839, sans que personne n’y prête attention, une escorte se dirige vers la résidence des missionnaires et a tôt fait de la cerner. Les deux compagnons du père Perboyre n’ont que le temps de fuir. Lui-même ne pourra que se réfugier dans la forêt voisine. Il y reste tapi jusqu’au lendemain, Pour trente taèls un catéchumène le trahit… Jean-Gabriel est fait prisonnier, enchaîné comme un malfaiteur et traîné devant un mandarin pour interrogatoire. Il reconnaît être TONG-WEN-SIAO, son nom chinois, prêtre et missionnaire.La captivité va se prolonger pendant près d’une année… Long et douloureux calvaire, de prison en prison, de tribunal en tribunal. Même sous les pires tortures, le père reste inébranlable et se refuse à toutes les compromissions. Son calme et sa sérénité en imposent à ses geôliers et redonnent courage à ses compagnons.Le 15 juillet 1840, il est condamné à mort par strangulation. Dans la paix Jean-Gabriel attend son exécution. A un catéchiste venu le visiter dans sa prison, il confie ce message pour les chrétiens de mission : “ Dis-leur de ne pas craindre cette persécution. Qu’ils aient confiance en Dieu. Moi je ne les reverrai plus, eux non plus ne me reverront pas, car certainement je serai condamné à mort. Mais  suis heureux de mourir pour le Christ. ”La sentence confirmée par l’empereur, le condamné est traîné au lieu du supplice : un gibet y est dressé en forme de croix. Les bras et les mains liés à la poutre transversale, les pieds repliés assez haut  arrière, le missionnaire paraît agenouillé entre ciel et terre pour l’ultime offrande de sa vie : Avec une lenteur calculée le bourreau serre par deux fois la corde autour du cou de sa victime. Une troisième torsion plus prolongée interrompt la prière du martyr.C’était le 11 septembre 1840, un vendredi, à l’heure de midi… à Ou-Tchang-Fou « La florissante préfecture militaire », province de Hou-Pei « Nord du lac ». Une croix apparaît dans le ciel, visible jusqu’à Pékin, confirmeront plusieurs témoins.
Grâce à la complicité d’un catéchiste qui avait soudoyé les gardes, le corps du supplicié pourra être déposé en terre chrétienne. Plus tard, sa dépouille est transférée à Paris, à la Maison-mère des Lazaristes.
Jean Gabriel Perboyre à été béatifié le 10 novembre 1889 et canonisé le 2 juin 1996 par Jean Paul II.

Jean Gabriel PERBOYRE  est fêté tous les 11 septembre à Montgesty

Retrouvez toute l’actualité sur le site de l’association des Amis de Jean-Gabriel Perboyre
et sur la page du groupe Facebook

 

Lancement des célébrations du 150e anniversaire de la Proclamation de la IIIe République par Léon Gambetta 

Vendredi 4 septembre à 11h, dépose d’une gerbe devant le Monument Gambetta, suivie de l’inauguration de l’exposition « La statuaire commémorative : Cahors, le Monument Gambetta », place François-Mitterrand

La ville de Cahors, l’Université Pour Tous Cahors en Quercy, la Société des Études du Lot, l’Amicale des Anciens Élèves du Lycée et du Collège Gambetta, le collège Gambetta et l’ensemble scolaire Saint-Étienne s’associent pour proposer une grande variété d’animations dont le programme vient de paraître.

Le programme est d’ores et déjà disponible en ligne (cliquez CE LIEN) et vous pourrez vous le procurer en version papier dès le 2 septembre dans les principaux lieux d’accueil du public.

Renseignements :
> Maison du patrimoine  8, rue de la Halle  46000 Cahors 05 65 20 88 91
> Office de Tourisme Cahors-Vallée du Lot, Villa Cahors-Malbec Place François Mitterrand, 46000 Cahors 05 65 53 20 65

Un hapax, qué és acô ?

Un PEN en est un s’il s’agit d’un jardin.  Mystères du latin des notaires de Montcuq au Moyen-Age !

PEN est un vieux mot descriptif de formes du relief, un « fossile » linguistique, paléo-linguistique disent les spécialistes, toujours vivant en Occitan local.
A St-Pantaléon, Feu Mr Laniès, décédé il y a peu, désignait ainsi les « têtes » de causses formant des « Pechs», des «hauteurs dominantes», avançant vers la Vallée de la (Petite) Barguelonne et surplombant celle-ci. A St-Géniès la butte calcaire, très aride, portant le vieux castel des sires locaux médiévaux porte toujours le nom de Penne, écrit en Oc ancien tantôt  « Penna » (Pénno en Oc parlé) ou, très souvent dans les vieux actes, «PEN».

Pour les linguistes et historiens-linguistes «PEN» est un mot, une forme » chargée de sens, vivante en Occitan où elle s’est conservée mais qui nous vient des langues de la Préhistoire et des premiers agriculteurs-éleveurs, des plus anciens Paysans du Grand Sud de la France actuelle et de tout le Bassin Méditerranéen. Langues auxquelles appartient, par exemple, le mot CUQ, nom primitif de la hauteur isolée à sommet rocheux et rond comme un crâne (une butte-témoin pour les géographes) qui devint «MONT CUQ» aux temps des Comtes de Toulouse et Quercy (850-1249).

Un «PEN», butte aride et rocheuse, dépourvue de sols cultivables, est donc tout sauf un site propice au jardinage maraîcher. Or, c’est précisément ainsi que les vieux notaires d’Ancien Régime et du Moyen-Age désignaient à Montcuq, MAIS SEULEMENT au Bàrri de Nârcés(dont le nom signifie «lieu aux sols gorgés d’eaux», chose très vraie à Nârcés !), les jardins aux bonnes terres cultivables et aux sols riches en eaux et en sources, et jardins clos de murs de pierres sèches.

Les vieux actes concernent des jardins alors sis à droite, en descendant vers «St-Jean», de l’actuelle «Rue du Faubourg de Nârcés» alors dite «Carriera Vielha» del Bàrri de Nârcés (Carriéro byélyo en Oc parlé, accent tonique à l’espagnole ou à l’italienne). Ces jardins s’étendaient dans la Combe del Rîu de Léyret (RÎw dé Léyrétt) 1, petit cours d’eau intermittent, saisonnier, hivernal, naissant, surgissant périodiquement et coulant dans ce qui est devenu un chemin passant en contre-bas et à l’ouest du Centre Médico-Social et de l’Espace d’Animation et ruisseau descendant vers la Petite Barguelonne (qu’il rejoint au Pont de Belle Dent , lorsque l’on va vers Gàyrac).

On est donc là en aires de bonnes terres agricoles et riches en eaux que draine ce ruisseau. Or les notaires appellent PENs (BUTTES ROCHEUSES arides, impropres à la culture), les jardins gras et fertiles établis en cette combe ! Mystère du vocabulaire technique des habitants de Montcuq qui y avaient là des jardins ? Terme propre au vocabulaire juridique donc de sens précis et créateur de Droits et d’obligations, des notaires ? Questions de Droit Privé Ancien dans un pays régi par la Charte des Coutumes de Montcuq et par le Droit Romain ?

Pour les linguistes, ce pourrait être un terme UNIQUE rencontré UNE SEULE FOIS ou DANS UN SEUL LIEU et avec un sens inconnu ailleurs. On appelle cela un «HAPAX»… Lisant quelques pages de l’ouvrage d’Andrew Lewis sur les Capétiens et la Formation de l’Etat Royal Dynastique, intitulé «le Sang Royal», je suis tombé sur une citation qui pourrait être éclairante. Les scribes de la Chancellerie Royale, en Latin des Pays d’OÏL (Île-de-France) écrivaient parfois «appenagium» pour «apanagium» (apanage : terres ,droits seigneuriaux du Domaine Royal concédés par le Roi à ses fils cadets ou à ses frères). Appenagium révèle une étymologie latine en «ad Penagium», littéralement «POUR LE PENage, à Titre de PENage». Un «Penagium» était donc, les latinistes acquiesceront sans réticence, un «ensemble de droits» établis, centrés sur un «PEN». «PEN» était donc en vocabulaire des juristes médiévaux du Moult Doulx. L’origine est là aussi bien plus ancienne que l’Occitan ,le Latin, le Gaulois, on dit de ces mots (PEN, CUQ, LIGER) qu’ils sont « pré-indoeuropéen ». Ils furent ceux de langues répandues dans tout notre Grand Sud et dont il nous reste le « BASQUE » ! Ce furent les parlers des populations dites Ibéro-aquitaines qui s’étendaient jusqu’à la Loire ou presque… Royaulme de Francia Occidentalis le noyau fondateur, la base, le fondement, d’un «CORPUS» de DROITS réservés aux héritiers secondaires d’un Patrimoine, aux CADETS ainsi investis de biens et droits à eux laissés par leur père ou par leur frère aîné.

L’introduction de cette «institution» de Droit Privé en Pays d’Oc et ici à MONTCUQ et seulement au Bàrri (Quartier/Faubourg) de Nârcés n’est pas sans ouvrir bien des perspectives…

Cette «institution» est -elle «indigène» ? Propre à ce lieu ou introduite ?

S’agirait-il d’un legs paléo-juridique hérité de systèmes juridiques bien plus anciens ? Normes, coutumes, pratiques des Ibéro-Aquitains proto-historiques ? Ne souriez pas ! Les généalogistes et notaires actuels ont remarqué la persistance et rémanence en nos pays Carcinols de coutumes juridiques successorales propres aux populations ibériques anciennes et toujours observées en Gascogne (entre Garonne et Pyrénées ) et Pyrénées du Roussillon au Pays Basque et à la Galice : les filles aînées héritent de tout le «Patrimoine» (qui est plutôt là un «Matrimoine» !) et reprennent alors le nom de leur grand-mère maternelle : les biens se transmettent en ligne féminine….

S’agirait-il d’une application au droit privé local de pratiques imitées de celles des Capétiens ? OR déjà les COMTES Raymondéncs de Toulouse, seigneurs directs (et SOUVERAINS) de Montcuq pratiquaient l’institution d’apanages («appenagium» ?) en faveur de leurs fils et frères cadets (légitimes ou pas) : origine des Vicomtes de Toulouse-Bruniquel-Monclar (éteints fin 17ème siècle) et même de leurs filles et soeurs… (origine, indirecte, des vicomtes de Toulouse-Lautrec)

On aurait donc là, peut-être, à Montcuq, indice de la pratique de l’institution d’héritiers secondaires investis de biens concédés aux cadets et imputés sur le patrimoine principal laissé par le « Pater Familias »…

Affaire à creuser davantage…

F-X Nardou, Montcuq, 17 Août 2020.

 

1 Ce ruisseau, dont le nom est de même étymologie et sens que «Loiret», le Petit Loir, le Petit Liger latin (Liger à prononcer « Liguèrr », pas «Lijé» !)

Littérature et Histoire : septembre s’annonce très riche !

Les festivités autour du 150 e anniversaire de la proclamation de la République avec en vedette notre tribun local dont le coeur a été transféré au Panthéon il y a 100 ans, sont, plus que jamais d’actualité. La Covid oblige bien évidemment les organisateurs à prendre les mesures nécessaires pour éviter tout risque et le public est invité à se faire pré-inscrire sur le site de l’UPTC en cliquant CE LIEN.
Premier rendez-vous mardi 4 septembre avec la conférence inaugurale d’Etienne Baux « La République Gambetta ».

« À moins de cent ans après sa naissance, la République, quand Gambetta la proclama le 4 septembre 1870, n’avait pas laissé de bons souvenirs :  les luttes civiles, le désordre, la guillotine. Par deux fois, elle avait été étranglée par un Bonaparte. Les atroces fusillades de la Commune l’avaient aussi discréditée.

Inlassablement, Gambetta voulut la rétablir dans l’esprit des Français, préférant la réforme à la révolution, dans le respect absolu du suffrage universel, des libertés fondamentales et de la laïcité. C’est lui le créateur de notre modèle politique. Il a réconcilié les Français et la République ».

 

 

2020 : année Gambetta

 

Programme organisé par les associations UPTC/SEL/Amicale des anciens du lycée et collège Gambetta (sous réserve du contexte sanitaire).

(Ce calendrier est indépendant de celui de la ville de Cahors qui organise également des cérémonies et animations, se renseigner sur le site de la Ville)

 

 

 

  • vendredi 4 septembre conférence inaugurale d’Etienne Baux 14h30 « La République de Gambetta » salle Henri Martin Mairie UPTC
  • dimanche 20 septembre présentation «Grand Public» JEP de Danièle Mariotto 15h30 Léon Gambetta, « une œuvre inachevée, un rêve brisé » sous réserve ouverture du Collège Gambetta dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine AMICALE ANCIENS
  • mardi 22 septembre conférence de Philippe Naszalyi 14h « Léon Gambetta orateur et polémiste, attaqué en diffamation par le Président de la République » espace Clément Marot SEL
  • mardi 29 septembre conférence de Georges Ribeill 14h « Léon Gambetta, le plan Freycinet et les chemins de fer : des lignes projetées aux lignes réalisées » espace Clément Marot SEL
  • jeudi 1er octobre conférence André Tulet 14h30 « La presse de Cahors de 1870 à 1914 » Centre universitaire Maurice Faure UPTC
  • mardi 6 octobre conférence Sophie et Laurent Wirth 14h « La République en héritage ou le fil de Marianne » Espace Clément Marot SEL
  • mercredi 7 octobre Repas républicain en soirée La Chartreuse (sous réserve)
  • mardi 3 novembre conférence de Gérard Béaur 14h « L’agriculture au temps de Léon Gambetta, à l’orée d’une crise de surproduction céréalière et de la crise du phylloxera » Espace Clément Marot SEL
  • jeudi 5 novembre conférence de Didier Cambon 14h30 « Léon Gambetta au Panthéon » Centre universitaire Maurice Faure UPTC
  • mardi 10 novembre conférence théâtralisée D. Mariotto « Léon Gambetta, l’épistolier » avec des lectures de F. Daubié, N. Mathubert, Matias Choquet (élève collège Gambetta) Théâtre municipal 14h30 UPTC
  • jeudi 19 novembre conférence de Dominique Antérion 14h « Quand monnaies, jetons et médailles racontent Léon Gambetta » espace Clément Marot ou Centre universitaire Maurice Faure SEL
  • samedi 5 décembre conférence de Jean Philippe Dumas 15h30 « Gambetta, fondateur de la IIIe République, figure de référence pour les Français » SEL séance publique Espace Clément Marot

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+ d’informations

Université pour Tous Cahors Quercy
Société des Etudes du Lot
Amicale des anciens élèves du Lycée et du Collège Gambetta

Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’Etat français et d’hommage aux « Justes » de France

Instant de recueillement

 

À l’occasion de la Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux « Justes » de France, qui s’est tenue ce dimanche 19 juillet, Madame Laurence Tur, sous-préfète de Figeac, a lu le message de Mme Geneviève DARRIEUSSECQ, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, en présence de Gilles Nacache représentant le CRIF, des élus cadurciens et de la région Occitanie.

 

 

Monsieur Hugon, dernier témoin des faits de résistance encadré par Alain Nouvian et Jean-Luc Couderc représentants le Musée de la Résistance.

+ d’infos sur le site des services de l’Etat dans le Lot  en cliquant Ce LIEN

La Société des Enfants du Lot en Afrique du nord : un cliché à identifier

La série « carte mystère » suscite de nouvelles questions et nous savons pouvoir compter sur nos fidèles internautes pour aider celles et ceux qui, depuis parfois fort longtemps, tentent d’identifier des documents en leur possession. Qui apportera de la lumière pour cette nouvelle énigme ?
La « Société des Enfants du Lot » a nécessairement possédé des racines dans notre terroir.
Nous relevons les mentions qui figurent sur ce cliché : un photographe d’Alger, un cachet (militaire ?) d’Oujda (Maroc). Quant à la tente, ce sont bien les armes du Quercy qui ornent son fronton.
Faute de date et d’un texte au verso qui ne nous apprend rien, cette vue pourrait faire référence à des émigrés au XIXe ou début XXe siècle.
Vos témoignages sont attendus et vous pouvez les déposer, comme d’habitude en cliquant CE LIEN

Un ouvrage en souscription sur Saint-Michel de Bannières

 

 

Saint-Michel de Bannières. Une part d’histoire 1850-1960 par Colette Beyssen-Laprévôte

 

 

Ce livre documentaire relate une part d’histoire de la commune et fait suite à un autre ouvrage consacré à la Première Guerre mondiale paru en 2018.

Il est dédié aux hommes et aux femmes qui ont vécu dans le village et qui en ont façonné les terres et les maisons ainsi qu’à leurs descendants, aux nouveaux habitants qui ont choisi ce village pour y vivre et y travailler, aux visiteurs de passage qui aiment qu’on leur raconte l’histoire des lieux qu’ils traversent.

Afin de recevoir un ou plusieurs exemplaires de cet ouvrage dès sa parution (été 2020) vous pouvez remplir ce Bon de souscription soit :

  • Le déposer avec le paiement sous enveloppe cachetée portant la mention « Association St Michel Passion » dans la boîte aux lettres de l’association située à côté de celle de la mairie de St Michel-de Bannières.

  • l’adresser par la Poste accompagné du règlement par chèque à : Association St Michel Passion

Mairie de Saint Michel-de-Bannières 46110 Saint-Michel-de-Bannières.
Contact : 06 33 12 26 11 / colette-laprevote@orange.fr

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