A propos de Charles Boyer et de Figeac : Le 28 Août 1899 à cinq heures quinze minutes du soir naît dans la maison familiale boulevard Labernade, Charles Boyer qui à partir de 1930 sera un acteur romantique célèbre. Nous évoquerons les relations de l’acteur avec sa ville natale, notamment, dans les années de guerre et d’après guerre qui ne sont pas exemptes de malentendus. Au moment de la déclaration de guerre, Boyer fut mobilisé au milieu du tournage d’un film français qui devait s’appeler « Le Corsaire ». Démobilisé à la suite de diverses démarches, il abandonna le film et reprit le chemin de Los Angeles. Le 27 Décembre 1939, il écrit cependant à Joseph Loubet, sénateur maire de Figeac, la lettre qui suit …
« Berverly Hills, 27 Décembre 39
Cher Monsieur et ami,
Me voici réinstallé en Californie, où j’ai reçu dès mon arrivée un accueil vraiment réconfortant. J’ai – enfin ! – la sensation bien agréable d’être un peu utile. En collaboration, avec mes collègues anglais, nous nous occupons activement de plusieurs œuvres et avons déjà obtenu des résultats très importants.
En dehors de ces efforts, mon salaire pendant la durée des hostilités sera naturellement intégralement versé aux différentes œuvres que l’on m’a signalées à Paris au Ministère de la Guerre. Je tiens à vous dire que je vous serais reconnaissant de faire appel à moi pour vos réfugiés, ou pour tout besoin particulier intéressant notre cher Figeac.
Je me souviens avec émotion de votre sollicitude pendant mon bref séjour et j’espère bien vous y retrouver bientôt sous le signe des temps paisibles, sinon heureux.L’atmosphère ici est cent pour cent favorable et cette impression s’accentue de semaine en semaine. Je crois sincèrement pouvoir servir utilement dans ce pays le prestige du nôtre et vous remercie d’être parmi ceux qui l’ont compris dès le début. Encore une fois, mettez-moi à contribution autant que vous le voudrez. J’ai déjà demandé à ma mère de vous remettre un chèque, mais je sais que quelques lettres s’égarent, de toutes façons, je vous demande d’oublier toute discrétion. Je vous serais reconnaissant de toutes les demandes que vous voudrez bien m’adresser.
Trouvez ici mes souhaits bien sincères et croyez, je vous prie à mon souvenir reconnaissant et fidèle.
Charles Boyer ».*
* Document aux archives de la Société des Études du Lot à Cahors.
Par la suite, c’est la mère de l’acteur qui s’occupera de fournir des secours aux réfugiés figeacois (outre ce que l’acteur fait pour les œuvres de guerre nationales). Trente mille Francs seront ainsi versés en mai 1940. Par la suite, les liens semblent se distendre entre Figeac et Charles Boyer. En 1942, il acquiert la nationalité américaine. Coupé des ses premiers compatriotes, de leurs problèmes quotidiens, puis de leur martyre, pratiquant à la Libération une « charité » trop ostentatoire même si elle est réelle, Charles Boyer ne parvient pas à rétablir le contact avec une population traumatisée que gagne en outre un « antiméricanisme » aggravé par la guerre froide.
Article écrit par Philippe Calmon, paru dans le Bulletin de la Société des Études du Lot, Octobre-décembre 1999, 4e fascicule, Tome CXX.
Charles Boyer (page Wikipédia)
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