La langue d’oc est l’une des huit langues romanes issues du latin et non pas « un vulgaire patois, une sous-langue parlée par des paysans ignares »
LES ORIGINES D’après Maryse Rouy
Le latin pour origine
Pendant les premiers siècles de notre ère, en raison de la domination romaine, toute une partie du monde méditerranéen se rassemble en une vaste communauté linguistique qui durera aussi longtemps que se maintiendra l’unité de l’empire. Le latin, comme langue parlée, disparaît après le VIe siècle ou, plutôt, se transforme en un certain nombre de parlers nouveaux : l’espagnol, le portugais, le français, l’occitan, l’italien le catalan et le roumain.
En Gaule, les Francs installés au nord de la Loire fondent, sous Clovis, un royaume qui sera le berceau de la France. Leur influence linguistique se limitant à cette partie du territoire déterminera l’actuelle division de la France en parlers d’oïl et parlers d’oc, ces deux mots signifiant oui dans chacun des deux idiomes.
Pourquoi occitan ?
Les occitans ne se sont pas d’abord définis par leur langue mais par leur civilisation qui a donné à l’europe les troubadours, l’idée que les hommes sont égaux en droit, une tolérance raciale et religieuse et un nouvel amour qui voit la première promotion morale et sociale de la femme. Occitan est un néologisme créé par la chancellerie française royale à la fin de la croisade contre les albigeois. L’occitanie désigne l’ensemble des terres sur lesquelles on parle la langue d’OC. au départ il s’agit d’une création coloniale du Roi de France. L’occitan est le terme qui s’est imposé récemment pour désigner les parlers d’oc, c’est-à-dire l’ensemble des parlers de type méridional situé, en France, au sud d’une ligne approximative Gironde-Alpes et auquel on ajoute le val d’Aoste, en Italie.
Il existe six dialectes occitans qui sont : le provençal, le languedocien, le gascon, le limousin, l’auvergnat et le vivaro-alpin.
L’âge d’or des troubadours
A la fin du XIe siècle, tandis que la chanson de geste, où dominent les thèmes guerriers, s’épanouit dans le Nord de la France encore frustre, règne dans le sud, une civilisation plus riche, plus raffinée, plus élégante. C’est là que l’inspiration lyrique confère une dignité nouvelle au thème de l’amour qu’elle transforme complètement : l’amant se présente en soupirant, se proclame le vassal de sa dame, et fait l’amour le but de sa vie. Tel Bernard de Vendatour, troubadour du XIIe siècle qui chante : « Que vaut la vie sans amour? Ne sert qu’à ennuyer les gens. »
Né dans l’aire linguistique d’oc, probablement en Limousin, ce genre nouveau, que l’on appellera la poésie courtoise parce qu’elle s’adresse à un public de cour, se propage rapidement, non seulement dans toute la partie méridionale de la France actuelle, mais également en Italie, en Espagne et au Portugal. Cette société tolérante, dans un monde qui l’est peu, accepte et encourage la propagation du catharisme. Cette attitude provoque une réaction violente : une croisade lancée par le pape Innocent III et menée par les rois de France.
Dite des Albigeois, cette croisade, dont le prétexte est la lutte contre l’hérésie, aboutit à la conquête des régions du Sud par la France, en 1229, et au déclin de la civilisation et de la littérature méridionales, une fois éteints les derniers feux de la révolte exprimés dans les poèmes polémiques, les « sirventès »
Le Félibrige et le déclin
La colonisation des régions conquises ne se fait pas sans peine : de nombreuses révoltes éclatent, mais elles sont réprimées dans le sang et n’aboutissent pas. La langue occitane reste parlée, mais la langue écrite, celle de l’administration devient peu à peu celle du pouvoir : le français. Au début du XVIIe siècle, on assiste à une forte recrudescence de créations occitanes: oeuvres carnavalesques, théatre, satires, noëls, spectacles de rue. Mais le classicisme et le pouvoir absolu de Louis XIV consomment l’aliénation culturelle: des Académies locales, filiales de l’Académie Française, sont créées dans le but de répandre le français. Les enfants de la société nantie sont éduqués en français par les Jésuites. Cependant la langue d’oc continue d’être parlée par tout le corps social et, si on ne l’écrit plus, on réédite les écrits du début du siècle qui ont un public nombreux.
Au XVIIIe et jusqu’au milieu du XIXe siècle se succèdent les périodes de stérilité et les périodes de renouveau. L’Occitanie, victime de la volonté centralisatrice issue de la révolution et perpétuée par les divers régimes qui l’ont suivie est une réalité linguistique, mais n’a pas d’existence administrative ni politique. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle un mouvement occitaniste dont Frédéric Mistral est la figure la plus représentative, le Félibrige, a un gros impact sur la vie littéraire occitane.
Mais ses membres ne portent pas sur le plan politique leur rêve nationaliste et fédéraliste. Ils ne se soucient pas de l’enseignement primaire, croyant qu’apprendre aux enfants à lire les almanachs félibréens suffirait pour sauvegarder la langue. Conséquemment , ce mouvement qui a provoqué un renouveau littéraire indéniable, n’a pas empêché l’occitan de pâtir gravement de l’avènement de l’enseignement obligatoire vers la fin du siècle.
Scolarisation et francisation allant de pair, l’occitan devient hors la loi à l’école. Les instituteurs se font les exécutants zélés d’une politique d’élimination de l’idiome vernaculaire: ils apprennent aux enfants à avoir honte de la langue de leurs parents. Le français est présenté comme un moyen d’ascension sociale ce qui explique la faible résistance à l’entreprise de francisation. Ce travail de propagande est complété auprès des jeunes gens par le service militaire obligatoire.
La reconquète ?
Après 1965 la culture occitane sort du ghetto intellectuel. L’Institut d’estudis occitans devient un organisme de rencontre et de réflexion. Un nouveau départ est possible grâce aux travaux de Louis Alibert, artisan de la renaissance linguistique, de Robert Lafont, théoricien de l’occitanisme progressiste et de quelques autres. On assiste à une explosion nationaliste dans laquelle les jeunes tiennent une place importante. La chanson ne se cantonne plus dans le folklore: elle devient revendication culturelle et politique. Nous retiendrons les noms des interprètes les plus connus: Claude Marti, Mans de Breich, Patric, Los de Nadau, Daumas, Tocabiol, Jacmelina, Maria Rouanet…
Malheureusement, de moins en moins de jeunes comprennent et parlent la langue.
Sans une reconnaissance de l’occitan avec enseignement de la langue à l’école et création de médias, dans quelques décennies, il ne sera plus connu que de quelques universitaires ou de quelques « vieux fossiles » que l’on montrera aux touristes.
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