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Pierre Benoit, écrivain français

Pierre Benoit écrivain français et académicien dans le calme du Quercy qu’il a tant aimé.  1886-1962

En Juillet 1925, Pierre Benoit envisage un séjour à la Grande Chartreuse mais son ami, Anatole de Monzie lui fit un tel éloge de Saint-Céré, son pays d’adoption, qu’il accepta de changer le lieu de sa retraite. Il débarqua donc en gare de Brive, où M. David l’attendait, pour passer quelques jours au calme avant de repartir vers de nouveaux horizons. Quinze ans plus tard, il était toujours là.

Arrivé à Saint-Céré, il s’installa à l’Hôtel du Touring, place du Gravier, propriété de Monsieur et Madame David. Il choisit la chambre numéro 2, la plus petite, d’où il pouvait voir les Tours de Saint-Laurent.

Rapidement acclimaté et séduit par le pays, Pierre Benoit menait à Saint-Céré une vie quasi monacale, s’enfermant dans sa chambre, refusant toute visite et ne ressortant qu’en fin d’après midi, soit pour faire une promenade dans les rues, soit pour se rendre à la librairie de son ami Vertuel.

Dans la chambre numéro 2 Pierre Benoit écrivit tout ou partie de nombreux romans: Le Roi Lépreux, Erromango, Le Soleil de Minuit, L’Île Verte, Fort de France, Monsieur de la Ferté, Boissière, La Dame de l’Ouest, Les Compagnons d’Ulysse, Bethsabée, Notre dame de Tortose sans oublier ses trois romans « quercynois », Alberte en 1926, Le Déjeuner de Sousceyrac en 1931 et Lunegarde en 1942. Le manuscrit de ce dernier roman a été dactylographié par Jean Vertuel, libraire et éditeur très connu à Saint-Céré.

Il écrivit également un ouvrage moins connu : »L’Homme qui était trop grand », à deux mains avec son ami Claude Farrère, Académicien Français lui aussi. Après deux jours passés ensemble à définir l’intrigue et le plan de ce roman, ils se séparèrent. Pierre Benoit écrivit, à Saint-Céré, onze chapitres et Claude Farrère, treize. En cinq jours seulement, à l’Hôtel du Touring, ils firent ensemble les dernières mises au point du manuscrit définitif.

Pierre Benoit fut élu à l’Académie Française, au sixième fauteuil, en 1931. Le vingt-sept septembre de cette même année se déroula à Saint-Céré, en présence de sept cents invités, un banquet mémorable pour fêter cette élection. Des Ministres, des personnalités du monde littéraire et du spectacle ainsi que ses nombreux amis de la région y assistèrent.

Dans son discours prononcé ce jour-là il déclara notamment : « J’ai pu, depuis, aller me promener un peu partout, en Chine, à la Martinique, à Tahiti; il me semble que chacun de ces voyages n’a eu d’autre but que de fortifier les motifs que j’ai d’être attaché à ce pays, de désirer y enterrer définitivement le fameux bâton de pèlerin. Que d’abord je n’aie pas éprouvé quelque remords, c’est autre chose. Entre Dax, berceau des miens, Albi où je suis né, Paris dont je n’ai tout de même pas à me plaindre, j’ai pu me sentir un peu tiraillé. Puis, j’ai réfléchi et sans avoir de notions de trigonométrie particulièrement brillantes, je me suis aperçu que Saint-Céré occupait à peu prés le centre du triangle déterminé par ces trois villes. Ce jour-là, mes derniers scrupules ont été levés ».

Il reçut à cette occasion son épée d’Académicien, conçue et réalisée par le premier ferronnier français, Raymond Subes, originaire, bien évidemment, du Quercy.

Cette fête fut copieusement arrosée. Pierre Benoit, un peu éméché, demanda, à l’issue du repas à la « muse de l’arrondissement » de se dévêtir totalement, ce qu’elle fit volontiers. La dame frissonnante et ravie reçut des mains de Pierre Benoit et du Ministre de l’Éducation Nationale d’alors, Anatole de Monzie, une douche au champagne.

Certains messieurs du Quai Conti, ayant appris cet événement, peu dans l’esprit de cette vénérable maison, firent retarder sa réception sous la Coupole au vingt-quatre Novembre 1932, soit plus d’un an plus tard.

Les trois romans quercynois de Pierre Benoit connurent un grand succès de librairie comme d’ailleurs chacun des quarante-trois romans écrits en quarante-cinq années. En effet, au terme de sa vie, les œuvres de Pierre Benoit s’étaient déjà vendues à plus de cinq millions d’exemplaires et les ventes continuèrent après sa disparition en 1962. Ces chiffres feraient pâlir de jalousie bien des écrivains actuels.

De ces trois romans furent tirées des adaptations diverses.

Lunegarde fut porté à l’écran en 1945, mis en scène par Marc Allégret avec notamment Gaby Morlay et Danièle Delorme mais ce film, malgré la notoriété de l’auteur, du metteur en scène et des acteurs ne connut pas un très grand succès.

Alberte fut, pour sa part, porté au théâtre en 1950 avec, à nouveau Gaby Morlay. Cette pièce ne fut jamais jouée sur une scène parisienne. Elle fut cependant jouée dans de nombreuses villes de province, en Afrique du Nord, en Belgique, en Suisse, en Espagne et en Argentine.

Le Déjeuner de Sousceyrac n’eut ni une destinée cinématographique ni théâtrale. Une adaptation de plus de quatre heures fut faite pour « Radio Paris » qui la diffusa le cinq novembre 1939.

Il y a quelques années la télévision adapta ce roman (avec assez peu de bonheur) et le diffusa dans une version tournée à… Autoire ! Pierre Benoit fut donc très attaché au Lot et il est dommage que son souvenir s’estompe. Lui qui connut une gloire immense, qui fut ce que l’on appellerait aujourd’hui une « star », sombre dans l’oubli.

Bernard VIALATTE
Président de l’ «Association des Amis de Pierre Benoit ».
Pour tout renseignement Bvialatte@aol.com

Léon Gambetta

Léon Gambetta,
député, ministre de l’Intérieur, président du Conseil

Avocat, né à Cahors en 1838 dans une famille italienne, Léon Gambetta, monté à Paris pour y chercher la fortune, incarne les débuts de la Troisième République. Il devient célèbre en 1868 après sa plaidoirie dans le procès Baudin. Il est élu député l’année suivante sur un programme qui en fait le porte-parole des Républicains les plus intransigeants.

Le bazar des parents de Gambetta était proche de la cathédrale et l’enseigne
en est toujours visible.

Partisan de la guerre à outrance en 1870-1871, il est membre du gouvernement de la Défense nationale. Après la défaite de Sedan (2 septembre 1870), il participe à la journée du 4 septembre au cours de laquelle sont proclamées la chute de l’empereur et la Troisième république.

Ministre de l’Intérieur, il quitte Paris en ballon le 7 octobre pour préparer la résistance à l’ennemi à Tours, où il prend également le portefeuille de la Guerre.

10 francs Gambetta

Le 4 septembre 1870, il est avec Jules Favre à la tête des légalistes qui veulent l’établissement de la République dans l’ordre. Bien qu’hostile à la capitulation, il accepte l’armistice en janvier 1871 pour mieux préparer la « guerre à outrance ».

Il démissionne lorsque ses électeurs du Bas-Rhin sont abandonnés à l’Allemagne, mais est réélu en juillet 1871.

Après s’être opposé à Thiers car refusant une République conservatrice, il devient un politique clairvoyant et attentif aux réalités.

Il participe à provoquer la crise du 16 mai 1877 (qui voit s’opposer le président Mac-Mahon et le chef du gouvernement J. Simon), dont il est considéré comme le vainqueur.

Mais certains sont jaloux de son succès (Jules Grévy), et Gambetta est maintenu à l’écart du pouvoir sauf pendant une courte période de novembre 1881 à janvier 1882 (pendant laquelle, d’ailleurs, il décevra et sera accusé de « trahir la République » par Clemenceau).

Il meurt à 44 ans d’une septicémie consécutive à un banal accident.

 
Cahors, le monument à Léon Gambetta

Inauguré en avril 1884. Statue de Falguière, qui nous montre le tribun, devant les allées Fénelon, appuyé sur un canon, bras tendu, en pleine déclamation patriotique.

A droite une carte postale ancienne, nous montre le monument dans son état d’origine : le soubassement du socle était décoré de statues de marin et d’un drapeau de bronze, lesquels furent envoyées à la fonte durant l’occupation.

Deux bronzes et une médaille en argent commandés par la ville de Cahors
pour l’inauguration du monument à Gambetta le 14 avril 1884

Cahors, le collège Gambetta Lycée de 1803 à 1974, il est collège depuis cette date. Il est installé dans les bâtiments de L’Ecole Centrale (1793-1803) qui étaient eux-mêmes ceux de l’ancien collège et du couvent des Cordeliers.

Portrait de Gambetta Une salle lui est consacré au musée Henri Martin. On y verra portraits et documents, y compris, dans une vitrine, l’oeil de verre du tribun.

Léon Lafage

Léon Lafage  écrivain, poète occitaniste a brossé dans son oeuvre une fresque de ce Quercy, partie intime de son être. En dépeignant les villes, les routes, les habitants au phrasé si particulier, les coutumes, les récoltes, la vigne…, il s’est montré à la fois géographe, historien, sociologue. Son oeuvre permet aux lecteurs d’aujourd’hui de renouer avec un passé définitivement disparu.

Buste à Saint-Vincent-Rive-d’Olt

Il naît à Saint-Vincent-Rive-d’Olt, en 1874, au sein d’une famille bourgeoise, fervente occitaniste, cultivée (le grand-père quelque peu helléniste initie ses trois petits-fils à l’oeuvre d’Homère).

Après un passage à l’école du village, Léon Lafage suit les cours au Lycée de Cahors, avec entre autres comme camarades : Pierre Calel (Jules Lafforgue), Gustave Fréjaville…

La quiétude familiale se trouve bouleversée par la ruine du père, obligé d’éteindre les dettes d’un boutiquier indélicat en faveur duquel il a commis l’imprudence de se porter garant, règlement d’autant » plus douloureux que ses vignes sont alors ravagées par le phylloxéra. Reconverti dans le métier de percepteur, le chef de famille prend l’habitude d’effectuer ses déplacements en compagnie de son jeune fils. Quelles merveilleuses occasions pour l’enfant de s’imprégner des usages, des dictons, des locutions des villages !

Le baccalauréat en poche, Léon Lafage écrit déjà dans les journaux locaux. Il est alors Cadurcien, logeant sur les quais, dans un quartier où une foule de métiers artisanaux sont représentés et où règne la langue occitane.

Etudiant parisien, Lafage fréquente moins la Faculté de Droit que la « Taverne du Panthéon » ou le « Café Vachette » (les deux hauts lieux littéraires d’alors). Engagé par le « Réveil du Lot », il ne fréquente plus guère que les théâtres. Encouragé par Gustave Larroumet, c’est l’époque aussi de ses premières compositions.

Dilettante, le jeune auteur se tourne temporairement vers d’autres activités, en particulier l’exploitation à Piolenc, en Vaucluse, d’une colline comportant des coulées de sable à verre, « La Montagne « , que possède sa mère. Les affaires sont mauvaises, il doit renoncer, regagner Paris et trouver un emploi.

C’est chose faite au Ministère de la Justice. Mais son travail le passionne peu, ses horaires s’avèrent plus que fantaisistes, et pourtant quelle source d’inspiration toutes ces plaintes enregistrées ! La plupart s’appuient en effet, avec ténacité, sur la tradition orale, séculaire, qui régit la vie rurale.

La « Revue Hebdomadaire » a édité son premier texte : un conte qui puise son inspiration dans les coutumes ancestrales de la campagne quercynoise ainsi cette invocation au cours d’un pèlerinage :

Pregalz per nautres Sant Perdos,
Que nautres espingarem per vos.

Priez pour notre Saint Perdoux,
Nous danserons pour vous.

D’autres contes et nouvelles trouveront leur place au supplément illustré du « Petit Parisien », et au « Journal » dirigé par Catulle Mendes. Bernard Grasset, alors tout jeune éditeur, publie en 1907, son premier livre : « La chèvre de Pescadoire « . Les deux premiers récits se déroulent dans le Comtat Venaissin, les autres contes, dans le Quercy. Pescadoire, un grand-oncle de Lafage, a donné son nom au recueil. Cet ancien lieutenant aux zouaves pontificaux qui, après « treize duels » et une vie des plus singulières, promenait sa chèvre de par les chemins, « en veste d’alpaga, pantalon clair, gants beurre frais, coiffé d’un panama retroussé à la mousquetaire, un jonc à la main » , était connu de tout Piolenc. « La vie a passé dans ces pages… » commentera la « Revue de Paris ». Daudet, charmé par l’accent de cette première oeuvre, s’empresse d’en faire connaître l’auteur (1).

Le succès de « La chèvre de Pescadoire » pousse Grasset à demander à Lafage de franchir une étape, en écrivant un roman. « Par aventure » se présente en fait plutôt comme une longue nouvelle ayant pour toile de fond Paris et le Vaucluse. Puis paraît un recueil plus achevé : « Bel Ecu de Jean Clochepin », un « livre tout de Querci « . Le premier conte, titre du recueil, narre l’histoire de Jean Clochepin, pauvre gueux, mendiant roulant sa bosse çà et là, bagarreur, rimailleur aussi à l’occasion, ce qui lui permet de plaire aux femmes et d’être maudit par les hommes. Une rixe justement l’entraîne derrière les barreaux. Qu’importe ! l’homme est débrouillard, que meure son geôlier, le voilà qui reprend sa place sans problème, dans la prison, mais aussi dans le lit conjugal !

En août 1914, la guerre retient Léon Lafage à son poste au Ministère, successivement à Cahors puis à Mont-de-Marsan. En 1916, il occupe à Londres le poste de Secrétaire général du Haut-Commissariat de France en Grande-Bretagne. Il détestera Londres, où il restera jusqu’à la fin de la guerre.

Lafage publie en 1921 son second roman : « Les abeilles mortes » histoire des pérégrinations orientales d’un gentilhomme quercynois ; puis son troisième roman « Bottier-Lampaigne » (1926), titre éponyme d’un député dont l’avènement, l’apogée et la chute sont relatés. Avec « La felouque bleue », (1927), l’écrivain renoue avec un langage un peu suranné, aux mots rares, oubliés, chers à son coeur, restituant merveilleusement l’esprit, la naïveté du temps jadis. Le « Fifre et le buis » (1931), réunit quarante contes tour à tour pathétiques ou au contraire divertissants « telles les histoires du coq ivre mort, du lièvre qui subtilise les écus du chasseur » (2), du jeune soupirant de la fille du gardien du cimetière – spectateur assidu de tous les enterrements , « du vieil âne qui porte collées à sa peau les mouches nécessaires au pêcheur de truites… » (3). Après « Le pays de Gambetta » (1933), « La rose de cuir » en 1940, son dernier recueil de contes, passe quasiment inaperçu dans le contexte troublé de l’époque.

Léon Lafage passe la Seconde Guerre mondiale entre Tarbes et Lourdes, charmé par les Pyrénées. Il retourne à Paris en 1948, ne livrant plus qu’une production littéraire de plus en plus rare. Il meurt dans la capitale le 9 mars 1953, et repose dans son village natal.

Il a brossé dans son oeuvre une fresque de ce Quercy, partie intime de son être. En dépeignant les villes, les routes, les habitants au phrasé si particulier, les coutumes, les récoltes, la vigne…, il s’est montré à la fois géographe, historien, sociologue. Son oeuvre permet aux lecteurs d’aujourd’hui de renouer avec un passé définitivement disparu.

Texte extrait de :
La Mémoire vive, par Sophie Villes, Cahors, 1998

(1, 2 et 3) A. MOULIS : Léon Lafage, écrivain du Quercy », Cahors, 1959.

Jean-François Champollion

Jean-François Champollion dit Champollion Le Jeune, égyptologue

Né à Figeac, le 23 décembre 1790 dans la maison de la rue de la Boudousquarie, il était le septième et dernier enfant de la famille Champollion. Le père était libraire et la mère issue d’une famille de tisserands.

Le jeune Jean-François fait preuve d’une grande précocité : à cinq ans il apprend à lire seul, dans les livres de la librairie paternelle, à 11 ans, il entre au tout nouveau lycée de Grenoble. Le jeune garçon stupéfie les inspecteurs généraux en traduisant à la perfection les vers les plus difficiles de Virgile et Horace.

Durant cette période, il étudie l’hébreu, l’arabe, le syrien, l’araméen. En 1804, il analyse l’étymologie hébraïque des noms de la Bible et écrit Remarques sur la fable des Géants . En 1805, il apprend l’éthiopien et le copte.

En 1807, il quitte le lycée et présente son essai de Description géographique de l’Egypte avant la conquête de Cambyse devant l’Académie des Sciences et des Arts, ce qui lui vaut d’être élu à cette Académie.

De 1809 à 1810, Champollion poursuit ses études à Paris à l’Ecole spéciale des langues orientales et au collège de France où il suit les cours de sanscrit, de chinois et de persan. Son intérêt pour l’Egypte ancienne ne fait que croître. Il approfondit l’usage du copte car il sait déjà que son travail sur les papyrus sera basé sur cette langue. Il réalise deux grammaires du copte ainsi qu’un dictionnaire.

A Paris, il travaille sur une copie de la pierre de Rosette découverte en 1799. Il ne partira pas en Angleterre pour travailler sur l’originale ; il se passionne au point de publier dès 1809 une théorie sur l’écriture égyptienne.

Grâce à l’intervention de Joseph Fourier, Napoléon dispense Champollion de la conscription. Jean-François revient à Grenoble auprès de son frère aîné lui-même professeur es-sciences. Il devient à 20 ans, professeur d’histoire ancienne à l’université de Grenoble en 1810.

En 1814, il publie les deux tomes de l’Egypte sous les Pharaons. Il identifie les groupes épithètes, ainsi que le pluriel. En 1815, il veut éditer un dictionnaire et une grammaire copte, mais ses travaux ne sont pas encore acceptés par l’Institut. Son frère Jacques-Joseph devenu secrétaire de Napoléon plaide sa cause, mais la défaite de Waterloo et la chute de l’Empire obligent les frères à quitter Grenoble.

A Paris il se consacre au déchiffrement des hiéroglyphes et en 1821 les travaux de Jean-François Champollion prennent un tour décisif : il déchiffre le nom de Ptolémée inscrit sur le cartouche, il dresse un tableau des correspondances entre signes hiéroglyphes et hiératiques. Sur l’obélisque de Philae, il reconnaît le nom de Cléopâtre, il retrouve ainsi les valeurs alphabétiques des 11 signes : 7 rendent des consonnes, 4 des voyelles.

Les Hiéroglyphes

Stèle de Nèfertiabet, bas-relief Gizeh (2590 avant JC) – Musée du Louvre

Cependant, en comptant les 1419 signes de la pierre de Rosette, pour rendre les 486 mots grecs, il déduit que les hiéroglyphes ne pouvaient transcrire uniquement des mots. En comparant des relevés provenant d’Abou Simbel, du temple de Ramsès II et du temple de Amada en Nubie, il arrive à la conclusion que l’écriture est à la fois symbolique, figurative et alphabétique dans un même texte, une même phrase ou un même mot.

Le 27 septembre 1822, Champollion fait l’exposé de ses découverte à l’Académie réunie en assemblée extraordinaire. En 1823 il publie son Panthéon égyptien, puis un an plus tard Le précis du système hiéroglyphique des Anciens Egyptiens.

En 1824 il part pour un long périple en Italie, où il étudie dans tous les musées et les bibliothèques, les papyrus, les obélisques et collections rapportées de l’expédition de Bonaparte. A la demande de Champollion, le roi Charles X achète la collection d’antiquités égyptiennes du consul Henry Salt.

En 1826 il est nommé conservateur de la section égyptienne du Musée du Louvre, et il assure un cours public et gratuit d’archéologie. En 1827, Champollion embarque enfin vers la Vallée du Nil pour un voyage de dix-huit mois. Il reviendra avec des masses de notes, documents, textes et récits.

En 1826, Champollion est nommé conservateur du département d’égyptologie du musée du Louvre. En 1827, Champollion embarque enfin vers la Vallée du Nil pour un voyage de dix-huit mois. Il reviendra avec des masses de notes, documents, textes et récits.

A son retour en 1830, il est élu à l’Académie des inscriptions et Belles Lettres et reçoit en 1831 la chaire d’égyptologie créée pour lui au Collège de France. Il fait paraître quatre volumes de dessins relevés et croquis Ls monuments d’Egypte et de Nubie. Il écrit sa Grammaire égyptienne et son Dictionnaire égyptien, mais meurt à 42 ans, le 4 mars 1832 d’une attaque d’apoplexie sans avoir pu l’éditer.

Son frère Jacques-Joseph se charge d’éditer la Grammaire égyptienne en 1836, le Dictionnaire égyptien en écriture hiéroglyphique et les monuments de l’Egypte et de la Nubie en 1841. A son tour il meurt en 1867.

François de Salignac de Lamothe-Fénelon

François de Salignac de Lamothe-Fénelon dit FÉNELON, prélat et écrivain français est né au château de Sainte-Mondane en Dordogne (alors paroisse du diocèse de Cahors)  en 1651.

Philosophe, poète, évêque, il a laissé cinquante-cinq ouvrages, dont deux au moins le placent au premier rang de nos gloires littéraires.

A l’âge de douze ans, il vient suivre des cours à l’Université de Cahors. Après des études de belles-lettres et de philosophie, il se rend à Paris en 1665, pour achever plus rapidement sa formation.

Éprouvant un vif désir d’entrer dans la carrière ecclésiastique, il choisit de continuer ses études au séminaire de Saint-Sulpice. Il est ordonné prêtre à Sarlat le 17 avril 1677. (La lettre d’ordination est signée François, évêque de Sarlat).

Son goût passionné pour l’éloquence, le porte à devenir bientôt le prédicateur du jour. Tout en s’attirant l’admiration d’un public, il acquiert de nouveaux titres à l’estime de ses supérieurs. L’archevêque de Paris le nomme, en 1678, directeur des Nouvelles Catholiques, institution destinée à la rééducation de jeunes filles protestantes converties au catholicisme.

Protégé de Bossuet, doté d’une grande habilité dialectique, il commence à écrire quelques traités, comme les Dialogues sur l’éloquence en 1681 Il écrit en 1687 son Traité de l’éducation des filles, pour les huit filles du duc de Beauvilliers, dans lequel il professe des idées pédagogiques très modernes par leur tolérance. Cet écrit attire sur lui les regards du Roi : en 1689, Louis XIV, poussé par des courtisans amis de Fénelon, nomme ce dernier précepteur de ses petits fils, le Duc de Bourgogne et le Duc de Berry.

Fénelon rentre à l’Académie française en 1693. C’est dans cette intention de « perfectionner l’âme des princes » qu’il écrira son : Abrégé de l’histoire des anciens philosophes et ses Dialogues des morts (publié en 1712).

Louis XIV le nomme archevêque de Cambrai. En 1697, dans son ouvrage L’explication des Maximes des Saints, il défend le quiétisme contre Bossuet. Les deux grands prélats, naguère amis, se livrent désormais des combats théologiques.

Les Aventures de Télémaque (publiées en 1699), déplurent à Louis XIV qui, se déclarant pour Bossuet, exile Fénelon de sa Cour, le prive de ses titres et pensions, et sollicite la condamnation de son livre auprès du pape Innocent XII. L’ouvrage est en effet condamné en 1699, mais les raisons de cette condamnation ne sont pas toutes religieuses, les vues politiques très avancées de Fénelon y sont sûrement aussi pour beaucoup.

Le roi n’aime pas Fénelon qui écrit des ouvrages où il montre qu’il espère voir réformer le gouvernement de la France. Il meurt dans son diocèse de Cambrai en 1715.

Complément sur la vie de Fénelon (article signé André Décup, La Vie Quercynoise 8 juin 2023, p. 41

Jean-Baptiste Bessières

Jean-Baptiste BESSIÈRES,
maréchal de France, duc d’Istrie
Prayssac, 1768 – Rippach (Saxe), 1813

Jean-Baptiste Bessières est né à Prayssac le 6 août 1768. Après des études au Collège royal de Cahors, où il est très bien noté, il se destine à faire des études de médecine à Montpellier, pour succéder à son père dans sa charge de chirurgien-barbier.

Mais sa famille étant subitement ruinée, le jeune Jean-Baptiste reste à Prayssac où il s’initie au métier avec son père.

Envoyé par ses concitoyens dans la garde constitutionnelle de Louis XVI en 1791, garde à cheval en avril 1792, licencié le 5 juin, entré dans la légion des Pyrénées, devenue le 22ème Régiment de chasseurs à cheval, le 1er novembre 1792, il connaît un avancement qui n’a rien de vertigineux surtout pour un garçon instruit.

A l’armée des Pyrénées, il gagne ses grades de lieutenant et de capitaine avant de passer en Italie et de servir sous Bonaparte comme commandant des guides. D’une très grande bravoure, il est plusieurs fois cité pour ses exploits.

C’est la campagne d’Italie qui va le mettre en pleine valeur : un rare coup de main devant Crémone le signale à l’attention du général en chef Napoléon-Bonaparte qu’il ne quittera plus guère et qui lui donne à former, organiser, commander la Compagnie des Guides (qui deviendra la Garde Impériale). Chef de brigade le 9 mars 1798, Bessières fait merveille en Égypte, où il participe avec Murat et Lannes à la victoire d’Aboukir.. Bonaparte l’emmène avec lui lorsqu’il quitte l’Égypte en catimini.

Lors du coup d’État de Brumaire, tandis que Murat chasse les députés, Bessières assure la protection de Bonaparte. Murat comme Bessières sont originaires du Lot, mais de tempérament opposé, Murat hâbleur et fonceur, Bessières taciturne et réfléchi, tous deux d’un égal courage.

L’inimitié entre ces « pays » si différents se renforcera lors du mariage de Caroline Bonaparte, Bessières ayant soutenu la candidature malheureuse de Lannes contre Murat. Nommé commandant des grenadiers à cheval de la garde consulaire, Bessières charge à Marengo. Promu général de brigade un mois plus tard, général de division en 1802, fait maréchal d’Empire le 19 mai 1804, le même jour que Murat ; en 1805, Bessières marche sur l’Autriche à la tête de la cavalerie de la garde impériale.

Sa charge à Austerlitz est un des temps forts de la bataille. A Eylau, c’est encore son intervention et celle de Murat qui emportent la victoire. En 1808, Bessières part pour l’Espagne et gagne la bataille de Medina del Rio Seco (14 juillet 1808). Rappelé par l’Empereur pour la guerre contre l’Autriche, il écrase la cavalerie ennemie à Landshut (21 avril 1809).

A Wagram, son cheval est fauché par un boulet. Duc d’Istrie depuis mai 1809, il passe quelques mois en Espagne en 1811. A la tête de la cavalerie de la garde impériale. Il fait la campagne de Russie. Son principal fait d’armes est le dégagement du quartier général de l’Empereur, attaqué par 8 000 cosaques à Maloiaroslavets, les 24-25 octobre 1812.

Quand débute la campagne de Saxe en 1813, l’Empereur lui confie toute la cavalerie de l’armée, mais Bessières est tué parmi les premiers près de Weissenfells, le 1er mai 1813 par un boulet de canon, lors d’une reconnaissance la veille de la bataille de Lützen. Son nom est inscrit sur l’arc de triomphe de l’Etoile, sur le coté est.

Bessières a été un des plus habiles lieutenants de Napoléon, un homme de guerre de premier ordre, doté d’une probité et d’un dévouement rares.

D’après Sophie Villes :
« La Mémoire Vive ou l’histoire du Collège Gambetta et de ses grands hommes« , 1998 (PAE Collège Gambetta, Cahors)

Pierre Verlhac

Pierre Verlhac est né en 1868 à Souillac. Il est mort aux Quatres-routes en 1955.

Il fit une carrière d’instituteur. Laïque, ami de Louis-Jean Malvy, Pierre Verlhac militait en faveur des exclus et de la langue d’oc. Il a été l’animateur de la section de Souillac de la ligue des droits de l’homme, et s’est engagé en faveur des républicains espagnols.

Il était aussi un musicien populaire, un fin conteur occitan, un auteur de poèmes et de chansons. Signalons également qu’il fut un des premiers à militer pour l’enseignement de l’occitan.

A lire l’article qui lui est consacré par Gaston Bazalgues dans la revue QUERCY RECHERCHE dans son numéro 96.

Tous les textes et poèmes ci-dessous sont reproduits par Quercy Net, avec l’autorisation de la famille de Pierre Verlhac ©


T’aïmi Soulhac (chanson sur l’air de « Charme d’amour »)

T’aïmi Soulhac, polida vila,
Pincada sus un pitchou riu,
Acocolada dins ton niu,
Ont la vida i es bien tranquila,
T’aïmi Soulhac, polida vila.

Es rescondut dinsun trauquet,
Oval, tout pres de la riviera,
Que faï bronzit son fin orquet,
En lo bressen l’annada entiera,
Coma un nene dins sa brassiera.

Quand lo solelh sus el lusit,
Sus sa companha bravonela
Que cosqueletga e resolit
Mon vielh Soulhac sembla una estela
Es escompat dins de dentela.

Contaria pas per ma vilota
Mai me donesson tout Paris
Per que la trova trop bravota
e qu’ai l’amor de mon païs
Contaria pas per va vilota.

Dins mon Soulhac ieu restarai
Fier s’aqui ma vida s’engruna
Lo servirai, lo contarai
Que sera tota ma fortuna
T’aïmi Soulhac, o ma comuna !

 

La lampe (écrit en décembre 1938)

L’ennui tombe sur moi comme un lourd crépuscule.
Ma chambre est pleine d’ombre et mon coeur est désert.
Espoirs, regrets, désirs, tout est mort ! et dans l’air,
Je ne sais quoi de morne et de glacé circule.

Mon âme, où tout le deuil des choses s’accumule,
Tremble devant le soir, d’un grand frisson amer.
L’horizon a sombré dans la brume d’hiver.
On dirait que la vie, incertaine recule.

Je vais mettre très haut ma lampe et ma pensée,
Pour que, si quelque ami, passant sur la chaussée,
Vers mon humble logis vient à lever les yeux,

Ou bien si quelque rêve égaré dans les cieux,
Cherche, pour s’y poser, une âme triste et tendre,
L’ami songe à monter, et le rêve à descendre.

Mon front trop lourd s’incline et je suis las d’attendre.
Voici que le jour point ; ma lampe va mourir.
Ils ne sont pas venus, ceux qui devaient venir.


Josepon e l’Emperur

Josepon e l’emperur est une histoire de fin de banquet sans prétention. C’est l’histoire d’un souillagais qui lors de son service militaire rencontre l’empereur Louis Bonaparte, mais le héros n’est pas celui qu’on croit. Ce texte décrit bien une époque où les quercinois parlent mieux l’occitan que le français.

Josepon Bernotel fasia son servici al 78ème quand, un matin, una novèla recruda arribèt à l’escoada.

Josepon, assetat sus son bas-flanc, fumava una vièlha pipa culotada quand lo novèl blu s’aprochèt, li demandèt del fèc e s’assetèt a costat de guel.

– Comment t’appelles-tu ?
– Josepon Bernotel.

– Tu parles français ?
– Je le comprenne mais pour le parladis j’étions plus fort en patois.

– D’où es-tu ?
– De Souillac.

– Où celà se trouve-t-il ?
– Tu n’en connes pas ta jographie, ni mai ieu tanpauc. Tu ne saves pas où se trouve Souillac, la plus poulide ville du Lot où res manque, mila Dius ?

– Si c’est dans le Lot, je vois.
– Et toi caman que tu t’appelles ?

– Louis Bonaparte.
– Quoi que tu fais dans le civil ? Tu n’as pas une place ?

– Oui, pas trop mal.
– Eh bé tope aqui Bonatrappe. Tu déves savre lisir, tu m’apprendra à lisir un peu.

– C’est entendu et toi tu m’apprendras ta belle langue patoise (qui de l’avis de Charles Nodier développe tant de noblesse et d’imagination.
– Je n’enconné pas tous ces bestials mais pel potois tè: diga-li que vengue mila Dius !

Louis Bonaparte aprenguèt perfectament lo potois mas Bernotel poguèt pas aprene a legir. Tot parièr, fasquèron un brave parelh d’amics.

Bernotel, son temps acabat, torna a Solhac. Tres ans après, lo portur li porta una letra. Josepon la vira e la revira entre sos dets.

– Tè factur, legis-me aquela letra. Lo factur la duèrp, la legis e ne’n tira un bilhet de cinq cents francs.
– Bogre, quo’s l’Emperur que t’escriu e t’espèra dissabte a detz oras.

– L’Emperur, mila Dius, e qué me vol aquel ome ? Pagui regulieroment ma talha, n’ai jamai fach de mal a degun, mos certificats al regiment portan: bon soldat, bonne conduite… Qué diable me vol aquel ome ?

Josepon, la letra a la man, vai trovar lo mèra.

– Digatz-me, monsur lo mèra, qué me vol l’Emperur ?
– E mon brave Josepon, del moment que t’envoia los sous pel viatge, te cal i anar, veiras aital de qué te vol.

Mon Josepon part per Paris. A detz oras se presenta a las Tuilarias. Es arrestat a la porta per un oficièr que li demanda ço que vol.

– Vèni veire l’Emperur, pardi !
– Avez-vous une lettre d’audience ?

– De qué, nom d’un Diu, n’ai pas de letra de dança mai l’Emperur m’a mandat venir. Tenètz, legissètz aquel papieron.

L’oficièr legis e saluda. Josepon dintra, agacha de tots pans e, a una fenèstra, te guèita Louis Bonaparte.

– O ! per mon arma ! A ! pr’exemple, quo’s un pauc fort, es aqui mon vièlh Louis, o ! lo diable me flambe ne’n soi tot estomagat, davala un psuc, me foras veire ont cal passar.

Un autre oficièr, tot cambaligat d’or, ven prene Josepon e lo mena davant Bonaparte. Louis e guel s’embraçan coma pan tendre.

– Mai diga-donc Louis, ès dins un polit ostal ! Tu tanben ès vengut veire l’Emperur ? As una bona plaça ? Qué fas ?
– Que soi content de te veire Bernotel e de parlar un brieu lo potois que m’as après.

– Es maridat Louis ?
– Oui.

– Coma s’apela ta femna ?
– Eugénie.

– Génie quo’s un polit nom. Es qué as deus mainatges ?
– Oui, un drolle.

– N’a màs un troç de gaulem ? Me faras pas veire ta femna ?
– Si, mai es pas levada encara.

– Es pas levada ! Qual troç de fenhanta ! E la daissas far ? E ben, mon vièlh, li te brandiria las negras ieu !

L’emperur risia, risia, risia de bon cur.

– Quo te fai rire aquo. La nostra se lèva a poncha d’auba e d’aquesta ora a bacat los tessons, mozut las vacas e estremat la bugada. Podes pas la degordir un pauc nom d’un Diu !

An aquel moment, I’lmperatriça intrigada peus escluts de rire de l’Emperur, alors qu’aquel d’aqui èra totjorn triste, dintra ambe lo pichon mainatjon.

– Quo’s Génie aquela ?
– Oui.

– Compren lo potois ?
– Non.

– Tant pis ! Bonjour Génie comme ça va ? Oh que votre drolle il est mindiou, il est brave mais qu’il est prin: c’est un regoutsioulou: il faudra me le donner, je le d’emporterai à Souillac et quand il tournera, il aura des galojes comme s’il avait les gotages. II faut que je le poutoune ce drolle. Tenez Génie véqui deux sous pour lui cromper un croque-lin.

L’lmperatriça es aurida. L’Emperur ritz a se’n téner las costas.

– Mai diga-donc Louis, quo’s pas tot aquo, quo’s pro parlufejar, I’Emperur m’a escrich de venir lo veire. Se Io conneisses, mena-me près de guel. Tè, agacha sa letra. Qué diable me voI ?

– Mon amic Bernotel, I’Emperur volia te veire per serra la man d’un brave ome. Quo i arriba pas trop sovent. Quo’s ieu que soi l’Emperur.

– Ane, ane, fasque pas lo nèci, bogre de falordas vos està suau.
– Mai te disi que quo’s ieu l’Emperur.

– C’est varté Génie ?
– Oui.

– E ben mon tesson, en parlent per respect, escusa-me, ne’n soi tot embluat. Me racontas pas de porrimelas benleu ? E ben que lo diable me crame, podètz o dire qu’avètz una brava plaça. Coquin de Diu, I’estonament me copa l’alen, bufi coma un cordaire.

Mai parlem que valgue. Soi content de t’aver vist mai me tarda d’esprandir, soi tot escafornit. I a pas moien de far chabrot ?

 

Louis Jean Malvy

Louis Malvy est né à Figeac le 1er décembre 1875, il est décédé à Paris le 9 juin 1949.

Louis-Jean Malvy est issu d’une famille de Souillac, dont on retrouve des traces dans les registres locaux jusqu’en 1466 et de la petite bourgeoisie active d’artisans et de commerçants : aubergistes, vitriers, plâtriers, négociants….

Son père, Martin Malvy, directeur d’une minoterie, a été élu maire (de gauche ; radical-socialiste) de Souillac en 1892 et conseiller général du canton en 1894.

Avocat, Député radical-socialiste de 1906 à 1919, il fut un spécialiste des questions économiques et financières. Très proche de Caillaux, il fut considéré comme le meilleur représentant de la politique financière de ce dernier. Gaston Doumergue lui confia le portefeuille du Commerce et des PTT en 1913, et après l’assassinat de Gaston Calmette et un remaniement ministériel, celui de l’Intérieur en juin 1914 (ministère René Viviani), poste qu’il conserve dans les ministères Briand et Ribot

En août 1917, alors que la propagande défaitiste est à son paroxysme, Louis Malvy est attaqué par la droite (Léon Daudet, directeur du journal royaliste L’Action française) qui lui reproche son manque de fermeté dans la répression des grèves, et son « défaitisme ».

Louis Malvy, photo du journal Le Réveil du Lot du samedi 22 novembre 1924.

Il est même accusé d’avoir renseigné l’ennemi lors de l’attaque du chemin des Dames (1).

Il démissionne le 31 août 1917 et entraîne dans sa chute le ministère Ribot. Traduit à sa demande, devant la Haute Cour de justice, il est accusé de forfaiture et condamné à cinq ans de bannissement (août 1918).

Il revient en France après avoir expurgé sa peine, reçoit l’accueil de la population lotoise et est élu député du Lot (1924 à 1942). Nommé ministre de l’Intérieur dans le cabinet Aristide Briand (1926), il est forcé de démissionner après un mois par les violentes attaques de la droite.

Il fut l’ami de Pierre Verlhac, célèbre poète occitan.

(1) Louis-Jean Malvy, ayant connu l’emprisonnement et l’exil à la suite de l’épuration Clémenceau, a expliqué l’affaire simplement : « Il fallait un responsable à certains échecs militaires, il fallait trouver des causes d’ordre politique aux mouvements qui se produisirent dans l’armée en juin 1917. »

Roger Couderc

Roger Couderc est né le 12 juillet 1918 à Souillac où son père dirigeait l’hôtel Bellevue. Dès l’enfance il commence le rugby au sein de « La Quercynoise », association sportive du Lycée Gambetta à Cahors où il y prépare son bac.

Il participe à de nombreux matchs, notamment contre « La violette » de Toulouse. Etudiant à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts, il se révèle un peintre de talent : l’état lui achètera d’ailleurs une de ses œuvres, possession actuelle du musée d’Anzin (Nord).

L’art étant insuffisant pour satisfaire ses appétits, il se tourne vers le journalisme et entre à l’Agence de Presse Fournier comme stagiaire. En 1939 il est appelé au 12ème régiment d’artillerie coloniale à Agen, en compagne de l’acteur Charles Boyer. Puis il se retrouve prisonnier en Allemagne au stalag XIII A où il est chargé de reconstruire le stadium local.

Blessé au genou à la suite d’un bombardement, il est autorisé à rentrer au pays. Il va se joindre au maquis du Gers.

Il s’initie au métier de journaliste dans différents journaux : d’abord à Libre, organe des Prisonniers de guerre et déportés, dont le directeur était François Mitterrand, puis au Courrier de la Nièvre, à La Dépêche du Midi, au Midi-Olympique, à L’Auto-Journal.

Après un passage à la radio française : RTL et Europe 1, il rentre à la télévision en 1955 et il se spécialise dans le reportage sportif : rugby, catch et sport automobile. À partir de 1968, il forma avec Pierre Albaladejo un tandem de commentateurs (un journaliste et un consultant, une première).

Suite aux événements de mai 1968 en France, il fit partie de la charrette des journalistes sportifs licenciés par l’ORTF, au même titre que Roger Marcillac, Robert Chapatte et Thierry Roland. Il réintégra la structure, ainsi que les deux derniers cités, sur Antenne 2 pour faire partie de l’équipe du magazine hebdomadaire sportif Stade 2 en 1975.

Stèle Roger Courderc à Mauvezin

Via ses commentaires enthousiastes et enflammés, parfois chauvins mais toujours bon enfant, il contribua largement à populariser le rugby en France. Son « Allez les petits » pour encourager le XV de France, son chant de la Marseillaise pendant un essai français contre les All Blacks en 1979, sont restés célèbres.

Ses réparties flamboyantes lors des grands matchs de catch parisiens télévisés durant les années 1960 sont également restées dans toutes les mémoires.

Il fut nommé Chevalier de la Légion d’Honneur en 1982. Il prit sa retraite en 1983, Pierre Salviac lui succédant aux commentaires sur Antenne 2. À sa retraite internationale, le capitaine de l’équipe de France Jean-Pierre Rives lui remit son dernier maillot. Il décède le 26 janvier 1984 à Paris. Il est enterré à Mauvezin dans le Gers ; une stèle à sa mémoire y est installée.

De très nombreux stades ou complexes sportifs portent aujourd’hui son nom en France.

D’après : La Mémoire vive, Sophie Villes, Cahors, 1998 et Wikipédia

Joachim Murat, maréchal d’Empire

Joachim Murat est né à Labastide-Fortunière, (aujourd’hui Coeur de Causse et anciennement Labastide-Murat), Lot, le 25 mars 1767, fusillé à Pizzo (Calabre) le 13 octobre 1815. Il fût Maréchal de France, Prince, grand amiral de France, grand duc de Clèves et de Berg, roi de Naples.

Fils d’aubergiste, il entre au Collège royal de Cahors avec Bessières et Ambert, puis au séminaire des Lazaristes à Toulouse. Pas très passionné par l’étude de la théologie, il s’enfuit et s’engage dans l’armée en 1787.

Il devient officier en 1792 et fait partie de la garde constitutionnelle de Louis XVI. Il seconde Bonaparte lors du 13 Vendémiaire et devient son aide de camp lors de la campagne d’Italie (1796).

Nommé général pendant la campagne d’Egypte, il participe activement au 18 Brumaire et devient commandant de la garde consulaire.

En 1800, il épouse Caroline Bonaparte. Napoléon le comble d’honneurs : il est maréchal en 1804 puis prince d’Empire en 1805. Il participe aux campagnes de l’Empire en faisant preuve d’un remarquable courage physique.

Il accepte le royaume de Naples en juillet 1808 et règne – avec faste – sous le nom de Joachim Napoléon en poursuivant les réformes inspirées du Consulat entamées par son prédécesseur, Joseph Bonaparte. Rappelé par Napoléon, il participe à la campagne de Russie.

Tableau de A. Gros (Musée du Louvre)

En 1812, l’empereur, rentrant à Paris, lui laisse le commandement. Mais, après une violente dispute avec Davout, il abandonne son poste en janvier 1813 et rentre dans son royaume où il intrigue avec l’Autriche. Cela ne l’empêche pas de participer avec Napoléon à la campagne d’Allemagne de 1813.

Finalement, le Congrès de Vienne rend Naples à l’Autriche et Murat échoue à soulever les nationalistes italiens. Au moment des Cent-jours, il les incite à lutter pour leur indépendance et déclare la guerre à l’Autriche (30 mars 1815). Après Waterloo, il se réfugie en Corse et tente un débarquement en Calabre. Il y est capturé, condamné et fusillé sur ordre de Ferdinand IV, le 13 octobre 1815.

Le château de Labastide-Murat a été édifié par Joachim Murat (1767-1815). André Murat son frère fut chargé de la bonne exécution du château destiné à la famille. André Murat, frère de Joachim, fut maire de Labastide-Fortunière de 1800 à 1816 et de 1819 à 1841.

Le fils d’André, Pierre Gaétan, puis son petit-fils, Joachim, seront élus tour à tour député du Lot.

Du plus pur style Empire, le château s’élève au sud du village au centre d’un parc magnifique. Le premier plan a été dressé par Lecomte, architecte de Joachim Murat alors grand duc de Berg. Ce plan établi sur le modèle du palais de l’Élysée, résidence de Murat, gouverneur de Paris, fut modifié par la suite. Les travaux commençaient le 30 août 1807 se poursuivirent jusqu’à décembre 1814. Des aménagements se prolongèrent jusqu’en juin 1817.

Musée Murat
Place Tolentino
Labastide Murat
46240  CŒUR DE CAUSSE

Contact : Gérard Fénelon 05 65 24 97 82 / 06 71 69 50 89

Olympe de Gouges

Lorsque Robespierre et ses amis en novembre 1793 se félicitent d’avoir guillotiné une femme pour ses idées démocratiques (aucune attaque contre les personnes ni contre les biens, aucun acte de trahison ne pouvaient lui être reprochés), ils ne devinaient pas qu’ils seraient eux-mêmes bientôt raccourcis et jetés aux poubelles de l’Histoire. Que c’est leur victime, la plus belle des Quercynoises, qui serait reconnue comme la fondatrice des mouvements pour l’émancipation des femmes.

Olympe n’est pas entrée au Panthéon, mais l’auteur de l’article a déjà suggéré que son nom soit donné à l’université de Cahors, si celle-ci est un jour rétablie. L’occasion de rendre hommage à une femme exécutée le 3 novembre 1793 pour avoir, entre autres, demandé le droit de vote pour ses sœurs, lesquelles devront attendre 1945 (en France) pour ce faire.

Olympe est née en 1745 de la passion de Jean-Jacques Lefranc de Caïx pour son premier amour de jeunesse à Montauban, Anne-Olympe Mouisset, épouse Gouze. Jamais reconnue par son père naturel, Marie Gouze, veuve très jeune d’un monsieur Aubry, choisira d’être appelée Olympe de Gouges. Elle sera décapitée en 1793 par Robespierre parce qu’elle a exigé l’égalité des sexes et la démocratie. C’est le moment où son fils Pierre, qu’elle adorait, va la renier.

Depuis la division du Quercy par Napoléon en deux départements, Lot et Tarn-et-Garonne, c’est Montauban, sa ville natale, grâce au regretté Félix Castan, qui a le mieux conservé son souvenir en attribuant son nom à un lycée. Mais Olympe appartient au Quercy dans son ensemble et mérite assurément que les élus réclament qu’elle figure à l’avenir non seulement sur des timbres de la Poste, ou les euro-billets.

Jusqu’aux travaux d’une parfaite érudition d’Olivier Blanc, colorés de sympathie communicative pour le sujet de son étude, Olympe était souvent décrite, avec condescendance, comme une exaltée politique, un auteur sans grand intérêt, une illettrée suspecte de galanterie, mais dont il convenait – malgré tout – de reconnaître un coup de génie : avoir détourné la « Déclaration des Droits de l’Homme » en la faisant suivre d’une « Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne » qui a fait le tour du monde et a été au centre des célébrations du bicentenaire de la Révolution française.

Un génie en avance sur son temps

En fait, comme Louise Labbé deux siècles auparavant, Olympe est tout simplement un génie en avance sur son temps, en avance sur ses premiers commentateurs, y compris Michelet et pas seulement pour sa Déclaration. C’est une héroïne qui s’impose pour un roman, un film, une bande dessinée, un opéra, c’est un grand personnage de l’Histoire de l’humanité dans laquelle une province et un pays peuvent se reconnaître, et qui n’appartient pas seulement aux militantes féministes qui lui ont déjà rendu divers hommages mérités. On rêve de retrouver le manuscrit du roman qu’Alexandre Dumas n’a pas écrit sur Olympe de Gouges après son Olympe de Clèves.

C’est le mélange intime, sans contradictions, de sa manière de vivre son théâtre et ses convictions, de s’exprimer et de se battre, qui a été reproché à Olympe de Gouges, mais qui, aujourd’hui, impressionne le plus : il est vraisemblable qu’elle ne savait pas très bien écrire, mais elle dictait admirablement, comprenant aussi qu’il suffisait de changer quelques mots et d’ajouter un ou deux paragraphes pour que certains textes admis et admirés explosent en plein vol comme des feux d’artifice.

Amour de la liberté et liberté de l’amour

Le père d’Olympe, J.-J. Lefranc, Marquis de Pompignan, de l’Académie Française (1709-1784)

Veuve très jeune, décrite par tous comme une femme d’une beauté exceptionnelle, Olympe décide de quitter le Quercy avec son fils Pierre. Ce serait à ce moment-là, selon certains de ses admirateurs, qu’Olympe aurait fait escale à Parnac, au bord du Lot, exactement en face du château de son père à Caïx, où elle ne semble avoir jamais été admise. C’est ainsi qu’Olympe est devenue l’ombre qui hante les vieilles pierres de Régagnac.

De là, elle s’installe à Paris où elle apprendra à parler français, vivant en femme libre et libertine, c’est-à-dire en choisissant ses amants avec discernement, sans se remarier, en dépensant les ressources offertes par son principal amoureux, à publier des affiches politiques, des manifestes et des pièces de théâtre qui témoignent d’une prodigieuse anticipation démocratique : égalité des sexes, y compris dans les engagements conjugaux et les séparations, reconnaissance et égalité pour les enfants adultérins, jury populaire pour les crimes et délits, solidarité avec les plus démunis, impôts sur le revenu, libération des esclaves dans les colonies françaises, abolition de la peine de mort, etc.

Et il ne s’agit pas d’une mondaine à la Simone de Beauvoir qui aurait eu le petit talent de repérer les thèmes porteurs de l’époque pour les avilir dans la complaisante adoration des dictatures. Olympe ne récupère pas, elle ne se compromet pas, elle précède – avec un courage incontestable pour déglinguer toutes les dictatures.

Contre les sanguinocrates

Elle insulte les Comédiens-français qui refusent de se teinter le visage avec du jus de réglisse pour jouer le rôle des nègres dans sa pièce sur l’esclavage. Elle descend dans la rue pour faire face aux abrutis venus la conspuer sous ses fenêtres.

Républicaine, elle se propose comme avocat de Louis XVI parce qu’elle craint que celui du monarque, Malesherbes âgé, ne fatigue en expliquant, pertinemment, que la logique impose de garder le roi vivant, une fois la royauté déchue, car Capet guillotiné aurait fatalement un successeur dynastique et une régence dans l’émigration. On croirait entendre Cromwell expliquant à Mordaunt, dans Vingt ans après, pourquoi il eut été préférable qu’il laissa le roi Charles échapper à la hache du bourreau.

Le courage d’Olympe va s’illustrer de manière encore plus confondante et émouvante lorsque, de sa prison, à la veille d’une exécution à laquelle elle aurait pu échapper en tentant une évasion, son « Adresse au Tribunal révolutionnaire » s’en prend à Robespierre avec une éloquence et une violence rarement entendues contre les Montagnards pendant la Révolution française.

Mad Maximilien, le mollah de la religion de l’Être suprême, le plus célèbre des sanguinocrates, le pervers dissimulé dans la défense des cordonniers d’Arras, l’ancêtre de Staline et de ses purges, de Mao Tse-Tung et de ses massacres, l’inspirateur de si nombreux dictateurs, ne peut supporter des vérités assenées avec tant de fougue : Olympe est guillotinée le 13 brumaire de l’An 2 (le 3 novembre 1793) le jour de la première, à l’Académie de musique (le futur Opéra), de Miltiade à Marathon (musique de Le Moyne sur des paroles de Guillard), quelques jours après la première parisienne sur cette même scène des Noces de Figaro de Mozart.

Le bicentenaire de la Révolution française ne pouvait guère glorifier la guillotine qui décapita en France près de 20 000 personnes en quelques mois, celle-là même qui trancha le cou de Mme Roland et d’Olympe de Gouges. Avec ses bois peints en rouge, elle ne semble pas avoir été époussetée pour l’occasion, ni dressée pour la commémoration.

Le château de Parnac, où Olympe trouva, dit-on abri lorsque la porte de celui de Caïx, restait fermée

Elle est restée piteusement rangée dans les réserves de la Conciergerie et inscrite sur l’inventaire du ministère de la Justice.

Mais elle en sortira sans doute pour les films en préparation sur Olympe, de Montauban à Parnac, puis du Quercy à l’échafaud de la Place de la Révolution (désormais Place de la Concorde), pour exalter le souvenir de la belle Quercynoise et lui faire retrouver la position qui lui revient.

René Viénet : rene.vienet@free.fr

L’article de René Viénet a été publié en français le 3 novembre 2001 à Cahors .

Rarement l’histoire nous propose des figures aussi intellectuellement stimulantes que celle d’Olympe de Gouges. Pourtant, deux siècles ont été nécessaires pour que l’on distingue enfin cette femme extraordinaire, qui, en son temps, avait fait siennes les valeurs qui fondent notre pacte républicain.

De 1789 à 1793, année de sa fin tragique, elle a régulièrement adressé de nombreuses lettres et autant d’imprimés (pièces de théâtre, affiches et brochures) aux assemblées élues. La plupart de ces documents forment la chronique ininterrompue d’une prise de parole audacieuse et si révolutionnaire, celle d’une femme libre à une époque où les femmes n’étaient ni électrices ni éligibles.

Les combats humanistes d’Olympe de Gouges, incomprise ou longtemps marginalisée pour de mauvaises raisons liées à son sexe ou à ses opinions politiques girondines, nous touchent aujourd’hui. Elle passe à juste titre pour l’ancêtre du féminisme moderne. Sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791), texte fondateur, constitue aujourd’hui un repère pour tous ceux qui, dans le monde, luttent contre les maltraitances et les discriminations visant les femmes.

Plus que tout autre, Olympe de Gouges a fait la promotion continue des droits civils et politiques au féminin, que ce soit dans ses brochures politiques ou dans son théâtre engagé. Dans une de ses pièces, elle stigmatise la prise de voile forcée des jeunes filles sans dot, usage fréquent dans la France d’Ancien régime ; dans une autre, elle revendique une loi sur le divorce si nécessaire, selon elle, pour permettre aux femmes maltraitées d’échapper à leur bourreau domestique ; dans son roman Le prince philosophe, elle insiste sur l’importance de l’éducation des femmes.

Olympe de Gouges ne s’est pas contentée de restreindre sa parole à la sphère privée, aux salons philosophiques ou libéraux qu’elle fréquentait, que ce soit chez Mmes Helvétius ou Condorcet, mais elle s’est s’est directement impliquée dans le grand débat public de 1789.

Dans la Lettre au Peuple ou dans ses Remarques patriotiques, elle inaugura cette « carrière épineuse où, disait-elle, tant d’hommes ont trébuché ». Par des apparitions remarquées dans les assemblées élues, dans les sections et les clubs, elle s’exprimait avec chaleur, initiant une garde nationale de femmes (juin 1791) ou soutenant des manifestations publiques ou défilés de femmes, autant de projets qu’elle cherchait à faire valider par l’Assemblée nationale.

Elle entendait ainsi donner visibilité, consistance et respectabilité à l’engagement politique au féminin. Sentant monter les périls, Olympe de Gouges a diffusé des écrits courageux dans le souci de favoriser l’union et la réconciliation nationale à l’heure de « la patrie en danger ». Et elle s’est élevée contre les factions « désorganisatrices » et la violence.

Après le 10 août 1792, qui marque la fin de la monarchie, elle a dénoncé les massacres de septembre par cette phrase sublime : « le sang même des coupables, versé avec cruauté et profusion souille éternellement la révolution et d’un système de gouvernement on passe dans un autre ».

Elle s’éleva contre les dangers de la dictature montagnarde ciblant Robespierre et Marat qu’elle soupçonnait de prétendre au « dictatoriat ».

Dans une lettre du 9 juin 1793 à la Convention, elle dénonça le coup d’état contre‑révolutionnaire dirigé contre les députés girondins – plus de 150 députés furent en effet arrêtés le jour même ou les semaines suivantes -, et elle mit en cause la légitimité du gouvernement et de l’Assemblée soi-disant épurée mais désormais sous influence.

Dans une affiche en date du 20 juillet 1793 elle proposait de s’en remettre au peuple réuni en assemblées primaires pour se prononcer sur la forme du gouvernement souhaité par les Français. Cet acte de résistance contre l’oppression lui valut d’être arrêtée par les amis de Robespierre dont plusieurs étaient membres du jury qui la condamna à mort le 2 novembre 1793.

Olympe de Gouges fut avant tout une humaniste, une philanthrope et, à sa manière si originale et sincère, une philosophe des Lumières. Elle a été l’avocate de toutes les grandes causes de son temps, que ce soit celle des exclus de la société civile et politique ou celle des esclaves noirs des colonies françaises, ainsi qu’elle le rappelle dans sa dernière affiche en forme de testament (Une patriote persécutée, 1793).

Elle y faisait notamment un rapprochement entre l’arbitraire de sa situation, au pied de l’échafaud, et l’emprisonnement par lettre de cachet qui l’avait menacée lorsqu’elle avait inauguré, en 1785, le premier débat national sur la suppression de l’esclavage dans les colonies. Olympe de Gouges a toute sa place dans la mémoire collective.

Olivier BLANC
Historien

 

Le 19 octobre 2016, un buste d’Olympe de Gouges a été installé dans la salle des Quatre-Colonnes du palais Bourbon, siège de l’Assemblée nationale. C’est la première représentation d’une femme politique parmi les œuvres d’art présentées dans l’édifice.

Léon Bouzerand ; le Doisneau de Cahors

Léon Bouzerand est né en 1907 à Cahors où puisaient ses racines familiales très anciennes et où il est mort le 18 novembre 1972. Après ses études au Lycée Gambetta à Cahors puis au Lycée Pierre de Fermat à Toulouse, jusqu’au baccalauréat de philosophie, Léon Bouzerand est allé étudier la photographie à Paris.

Il a été élève de la promotion de 1932 de l’Ecole nationale de photographie de la rue de Vaugirard, (devenue aujourd’hui École nationale supérieure Louis Lumière, ENSLL.) Il a ouvert ensuite, le 13 février 1934, rue Foch, à Cahors, un studio, un atelier et un magasin de photographie. Tout au long de sa vie, Léon Bouzerand a été un fervent sportif, mais aussi un homme de culture, latiniste, germaniste, brillant joueur d’échecs.

100 000 images : Toujours armé de ses appareils, Leica, Rollei, …, il a notamment réalisé au long de sa carrière, plus de 100 000 images illustrant la vie quotidienne dans le Lot et la France des années 1930 aux années 1970. Il a également collaboré au quotidien Sud-Ouest.

Certaines de ses photographies empreintes de tendresse, d’humour ou reflets d’un art de vivre aujourd’hui disparu, ont été reprises dans des livres publiés.

Le premier de ces ouvrages, paru en 1991, Vitesse limitée, est consacré à l’automobile sous toutes ses facettes dans le Cahors des années 50 aux années 70;

le deuxième, publié en 1992, Couleur rugby, concerne le rugby sur les stades et ses supporters dans les mêmes années.

Un troisième volume, est paru en mai 2010, Cahors en devantures, et retrace la vie de la cité à travers les activités commerciales et les espaces de commerce. Ces trois livres ont été édités par l’ « Association Vitesse limitée » présidée par Jean-Louis Marre, avec le soutien de Jean-Louis Nespoulous, photographe et successeur de Léon Bouzerand qui a eu à cœur de faire renaître une œuvre photographique riche et savoureuse et celui du journaliste Christian Cazard.

D’autres ouvrages sur son œuvre sont envisagés ainsi qu’une présentation de ses photographies au Musée Henri Martin à Cahors.

   

De Jean-Louis Nespoulous (extrait du volume Vitesse limitée, Cahors, 1950-1965 )  : 

« En rangs serrés dans leurs boîtes jaunes, dormaient 100 000 portes ouvertes sur Cahors. Cahors qui va au bal, au marché, aux boules, la Dauphine devant le Tivoli et le Grand Charles sur le parvis de la Mairie. La braderie ronronne au centre, Édith Piaf fait chavirer la succursale Citroën. Et toujours l’ombre de Toto sur la ville.

Communion le matin. Vêpres en ovalie. Fêtards du soir. Vitrines de nuit. Ces vedettes qui passent. Des boules de neige jusqu’au bac, ce quotidien cyclique, que l’on pensait immuable et qui glisse imperceptiblement vers le journal télévisé.

Et toujours ces images carrées, au Rollei ou au Sem. Pudeur du cadrage. Chaleur de la lumière. Générosité de la visée. Regard et clin d’œil. Qui donc a dit qu’elles étaient fixées à jamais ces humbles pellicules de vie ? Regardez bien. Cherchez le détail. Elles frémissent encore. 1950/1970 – 20 ans- 100 000 clichés d’une exceptionnelle qualité et diversité, à travers lesquels on lit le professionnalisme d’un œil et la grandeur d’un cœur, ceux de « Toto » Bouzerand. »

De Jacques Bouzerand (extrait du volume Vitesse limitée, Cahors, 1950-1965 ) :

« Léon, que tout le monde appelle Toto, a 7 ans lorsque son père meurt. Il fréquente le Lycée Gambetta où, excellent en allemand et en latin, il passe son premier bachot.

Grand, costaud, chevelure brune, d’épaisses lunettes, élégant, l’air sérieux, c’est un sportif. Il pratique avec bonheur l’athlétisme, la course, le javelot, le saut en hauteur, à « l’Aviron cadurcien », et le tennis au terrain de jeu du Parc Tassart.

Mais il a horreur de l’eau et l’on ne le verra jamais nager à « Marianne », dans le Lot, derrière le stade, lieu de baignade traditionnel des jeunes cadurciens de l’époque.

C’est à Toulouse au Lycée Fermat, qu’il passe son bac philo, une matière qui le passionnera toujours. En 1928 un terrible accident sur la moto qu’il pilotait près de Mercuès le cloue au lit pour plusieurs mois. Rétabli, il « monte » à Paris en 1930, et entre à l’école de photographie… »

Extrait de : http://fr.wikipedia.org/wiki/Léon_Bouzerand et textes de Jacques Bouzerand

Photos : http://www.luminous-lint.com/app/photographer/Leon__Bouzerand/C/ 

Taxi Erasme à Cahors ; en attendant le client… – 1950

Le Doisneau de Cahors par Michel Desmoulin, Extrait de :
http://desmoulin.net/index.php?2005/11/26/16-le-doisneau-de-cahors

Comme Doisneau – ils avaient le même âge – Léon Bouzerand a photographié la rue, avec talent, humour et un goût prononcé pour l’anecdote.

A Cahors, où il a passé toute sa vie en dehors de son séjour à la célèbre école de photographie de la rue de Vaugirard, qui a formé tant de grands photographes, tout le monde l’appelle Toto.

Muni de son Rolleiflex, il a, pendant près de quarante ans, saisi des scènes de la vie quotidienne dans cette merveilleuse petite préfecture du Quercy.

Ces clichés, si on laisse aller son imagination, restituent, avec beaucoup de poésie et de tendresse, l’histoire de cette ville attachante.

Les boutiques ont changé, les immeubles, les métiers aussi ; son œuvre, des milliers de photos, constitue la mémoire de cette ville au siècle dernier.

Les « anciens » ne se lassent pas de regarder ces photos avec nostalgie. Les touristes et les habitants de fraîche date découvrent avec intérêt – parfois même avec passion – ce petit coin de la douce France au temps de la quatrième République…

Léon Bouzerand, moins connu que Doisneau, – Cahors n’est pas Paris – a laissé, après son décès, le 18 novembre 1972, une œuvre qui mériterait d’être mieux connue et surtout reconnue.

Léon Bouzerand Autoportrait

Au stade. Match de rugby contre Lourdes !

Concentration lors d’une partie de cartes – 1950

Cahors, la place du marché

Suzanne Bouzerand devant le magasin de la rue Foch – 1960

Fabien Galthié Lotois de coeur

Le Quercy vu par Georges Coulonges

Quelques années avant sa mort, en octobre 2001, Quercy Net avait demandé à Georges Coulonges de nous parler de son Quercy !

Voici le texte qu’il nous avait gentiment adressé.

 

Fait du Lot et du Tarn-et-Garonne, de truffes et de chasselas, de roc et d’eau vive, de moulins, de châteaux, de ciel large et de grottes multiples, le Quercy a deux capitales : Cahors et Montauban.

Mon grand-père était né à Montauban. J’habite à quelques petits kilomètres de Cahors.

A Cahors se dresse, magistral, majestueux, le pont Valentré. Dés que je le vis, portant ses trois tours au-dessus de la rivière, dès que j’appris qu’en sept siècles jamais il n’avait cédé à l’ennemi, je décidai qu’il serait mon ami.

Mieux : sans modestie aucune, je décrétai qu’il me ressemblait, qu’il est un peu moi-même : il n’attaque jamais. Mais… si on l’attaque, on le trouve. Solide. Lorsque je vais le voir, à voix basse – pour ne pas effaroucher les touristes – je fredonne l’une de mes chansons que Ferrat mit en musique, chanta, porta au succès. Elle s’appelle Potemkine et n’a, bien sûr, rien à voir avec les barques qui glissent sur le Lot. Il n’empêche : il est des jours où (ne le répétez pas), je crois que, dans sa pierre, le pont, sûr de son droit, chante avec moi :

M’en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde
Où l’on n’est pas toujours du côté du plus fort ?

A Montauban, bien sûr, vous connaissez la place Nationale, cette merveille entourée de briques roses, d’arcades, de galeries que l’on admire à la première rencontre, qui nous émeuvent lorsqu’on apprend qu’elles avaient nom « Couvert des fleurs » et « Couvert des sabots », « Couvert des drapiers » mesurant à l’aune de bois le cadis, gloire de la ville et fortune des tisserands.

Sous ces couverts peut-être joua mon grand-père. Et sur les bords du Tarn aux moulins imposants, aux gabarres emportant vers Bordeaux, les Colonies, les Amériques, le travail des hommes d’ici, joua sans doute ce petit garçon qui devait devenir M. Jean-Auguste Ingres, peintre de son état et violoniste à temps, peut-être pas perdu.

Le Musée de Montauban s’appelle le Musée Ingres. Le violon de M. Ingres est à l’intérieur du Musée. Le Musée est un étui grandiose, dominant le Tarn et valant dans sa pierre et ses bois autant que les expositions toujours renouvelées, toujours belles qu’il présente.

Cela commence par les sous-sols où somnolent, désormais inutiles, les instruments de torture de jadis. Montons. La torture disparaît, la culture se montre.

Oui, comme le pont Valentré, le Musée Ingres m’est cher : enfonçant la barbarie, il s’élève vers l’art. C’est-à-dire vers la Paix.

J’aime la paix du Quercy.

Je la trouve dans la plaine et sur le causse, au détour du chemin. Je la respire, je la garde et parfois je la mets dans un roman. Pour la partager.

Avec vous.

 

 

Georges Coulonges

auteur populaire, scénariste de télévision.
Il résida plus de 35 ans en Quercy Blanc  1923-2003

Si la chanson oblige l’homme à faire une toute petite gymnastique cérébrale, elle devient cet instrument grâce auquel l’homme se cultive. GEORGES COULONGES

La France entière a chanté et chante encore du Georges Coulonges. Car cet écrivain aux talents multiples, né le 4 avril 1923, à Lacanau, fut d’abord auteur pour les plus grands de nos chanteurs:

Potemkine, La fête aux copains et la commune pour Jean Ferrat, L’enfant au tambour pour Nana Mouskouri sont de lui.

Et Marcel Amont, Mouloudji, Les Frères jacques, Juliette Gréco, Bourvil, Annie Cordy,… lui doivent une part de leur succès, sans oublier, bien sûr, ce gigantesque PARIS POPULI qui, en deux heures de chant original, raconte sur une musique de Francis Lemarque l’histoire de Paris de 1789 à 1944.

Parallèlement, pour son premier roman, Georges Coulonges reçoit des mains de Jules Romains le Grand Prix de l’Humour 1964, suivi, pour son deuxième ouvrage, en 1966, du Prix Alphonse Allais.

Dès lors, il s’éloigne peu à peu de la chanson, pour laquelle il écrit encore deux essais très remarqués : LA COMMUNE EN CHANTANT, étude fouillée de la Commune de 1871 à travers les textes de ses chansons (dont il tirera un spectacle chanté notamment par Mouloudji) et LA CHANSON EN SON TEMPS, que ses confrères récompensant d’un Prix Exceptionnel de la SACEM. En 1980, la même SACEM couronne Georges Coulonges pour l’ensemble de son oeuvre.

II écrit ensuite pour la télévision et fait entrer Anatole France dans les foyers avec La Rôtisserie de la reine Pédauque, jouée entre autres par Georges Wilson. II adapte également ses propres romans : Pause-Café, Joëlle Mazart et La Terre et le Moulin.

Véritable « baladin de l’écriture », c’est au théâtre qu’il mène alors ses pas en écrivant pour Jean-Louis BARRAULT deux de ses plus belles réussites : Les Strauss et Zadig, d’après Voltaire, qui sera couronné par le Prix Plaisir du théâtre en 1979.

Depuis 1984, Georges Coulonges se consacre au roman. C’est d’abord la grande série romanesque des CHEMINS DE NOS PÈRES dont le cinquième volet, LA FÊTE DES ÉCOLES, contant l’aventure en Aveyron, à la fin du siècle dernier, d’une jeune institutrice partagée entre sa foi religieuse et son désir de servir l’école de la République, comptera plus de 400 000 lecteurs. La télévision le rappelle alors et son roman LES TERRES GELÉES, paru en 1994, est adapté par France 3 l’année suivante.

LA MADELON DE L’AN 40, (1995) – qui raconte l’histoire d’une adolescente révoltée par la défaite de 1940, par l’arrivée des Allemands et le comportement de ceux qui, dans son village, l’acceptent trop facilement et L’ENFANT SOUS LES ÉTOILES (1996) sont encore et toujours la plus belle illustration de ce que disait Jean-Louis Barrault :

 » Tout ce que Coulonges écrit est savoureux. Cela a du rythme. II y a du soleil dans son style. »

LES FLAMMES DE LA LIBERTÉ, (1997) parle du climat paroxystique de la France de 1944 où les passions exacerbées des habitants d’un village girondin se font jour: héroïsme ou lâcheté, haine ou amour. Dans MA COMMUNALE AVAIT RAISON (1998), Coulonges raconte sa vie jalonnée de rencontres, amis, interprètes, artistes ou comédiens, dont il fait le portrait vivant et pittoresque. LES BLÉS DEVIENNENT PAILLE (1999), narre la vie d’un couple, bouleversée par des circonstances exceptionnelles au début de 1914. Entre Albin, catholique patriote, et Janotte, protestante pacifiste, l’amour est-il possible ?

Dans L’ÉTÉ DU GRAND BONHEUR, Georges Coulonges évoque la joie des premiers congés payés en 1936 à travers le portrait de deux adolescentes. Ce livre a reçu le Prix des Maisons de la Presse 2000.

Mai 1968 et Limoges plantent le décor de son roman DES AMANTS DE PORCELAINE où, avec beaucoup de justesse, Georges Coulonges évoque le bouleversement des rapports parents / enfants.

En mars 2002 paraît LE PAYS DES TOMATES PLATES, une satire savoureuse sur notre société.

Texte bibliographique : Presses de la Cité, production Jeannine Balland, mars 2002.

Il décède le 12 juin 2003 dans sa maison « La Cachotte » à Lhospitalet.

 

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