Catégorie : PATRIMOINE Page 17 of 33

Les organisateurs du Salon des collectionneurs jettent l’éponge !

« En cette année 2020 qui aurait permis à l’A.C.L. de commémorer le Cent cinquantième anniversaire de la création de la 3ème République par notre illustre compatriote Léon Gambetta, (Thème de l’illustration de la carte d’entrée créée par Bernard Veyri) nous sommes dans l’obligation de devoir renoncer à l’organisation de notre traditionnel salon du 11 novembre

La crise sanitaire, liée à la COVID19, perturbe fortement la vie associative depuis plus de 6 mois. Nous espérions cependant qu’elle se serait atténuée, pour novembre. Mais ce n’est pas le cas.

Les contraintes imposées, à juste titre, par les autorités locales, ne nous permettent pas, compte tenu de nos moyens humains limités, de faire face à cette organisation. Il aurait fallu « éliminer » la moitié des stands, nous obligeant ainsi à exclure un grand nombre d’exposants ! La régulation des entrées, un sens de circulation imposé, l’impossibilité de proposer des boissons ou sandwiches … ont eu, entre autres, raison de notre bonne volonté.

Les exposants du dernier salon ont été, individuellement tenus informés de cette « annulation » et beaucoup nous ont déjà exprimé leur soutien.

Quant au public, qui s’y presse habituellement en nombre, nous espérons qu’il ne nous en tiendra pas rigueur et que, dès 2021, nous pourrons, à nouveau, apaisés et motivés, reprendre son organisation. En effet, depuis prés de trente ans, il est un évènement majeur pour l’A.C.L et les collectionneurs en général ».

Visuel de la « carte d’entrée » créée par Bernard Veyri, avec laquelle l’A.C.L rendait hommage à Léon Gambetta.

+ d’information sur le site de l’association

Hommage à Alain Rey

Alain Rey, célèbre linguiste intimement associé au dictionnaire « Le Robert », est décédé à Paris dans la nuit de mardi 27 à mercredi 28 octobre à l’âge de 92 ans

Intégré au sein de l’équipe créée en 1951 par Paul Robert pour élaborer un nouveau dictionnaire « alphabétique et analogique » de la langue française, il participera à la création en 1664 au « Grand Robert » en six volumes, puis en 1967 au Petit Robert, avant d’autres déclinaisons. Homme de radio, sa voix, était entre mille reconnaissable, portait son érudition sur un mode audible par tous.

+ d’information sur les Editions Le Robert

Eolien et photovoltaïque dans le Lot : les défenseurs du patrimoine haussent le ton

Dans sa Lettre d’information du mois d’octobre, l’Association pour la Sauvegarde des Maisons et Paysages du Quercy, s’inquiète sur le manque de transparence quant aux démarches engagées par les porteurs de projets d’implantation d’éoliennes et le « laisser faire » de certains maires, donnant leur accord pour des « …programme d’études. Cela, après n’avoir entendu que le représentant de la société qui prospecte. Bel exemple de démocratie ! … »
Et l’association de poursuivre : « …les investissements dans l’éolien restent juteux grâce à un prix de rachat de l’électricité exorbitant et à des milliards d’aides publiques. Le comble : le lobby de l’éolien réclame un complément de rémunération dans les régions les moins ventées ! … ».

Quant au photovoltaïque, c’est le : « …foisonnement anarchique de certains projets et de leur importance, notamment dans le secteur Lalbenque-Limogne… » qui pose question et sans s’opposer à cet apport de cette nouvelle énergie non polluante, l’association précise :  » Développer cette source d’énergie n’est donc pas incompatible avec la sauvegarde de nos paysages. Encore faut-il que le choix des projets ne soit pas guidé par les seuls intérêts des promoteurs et des propriétaires concernés ».

Les moyens de se faire entendre : Parcs éoliens ou photovoltaïques, les projets d’une certaine ampleur nécessitent des modifications des plans locaux d’urbanisme (PLU). En tant qu’association agréée, l’A.S.M.P.Q. peut demander à être consultée lors de leur élaboration. La démarche est engagée pour la communauté de communes du Quercy blanc ; une nouvelle demande concerne celle du Pays de Lalbenque-Limogne. A noter que l’A.S.M.P.Q. est représentée au sein de 3 commissions départementales :
> Celle de la nature, des paysages et des sites
> Celle chargée d’établir la liste d’aptitude aux fonctions de commissaire enquêteur
> Celle de conciliation en matière d’élaboration des documents d’urbanisme

L’Association pour la Sauvegarde des Maisons et Paysages du Quercy est agréée au titre de l’article L 141-1 du code de l’environnement et habilitée au plan départemental à participer au débat dans le cadre d’instances consultatives – article 141-21 du code de l’environnement.

L’ASMPQ est partenaire de Query.net

Aqui l’OC soirée thématique

C’est avec honneur que l’Association AQUÍ L’ÒC organise une soirée thématique lors du 100ème anniversaire de la naissance de Joan Bodon (Jean Boudou), le samedi 24 octobre à 21 heures à l’Espaci Occitan Carcinòl à Saint-Céré.

Au programme : poèmes chantés avec le trio Qual sap composé de Francis Alet, Christian Sépulcre et Jean-Claude Blanc mais aussi contes et musique avec Viviane Cayssials et Thierry Heitz. Participation libre.

Joan Bodon né à Crespin (Aveyron) le 11 décembre 1920 et décédé le 24 février 1975 en Algérie, a écrit toute son oeuvre dans sa langue maternelle : contes (dont l’inspiration vient de sa maman, conteuse reconnue), romans et poèmes.

Renseignements : AQUÍ L’ÒC

Tel : 06 73 62 64 63

Site : www.espacioccitancarcinol.com

J’ai lu ce mois-ci … pour faire vivre la lecture

Les amis de la bibliothèque dans l’attente des jours meilleurs

En cette période d’incertitude liée au covid-19, il est très difficile de maintenir une programmation habituelle de nos activités, notamment pour le cycle de nos conférences qui reprendra dès que possible.
Pour préserver l’esprit des rencontres autour de la lecture qui anime l’association depuis plusieurs années avec l’appui de la Ville de Cahors, la Présidente et le  Bureau de l’ Association des Amis de la Bibliothèque du Grand Cahors proposent une démarche qui garde le lien avec les adhérents et les amis fidèles.
Ainsi, chaque lecteur, chaque lectrice est invité(e) à faire parvenir par e-mail à l’association le titre, l’auteur et l’éditeur, de sa dernière lecture, avec si possible, quelques lignes de réflexions. 
Ces propositions de lecture doivent être envoyées à Nicole Maureille (nicole.maureille@wandoo.fr) et seront transmises par mail chaque mois aux adhérents sous le titre générique « J’ai lu ce mois-ci… »
Cette démarche de communication des « coups de cœur » entre adhérents devrait informer et ainsi faire vivre le plaisir de la lecture…dans l’attente de retrouver les activités habituelles. Contact pour informations : 06 82 25 84 93 pour

Zadkine sculpté par le Quercy

La chaîne ARTE nous propose de re-découvrir, en passant par Bruniquel, le locataire des Arques. Quelques images plus loin, un clin d’oeil sur le DRAC clôture ce sujet.

 

Vous qui passez dans me voir…

Nous profitons des célébrations Gambetta sans oublier le conflit de 70, pour publier ce texte conservé dans nos archives et qui concerne la ville de Figeac.

A PROPOS DU CENTENAIRE D’UN MONUMENT ÉRIGÉ A LA MEMOIRE D’UN SAINT-CYRIEN ET DES COMBATTANTS DE LA GUERRE DE 1870-71

Un monument imposant situé place de la Raison, au cœur de Figeac, chef lieu d’un arrondissement du Lot,  dispute l’intérêt du passant  à un obélisque érigé à la mémoire de Champollion, la gloire de cette belle « Ville d’art et d’Histoire ».

Rares pourtant sont ceux qui ont la curiosité de s’approcher de ce monument érigé sur un emplacement offert par la ville de Figeac et qui fut inauguré avec solennité le 7 juillet 1907. Plus rares encore sont ceux qui s’intéressent à ce qu’il représente.

Et pourtant, il rappelle des évènements douloureux  qu’il faudrait garder en mémoire et, depuis cent ans, c’est à son ombre que se déroulent les cérémonies patriotiques locales et devant lui que s’inclinent les drapeaux des anciens combattants.

Une monographie (1) évoque en ces termes « le monument des combattants de 1870-71 » : « Inauguré à Figeac le 7 juillet 1907, il a été érigé, par souscription publique, au Capitaine Anglade né à Figeac le 14 novembre  1835 et tué à la bataille de Froesviller, et aux enfants de l’arrondissement morts pour la défense de la patrie (1870-1871). C’est l’œuvre du statuaire Auguste Seysse(2), dont le plâtre avait été vivement admiré, l’année 1906, au Salon de la société des artistes français. L’ensemble est d’un effet saisissant pour tous les visiteurs. Ce monument remarquable consiste en un socle de granit très fin de Dijon : la face antérieure offre un  bas-relief  reproduisant un épisode de la bataille de Froesviller (6 août 1870) où le 2ème régiment de tirailleurs algériens se signala par l’abnégation de tous ses soldats, leur mépris de la mort, leur ténacité sous le feu ennemi, leur audace dans la charge. « Ce sont des démons. » criaient ce jour la les allemands affolés et terrifiés par ces hommes noirs couverts de sang et de poudre. Au dessus du socle, le capitaine Anglade est représenté debout, dans une attitude à la fois simple et martiale, fière mais sans forfanterie ; il tient des deux mains son sabre et semble attendre l’ennemi. Son visage, que tous ses anciens camarades trouvent d’une ressemblance parfaite, exprime une mâle décision et une énergie qui défie les menaces. Autour de lui sont groupés un mobile du Lot qui met un ennemi en joue, un tirailleur qui tient le drapeau haut et ferme, et enfin un artilleur expirant. Toutes les physionomies, toutes les attitudes sont du meilleur réalisme et contribuent à faire de l’œuvre, coulée en bronze, un monument vraiment digne de la pensée patriotique qui l’a inspiré »

Ce monument honore donc les soldats de l’armée impériale, et notamment  les tirailleurs algériens que l’on appelait les turcos, ainsi que ceux de la Garde Nationale Mobile engagée contre l’ennemi par Gambetta et le Gouvernement provisoire de la Défense Nationale.

Mais qui était le Capitaine Anglade et quelle est la source de l’inspiration de l’artiste qui réalisa,  plus de trente ans après les faits, cette œuvre remarquable par sa taille et le souffle qui s’en dégage ?

Le dossier de cet officier et l’historique du 2ème régiment de tirailleurs algériens (2ème RTA) consultés au service historique de la défense permettent de répondre  à ces questions et ménagent  aussi quelques surprises.

Qui était le Capitaine Anglade ? 

Second fils d’une famille de commerçants assez aisés, Pierre, Auguste Anglade nait le 6 novembre 1835 à Figeac où ses parents sont installés. A l’issue de ses études au collège de la ville, il souscrit  en octobre 1855 un acte d’engagement préalable à son admission à l’ « Ecole Impériale Spéciale Militaire ». A sa sortie de Saint-Cyr, il est affecté comme sous-lieutenant au 49ème régiment d’infanterie de ligne par décret du 1er octobre 1857. Il fera campagne en Italie – Magenta et Solférino – avec son régiment du 29 avril au 29 juillet 1859 et recevra la médaille d’Italie et celle de la valeur militaire de Sardaigne.  Il demeurera jusqu’en 1865 au 49ème de ligne alors en garnison à Limoges, date à laquelle il demande de permuter avec un officier du 2ème régiment de tirailleurs algériens de Mostaganem plus jeune en grade que lui.

 Le rapport transmis au ministre et au visa de l’aide de camp de l’Empereur est ainsi rédigé : « M. M. Anglade et Jacob demandent à permuter entre eux pour convenances personnelles. M. Anglade, plus ancien de grade que M.  Jacob, renonce à son ancienneté pour prendre au 2ème régiment de tirailleurs le rang qu’y occupe ce dernier. Les deux colonels ont donné leur consentement.

Cette demande étant régulière, on propose au Ministre d’autoriser la dite permutation qui donnera droit à l’indemnité de route et à la gratification d’entrée en campagne conformément aux dispositions de l’article 9 du décret du 3 février 1852. »

C’est au sein du 2ème Régiment de tirailleurs algériens,  qu’il rejoint en 1865 et où il servira jusqu’à sa mort, que se scellera le destin de Pierre, Auguste Anglade.

Quelle est la source de l’inspiration de l’artiste qui réalisa  plus de trente ans après les faits cette statue remarquable par sa taille et le souffle qui s’en dégage ? 

L’historique du 2ème RTA rapporte deux des faits les plus marquants de la bataille de Woerth qui sont rappelés par le monument.

Embarqué à Oran le 21 juillet 1870, le gros du 2ème RTA débarque à Marseille le 24 et arrive à Strasbourg  le 26. Il prend position le 4 août avec le Ier Corps de l’Armée du Rhin que commande le Maréchal de Mac Mahon sur le plateau de Froeswiller, non loin de Woerth.

La bataille s’engage le 6 au matin et les français vont lutter à plus de deux contre un. Le 2ème RTA qui occupe un éperon boisé, position forte du dispositif, repousse toute la journée les assauts répétés des prussiens et des bavarois appuyés par une redoutable artillerie. Il réplique inlassablement à ces assauts par de furieuses charges à la baïonnette qui rejettent chaque fois l’ennemi en désordre dans la vallée mais éclaircissent les rangs des tirailleurs. Le repli de ses voisins accablés sous le nombre des assaillants rend sa situation désespérée. Son chef de corps, le colonel de Suzzoni, décide alors de renvoyer à l’arrière le sous-lieutenant Valès, porte drapeau. Lui-même n’ayant pas reçu d’ordre de repli  meurt peu après, dans une ultime charge qu’il entraine. Nul ne songe à cesser de défendre la position alors que, submergée par le nombre, l’armée se replie grâce au sacrifice des cuirassiers.

Les restes du régiment fragmentés par le combat, se retranchent dans le bois et font face. « Les turcos, ivres de poudre, furieux de rage, travaillaient terriblement de leurs larges baïonnettes et ne lâchaient leurs derniers coups de feu que sur la peau de leurs adversaires ».

C’est à ce moment que se situe le geste héroïque que rapporte ainsi l’historique du régiment. « Une trentaine d’hommes réunis autour du  Lieutenant Anglade, tout ce qui reste de la 5ème du 1er, se trouvent de même isolés de leurs camarades et cernés par une masse de plusieurs centaines de bavarois. On les fusille à 100 mètres, ils n’ont plus de munitions, il n’y a plus qu’à mourir….. Un major bavarois s’élance disant en français :
– Bas les armes, la résistance est impossible !
– Je vais te faire voir, crie Anglade. – En avant !

Les turcos s’élancent. Anglade rejoint le major et lui plonge son sabre dans la poitrine mais il n’a même pas le temps de le retirer, il est percé de coups et ses hommes qui l’ont tous suivi, tombent un à un dans une suprême lutte à la baïonnette. »

A cinq heures, le régiment n’existe plus. 8 officiers et 441 hommes échappés presque isolément survivent à l’agonie du régiment. Ils combattront encore à Sedan. « Quand au drapeau, le dévouement de sa garde l’empêcha d’être englouti dans cette horrible tourmente » Après des péripéties sans nombre, ce glorieux trophée porté par le sergent Abd el Kader ben Dekkish arrive à Strasbourg le 9 au soir. A la capitulation de la ville, les lieutenants Bontoux et Valès se le partagent et l’emportent en captivité. Le sous-lieutenant Valès parvient à le dérober aux yeux des prussiens et, à son retour en France, rapporte le drapeau qui lui avait été confié. En récompense, il en reçut la moitié de la cravate qu’un de ses descendants rendit en 1948 pour compléter le drapeau qui serait exposé aux Invalides (3).

L’artiste a donc rappelé le geste héroïque de Pierre Auguste Anglade mais aussi le courage légendaire des turcos en représentant le sergent Abd el Kader ben Dekkish qui porte fièrement le drapeau du régiment qu’il contribua à sauver.  L’artilleur blessé rappelle peut-être la batterie d’artillerie et celle de mitrailleuses qui se trouvaient en arrière du régiment et furent terriblement maltraitées, selon l’historique du 2ème RTA, par les canons Krupp de l’artillerie prussienne.

Le mobile qui met en joue un adversaire serait un figeacois nommé Delpech. La Garde Nationale Mobile n’a pas participé à la bataille de Woerth. Sa présence se justifie par le fait que le monument a aussi été érigé à la mémoire des 187 enfants de l’arrondissement de Figeac morts pour la Patrie dont la liste figure, par canton et commune, sur les plaques de marbre fixées sur les faces latérales et arrière du socle du monument.

Mais demeure une question qui justifia des courriers au ministère d’un parent de Pierre Auguste Anglade, d’un sénateur lotois et in fine du préfet du Lot quand le projet d’érection du monument se précisa.

Le héros était il lieutenant, comme l’indique l’historique, ou capitaine ?

La réponse se trouve dans le dossier de cet officier où l’on trouve, outre les correspondances précitées, la minute de l’acte de sa nomination au grade de capitaine par décret du 4 août 1870. Cette nomination ne pouvait être connue le 6 août ni du chef de corps ni de l’intéressé. Sans doute ne l’était elle pas non plus du rédacteur de l’historique.

Si Pierre Auguste Anglade est mort avec les galons de lieutenant,  il était donc  bien Capitaine.

Une légende (4)  veut que des brancardiers allemands aient relevé sur les lieux des derniers combats du 2ème RTA le corps d’un capitaine, donné pour Anglade, tenant dans sa main une lettre de sa fille Marguerite.

Ce point est douteux. D’une part  aucune trace de cet enfant ne figure dans son dossier, d’autre part Anglade portait le 6 août des galons de lieutenant.

Observons  toutefois que la mère du Capitaine Anglade s’appelait aussi Marguerite……

Rappelons enfin, en guise de conclusion, que le Capitaine Anglade  a été enterré dans une fosse commune avec ses hommes, à l’endroit même où il mourut.  La croix qui fut érigée après la guerre de 1870 porte la mention :

Aux braves Turcos.
Ici repose mon fils
P. Auguste Anglade
Capitaine des Turcos
Mort au champ d’honneur
Le 6 août 1870
A l’âge de 34 ans.

NOTES :

(1) Rédigée par monsieur Lucien Cavalié Pages 21 et 22 et éditée à Figeac (Imprimerie Goutel)
(2) Sculpteur et graveur en médailles de l’école française, né à Toulouse en 1862. Elève de Falguière, il expose aux artistes français depuis 1884. Médaille d’argent à l’exposition de 1900 et à celle de 1937. Sociétaire hors concours. Chevalier de la Légion d’honneur en 1900, officier en 1932. On lui doit notamment les « Arts du théâtre » et les « Arts du dessin » au Grand palais à Paris.
(3) D’après une étude du Colonel Bergue conservée aux archives municipales de Figeac.
(4) Encore rapportée tout récemment dans un article de Philippe Tomasetti dans le n° 34 de la revue du cercle d’histoire et d’archéologie de l’Alsace du nord « L’Outre-Forêt » II-2006. : « Entre légendes, vérités historiques et confusions : les maisons des Turcos, près de Woerth »

Article de Jean-Pierre BAUX, paru dans la Revue Le CASOAR, N° 185, Avril 2007.
Photos : J.-P. Baux

L’ancien château de Léo Ferré est à vendre

Situé sur les hauteurs du village de Saint-Clair, à proximité de Gourdon, cette demeure « rénovée » de façon trop drastique et sans conservation de ce qui en faisait le charme, devrait trouver preneur, sous réserve que le prix demandé soit raisonnable.

Restauré après son rachat en 1998 par l’Américain John Manchec qui transforma les lieux dédiés notamment aux réceptions et séminaires, le château est célèbre pour avoir été la demeure lotoise de Léo Ferré de 1963 à 1968. Une période faste en terme de création pour le poète, chanteur et compositeur, lequel était tombé amoureux du Quercy après un concert au Casino de Saint-Céré. Ici ont été composés « Franco la Muerte » ou « Ferré 64 »

Sources : Médialot

Crédit Photo : Concierge Auctions

1000 mains à la pâte, ça continue !

Samedi 3 octobre, le Grand Cahors s’associe à l’opération « 1000 mains à la pâte » pour entretenir et restaurer les éléments de patrimoine liés au chemin de Saint-Jacques.
Nous allons proposer a priori deux chantiers : l’un qui se situera sur du remontage de murs en pierre sèche au niveau du tronçon de l’an dernier, proche du croisement de la D653 et de la D7 ; l’autre sur le débroussaillage d’un puits couvert qui se trouve au bord du Chemin, à environ 1 km en amont du village de Labastide-Marnhac.
L’objectif sera de maintenir, malgré les contraintes sanitaires, la convivialité de la manifestation.
La journée s’organisera comme suit avec pour chacun d’apporter son matériel de débroussaillage, des gants, de l’eau et son pique-nique.
>  9h : RV sur la prairie des allées des Soupirs (en face de la billetterie du petit train) pour le petit-déjeuner en plein-air offert par la ville de Cahors, dans le respect des gestes barrières (espacement d’un mètre entre les personnes, masque si pas possible)  et les recommandations organisationnelles pour la journée.
> 9h30 : départ vers les deux chantiers (une répartition sera faite en fonction du nombre de bénévoles avec un chef par équipe). Du gel hydro-alcoolique, des masques, une trousse de secours et un défibrillateur seront fournis à chaque équipe.
Repas de midi sur site sous la forme d’un pique-nique apporté par les participants (la météo étant aléatoire, on va éviter le barbecue). Les 2 groupes resteront près de leur site de travail, en respectant au maximum les gestes barrières.
17h30 : retour aux allées des Soupirs pour le débriefing et le pot de fin de chantier. Fin de la journée.
Emmanuel Carrère espère pouvoir maintenir le chantier car, à ce jour, seuls deux bénévoles ont confirmé et ça fait un peu juste…
Merci de bien vouloir lui  faire savoir si vous pourrez vous libérer ou si vous connaissez des personnes qui pourraient être disponibles.  N’hésitez pas à en parler autour de vous :  cette opération ne peut se faire qu’avec la bonne volonté des bénévoles. Il ne faut pas avoir d’expérience particulière de ce genre de chantier, juste se sentir en forme et avoir une bonne dose de bonne humeur et de bonne volonté !
Votre contact : Emmanuel CARRERE, Animateur de l’architecture et du patrimoine
Direction du Patrimoine. Ville de Cahors, 73, boulevard Gambetta, 46000 CAHORS
Tél. 05 65 20 88 83 / ecarrere@mairie-cahors.fr

Célébrations Gambetta : la conférence du 29 septembre est annulée

 

Georges Ribeill, historien du rail qui devait évoquer le thème suivant : « Léon Gambetta, le plan Freycinet et les chemins de fer : des lignes projetées aux lignes réalisées » ne pourra pas assurer sa conférence. Celle-ci est reportée à une date ultérieure.

Éoliennes, la face noire de la transition écologique : pour être bien informé

Comme beaucoup d’autres départements, le Lot a aussi son lot de projets ; la presse s’en est encore fait l’écho durant le mois de septembre.

Eddie Puyjalon, président du Mouvement de la Ruralité, et Fabien Bouglé, auteur du livre  » Éoliennes la face noire de la transition écologique », donnent l’alerte économique, sanitaire, environnementale et sociale à l’Assemblée nationale et au Sénat.

Un exemplaire de cet ouvrage de référence en France et en Europe pour lequel, les médias ont reconnu son caractère bien documenté et argumenté, détaillant les dangers de l’énergie éolienne, a été adressé à tous les députés de l’Assemblée nationale et sera adressé à tous les sénateurs après les élections. Le but de cette démarche est d’informer les parlementaires sur les dangers de la libéralisation des éoliennes en France en particulier, avant le vote du projet de loi de simplification des démarches administratives qui vise à en faciliter encore plus la folle dissémination sur le territoire national.

Face au non-sens économique, écologique, social, sanitaire et paysager qui entache cette énergie, après lecture de cet ouvrage, les élus ne pourront pas dire qu’ils n’étaient pas informés !

Avec la baisse du tarif spot et l’augmentation des subventions qui abreuvent scandaleusement les promoteurs éoliens à hauteur de 100 à 150 milliards d’euros, la France a-t-elle les moyens de financer une telle énergie dont il est avéré qu’elle n’a aucun impact sur la baisse des gaz à effet de serre et du réchauffement climatique ?

Le Mouvement de la Ruralité et l’auteur Fabien Bouglé espèrent ainsi une prise de conscience urgente des parlementaires sur le sujet des éoliennes qui créent des troubles graves dans toute la France.

Célébrations Gambetta : un nouvel ouvrage « lotois » à paraître

Léon Gambetta dont le nom est présent dans presque toutes les communes de France a fait couler beaucoup d’encre et pourtant les 44 années de sa courte vie passionnent encore aujourd’hui. Cadurcien de naissance, il ne cessera de gravir une à une les marches de la renommée et la seule évocation de son nom mobilise. De prétoires en assemblées, en passant par les liesses populaires lors de ses tournées, tous se pressent pour écouter le tribun. Les joutes politiques font son quotidien et ses relations au plus haut sommet de l’Etat, même parmi ses « amis », lui porteront le plus souvent, ombrage et défaveur.

Mais Gambetta entretient aussi des relations avec les femmes. Mais peut-être est-ce plutôt l’intérêt du beau sexe pour ce personnage qui avait autant besoin d’une seconde mère sans pour autant refuser qu’elle prit les habits d’une maîtresse ou courtisane. Certes, plusieurs noms entoureront notre « défenseur du territoire » mais celui de Léonie Léon entraînera Gambetta dans une « passion juvénile » qui persistera jusqu’à la mort. En sont témoins près de trois mille lettres, presque toutes passionnées. S’y mêlera une éloquence de tribune que Léonie accompagne à souhait …

L’ouvrage propose sous la plume d’un « ancien » professeur du Lycée Gambetta de Cahors agrégé de grammaire, Maurice Rouget (1912-2002), une lecture où la passion amoureuse de Gambetta et Léonie Léon et son arrière-fond politique ont scellé à jamais leur destin et celui de la France.

Préfacé par Etienne Baux, l’ouvrage sera illustré par une riche iconographie issue de la très belle collection personnelle de Jean-Michel Rivière, Président de l’Amicale des Anciens Elèves du Lycée et Collège Gambetta. Un album souvenir composé de photos, cartes postales et documents d’époque viendra compléter cet ensemble. Une carte postale numérotée, dessinée par l’artiste plasticien Christian Verdun, sera offerte aux seuls souscripteurs.

SOUSCRIPTION VALABLE JUSQU’AU 15 NOVEMBRE / PARUTION DECEMBRE 2020

BULLETIN DE SOUSCRIPTION DISPONIBLE EN CLIQUANT CE LIEN

+ d’information sur le site des éditions édicausse avec possibilité de souscription avec paiement en ligne

Journées Européennes du Patrimoine et les services de l’Etat du Lot

Les services de l’Etat (préfecture de Cahors et sous-préfecture de Figeac), ouvrent leurs portes pour les Journées européennes du patrimoine.  Les salons de la préfecture du Lot seront ouverts à la visite les samedi 19 et dimanche 20 septembre prochain. Les visites sont libres et gratuites de 10h à 17h30. Entrée place Chapou. Ce sera l’occasion de découvrir ou redécouvrir l’histoire du bâtiment à travers des photos, ainsi que les salons de réception et le bureau du préfet du Lot. Par ailleurs, l’exposition Louvre-sur-Lot ne manquera pas d’éveiller la curiosité des jeunes et des moins jeunes.

Un stand tenu par les membres de l’association « MémoireChapou » dans les locaux de la Préfecture du Lot, présentera le livre «  Du Palais épiscopal à l’Hôtel de la Préfecture » édité par édicausse.
Il convient d’ajouter que l’exposition « Louvre-sur-Lot » réalisée en 2019 par la même association, avec le concours du Musée du Louvre, sera également visible dans les salons.

 

Port du masque obligatoire ; – du gel hydroalcoolique sera mis à disposition des visiteurs dès l’entrée du bâtiment ; – un sens unique de circulation sera mis en place.

La sous-préfecture de Figeac sera également ouverte au public pendant les Journées du patrimoine. Pour visiter la salle de réception, le grand hall et la chambre « ministre », l’entrée se fait uniquement sur rendez-vous. Deux groupes d’une quinzaine de visiteurs seront constitués à 14h les samedi et dimanche. Les inscriptions se font auprès de l’Office du Tourisme de Figeac.

Les croix de pierre du Quercy, épigraphie, iconographie (*)

Près de Soulomès, la croix montrait la voie aux pèlerins et veillait sur les récoltes. (©André Décup)

Le 14 septembre, jour de l’exaltation de la Sainte-Croix, nous rappelle que dans nos pages, nous avions, en 2014, publié dans le cadre des communications des Rencontres archéologiques de Saint-Céré, un texte signé Pierre Dalon, alors vice-président de la Société des Etudes du Lot et grand connaisseur du patrimoine religieux. Nous vous invitons également à lire l’article signé André Décup dans l’hebdomadaire La Vie Quercynoise qui consacre sa page « Méditer » à ces trésors de la ruralité

 

(*) Communication présentée lors des Rencontres archéologiques  de Saint-Céré, le 28 septembre 1998 et publiée dans : Annales des Rencontres (1999 – texte malencontreusement tronqué) et B.S.E.L., Tome CXXI, Avril-Juin 2000 (texte intégral). Nous reproduisons ici, le texte du B.S.E.L. 

Les croix de chemins sont indissociables de nos paysages quercynois. Mais des croix on en dressait aussi sur les places des bourgs et des hameaux  comme au milieu des cimetières. Objets de dévotion, la plupart étaient autrefois le but de processions pour les Rogations  et les principales fêtes religieuses.

Seules les croix de pierre retiendront ici notre attention. Indépendamment de leur signification symbolique, commune à l’ensemble des calvaires, elles présentent un double intérêt. D’une part elles nous documentent sur l’activité et le savoir-faire des maçons et tailleurs de pierre de nos villages. D’autre part leur étude contribue à nous éclairer sur certains aspects des mentalités populaires de leur époque.

Encore faut-il que ces modestes monuments lapidaires soient parlants, autrement dit qu’ils nous livrent des inscriptions ou un décor interprétables par tout observateur attentif. C’est pourquoi nous avons laissé de côté les innombrables croix ou calvaires anépigraphes et aniconiques.

Il convient de noter que la majorité des croix de pierre ornées se situent sur les Causses de Limogne et de Gramat. La présence d’un calcaire de bonne qualité et relativement facile à travailler n’est pas étrangère à cette particularité.

EPIGRAPHIE

La date

C’est l’élément qui permet de situer l’objet dans le temps. Elle est presque toujours gravée, même si le décor est en relief. Pour certaines c’est le seul signe d’identification, à l’exclusion de toute inscription et de tout décor, telle une croix d’Issepts qui serait à notre connaissance la plus ancienne millésimée (1602). Du début du XVIIe siècle sont aussi des croix de Bio (1607), Montfaucon (1619), Cahors-La Rozière (1621), Limogne (1625). Toutes sont postérieures aux guerres de Religion qui ont probablement vu la destruction quasi systématique de la plupart des calvaires.

L’implantation de croix s’accélère vers la fin du XVIIe siècle, puis s’intensifie au cours du XVIIIe et jusqu’à la Révolution. On connaît même une croix de Belfort-du-Quercy datée de 1793, ce qui est un cas assez exceptionnel. En application des lois en vigueur, d’innombrables croix ont été brisées pendant la période révolutionnaire. Dans de nombreuses paroisses, elles ont été cachées et sont réapparues dès le rétablissement du culte. On trouve des croix datées de 1797 (Goujounac), 1801 (Varaire, Lacamdourcet, Lavergne, Camy-Luzech), 1802 (Belfort-du-Quercy, Fontanes-Lalbenque), 1803 (Carlucet) 

Tout au long du XIXe siècle on voit une intense floraison qui se tarit avec le début du XXe. La plus récente croix datée serait à Laramière (1931).

Quelques croix portent deux dates, celle de l’érection et celle de la restauration. Calvignac possède un spécimen affichant trois millésimes (1728, 1838, 1866).

On relève de rares dates libellées en chiffres romains, toutes de la fin du XVIIIe 

Le titulus (I.N.R.I.)

Abréviation de Iesus Nazarenus Rex Judaeorum (Jésus de Nazareth roi des juifs). Ce « sigle » figure sur la plupart de nos croix depuis le XVIIe siècle . Le titulus est généralement inscrit sur la partie supérieure du bras vertical, plus rarement au centre du croisillon. C’est dans certains cas l’unique inscription visible (Cremps, Francoulès, Lunegarde, Saint-Privat de Flaugnac). Le tailleur de pierre ne sachant souvent ni lire ni écrire, il arrive que le titulus soit incomplet ou à peine ébauché.

Le monogramme du Christ (IHS)

Ces trois lettres résument la formule Iesus Hominum Salvator (Jésus Sauveur des Hommes). Le H est parfois surmonté d’une petite croix ; il est éventuellement représenté seul, le I et le S étant oubliés.

Le monogramme peut être associé au titulus (Limogne 1660, Beaumat 1676, Esclauzels 1683…). Il est alors tracé le plus souvent au centre du croisillon et se substitue à l’image du Christ. De rares croix portent le monogramme sans le titulus : Reilhaguet (1634), Capdenac-le-Haut (1667), Saint-Pierre-Toirac (1723), Cours…

Comme le titulus, le monogramme fait son apparition sur les croix quercynoises au XVIIe siècle 

Le monogramme de la Vierge

Il se compose des lettres M et A, séparées ou entrelacées. Seul ou associé au monogramme du Christ, il est fort peu utilisé : Sarrazac (1666), Rocamadour (1762), Carennac (1861). Une croix de Rudelle (1692) porte sur la traverse l’inscription Marie en toutes lettres, et sur la face d’une croix de Soulomès (XIXe) on lit Jésus Marie à l’exclusion de tout décor.

Noms et initiales

On trouve de temps à autre le nom, ou le nom et le prénom du donateur, c’est-à-dire de la personne qui a fait exécuter la croix.

Exemple : Iean Rescosseri noter a faict fair (Lalbenque, 1668). 

Le donateur peut être le maçon ou le tailleur de pierre lui-même qui mentionne parfois sa profession.

Exemple : Portal masson (Varaire, 1784).

Mais nom et prénom se résument souvent à des initiales. Il arrive que deux ou plusieurs personnes s’associent pour partager la dépense (Lalbenque 1769, Limogne 1868).

Inscription diverses

En dehors des mentions rappelant qu’une croix a été érigée à l’occasion d’une mission ou d’un jubilé , on relève de-ci de-là quelques inscriptions pieuses :

– Sta Maria Mater Dei ora pro nobis (Belfort-du-Quercy, 1793).
– Jésus Christ crucifié (Parnac, Cels, 1776).
– O crux ave (Gignac, XIXe).
– O crux ave spes unica (Promilhanes, 1826).
– Je vous salue ô croix notre espérance (Issendolus, Gabaudet).
– Noli me tangere (Belmont-Sainte-Foi, XVIIIe) 

Les longues inscriptions sont rares en raison de la surface disponible restreinte . Peut-être aussi parce que beaucoup de tailleurs de pierre, illettrés, éprouvaient des difficultés à graver un texte, même avec un modèle. Certaines inscriptions sont d’ailleurs absolument indéchiffrables. Dans la première hypothèse elles sont libellées sur le socle , mais elles restent exceptionnelles. En voici quelques exemples :

– In cruce protectio ab hostibus (Cieurac, cne de Lanzac).
– Pensez à la mort et vous ne pécherez pas (La Ponchie, cne de Cahus).
– Le 1 mai 1856. Penser à la mort. Pécheur Jésus est mort pour nous (Miran, cne de Luzech).
– Limite du Tarn-et-Garonne/Lot (Vidaillac, 1906). Ici le monument tient lieu de borne départementale.

Les très rares croix commémorant un fait divers (crime ou accident), toutes du XIXe siècle, portent rarement une épitaphe. Celle-ci figure généralement sur le socle, mais on peut citer quelques exceptions :

– A Loubressac, sur la face de la « Croix d’Hélène » n peut lire : A la mémoire d’Hélène Bombezy morte martyre en ce lieu en 1844.
– A Crayssac (D 6) : 1855, Ici a péri M. Duburgua, priez pour lui.
– Aux Arques (D 13) : Gizard Jean-Louis, priez pour lui, 1866.
– A Douelle (D 8) : Ici a péri Rigal Jean Pierre Depeyrot de Douelle âgé de 69 ans (le reste de l’inscription figure sur le socle : par accident d’un cheval le 20 mai 1863, priez pour lui).

ICONOGRAPHIE

Figurations humaines

Le Christ

C’est l’image emblématique, en plus ou moins fort relief, qui figure sur de nombreuses croix 

De facture souvent naïve, il est représenté de différentes façons. Les bras sont soit tendus horizontalement (à la manière des Christs romans), soit levés, plus ou moins écartés, parfois presque verticaux à la mode janséniste. Sur une croix de Vidaillac (XVIIIe s.) le Christ a les bras abaissés, presque pendants.

Les pieds sont presque toujours séparés (là encore selon les modèles romans), mais ils peuvent aussi être posés l’un sur l’autre. Les doigts des mains et des pieds sont quelquefois dessinés. La tête est droite ou légèrement penchée. Les yeux, le nez, la bouche, la chevelure, sont parfois sommairement figurés. Les hanches sont habituellement ceintes du perizonium.

La Vierge

Seule ou portant l’enfant Jésus, elle apparaît sur plusieurs calvaires, au dos de la croix, faisant pendant au Christ représenté sur l’autre face (Montvalent, Prangères, cne de Gramat). On la trouve également sculptée sur le fût, les mains jointes, dans un décor en forme de niche (Aujols, Belmont-Sainte-Foi, Cahors-Saint-Cirice, Cieurac, Lalbenque, Laramière). A Aujols et à Cremps on voit deux croix de facture semblable où les pieds de la Vierge reposent sur une coquille (celle de Cremps est datée de 1748, l’autre est probablement de la même époque).

Deux croix méritent une mention spéciale pour leur originalité. La première est à Prayssac (Meymes). Sur une face : le Christ. Sur l’autre : une tête posée sur un corps cylindrique ressemblant à un enfant emmailloté ; représentation fruste et schématique de la Vierge, drapée de la tête aux pieds dans un vêtement aux plis enserrant le corps et couronnée d’un demi-disque horizontal. La seconde se trouve à La Masse (cne des Junies). D’un côté : un ostensoir. Au revers : la même silhouette « emmaillotée » qu’à Prayssac, mais ce sont deux têtes, de même grosseur, qui émergent du vêtement, sous le même type de couronne. Là, le tailleur de pierre a voulu montrer une Vierge à l’Enfant, entortillée dans une longue robe aux plis obliques. Ces deux exemples sont à rapprocher d’une croix plus petite, sans doute une ancienne croix de chemin, conservée à Castelfranc. Sur une face est sculpté le Christ. Sur l’autre une Vierge à l’Enfant d’une facture identique à celle de La Masse, mais ici la tête de l’enfant est très logiquement plus petite que la tête de la mère. Castelfranc se situant à 2,5 km de Prayssac et à 3 km de La Masse, on est tenté de proposer un même « atelier » pour les trois œuvres. Seule la croix de La Masse est datée (1820).

Autres personnages

Sur le fût de la croix, au lieu de la Vierge, on voit quelquefois un personnage debout, généralement vêtu d’une sorte de blouse paysanne qui pourrait aussi bien passer pour une chasuble (Belmont-Sainte-Foi 1733, Saint-Géry 1777…). Il s’agit vraisemblablement de l’image du donateur.

A Cremps on a une croix de 1855 dont le Christ est absent, remplacé par un ostensoir, mais où figurent une Vierge à l’Enfant et deux personnages inattendus occupant les bras de la traverse : à gauche un prêtre en chasuble, à droite un évêque mîtré tenant une crosse.

A Cieurac, comme à Prangères (Gramat), deux petites silhouettes, très schématisées, se tiennent aux pieds du Christ. Il faut y voir apparemment la Vierge et saint Jean.

A Prudhomat (Pauliac) ce sont deux anges sonnant de la trompette qui encadrent le Christ en croix.

A Crayssac (Mas de Bastide), un cavalier chevauche une monture.

Les « têtes »

On remarque sur quelques croix des têtes isolées qui font penser aux « têtes coupées » de l’iconographie gauloise de même que certains personnages figurés sur les fûts évoquent les sujets représentés sur les stèles funéraires gallo-romaines.

Ainsi trois têtes font partie du décor sur la base d’une croix de Lalbenque. Sur une croix de Laramière (1668) on n’en compte pas moins de cinq (une sur chacun des trois bras du croisillon, plus une sur chaque face latérale du montant). Chaque tête est sobrement animée par des incisions figurant les yeux, le nez et la bouche.

A noter aussi une tête en saillie, seul ornement figurant sur le montant de la croix du cimetière d’Artix à Sénaillac-Lauzès (1837) et une autre au dos d’une croix de Latouille à Latouille-Lentillac (1819).

On ne sait exactement quelle signification attribuer à ces emblèmes « céphaliques ». Peut-être figurations réductrices de personnages non identifiables (saints, donateurs ?) que le tailleur de pierre renonçait à sculpter en entier.

On peut signaler encore le thème de la « tête de mort » gravée au centre d’une croix de Varaire (1844) accompagnée de trois paires de tibias croisés. On la retrouve, sculptée sur deux croix, sans doute de la même main, à Carlucet (Graule-Basse) et à Saint-Projet. Mais là, placée sous les pieds du Christ, elle symbolise le Golgotha, nom de la colline de Jérusalem où se déroula la Crucifixion (en hébreu golgotha signifie « le crâne »).

La main

Nous ne connaissons qu’une seule représentation de la main isolée, censée désigner la dextre bénissante du Seigneur (Baladou). A ne pas confondre avec la main rappelant le soufflet infligé à Jésus au cours de la Passion (Felzins).

Symboles religieux

La croix

On a là le signe le plus simple, figuré en principe au centre du croisillon, lorsque le tailleur de pierre ne se hasarde pas à façonner l’image du Christ. Croix latine, rarement grecque, pattée ou non, parfois fleurdelisée.

L’ostensoir

C’est le motif symbolique le plus répandu. Il apparaît vers 1740. On le voit au centre de la croix, à la place du Christ, ou sur le fût. Son dessin varie selon l’habileté du lapicide. Il peut se réduire à une gravure constituée d’une simple croix grecque inscrite dans un cercle et portée par une tige filiforme reposant sur un support triangulaire (Lalbenque, 1761). Toujours stylisé mais plus élaboré, il se garnit de stries rayonnantes et se couronne d’une petite croix (Saint-Hilaire-Lalbenque, 1879). Les ostensoirs sculptés en relief se rapprochent des modèles observés, avec la lunule centrale (destinée à recevoir l’hostie), la hampe ornée d’un nœud médian et un pied en demi-lune ou mouluré.

L’image de l’ostensoir, comme ultérieurement celle du calice, paraît en relation avec le renouveau de la dévotion au Saint-Sacrement animée par les confréries présentes dans la quasi-totalité des paroisses du diocèse.

Le calice

Au XIXe siècle le calice accompagne parfois l’ostensoir (Laramière, Saillac, Vidaillac…). A Promilhanes il y a deux croix qui représentent sur une face l’ostensoir et sur l’autre le calice avec l’hostie.

Le ciboire

On n’en connaît qu’un spécimen, voisinant avec l’ostensoir, à Pontcirq (Valdié, 1771).

Le cœur

C’est un motif assez fréquent. Il est quelquefois dessiné renversé, la pointe en haut, sans que ce détail ait une signification particulière. Sur les croix il est considéré comme le symbole de l’amour de Dieu ou la marque de la dévotion au Sacré-Cœur. Celle-ci connut un large développement à partir du XVIIe siècle

Le cœur se rencontre seul, accompagné d’un ou deux autres cœurs, ou encore associé à d’autres motifs.

Les instruments de la Passion

Ils ont la faveur des lapicides expérimentés. Il peut s’agir d’un seul élément, comme par exemple la couronne d’épines schématisée, ordinairement au centre du croisillon, par un cercle simple, double ou torsadé.

Les autres objets les plus fréquemment représentés sont le marteau et les tenailles. Mais on trouve aussi l’échelle , les trois clous de la crucifixion (18), la lance et le porte-éponge , le fouet de la flagellation et la main du « soufflet », l’aiguière de Ponce Pilate , le calice qui a recueilli le sang du Christ, les trente deniers de Judas 

Les chandeliers

Portant un cierge, ils encadrent une croix ou un ostensoir : Laramière (1760), Puyjourdes (1760), Crayssac (1762), Lamagdelaine (1893)…


Motifs végétaux

Rosaces diverses, fleurs à six pétales (23), rameaux (24), fleurs de lis (25), gerbe de blé (26). L’exemple le plus remarquable est une croix de Ginouillac (1826) dont la face est entièrement décorée de branches feuillues.


Autres motifs

Associés ou non à d’autres sujets, on peut rencontrer ici ou là des motifs variés, peu répandus, à connotation symbolique ou purement décoratifs. Citons les motifs circulaires (cercles simples ou concentriques, rouelles), la spirale, le triangle, emblème de la Trinité, la tiare et les clés, symboles du Saint-Siège . Il faut ajouter à cette énumération le motif de la « virgule ». Il figure sur chacun des bras latéraux de la croix de Pissepourcel à Aujols, de part et d’autre de l’ostensoir. A Padirac, ce sont quatre virgules assemblées par la pointe qui forment une figure communément appelée la « croix basque » 

Représentations animales

La colombe du Saint-Esprit figurée à l’intérieur de la couronne d’épines, se voit sur deux calvaires semblables, à Carlucet (Graule-Basse) et à Saint-Projet.

Des lions, visiblement inspirés du bestiaire héraldique, sont sculptés sur deux croix, également proches par leur style : une à Lalbenque, l’autre à Cieurac. Sur la première ils sont affrontés, sur la seconde ils sont répartis sur les faces latérales de la hampe 

Le serpent a inspiré les tailleurs de pierre de Carlucet et de Saint-Projet (il s’agit sans doute du même artisan), mais on le trouve aussi à Reilhac (1836) et à Montet-et-Bouxal (Bouxal, XIXe). A Douelle (1873), le serpent est symboliquement enchaîné, mis hors d’état de nuire par le sacrifice du Christ. Personnification de Satan, et symbole du péché originel, il est habituellement sculpté sur le fût de la croix, la tête en bas, présentant la pomme de la tentation à laquelle Eve ne sut pas résister.

Le coq, plus ou moins bien dessiné, figure deux fois sur un calvaire de Pontcirq (Valdié, 1771). A Limogne (1755) et à Vidaillac (1832), il trône sur le bras vertical. A Cénevières (1826), il s’exhibe au milieu du croisillon, à la place du Christ et dominant l’ostensoir. Le coq est considéré à la fois comme le signe de la vigilance chrétienne face aux forces maléfiques (à la manière du coq des clochers) et comme un rappel du reniement de saint Pierre (il se rapporte alors au thème de la Passion).

Dans le genre volatile, on a un aigle « empiétant un foudre » sur une croix de Cremps 

Pour essayer d’être complet, nous mentionnerons quelques quadrupèdes. A Pontcirq (Valdié) c’est un cheval qui caracole. A Crayssac, au revers du croisillon, on peut reconnaître une chèvre, un cheval (ou une mule) et un autre équidé portant un cavalier.

Et pour faire bonne mesure, nous ajouterons un poisson, vieux symbole paléochrétien du Christ (Douelle, 1873).

Observations générales et cas particuliers

Compte tenu du nombre de croix disparues, et en se basant uniquement sur celles qui subsistent et sont bien datées, on peut constater que les exemplaires du XVIIe siècle portent peu d’inscriptions et n’offrent que de rares décors. Il faut attendre le XVIIIe pour trouver un assortiment significatif d’œuvres ornées.

Si la plupart des croix présentent un décor très sobre, certaines nous révèlent une iconographie particulièrement intéressante. Nous rappellerons seulement quelques exemples déjà cités.

Une croix d’Esclauzels (1761), une autre de Crayssac (1762) et une troisième de Felzins (1768) arborent chacune une belle collection d’instruments de la Passion. Les superbes calvaires de Lalbenque et de Cieurac (1842) accumulent figures et symboles. Il en est de même des calvaires de Carlucet (Graule-Basse, 1788) et de Saint-Projet qui, avec le Christ et le Paraclet, mettent en évidence le serpent de la Genèse, associant ainsi le péché originel et la rédemption. La croix de Carlucet a de plus une curieuse particularité : sous chaque bras est suspendue une petite pierre polie. Ce détail inhabituel ne laisse d’ailleurs pas d’intriguer 

On peut aussi mentionner, parmi les œuvres atypiques, le calvaire de Montanty à Gramat (1859) montrant sur la croix les instruments de la Passion et sur le socle un bas-relief représentant deux convives attablés se partageant un chevreau. Si on cherche un sens symbolique à cette scène inattendue, on peut imaginer une évocation de la Cène réduite à deux personnages. La facture est naïve mais assez réaliste.

 

 

EN GUISE DE CONCLUSION

 

Nous venons d’examiner un aspect particulier du travail de nos tailleurs de pierre. Ceux-ci, il faut le dire, ont aussi exercé leur talent sur des linteaux de portes, de fenêtres ou de cheminées que nous avons eu l’occasion d’étudier naguère. Là l’épigraphie est pauvre, mais les décors sont relativement fréquents et variés. On y retrouve un certain nombre de motifs et symboles que nous avons répertoriés sur les croix.

Certes la comparaison des croix du Quercy avec les calvaires bretons nous incite à la modestie. De même nous reconnaissons volontiers que l’activité des tailleurs de pierre-sculpteurs de l’Auvergne, du Rouergue, du Gévaudan… a dépassé en quantité, et souvent en qualité, la production de nos artisans quercynois. En revanche, si on jette un regard sur d’autres régions, on s’aperçoit que nos compatriotes méritent une place plus qu’honorable parmi leurs confrères du Midi ou d’ailleurs.

Cela dit, les croix de pierre restent les témoins majeurs d’un art populaire disparu qui a su traduire simplement mais avec sincérité les croyances religieuses de nos aïeux. Nul ne contestera la nécessité de les recenser, de les entretenir et de les protéger du vol et du vandalisme. Ne serait-ce qu’au nom de la conservation de notre patrimoine culturel.

Pierre Dalon, vice-président de la Société des Etudes du Lot

Notes

1 – On n’en trouve guère, et sauf exceptions elles sont sans intérêt, dans les agglomérations urbaines.

– Héritières des Robigalia romaines, les cérémonies des Rogations se célébraient depuis le Ve siècle. Pendant les trois jours précédant l’Ascension, on se rendait en procession aux diverses croix de la paroisse et on y priait pour l’abondance et la protection des récoltes.

En général ces deux métiers se confondaient, surtout en milieu rural.

4 – Parmi les rares rescapées on connaît la croix du parvis de l’église de Beauregard (autrefois sur la place de la halle), le calvaire du cimetière de Puy-l’Evêque et la croix du cimetière de Thégra. Elles ne portent aucune date mais on les attribue à la fin du XVe ou au début du XVIe siècle.

5 – Cette croix de Carlucet est la seule datée selon le calendrier républicain (An 11).

6 – A Esclauzels, le tailleur de pierre (un certain Courrejou, connu par ailleurs) a daté quelques croix MDCCLX et MDCCLXI.

7 – On sait que lors de la crucifixion cette inscription avait été apposée par dérision au-dessus de la tête du Christ.

8 – Remplaçant le Chrisme d’origine paléochrétienne, le nouveau monogramme est apparu en Quercy vers la fin du XVe siècle sous l’influence des Franciscains avant d’être largement répandu au XVIIe siècle par les Jésuites. Une autre interprétation, plus ancienne, fait de I.H.S. l’abréviation du mot grec IHSOVS.

9 – Un notaire de ce nom est attesté à Lalbenque à cette époque.

10 – Mission : suite de prédications organisées dans une paroisse pour l’instruction des fidèles et la conversion des pécheurs. Jubilé : indulgence plénière accordée par le pape pendant une « année sainte ».

11 – Paroles de Jésus lors de son apparition à Marie-Madeleine après la Résurrection.

12 – A Limogne (Ferrières-Bas), la totalité de la face antérieure de la croix est occupée par l’inscription ainsi répartie : INRI/souvenir de la Mis/sion/des/ pères/ capu/cins/ 1868. Cette mission a particulièrement marqué la paroisse puisqu’on y relève au moins quatre croix datées pour la rappeler.
La « croix » de Prudhomat, taillée en forme de losange et inscrite sur la totalité de sa surface, que l’on cite parfois, est une stèle funéraire réemployée comme croix de chemin.

13 – En bordure du vieux chemin de Padirac.

14 – A Capdenac (1667) et à Cremps (1900) on peut voir le Christ traité presque en ronde bosse, d’une facture très rustique.

15 – On en trouve en particulier sur des croix de la Haute-Auvergne où elles sont considérées comme des survivances de l’art celtique par l’intermédiaire de l’art roman.

16 – A la suite des visions de sainte Marguerite-Marie à Paray-le-Montal.

17 – Facile à dessiner, l’échelle est parfois le seul instrument figuré : Varaire (1784), Beauregard (1787), Tour-de-Faure (1834), Aujols (1847), Crayssac (1850).

19 – Un bon exemple à Lavercantière (Saint-Martin-le-Désarnat).

20 – Felzins (1768).

21 – Esclauzels (1761), Crayssac (1762).

22 – Felzins (1768), Lentillac-Saint-Blaise (1708).

23 – La fleur à six pétales (qu’on qualifie aussi d’étoile) est un vieux motif, tantôt décoratif, tantôt assimilé à un symbole solaire comme la rouelle de l’iconographie celtique.

24 – Le rameau vertical est éventuellement interprété comme le symbole de l’arbre de Vie ou de l’arbre de Jessé.

25 – Motif ornemental ou symbolique. Dans ce dernier cas, la fleur de lis peut être vue, soit comme un des attributs de la Vierge, soit comme l’emblème de la Royauté (ce qui n’est pas incompatible).

26 – Aujols.

27 – La spirale passe notamment pour symboliser le cycle de la vie et de la mort. Une croix de Couzou (Lapannonie, 1846) comporte un décor simplifié : au centre une spirale et sur le fût six « écots » alternés dont le sens reste inexpliqué (sauf à représenter le tronc d’arbre ébranché avec lequel avait été faite la croix du Golgotha).

28 – Saint-Martin-le-Désarnat, cne de Lavercantière.

29 – Pestilhac, cne de Montcabrier (1874).

30 – Certains auteurs comparent ce motif à la svastika, vieux symbole solaire celtique, comme la rouelle. Très répandue au Pays Basque, la virgule, seule ou « en croix », passe généralement pour un signe apotropaïque. Tout à fait exceptionnel sur nos croix de chemins, ce motif se trouve par contre sur de nombreux linteaux disséminés en Quercy ainsi que sur des monuments funéraires de Cazals et de Marminiac.

31 – Le lion est un symbole ambivalent qui peut, par exemple, représenter aussi bien le Christ que le démon.

32 – Cette croix datant de 1855, on peut penser que le tailleur de pierre (ou plutôt son client) tenait à afficher des opinions bonapartistes. De même qu’ailleurs la présence de fleurs de lis, en particulier sous la Restauration, pouvait exprimer l’attachement à la monarchie.

33 – Cette croix ne porte pas de date, mais on sait par un document conservé aux archives diocésaines (Ms A 74) qu’elle a été sculptée en 1788.

34 – On pourrait y voir, à l’imitation des croix wisigothiques, la figuration symbolique de l’alpha et de l’oméga. Pour notre part, nous y verrions plutôt une représentation des « pierres du tacou », ces talismans que l’on pendait jadis au cou d’une brebis pour protéger l’ensemble du troupeau contre les maladies et les sortilèges. Dans les étables et les bergeries elles passaient également pour protéger de la foudre. A ce propos on peut se reporter à une communication de Pierre Soulié dans le Bulletin de la Société des études du Lot (4e fascicule 1976, p. 305).

Bibliographie

Dalon Pierre, Les croix de pierre sur le Causse de Limogne. Bull. de la Société des études du Lot, 3e fascicule 1976.

Girault Jean-Pierre et Billiant Pierre, Les croix de chemins et de villages dans le Haut-Quercy (région de Martel, Souillac et Vayrac). Annales des Rencontres archéologiques de Saint-Céré. N°4, 1995.

Blaya Nelly, Les croix de Rogations. Quercy-Recherche, n°64, 1986.

Dalon Pierre. L’art lapidaire dans l’architecture rurale du Quercy (XVIe-XXe siècle). Bull. de la Sté des études du Lot, 3e fascicule 1986.

Baudoin Jacques, Les croix du Massif Central. Editions Créer, 1989.

Léo Ferré… le Quercy, la vie d’un artiste généreux et vulnérable

Léo Ferré a vécu cinq ans en Quercy de 1963 à 1968, à Perdrigal (Pech Rigal) sur la commune de Saint-Clair près de Gourdon. Une période féconde où il mit en musique les poètes Verlaine, Rimbaud, Baudelaire, rédigea des réflexions sur l’écriture, créa des chansons, écrivit des poèmes sur ce pays.

Paradis Perdrigal, le jaune te va bien,
Cette couleur qui fonce à mort vers les ténèbres …/….
Il faut prier pour moi dans ton ordre païen
Il faut me pardonner mes pas dans ton silence
Et me donner le temps pour que mon temps commence
Pour que tout aille mieux et du Mal, et du Bien1

Du jaune à l’ocre, il décline les couleurs du Lot en contrepoint au bleu et au vert de l’Île de Guesclin qui lui inspira Les Chants de la fureur dont est extrait La Mémoire et la Mer : deux lieux qui vont le marquer profondément.

En dépit du lien qui a uni, un temps, Léo Ferré à André Breton qui devait écrire la préface du recueil « Poètes… vos papiers ! » avant d’y renoncer, le « pape » du surréalisme n’est pas à l’origine de sa venue en Quercy. Léo Ferré se préfaça lui-même dans un texte à la rage magnifique : La poésie contemporaine ne chante plus. Elle rampe. Elle a cependant le privilège de la distinction, elle ne fréquente pas les mots mal famés, elle les ignore.2 Rappelons que d’autres surréalistes fréquentaient le Lot. Louis Aragon, Léo Ferré mettra en musique plusieurs poèmes dont Strophes pour se souvenir rebaptisées par Léo L’Affiche rouge, Francis Carco…, des plasticiens : Matta, Zadkine, liés au mouvement ou à sa mouvance.

C’est après un concert au Casino de Saint-Céré, que Léo Ferré demanda à son ami le peintre Serge Arnoux (1933-2014) habitant Glanes de chercher un lieu vaste et isolé pour pouvoir y accueillir ses animaux, en particulier Pépée, une femelle chimpanzé.

Pech Rigal, renommé Perdrigal  pour rendre justice aux perdrix que les chasseurs flambergent, était peut-être déjà dédié aux oiseaux, rigal signifiant rouge gorge en Occitan. Sur ce pech, un château en assez mauvais état se dressait.

L’arche de Léo va s’y ancrer : Pépée et ses compagnons Zaza, Bambino, ainsi que des chiens, des chats, des moutons, un cheval, un cochon… La vie, là-haut, n’était pas toujours facile : Je suis sorti, il ventait, il pleuvait, il merdait… La nature est une drôlesse ! Faut savoir la prendre au bon endroit../.. La révolte des choses se taire dans l’immobilité../.. Le silence, cette musique du doute et du pardon. » 3 

L’attachement de Léo Ferré pour les animaux est primordial. Toute sa vie, il en fera ses compagnons. Dans l’un des premiers textes dits, il proclame : Je suis un chien et les chiens quand ils sentent la compagnie, ils se décolliérisent.4

On trouve dans son œuvre un bestiaire plein de tendresse et d’émo­tion : l’innocence leur dégoulinant des babines. Les oiseaux sont les plus représentés : ils symbolisent la liberté et le chant. Il dit de lui-même : Je suis né une métaphore au bec.

Le cheval, autre animal emblématique, lié à la folie, au vieillissement et à la mort.

Ô Nietzche agrippé aux naseaux de Turin
Ce fiacre roulant dans le fantastique
Et la folie te prenant par la main5
À mon enterrement, j’aurai des chevaux bleus…
Des dingues et des Pop aux sabots de guitare
Des chevaux pleins de fleurs des champs dedans leurs yeux
Hennissant des chansons de nuit quand y en a marre6
Et l’on se sent blanchi comme un cheval fourbu7 »

Outre les animaux, la nature, les arbres sont omniprésents, même dans le traité Le Mot voilà l’ennemi8 :

Il n’y a pas d’arbre sans le mot « arbre ». Rien n’existe que je ne doive nommer…/…
Chez moi, je donne un nom aux chênes. Je les case et les glands ne sont plus perdus.

Léo Ferré entretient un rapport dionysiaque avec la nature, voire animiste. Quand on coupe un arbre j’ai mal à la jambe.

Les éléments naturels : la mer, le vent emportent son œuvre dans un mouvement perpétuel pour échapper à l’immobilité et aux entraves. Que de mouvements toujours sollicités du dedans ! On dirait que les choses pensent, chantent, dansent, s’immolent à quelque loi sacrée qui régit tout l’univers.9 

Une « vie d’artiste »

Léo Ferré est né le 24 août 1916 à Monaco. Dès l’âge de cinq ans, il dirige des orchestres imaginaires. À douze ans, il met en musique un poème de Verlaine. Son désir : devenir compositeur.

Très vite, il comprend qu’il faut trouver un biais pour faire connaître sa musique et recourt alors aux mots. D’abord dans des chansons faussement populaires comme C’est le printemps qui manie humour et argot tout en se référant aux tableaux de Monet, Manet, Gauguin… De nouveau, il constate que s’il ne les chante pas lui-même, il ne pourra survivre.

Et ce fut long, la vie d’artiste est éprouvante, la création exigeante : chansons, poèmes, textes, roman, arts poétiques, réflexions sur la pensée libertaire, journal, introductions… Les chants de la fureur publiés en 2013 aux Éditions Gallimard/La mémoire et la mer présentent 1577 pages de textes.

Quant à la musique : une symphonie, des opéras, un oratorio La chanson du mal-Aimé d’Apollinaire et la mise en musique de 23 poètes, Baudelaire venant en tête avec 54 poèmes.

Dans les chansons, il utilise toutes sortes d’instruments piano, accordéon, violon, orchestre symphonique qu’il dirigera lui-même : son rêve d’enfant ! Tous les rythmes : jazz, blues, pop, valse, classique… Il déclamera de longs textes sur des sons de vagues, de vent, de chant de baleines…

Des concerts témoignent de cette profusion. Ainsi en 1974, à L’Opéra Comique, le spectacle s’ouvre sur La Chanson du Mal Aimé, suivie du Concerto pour la Main Gauche de Ravel, avant d’enchaîner sur ses chansons en compagnie du groupe pop les Zoos : un spectacle bouleversant et baroque sous l’or et le rouge de ce théâtre à l’italienne.

Léo Ferré a toujours travaillé dans plusieurs directions simultanément, mais le public découvrait ces diverses facettes selon les opportunités et l’évolution des mentalités. Novateur et passeur, il partage « fraternellement » ce qu’il aime : poésie, musique, peinture.

Il décède le 14 juillet 1993 en Toscane.

Malgré cette diversité, son œuvre constitue un univers cohérent qu’il nous offre. Il revendique haut et fort la liberté de penser et de créer, aussi il dérange. Une censure multiple s’exerce contre son œuvre : politique, poétique, érotique, musical.

Il bouscule les usages et les codes dans la vie comme dans la littérature. Il passe des alexandrins aux vers libres, trousse des quatrains ou déroule de longs récitatifs basés sur des associations d’idées ou des sonorités. Il mêle argot et franglais, accouple les mots de tous les jours aux métaphores… Maîtrisant les formes classiques de la versification et les arcanes de la langue française, il se permet licences et frasques. De même en musique, il fusionne le tempo au propos ou, à contrario, dresse un terrible réquisitoire sur une berceuse, chante a cappella ou enchevêtre des morceaux différents comme en écho.

Cette œuvre magistrale, mal connue, grave et profonde est constamment tempérée par la tendresse et l’humour. J’ai développé ce dernier point lors de conférences et d’émissions de radio (disponibles sur mon site.)

Son extrême sensibilité le rendait vulnérable, mais générosité et simplicité l’animaient. Attitude qui ne se démentira jamais tout au long de sa carrière de 1945 à 1993 (une cinquantaine d’années) ; jamais il ne reniera ses conceptions artis­ti­ques ni ne trahira ses convictions politiques, n’en déplaisent aux médisants, jaloux et autres détracteurs qui rabâchent toujours les mêmes inepties.

L’utilisation qu’il a fait de sa vie, le biographique rejoignant l’universel attesté par la façon dont il jongle avec les pronoms dans ses chansons, brassant les « je » « tu » « nous » en passant par le « on » nous emporte.

Demain tu seras riche mon camarade, car ce que je te donne n’a pas de prix. Accepte-moi comme je t’accepte.10

Je voudrais que ces quelques vers constituent un manifeste du désespoir, je voudrais que ces quelques vers constituent pour les hommes libres qui demeurent mes frères, un manifeste de l’espoir. (Préface)

Colette BROGNIART

Écrivain, biographe, amie de Léo Ferré

http://colettebrogniart.com

Photo 1 – Léo Ferré (1975) – Patrick Ullmann

Photo 2 – Léo Ferré & Bambino (1966) Hubert Grooteclaes

Photo 3 – Chateau de Perdrigal (1970) – Colette Brogniart

1 Texte paru sous le titre Perdrigal en 1969 dans la revue La Rue

2  Préface – 1956

3 Je donnerais dix jours de ma vie – Revue La Rue -1967

4 Une affiche représentant un chien, intitulée « Un chien à la mutualité » annonçait un concert sans autre précision…

5 Le Chemin d’enfer – Mon Programme – 1969

6 À mon enterrement -1974

7 Avec le temps – 1969

8 Paru dans la revue – La Rue n° 7 1970

9 Benoît Misère – Roman de Léo Ferré (1970)

10 Demain -1980

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