François-Maurice Lacoste 1851 – 1924
Curé d’Anglars-Juillac pendant près de 40 ans, il est l’auteur de plusieurs ouvrages régionaux dont certains sont restés inédits. Comme beaucoup de prêtres de son époque, il s’intéressait aux traditions et à la culture de sa région, et a essayé à travers ses écrits d’en retenir le sel, au moment même où ces traditions, véhiculées depuis toujours par la langue d’Oc, sont directement menacées par l’alphabétisation à travers l’école laïque de la République, par la modernité portée par la langue française, et par l’effacement progressif de la société rurale traditionnelle.
Érudit, ayant reçu comme tous les prêtres d’alors une solide formation classique incluant le latin et le grec, il connaissait également la musique, sachant la lire, l’écrire et la jouer. Il s’intéressait à tous les genres musicaux et en particulier au chant populaire, très à l’honneur en cette fin du XIXème siècle dans toutes les couches de la société. Né à Bélaye, il pratiquait naturellement l’occitan de sa basse vallée du Lot.
C’est ainsi qu’il en vint à recueillir les « vieux chants quercinois » qui seront publiés par l’AMTPQ. Lorsque, en juin 1915, il dépose son manuscrit à la bibliothèque de la ville de Cahors, il a conscience d’avoir constitué une somme originale des chansons que l’on pouvait entendre vers la fin du XIXème siècle et le début du XXème dans sa petite région, la Basse vallée du Lot pour l’essentiel : Un travail d’ethnomusicologue dirait-on aujourd’hui.
Son travail se présente sous la forme de cahiers au format écolier, dans lesquels il note les chants avec : la partition, presque toujours le lieu de collecte, le texte, en français ou en occitan accompagné de sa traduction en français, et quelquefois des notes de compréhension en bas de page. Environ 340 chants ont été recueillis, ce qui fait de ce recueil un document inestimable et unique sur la pratique du chant dans notre région à la fin du XIXème siècle.
Sa curiosité était vaste – il est l’auteur de plusieurs articles sur la vigne, le phylloxéra, la culture des hybrides, d’une monographie sur son village natal, Bélaye – récemment rééditée – Il a également recueilli de nombreux proverbes populaires qu’il aimait pour leur sagesse et leur bon sens, composé un dictionnaire étymologique des noms de lieux du Quercy, etc. Il faisait naturellement partie de la Société des Etudes du Lot qui regroupait déjà tous les érudits du département.
Son recueil de chants est malheureusement resté à l’état de manuscrit, oublié durant plus d’un demi-siècle. Redécouvert au début des années 80 par quelques passionnés de musique populaire, il n’a depuis cessé d’être parcouru, exploité, en particulier dans le domaine des musiques et des chants à danser. Mais il est bien plus large que cela, l’Abbé Lacoste s’étant attaché à recueillir toutes sortes de chants, dans tous les genres et tous les milieux : chants du monde rural, de la bourgeoisie urbaine, chants de l’enfance, complaintes, chants d’église, airs de danse, etc. Il en a scrupuleusement noté les mélodies, les paroles, dont la lecture devrait satisfaire tous ceux qui s’intéressent au patrimoine du Quercy.
Pour l’édition en cours, il a été choisi de retranscrire en quatre tomes l’intégralité des Vieux chants quercinois le plus fidèlement possible, textes, partitions, notes de bas de page, classification. A été ajouté aux textes en occitan une version occitane « normalisée » afin d’en faciliter l’accès aux lecteurs occitanophones, mais priorité a été laissée à la version occitane de Lacoste, d’abord pour respecter son travail, ensuite parce qu’elle apporte des nuances de prononciation ou de vocabulaire qu’il est intéressant de connaître.
Les partitions ont été reprises de manière à être parfaitement lisibles, la version manuscrite étant parfois difficile à lire, mais les lignes mélodiques ainsi que les tonalités indiquées par Lacoste ont été respectées.
La présente souscription à laquelle on peut accéder en cliquant CE LIEN, propose les deux premiers tomes de l’ouvrage, les deux derniers tomes à paraître en 2022.
Cet ouvrage a été conçu par un collectif de personnes réunies autour de l’Association pour les Musiques de tradition Populaire en Quercy, qui s’attache depuis 1985 à redécouvrir et à faire revivre les musiques, les chants et les danses traditionnels du Quercy.