Catégorie : OCCITANIE

Paul Froment

Humble et charmant poète laboureur
(1875-1898)

Paul Froment est né près de Floressas, commune de Puy-L’Evêque dans le Lot, le dimanche 17 janvier 1875.On peut voir encore, au hameau de Lamuraque, à 1.500 mètres du bourg, l’humble maison, aujourd’hui transformée en grange, où il vit le jour.

Il était l’aîné d’une honnête famille de petits paysans, à peu près ruinés par le phylloxéra, qui prirent le parti héroïque, pour payer quelques dettes, de se mettre en condition.

Aller à la journée dans les fermes voisines, puis se louer à l’année, ce fut aussi le sort de Paul, dès que ses bras eurent la force de tenir un outil, c’est-à-dire presque au sortir de l’école primaire.

Nous le trouvons, en 1892, à Massels, près de Penne, en Agenais. Dès ce moment, sans aucune préparation livresque, ignorant même les notions élémentaires de la prosodie, il commence à rimer, tout en labourant, ses premières inspirations.

« Au bout de chaque sillon la stance s’envolait (fragnolo); à la fin du journal de labour, il tenait son poème. « 

1892, c’est l’époque où Victor Delbergé lance, à Villeneuve, un petit journal de patoisants, lou Calel, largement ouvert à toutes les bonnes volontés; Froment y fait ses débuts (15 mai 1892), y rencontre quelques bons amis: Alban Vergne, Aristide Salères, et devient un collaborateur régulier et apprécié du journal.

En 1893, se trouvant à Bélugue, près de Floressas, il fait la connaissance d’un écrivain de talent, son voisin de Ferrières, Francis Maratuech.

Celui-ci a raconté, comment il fit la conquête de cet adolescent timide et un peu ombrageux, sa joie de le voir arriver chaque soir dans le négligé de sa tenue de travail et les bonnes veillées littéraires, sous le manteau d’aïeule de la vaste cheminée, où on lisait en commun quelques pages à la lueur économique du calel.

Ce qu’il faut noter, c’est l’influence des plus heureuses qu’exerça Maratuech, homme de goût autant que de cœur, sur le développement du jeune talent. Il fut des premiers à comprendre le poète et à l’encourager. Leur amitié ne se démentit jamais et, après avoir mis à Flous de Primo une préface étincelante, Maratuech fut en quelque sorte l’exécuteur testamentaire de Froment et donna à la Revue de France et au Feu Follet les derniers poèmes que nous connaissions de lui.

L’existence de Froment se partage dès lors entre Floressas, où il fait des séjours prolongés, et la région de Villeneuve, où il occupe diverses places.

En 1895, Froment – il était alors valet de ferme au Laurier, près de Villeneuve – envoya aux jeux floraux de l’Escolo Moundino, à Toulouse, un manuscrit de Sasous e Mesados et obtint un deuxième prix de sonnet.

Il fit plus : il se rendit à Toulouse et prit part à la félibrée du 26 mai. Il faut imaginer l’apparition, dans la salle des fêtes du Conservatoire, de ce petit paysan timide, disant simplement, sans grands gestes, les yeux au ciel, sa pauvre vie de misère et les histoires du village.

Les toulousains ne lui ménagèrent pas leurs bravos. Encouragé par ce premier succès, Froment résolut de réunir en volume ses premières pièces. Ce fut un gros sacrifice pour sa pauvre bourse; il dut faire presque entièrement les frais de l’édition.

Vers la fin de l’année, A trabès regos paraissait à Villeneuve, chez Victor Delbergé, en une élégante plaquette de soixante-douze pages. L’auteur avait vingt ans.

Ce petit livre fut une révélation.

Mistral, le premier, en deux longues colonnes de l’Aiôli (17 janvier 1896), souhaitait une affectueuse bienvenue au  » poète Froment  » et résumait ainsi son appréciation:  » A trabès regos es la cansoun veritablamen viscudo d’un enfant de la terro que la Muso a flourejat « .

Paul Mariéton saluait, dans la Revue Félibréenne,  » L’avènement de ce pur artiste de nature  » et ajoutait, en conclusion:  » Paul Froment est en situation favorable pour donner au Midi un nouveau grand poète « .

Antonin Perbosc, dans la même revue, consacrait un article important au nouveau venu, et l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse, qui avait rétabli, en 1895, ses concours en langue d’oc, « marquait d’une note blanche cette œuvre de début  » (rapport de 1896).

Le petit valet, cependant, continuait à produire et, I’année suivante, il adressait à la même Académie le manuscrit de Flous de Primo. Un œillet d’argent récompensa cet envoi.

L’œillet d’argent, applicable à tous les genres, avait une valeur de 100 francs, et le pauvre Froment, dons les gages à l’époque étaient de quelque 30 pistoles, s’autorisant au surplus de précédents illustres, troqua contre un beau billet la fleur immortelle.

Quelques mois après, au début de novembre 1897, le recueil de Flous de Primo sortait de l’imprimerie Chabrié, à Villeneuve. Sur ces entrefaites, le poète était appelé au service militaire et, le 15 novembre, il partait pour le 12è régiment d’infanterie, à Lyon.

Mistral le recommanda à un de ses bons amis lyonnais, Eugène Vial ; mais, en dépit de cette amitié précieuse, Froment, qui gardait la nostalgie de la terre natale et n’arrivait pas à se consoler d’un amour malheureux, connut à Lyon des jours de profonde tristesse: témoin ses dernières poésies, d’un accent étrange, inouï dans son œuvre antérieure, et qui ont une amère saveur de larmes et de désespoir.

Sept mois après son entrée au régiment, le 10 juin 1898, au retour d’une permission passée à Floressas, le petit soldat disparut. Le 15 juin, son corps était retiré du Rhône, aux Roches-de-Condrieu (Isère), à une quarantaine de kilomètres au-dessous de Lyon.

Ses amis s’émurent, on fit une enquête, mais le mystère de cette fin tragique ne fut jamais pleinement élucidé. Mistral, qui l’appréciait et qui songeait à lui pour le grand prix de poésie aux Jeux Floraux du Septénaire de 1899, pleura la fin prématurée de  » l’humble et charmant poète laboureur, tombé, comme un fils de roi, sous le poignard de quelque assassin stupide « .

Des démarches entreprises par ses amis, au premier rang desquels Georges Leygues, député de Villeneuve, aboutirent au transport du corps à Floressas aux frais de l’Etat. Les restes de Paul Froment reposent dans le petit cimetière du village natal.

En 1903, ses admirateurs lui érigèrent, par souscription publique, à Penne-d’Agenais, un monument modeste qui fut inauguré le 23 juillet, sous la présidence de M. Chaumié, ministre de l’Instruction publique.

En 1998 à Floressas, à l’occasion du centenaire de sa mort, une stèle réalisée par Jean Luc Rouquié tailleur de pierre à Floressac était édifiée à la mémoire de l’enfant du pays. Le buste de Paul Froment est l’oeuvre de Louis Laur sculpteur villeneuvois.

A l’initiative du Maire de Floressas, Yves Froment, la place du village porte désormais son nom.


ŒUVRES DE PAUL FROMENT :

Retrouvez quelques poèmes de Paul Froment en cliquant ici

1892. – Les premiers essais de Froment ont paru dans lou Calel, Journal patois de Villeneuve-sur-Lot, directeur Victor Delbergé, année 1892, 1893, 1894, 1895 et 1896.

1895.-A trabès régos, rimos d’un pitiou paysan 72 pages. Imprimerie Victor Delbergé, Villeneuve-sur-Lot.

1897.-Flous de Primo, rimos d’un pitchou paisan, pre-facío de Francis Maratuech, XVI-72 pages. Imprimerie Ernest Chabrié, Villeneuve-sur Lot

1898.-Dernières poésies de Paul Froment, publiées par Francis Maratuech à la Revue de France, numéro spécial de septembre 1898, consacré aux Cadets de Gascogne.

1899.-Voix d’outre-tombe, poésies inédites de P. Froment publiées par Francis Maratuech à la revue le Feu Follet décembre janvier 1899.

1928.-Lous èls e la bouco, poème inédit (Oc, 1″ juin 1928).

 

Des cours d’occitan à Cahors

Lancement de cours d’occitan sur la ville de Cahors : Venez apprendre et vous réapproprier la langue d’aicí, la lenga nòstra.

Pourquoi apprendre l’occitan ?

-Apprendre l’Occitan, c’est apprendre une langue millénaire, une langue latine qui fait passerelle avec d’autres langues, italien, portugais, castillan, roumain, on la dit « soeur » du catalan.

-Apprendre l’Occitan, c’est apprendre la culture de son pais, ses racines, comprendre les origines des noms de villages, de familles, de ruisseaux, de champs, de lieux dits, de rues. Comprendre l’espace qui nous entoure et qui a était nommé, pensé, imaginé dans une langue

-Apprendre l’Occitan, c’est aussi mettre une langue sur des mots communs employés par chez nous, ça pegue ( pegar=coller), poutou ( poton = un bisou), a bisto de nas ( vista de nas = à vue de nez), un drôle (dròlle = un enfant), fada = une fée.

-Apprendre l’Occitan, c’est participer a un renouveau culturel occitan, écrits, poésie, théatre, musiques diverses et autres.

-Apprendre l’Occitan, c’est apprendre une langue inter-compréhensible de Bordeaux a Nice.

-Apprendre l’Occitan, c’est l’ouverture d’un monde, comme avec toute langue, mais celle-ci sera particulière pour vous, c’est celle du territoire sur lequel nous sommes assis.

Qui est le professeur ?

Guilhem Boucher travaille pour l’IEO 46, l’Institut des Etudes Occitanes. Ce cours est parti de l’initiative de jeunes qui veulent apprendre la langue de leur pais. Nous sommes ouverts à accepter tous les âges pour ces cours d’occitan (à partir de 18 ans).

Nous sommes en train de nous constituer en association, pour plus d’informations n’hésitez pas à nous contacter.

Per una lenga viva, anem òc!

Maël Borredon : 06 76 85 04 02
Sarah Conquet : 06 34 48 56 37

Nadau en Vidéo

Le Groupe Nadau reviendra dans le Lot en 2019.

Ce sera à Luzech, à l’occasion de l’arrivée de la 10ème transhumance Rocamadour – Luzech, le samedi 13 avril.

En attendant cet événement vous pouvez les « déguster » en vidéo avec un spectacle de l’année 2002 !

Uc de Saint-Circ, un père de la Renaissance Italienne

Uc de Saint-Circ est né à Thégra à la fin du XIIème siècle. Son père, petit vavasseur (1), avait dû quitter son château de Saint-Cirq (graphie actuelle) situé sur l’actuelle commune de Couzou, sans doute ruiné par Henri Court-Mantel lors du sac de Rocamadour en 1183. Pour éviter une copropriété des biens familiaux (selon la coutume occitane, cadet d’une nombreuse fratrie, il était copropriétaire de ses biens avec ses frères) ses frères l’envoient étudier à Montpellier où on le destinait à l’état de Clerc.

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Château de Saint-Cirq (graphie actuelle)

Rappelons que Montpellier, alors sous la domination des rois d’Aragon et de Majorque, était une ville universitaire très importante où se retrouvaient de nombreux quercynois. Inversement, les professeurs de Montpellier enseignaient à l’Université de Cahors. Dans la capitale culturelle des rois d’Aragon où l’apport scientifique des musulmans et des juifs est important, Uc a pu acquérir, au moins en partie, les trois premières branches du savoir, le trivium : grammaire (latin classique), rhétorique et logique. Mais il ne devient pas clerc, il se fait jongleur et entre au service du comte de Rodez, du vicomte de Turenne et du bon dauphin d’Auvergne. Il sert de lien entre ces trois puissantes. Très tôt, il devient troubadour, nous dirions aujourd’hui, auteur-compositeur, un intellectuel profane du Moyen Age.

On le retrouve en Gascogne, auprès de Savaric de Mauléon, de la comtesse de Bénauges, en Poitou puis en Aragon et en Castille. En Provence enfin, d’où il gagne la Marche de Trévise vers 1220. Là il prend épouse et dernière date connue de sa vie, est accusé d’hérésie et d’usure en 1257 (Cathare ou bien Cahorsin ?). En Italie du nord, son rôle est fondamental dans la gestion de la Renaissance. Exilé, faidit, il apporte à sa patrie d’adoption le texte troubadouresque. Sur place il crée des vidas, premières biographies de troubadours marquées par la nostalgie d’un temps heureux, d’un pays perdu et remis dans le droit chemin obscurantiste par la ruée des croisés. C’est le point de départ, en Europe, de la critique littéraire en langue vulgaire et de la nouvelle en prose. Il y a un suivi des vidas au Novellino anonyme puis à Boccace et jusqu’à nos jours.

Uc est ainsi devenu, en Italie, un poéticien, un maître du trobar et plus encore, selon l’expression de Robert Laffont : « Le grand témoin de l’Occitanie en Italie ». Il ne nous reste qu’une cinquantaine de textes écrits par Uc et trois musiques qui permettent d’entrevoir un musicien de talent. Son œuvre est un « roman vécu ». Enfin, nous savons depuis peu, grâce aux travaux de Saverio Guida de l’université de Messine, qu’Uc de Saint-Circ et Uc Faidit sont une seule et même personne. Uc Faidit écrit vers 1240 le Donatz proençals, une grammaire, un traité de versification suivi d’un dictionnaire des rimes. Deux versions : une en oc et l’autre en latin. L’ouvrage est novateur (les exemples sont créés et non empruntés) et permettra à Dante, en différenciant le volgare du latino, de promouvoir l’italien moderne.

Depuis quelques années, l’Association Thégra Animation fait revivre Uc de Saint-Circ à travers un son et lumière retraçant sa vie et lui a consacré un colloque en 1998. Un cd de Gérard Zuchetto a été enregistré dans l’église de Thégra.

D’après : Anthologie des Poètes du Quercy, par Gilles Lades, éditions du Laquet et Encyclopédie du Lot, Bonneton.
Auteur : Gaston Bazalgues, Encyclopédie Bonneton, 2000

(1) VAVASSEUR, subst. masc. C’était le vassal d’un autre vassal, ou celui qui tenait un fief d’un vassal qui relevait lui-même d’un seigneur. D’autres historiens entendent que Vavasseur était une dignité immédiatement au-dessous de celle de baron.
Cabra

La chèvre blanche – La cabreta blanca

Légende proposée par Sèrgi Rossèl, de Cabrairets. La Cabreta Blanca de Cabrairet, légende quercynoise imitée du roman du XIV siècle", par Edouard Forestié, (1884) sagèl de la biblioteca de Montalban 1971 Il s'agit d'un ouvrage qui figure dans le fonds ancien de la bibliothèque de Cahors. L'expression "imitée du roman" signifie que l'auteur de la publication a, en 1884, imité la façon d'écrire l'occitan du Moyen-Age, la langue romane ou roman.

 

Nous en transcrivons ci-dessous le texte avec la graphie actuelle de l’occitan.

En l’an mil e tres cent quaranta,

La vèspra del gaug Nadalet,
Jos lo tuc desrocat ont canta
La cavèca de Cabrairet,

Lo Céle en la comba brumava,
E lo temps èra mòlt escur,
Lo troneire al cèl aclapava…
En aquela nuèg de malur,
Lo Sénher de Biro sopava,

Dins la grand sala del castèl,
La cançon de Rotland trobava
Un estranh bèl menestrèl.

En aquela fèsta tan bèla
Foron cavalièrs e donzèls,
E mai d’una gentil donzèla
Fasiá lusir sos negres uèlhs.

La taula èra belcòp ondrada
D’enaps, de gobèls esmalhats,
De vaissèla d’argent daurada,
Plats e cofinèls d’aur talhats.

En los grasals èron becadas,
Galinas, lèbres e cabrits,
Pinhonat, ostias dauradas,
E moras, e rasims confits.

A la nuèch prima, una vasala
Venc a la pòrta del castèl,
E fo menada dins la sala ;
Mandava parlar al donzèl :

«Que vòls-tu, paura filheta ?»
Çò ditz lo Sénher de Biro
«Ma mairina, la Marieta,
«La mai besonha del Biro,

«Auei, de ser, es plan malauta,
«Palaticada de sos braçes,
«E lo servent non farà fauta
«De li prendre, se non pòt pas

«Pagar la talha aquesta prima,
«un tròç de casal arrasat
«Que ten en la darrièira cima
«De la comba del mas d’Arsat.

«Sénher, mandi pietat per ela
«En trabalhant vos pagarai
«Lo dèime de la paura vièlha
«E per vos io Dieu pregarai.»

En aiçí com ditz la paureta.
Ela plorava tot sos uèlhs,
E tremolava aquí soleta
Entre tant de joves donzèls.

Biro se leva de cadièira
E ven per li far un potet,
Li disent a la pregadièira :
«Non crenhes pas, te farai dret.»

Ela lo crei, sa jòia es granda,
E non gausa pas dire : «non»
Mas al bon Dieu se recomanda
Per lo pregar de far perdon.

Lo desleial que vei sa mena,
Amoros, lo sang al cap d’uèlh,
En un petit retrait la mena
De la granda tor del castèl.

Aicí, Biro li ditz : «Marieta,
«te donarai un anèl d’aur,
«un frachís, una centureta,
«per aver de tu, sens paur,

«Alegria, puèi avinensa,
«E puèi amor. De Cabrairet
«Io te farai dòna mestressa
«Se tu vòls ausir mon preg.»

La filheta es mòlt rancurada
Quand lo vei tant encalanat,
E de grand temor alenada,
A genolhs li manda pietat ;

«Sénher, per una onesta filha,
«Mai val lo casal que l’castèl,
«E com ditz ma mairina vièlha
«Presi l’onor mai que l’joièlh.

«L’esquila tinda la primièira
«De la messa de mièja nuèch :
«Laissatz m’anar, que soi tardièira,
«Me cal montar entrò al puèg.»

Lo trafar ritz de sa demanda…
Adonc Marieta, pregant Dieu,
Per la fenèstra qu’ela alanda,
Montant s’avalitz dins lo riu !…

Lo Céle en la comba brumava,
E lo temps èra mòlt escur…
Mas Nòstre Sénher, que velhava,
En aquela nuèch de malur,

Mandèt dos ángels en la tèrra,
Que portèron son arma al cèl…
Biro fo nafrat a la guèrra,
Al cap d’an, dejós son castèl.

Òm vei, despuèi, una cabreta,
Blanca coma un petit anhèl,
Que, desconorta, pais l’erbeta,
Es l’arma de Biro l’crudèl,

Que deu montar a la nuèch prima ,
La vèspra del gaug Nadalet
Entrò cinc cents ans a la cima
Del puèg agut de Cabrairet.

Adaptation en français, dépourvue de prétention littéraire, destinée à éclairer le sens pour les lecteurs qui ignorent l’occitan écrit : Légende de la chèvre blanche

Voici maintenant des extraits du spectacle son et lumière « La légende de la chèvre blanche » qui est réalisé par les habitants de Cabrerets dans les ruines du château du diable, au pied de la falaise, le long du Célé, chaque année depuis 1996 à l’occasion de la fête locale. Jouée en français et à plusieurs voix, cette version fournit une adaptation du texte occitan dont nous ne donnons pas la traduction mot à mot.

Les murs parlent, Ecoutez leur voix,
Elle évoque la mémoire des seigneurs de Cabrerets.

– Mon nom est Waïffre, duc d’Aquitaine. J’ai construit ce château en l’an de grâce 745.
Ma forteresse mesurait alors 90 m de long sur 30 m de hauteur, avec des murailles de plus de six pieds d’épaisseur. Elle était flanquée de deux tours carrées.
Sur la falaise, j’avais fait peindre un dragon, un diable rouge qui vomissait des flammes sur les assaillants.
Pour avoir combattu pour l’indépendance de l’Aquitaine, je fus mis à mort par Pépin le Bref en l’an de grâce 768.
Oyez, oyez, bonnes gens, ce qui se passa en ces temps là, la nuit de Noël de l’an de grâce 745.

Dans la plus grande salle, illuminée par les flammes ardentes de l’énorme cheminée, le seigneur faisait ripaille avec ses chevaliers, ses vassaux et ses compagnons d’armes.
Tous étaient revêtus de leurs plus riches parures. Les plats étaient en or et les coupes ciselées. L’air résonnait de rires et de badinages.
Soudain la grande porte s’ouvrit.

Un archer parut, poussant devant lui une jeune bergère. Elle est vêtue de toile grossière, ses mains sont calleuses et ses pieds nus.
C’est une fille de serf, mais elle est belle. Sous les hardes, on devine un corps parfait. A sa vue, il se fait un grand silence.

Frappé par son charme, le seigneur lui parle ainsi :
– Oh, Oh ! que veux-tu, belle enfant ? Que puis-je faire pour toi, approche, approche, que l’on te voie mieux !
– Je demande secours pour ma grand-mère, la Jeanneton, qui est paralysée et mourra de faim si vous ne l’aidez !
– J’aiderai la vieille et te couvrirai de bijoux si tu veux bien être ma maîtresse et celle de Cabrerets !

Le seigneur s’approche de Mariette. La pauvre fille devine son intention, inspirée par le diable du lieu. Elle veut s’enfuir, mais la porte est fermée.
Alors, tandis que les convives rient grossièrement, elle bondit vers la fenêtre et se jette dans les eaux glacées et tumultueuses du Célé.
Dans le silence revenu, on entendit un faible cri :
– Jésus, Marie…

Puis la rivière se referma sur la douce Mariette. Son corps ne fut jamais retrouvé.
On dit que, la nuit même, deux anges furent envoyés par Dieu pour conduire au ciel l’âme pure de la bergère.
Le lendemain, toute la contrée fut couverte d’ennemis. Le château fut assiégé par des hordes venues d’on ne sait où.
Le seigneur vit périr tous ses guerriers et ses gardes. Il vit sa forteresse brûler et tomber en ruine.

Dans les campagnes environnantes, ce n’était que terreur et désolation.
Frappé à mort, le seigneur connut le même sort que la bergère : on jeta son corps dans le Célé.
Le diable hante désormais les ruines de la forteresse. D’aucuns y voient l’ombre du seigneur qui périt si misérablement il y a bien des siècles.
Mais depuis lors, en ces lieux, par les nuits de pleine lune, si d’aventure vous vous promenez le long du Célé, vous apercevrez parfois, tout en haut, dans les rochers, une chevrette blanche se détachant sur l’arête.

On ne sait où elle va. Tout ce qu’on sait, c’est qu’elle est blanche et que nul ne peut s’en approcher.
C’est, disaient nos pères, l’âme de Mariette, à qui Dieu permet chaque année de revoir les lieux d’où elle s’est envolée, un soir de Noël.

 

Commentaires : On notera, chose normale dans les légendes, des différences entre les deux versions : dans celle en occitan, le seigneur est "Biron", alors que ce nom n'apparaît que bien plus tard, au XVI° siècle, et encore à propos d'un autre château de Cabrerets ; en occitan, la chèvre incarne l'âme en peine du seigneur, et non celle de la jeune-fille.

En outre, il faut ajouter que cette légende, comme beaucoup d'autres, est assez répandue et connue en d'autres lieux sous des formes variables. En particulier, pas très loin de Cabrerets, celle du saut de la monina.
Lac de St Namphaise

La légende de St Namphaise

Selon la tradition, Saint Namphaise apparaît en Quercy à la fin du 8e siècle. C’est alors un preux guerrier, un compagnon de Charlemagne qui, lassé de la guerre et de ses massacres, a décidé de se retirer en religion et de devenir ermite. Venu dans le Quercy, il cherche alors dans les vastes solitudes boisées un lieu propice à la méditation et à la prière. Il le trouve d’abord à Lantouy, près de la vallée du Lot où il fonde un monastère, mais très vite sa popularité l’accable et il abandonne les lieux.

Un couvent de religieuses lui succédera qui aura un destin tragique : les nonnes tombent dans le paganisme et sacrifient des enfants aux dieux des abîmes. Le couvent est rasé et les nones dispersées. Saint Namphaise séjourne alors au monastère de Marcilhac, dans la vallée du Celé, mais, d’où il s’enfuit en quête d’une plus grande solitude. Il la trouvera sur les hauteurs de Quissac, dans une grotte, près d’une petite colline nommée l’ouradour qui sans doute est une déformation du mot latin oratorium : petite chapelle.

Là, dans les solitudes ventées et surchauffées du Causse, il trouve sa voie qui le réconcilie avec les hommes : il va creuser des lacs. C’est en effet à lui que la tradition attribue l’origine de ces centaines de bassins, de tailles et de profondeurs diverses, qui parsèment le Causse. Saint Namphaise vieillit lentement, devenu le patron des bergers et des troupeaux. Jusqu’au jour où sa route croisa un taureau furieux. Ce dernier chargea et Saint Namphaise n’eut que le temps de jeter le plus loin possible son marteau de mineur. Il tomba à Caniac, la paroisse voisine, où on éleva une église pour recueillir la dépouille de l’ermite. Saint Namphaise y repose toujours dans la crypte et guérit les épilepsies pour peu que l’on passe à genoux sous les piliers de son tombeau.

La legenda del Pont de Valandre

Sul Poun de Balandré, que lou diable a bastit   Et qu’un ange, dempuèy, tres cots a benezit   (Jansemin – Las Papillotos)
Patric DELMAS Felibre Majoral Cigalo de la Tour Magno

La decision de bastir un pont qu’encambariá Olt al ponent de la vila de Caurs, foguèt presa en 1306, per dos membres del conselh de la ciutat. Doas annadas aprèp, al tindinar de las campanas e davant una revolunada de monde, se pausèt la primièra pèira. L’avesque espandiguèt sa benediccion e recitèt tot çò que sabiá de pregàrias.

Foguèt un grand regaudiment e de brindes sens nombre.Totes risián, totes cantavan. Las farandolas se desplègavan dins las carrièras e long dels barris. Era nuèit que la fèsta durava encara…

Al temps que parli, arquitectura e aisidença senhorejavan d’un biais incontestat dins la vila afortunada. S’i fasiá grand comèrci de vins, de lanas e de fustas. Banquièrs als dets crocuts o cambiaires, coma se disiá alavetz, fasián flòri. Caurs èra a sos grands jorns. Dardalhava de tota sa bèla influéncia. A ! lo polit temps, l’urosa vila !

Jos l’aflat de son enfant, Joan Dueze que en 1316 devenguèt lo papa Joan XXII, la situacion s’esperlonguèt encara un brieu de temps. Lo pontife sobeiran s’empleguèt a ne far una plaça de primièra fòrça. Cambièt l’escòla catedrala en una vertadièra Universitat amb sas quatre Facultats e los mèmes privilègis que las Universitats de Tolosa e de París. Tot anava de çò melhor. Un brave temps tirava per totes.

La vida anava son camin. E per tot dire, aprèp un afogament sens pausa, lo vent virèt. La construccion del pont, comencèt a rebalar. Se desalenava. Semblava pas que s’acabèsse jamai. Lo quite esper d’una entrelusida èra plan teunhe… Los carcinòls se fasián a l’idèa, de veire lo trabalh daissat en plan. Qun despièch ! N’avián vergonha. L’enveja de rire ne trapava cap pus ! Sadols de tirar a tengut los ardits del borsicòt, los senhors cridavan a la falsièra.

De rondinaments grèus, venián d’una vila malcontenta e despacientada.

Aquel pont novèl es una font d’enganas… cridavan d’unes. Marcamal se passeja ! Aquò’s pro endurat e la bonda de la paciéncia finirà per petar… Es l’ora de brandir lo baston !

Çò disián encara los mai enmaliciats.

S’es pas malurós… Aquò èra de preveire. Mas tanben, prenon pas jamai conselh de nosautres los ancians ! rebecavan los vièlhs en espatlejant.

D’alègra e jaurèla qu’èra, la vila venguèt mens avenenta. Semblava acomsomida dins sa glòria perduda. Se podiá pas mai daissar córrer las causas, que de rambalhs èran totjorn de crénher. Tanben, dins la paur de trebolums, se tenguèt una amassada publica. Foguèt enfuocada quicòm. Los notables, aquel jorn d’aquí, cerquèron los mejans d’apasimar una justa colèra e lo biais de superar un aflaquiment, que durava que tròp.

D’òmes de pensada e de rason deliberèron. Afortiguèron que la reputacion de la vila èra a patir. Faguèron valer pr’aquò, tot lo partit que se podriá tirar de l’acabament d’aquela besonha ; clau de l’avenir per las generacions novèlas … La resulta foguèt la que se deviá esperar : Se decidiguèt de far bugada de tot çò vièlh, e de remandar còp sec, lo mèstre d’òbra, qu’èra pas mai l’òme de la situacion. Rai aquò ! Passava per dich, que lo paure bogre, anava solet a l’abeurador… Un anar plan pauc presat, que fasiá japar. Ara, la construccion del pont se deviá de prene lo pas sus tot. L’interès superior de la ciutat fasiá comand !

Un matin de genièr, los eveniments s’abrivèron. Se presentèt un mèstre peirièr novèl. Compahon del dever, semblava pas aver freg als uèlhs. Afortiguèt, per qual voliá l’entendre, pas téner a la comanda. Se diguèt d’aussada tanben, per se venjar d’un pretzfach, que tant fasiá parlar e desparlar lo monde. Son biais avenent e franc agradèt e semblava pas nascut de la darrièra pluèja. Del còp, los consols se pensèron qu’aviá un passat pro ric d’esperiment, per balhar fisança. Li daissèron tota la còrda volguda. Mas, en li donant plan a comprene, qu’auriá d’acabar, abans las vendémias venentas. A tot pèrdre.

Obratz a vòstra idèa … Mas en cas de mancaments, mèfi !  Son pas aquí paraulas getadas al vent. Tenètz vos aquò per dich !

Lo mèstre perièr assentiguèt. Coma que ne vire, lo pretzfach seriá complit. En temps e en ora. Cò prometut serà tengut çò faguèt, un pauc crestaquilhat, en se virant cap a las autoritats que l’enrodavan. Avètz pas besonh de vos far de pensaments, Ne serà coma l’entendètz. Deguèsse i pèrdre la vida !

Lo pichon pòple, la mina regaudida, piquèt de las mans. E dins la seguida, los notables, en plen acòrdi, portèron per escrit las condicions. Per sagelar la pacha, los protagonistas, amb solemnitat, se tustèron dins la man. Lèu, borgeses e mercants, tota la sanflorada de la contrada, en granda tenguda, lo venguèron saludar e portar sos vòts de capitada. Se prenián a esperar mai. Mas, èra pas mestièr de parlar mai que de rason, que lo temps èra comptat. Demorava encara belcòp a far. Caliá tirar davant !

Lo mèstre novèl se perdèt pas en alonguís. Era pas òme de las bracejadas. Dins l’afar d’un res, destrièt las prioritats. Se botèt a l’òbra amb la caninor que devinatz e una volontat vertadièra, de cambiar lo fons de las causas. D’ausida, faguèt pròvas de sas bèlas capacitats e d’un sens agut de las realitats. Aviá lo biais, pas que per la paraula, de butar fèrme lo monde e de los far córrer a son pas. Se daissava pas desvirar de son camin e cap de dificultat semblava pas demesir se fe. Remenava cèl e tèrra. Teniá d’empusar un escapolon d’obrièrs causits que menavan a tengut, de blòcs de pèiras. Anava de l’un a l’autre, gaubejant la règla o la tipla, escalant d’un empont a l’autre.Tot èra planièr e se debanava del melhor. Peirièrs, fustiers, terrassièrs, frairalament mesclats, cadun de son costat, butava un prètzfach sens dèca e sens plànher sa pena. Las apavesons asseguradas, los pilars montavan e las arcas puntejavan. Lèu, segur, per la davalada venenta, lo pont de Valandre seriá mèstre de l’azuèlh. Amodariá l’admiracion de totes. Amb aquela realisacion, la vida del mèstre peirièr prendriá virada. Un vent de glòria bufariá per el. Pro per encantar l’anar d’una vida e marcar lo temps de sas piadas. Rassegurats, los consols d’eles, sospiravan prigond, pas malcontents de veire un tal cambiament. Per lo primièr còp dempuèi fòrça temps, la vila tornava trobar bonur e activitat.

Foguèt un matin del mes de març que quicòm comencèt a se desmargar dins la suauda existéncia del obrador. Venguèt una plan marrida passa, ont tot anguèt al revèrs. Un matin, un jove manòbra, pres d’un lorditge, resquilhèt cap primièr, de la bèla cima d’un enart. Se venguèt desclucar, davant la còla espaventada. Aquela disparicion causèt un rebotge grand. Un malur ven pas jamai sol. Aital, cap al mème temps, la pluèja tombèt sièis jorns de reng. La ribièra venguda gròssa, carregèt d’aigas rotjas, color de sang. Gastèt restancas e paissièras, semenant espant e desolacion sus son passatge. Ne caliá pas mai, per arrancar la vila a sa serenitat e despertar la mesfisança. Long de las ribas d’Olt, ara, las paraulas venián bassas. De rumors rebalavan. Lo ser, a la chut chut, se parlava de mascariás celestialas, d’aflats malefics o del marrit uèlh… Mandèron quitament d’òmes de glèisa en procession, per despossedar lo luòc que semblava maldich.

Lo temps passava : los jorns e las setmanas. Se caliá rendre a l’evidéncia. L’obrador n’acabava pas de caumar. Se mudava en una cachavièlha que se pòt pas dire. Crentuts e descorats, lo gròs dels obrièrs, n’èra aquí a virar la vèsta. La disciplina aviá d’èsser mantenguda e lo mèstre peirièr, ensajava ben de tornar botar son monde a la rega. Pena perduda ! Res non i fasiá. Era gaireben tot sol ara, per far front. Cossí amagar l’afrosa realitat ? Aquel pont semblava vertadièrament, aclapat pel pes de la fatalitat. Giblat per lo malsòrt, ne’n finissiá pas d’espandir secrets e mistèris…

Las relacions coma plan pensatz, s’anivolèron. Aquò menèt la colèra dels consols que butats per l’impaciéncia, parlèron gròs e li desgrunèron un polit rosari ! Era de bon comprene… Aviam pas besonh d’aquela. Saique aquel ventabalòfa, nos aurà vendut del vent !

Vesètz pas lo camin enregat… Amb el, las causas an pas melhor virat e avèm pas ganhat res a cambiar !  Bramèt un desgordit. Puèi, d’ajustar las ussas fronsidas e los braces al cèl : Li farem veire que sèm pas de la mena dels galejaires. Es pas mesolha de sambuc que lo sang dels Carcinòls ! Recamparà lèu sas pelhas aquel d’aquí tanben…

Las protestacions gisclavan de pertot. Lo fuòc coava e lo mèstre peirièr dançava sus la brasa… Coma i pregavan una explicacion, baissèt lo cap e per se donar la mina de quicòm, causiguèt de plaidejar paciéncia. Mas la vertat, clara coma lo jorn, sautava als uèlhs. Cada jorn que passava ne portava confirmacion. La fiertat li aviá enneblada la rason. Lo còr macat de repentida, podiá pas agachar son trabalh inacabat, sens ne sentir un defèci prigond. E ara, se vesiá lo paure el, beure lo calici de las umiliacions… Podiá pas mai tornar enré o se desdire pr’aquò… Cossí trapar una pòrta de sortida onorabla ?

Anavan los jorns e las setmanas. Comptàvem, lo 21 del mes d’agost. Las vendémias se sarravan. A la dicha de totes, serián aborivas. L’ora picariá lèu e totara, se proclamariá lo ban. De l’autre man de la ribièra, sus los tèrmes vesins, lo rasin amadurava. S’espompava a la raja d’un solelh escosent. La vila tota, èra ja en combor. A cada cantonada, barricaires e codaires aprestavan fustalha e tinas desgombiadas. Aut la malhuca e los talhafons ! Los vinhairons tot petaçar descas e embuts, cridavan a plec de gargamèla dins la lenga del terrador :

« Lo vin carcinòl es vin d’alertadura 
Verturós coma la tèrra e la solelhadura
Garissent l’ama e lo còrs de tota macadura. »

Ni per s’afanar mai que de rason, semblava plan perduda la partida. Lo mèstre peirièr aviá pas pus lo temps de se revirar. Per totes, èra vengut segur que seriá pas respectada, la pacha. Una realitat grèva, que pesava de tot son pes. Vergonha e pentiment emmantelavan nòstre òme. Era aquí coma perdut.. Capejava en silenci, l’agach perdut. La cara malandrosa, l’uèlh febrós e d’idèas sornas dins son cap. Se daissava pauc a pauc, ganhar per una fonsa desesperança. Non pas pecaire qu’agèsse paur de la mòrt, qu’èra un òme de dever. Mas uèi, èra un òme, macat dins sa fiertat de mascle e son orgulh. E, aquel mancament li pesava.

Envescat dins lo dobte, n’èrem venguts a un punt, ont quicòm se deviá caplevar. Ne caliá finir d’un biais o d’un autre. Nòstre òme i podiá pas pus téner e romiava d’idèas negras, de totas menas. Puèi, la lutz venguèt a la longa. Una idèa plan curiosa, per tot dire… Un ser, en secrèt, prenguèt sus el, d’anar en consulta en çò d’una fachilièra. O faguèt pas sens trantalhar. Mas aviá pas mai la causida… Se metiá sus lo compte d’aquela vièlha masca, una sica saca de causas que passavan l’entendament e que vos fasián quilhar la borra… Plan sovent, jogava de son poder subrenatural. Era aquí benlèu, la garantida segura de trobar responsa a son problèma. Encorat per l’escuresina, de resconduda, quitèt l’ostal. Lo còr quichat e l’ama dolenta, dins lo grand silenci de la nuèit, ganhèt lo vilatge vesin. Quauques canhòts japèron, mas degun, dubriguèt pas ni pòrta ni fenèstra. Mai d’un còp pr’aquò, li semblèt d’èsser espinchat e segut… Passava lis e caminava sens bruch, al grat de la fortuna del moment.

Al cap de doas oras d’una escorreguda malaisida, dintrèt dins l’ostal de la fachilièra. Un ostal cavat dins la ròca, acatat de boissons negres e de l’èdra que ne’n desmargavan las parets. Prestissiá mòl. Per un pauc, i auriam barrat lo cuol amb un cese… Demorava clavat sens gausar bolegar. Un còp de mai, un temps d’espròvas se sarrava per el. La rondas e los siscladís de las ratapenadas atissadas, li donavan a pensar qu’èra venguda sa darrièra ora. Se recomandèt als Sants del Paradís. Mescresents o devòts, aital fasèm totes, quand la paur vos aganta… La teunha flama d’un calelh i fasiá lum. Les secondas s’engrunavan longas. Tot d’un còp, la fachilièra se trobèt de cara, davant el, sens que l’agèsse vista ni mai ausida arribar. Plegada de vielhum, de negre vestida, rebalava una camba macada en s’apiejant sus un pal. Son uèlh gastat, desondrava una cara rufada e òrra qu’auriá espantat lo còr lo mai tanat.

« Ome ! Sabi pro çò que te mena aicí.  Amai lo reboliment, e las pensadas que te grèvan uèi. Mon uèlh acostumat, se pòt pas daissar enganar… » diguèt ela.

Puèi, en trastejant dins l’escurina, agantèt sa gimbla e un libre de mascariás que los fulhets n’èran ratugats a mièjas. L’espepissèt gaire de temps, tot prononciar de paraulas d’incantacion. Torciguèt la mirgola e afortiguèt de sa votz raufelosa : « M’es pas donat a ieu de te tirar d’aquel embolh.

Lo Diable el sol, n’ es capable. Pr’aquò, se te balha un còp de man, auràs de te plegar a sas volontats. A totas sas volontats… Fauta d’aquò, tastaràs pas lo vin novèl…»

Un rifanhadís seguiguèt aquelas paraulas, e la masca s’avaliguèt coma un fum. Nòstre òme demorèt aquí, un briu, dins sas pensadas. Arribava pas mai a destriar çò que veniá de viure e çò que l’esperava… L’idèa de requerir lo Diable, li agradava pas qu’a mièjas. Segur, l’afar èra riscat. Mas en se rasonant de son melhor, se pensèt que podiá pas daissar s’escantir lo darrièr rai d’espèr que li demorava. Caliá ne’n passar pr’aquí.

Lo temps del tèrme s’aprochava. A grandas cambadas. S’agissiá ara, de precipitar las causas. L’espèra per nòstre òme, foguèt pas de durada. Los esperits malefics, se sap pro, an d’aurelhas que rebalan pertot… Lo lendeman a jorn falit, coma per una misteriosa endevenença, del temps que passejava sa pena solet, long de las ribas, se levèt una rispa que l’estrementiguèt. Puèi, una mena de liuç davalèt del cèl e lo tron esclapetèt. Lo mèstre peirièr, lo buf copat ne foguèt coma assucat. Sabiá pas pus ont èra. Sentiguèt coma una preséncia escura que l’enrodava. Dins un revolum d’aiga trebola, tot d’un còp, vegèt espelir, una bèstia banuda que revertava fèrme lo Diable, amb sa coa en fichoira e una forca bèla de las puas de fèr. Lo mèstre peirièr, l’emocion primièra passada, se dubriguèt francament. L’ora de las confidéncias èra vengut. Lo Diable que lo vesiá venir dempuèi plan temps, se risiá ja d’aurelha… E sens esperar mai, i anèt de sa proposicion. Mercandegèt l’arma del mèstre peirièr en escambi de l’acabament del pont !

Estabosit per çò que veniá d’entendre, lo paure malurós sarrèt las maissas. Sabiá pro que d’aquel mercat ne podiá pas far l’estalvi. Era lo prètz a pagar. Aquí tot.Tanben, al bon voler del Diable, valiá mai consentir o seriá perduda l’escomesa. Erèm al picar de la dalha. Demorava pas qu’una setmana, abans l’entamenada de las vendémias. Lo jorn tant crentat vendriá lèu … Vai coma aquò. L’afar es entendut çò diguèt lo mèstre peirièr, que se donava pas encara perdut.

Mas o sabes ben, al temps que tira, degun dona pas res per res… Tanben, per paga, un còp lo pont acabat, auràs de complir una darrièra causa per ieu. Venguèsses a te copar lo nas, tendrá pas mai la nòstra pacha…E aital, serem quitis !  Lo Diable, pres de ressabuda, demorèt un moment soscaire. L’estuflet copat, engolèt son escupit. Puèi, rondinèt quauquas paraulas entre las dents. Mas, acostumat qu’èra a racar pas jamai, davant res, diguèt :  Qué vòls que siá per ieu, una espròva de mai o de mens ? Aital se vòls. Sarrem nos las mans. E prometèt de se’n téner ric a ric a la paraula donada. Puèi, pleguèt los trastets en li cridant al morre d’un biais trufandièr :

Acabarai a la fin de la setmana. Lo trabalh es pas res, per aquel que lo sap prene. E sus aquela, son rire se degalhèt dins la nuèit… Semblava pas de bon, mas lo lendeman quand lo solelh se levèt, se trachèron lo monde, d’un cambiament vertadièr e prigond. Ne’n revenián pas. A costat del mèstre peirèr, un inconegut menava las manòbras a la buta-buta e d’un biais mèstre. Fasiá mai que si podá. Atissat al trabalh, s’afanava de brandir la tibla e de córrer pertot, sens fin ni pausa. Deçà-delà … d’amont-d’aval… davant-darrièr. Cò que fins ara, èra pas que mascanha e trima, èra complit en mens de temps que ne’n cal per o dire. Obrièrs e badaires, cresián de somiar. Asondavan de jòia. Podètz pensar se parlavan lo monde…Lo pont, gaireben acabat, se destacava dins lo cèl. S’agissiá ara, de capelar de lausas, las tres torres e de pasimentar lo camin de dintrada. De besucariás pas mai…

Tanben, lo ser, lo rapaton arribèt, content que jamai. Se bregava las mans e cantava ja victòria.  Passat pertot, me’n soi plan tirat çò faguèt un pauc bavard. Deman, coma previst, l’afar s’acabarà a mon avantatge … Mas lo mèstre peirièr finaudèl, copèt broncament : Pas tant viste ! Es pas encara al cap de la rega.

Veses amont, aquel obrièr pincat, qu’es prestir lo bard dins un nauc. A carga per tu, de li far passar l’aiga que li fa de besonh. E los uèlhs beluguejant de malícia, li un parèt un crivèl per n’assegurar lo carreg… E ara se pensèt : A tu de jogar !

Lo diable agantèt l’aplech grasilhat e quitèt de rire. Enrabiat, davalèt a broa de ribièra. Trempèt lo crivèl e, a tot trac, se roncèt cap a la torre. Regolant de susor, anava de l’un a l’autre mas l’aiga tota, passava per la tela d’aram, abans qu’arribèsse a la cima… Se rebutèt pas e li tornèt mai d’un còp. De badas. Ni per damnejar, res a far ! Tengut de reconéisser se desfacha, abandonèt, al mièg dels rires nècis e dels escarniments. Cabussèt dins Olt, en deslargant una cordelada de renècs.

Lo ser, del temps que lo mèstre peirièr, l’èime en patz se daissava anar a la contemplacion del talhièr de construccion, s’avisèt qu’una pèira cantonada de la torre centrala, i èra pas mai. La trobèt al pè de l’edifici que rebalava. L’espepissèt pel menut e causa estranha que li balhèt carn de galina, i destrièt dessús, cinc graufinhadas. Se pensèt còp sèc, que lo diable arput, n’aviá pas encara acabat amb son òbra malfasenta. Lo moment èra vengut de li copar definitivament camin.

Dich e fach. En luòc e plaça de la dicha pèira, ne’n faguèt botar una autra, mas raportada aquesta, de Tèrra Santa, per un crosat. Puèi, lo mèstre peirièr e mai el, barbotegèt quauques patèr borruts. D’aquel biais, podiá pas, la pèira, escapar de cap de manièra, a la proteccion del Bon Dieu…La velha de l’inauguracion, lo Diable, a jorn falit, escalèt de resconduda, fins a la torre. Mandèt mai la man, per desrabar sens consideracion, l’objècte. Mas quand foguèt per la levar, aquí que demorèt calhat. Se brandiguèt, arpategèt, e se torcegèt d’ora de temps. De badas.

Lo lendeman, quand lo gal amodèt son quiriquiquí, lo pont de Valandre se mastava subrebèl. Los comptes aital reglats, lo mèstre peirèr se senhèt e plorèt de jòia e d’amaisament. L’istòria a pas gardat memòria de son nom. Al bèl contrari, es lo Diable, que a daissat e daissa encara, son estampadura, dins l’èime dels Carcinòls. Avètz pas qu’a levar e virar los uèlhs, cap a la torre centrala, lo veiretz. Palaficat dins la pèira, per sempre mai…

 

Patric DELMAS  Felibre Majoral  Cigalo de la Tour Magno

Les fées et les sorcières – Fadas e fachilieras

Dans nos campagnes reculées, on croyait aux fées et aux sorcières. Celles-ci ne sont autre chose que les fées des Gaulois.Les récits relatifs à des génies femmes ayant une sorte de puissance diabolique occupent une très grande place. De génération en génération, la croyance veut que des génies secourables ou malfaisants président à tous les actes de la vie.

Des fées approchent des berceaux, armées d’une baguette magique, et donnent à l’enfant d’heureuses qualités ou lui jettent un mauvais sort. Elles se présentent dans une brillante jeunesse ou une vieillesse difforme. Elles dansent parfois à la clarté de la lune sous la forme de vieilles femmes, se mêlent en certains cas à la tempête; elles volent aussi sur les nuages.

Dans des communes du département, on montre encore de nos jours telle ou telle grotte ou fontaine, tel ou tel bois ou arbre des fées. A Labastide-du-Vert, il y a une très belle fontaine, dans le bourg, appelée la Font de las Fadas (pr.lo foun de los fados).

A Bélaye, près de la Combe-Layroune, qui aurait été un refuge de brigands, était situé le Bois des Fatsilières, dont le nom demeure encore; devant Bélaye, un peu au-dessous du village de Charrou, il y a un autre bois des Fées. La croyance aux fées devait être bien profonde dans cette localité puisque deux bois, à très peu de distance, portent le nom de Fées.

Les craboullières

Sur la commune de Cabrerets, canton de Lauzès, département du Lot, dans le bois près du Suquet, à quelques encablures des maisons de Baux et Mongirou, une pancarte est fixée sur le tronc d’un arbre : LES CRABOULLIERES.

Vous transcrivez immédiatement en occitan las cabrolièras [loy kroboulièroy] et vous reconnaissez la racine cabròl [lou krobol] c’est-à-dire le chevreuil. Il est tentant d’interpréter las cabrolièras comme un lieu où se tiennent les chevreuils.

En tout cas, c’est un encouragement, et tout particulièrement pour les chasseurs, à utiliser ce mot occitan lo cabròl à la place du français chèvre qui est complètement inapproprié.

Article Serge Roussel – Photographie de Jérémie Nègre

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