Chronologie de résistances et de répressions [1]
La Seconde Guerre mondiale devait profondément éprouver la population de Figeac et de la région. La Kommandantur qui installe son siège rue Wilson à Cahors [2], à l’hôtel de l’Europe [3], comprendra rapidement que cette région tranche avec le reste du département, par ses forets plus denses, plus épaisses, constituées pour l’essentiel de châtaigniers. Cette « grande châtaigneraie » est une zone de rassemblement commode pour les réfractaires, non seulement de la région, mais aussi pour ceux qui viennent de plus loin. La région boisée, avec une population hospitalière, leur offre des possibilités pour se nourrir et se cacher. Cet endroit est un refuge de choix pour ceux qui veulent échapper aux recherches de la police, la nature y offrant des possibilités pour se déplacer sans éveiller l’attention.
Beaucoup, pour échapper au travail obligatoire en Allemagne [4], renforcés par l’impact produit sur l’opinion, par la défaite de l’armée allemande à Stalingrad, le 31 janvier 1943, gagnèrent les « maquis » du Ségala [5] et vinrent ainsi grossir les
rangs de la Résistance. Gouffres, grottes dissimulées sous les ronces et qui ne sont connus que par les habitants du pays peuvent servir de refuges ou de caches pour les armes et les munitions.
Le manque d’organisation distinguera longtemps la résistance ; chaque maquis est une entité autonome, qui en dehors de quelques « actions concertées », improvise des interventions [6]. Mais ces opérations improvisées gênent terriblement les forces allemandes, qui se retrouvent en danger sur toutes les routes et voies ferrées, et obligées à se déplacer par groupes importants escortés de chars et d’automitrailleuses.
Les habitants, ne cachant plus aux soldats de la Wehrmacht leur hostilité à leur égard, les Allemands avaient aussi compris que la population était de plus en plus favorable aux patriotes qui, dans l’ombre, préparaient la lutte.
De par sa situation géographique, Figeac et sa région pouvaient passer pour un centre actif de la Résistance.
De plus, le département du Lot étant traversé par de grands axes utilisés par les convois allemands : Toulouse à Paris via Limoges, Bordeaux, Figeac, Aurillac, Clermont-Ferrand, Lyon, le « plan vert » devra y être appliqué, au moment du débarquement allié. Les objectifs de ce plan, seront de réduire au maximum les moyens de communication de l’ennemie sur les itinéraires routiers et ferroviaires empruntés régulièrement par les allemands pour leurs déplacements.
C’est le débarquement allié en Afrique du Nord (Maroc français et Algérie), le 8 novembre 1942, qui décide le Reich à envahir la zone sud ce même mois.
Après les manifestations du 11 novembre 1943, faisant suite aux sabotages qui se multiplièrent depuis mi-octobre, les Allemands prennent le relais des forces de Vichy pour assurer le maintien de l’ordre. La répression s’organise avec méthode en s’appuyant sur des renseignements fournis par des français, miliciens, ou agents de la Gestapo. La Gestapo s’installe à Cahors dans une grande villa à l’écart de la ville [7] où commencent à se succéder arrestations et interrogatoires.
Le 4 octobre 1943 quelques habitants de Cahors, Figeac, Souillac et de quelques autres villages du département, ont pu avoir entre les mains le premier numéro du premier
journal clandestin de la résistance du Lot Le Lot résistant, journal des « lotois résistants, en collaboration avec la fédération socialiste et la section Libérer et Fédérer « .
Le 11 novembre, J.-J. Chapou [8] décide l’organisation d’une manifestation patriotique à Marcillac-sur-Célé, village proche du cantonnement du maquis « France ». Le maquis défile devant le monument aux morts, dépose une gerbe et observe une minute de silence. Une cérémonie identique aura lieu à Larnagol avec le maquis « Douaumont » et à Saint-Perdoux avec le maquis « Bessières ».
Le 30 novembre eut lieu le premier parachutage d’armes et de munitions sur le terrain du plateau des Luzettes, près de Sousceyrac, organisé par l’AS-Vény [7bis].
En novembre 1943, J.-J. Chapou crée avec les MOI [9], les maquis «Liberté», « République» et «Fraternité» dans le triangle Grèzes-Espagnac-Camboulit.
En décembre 43, deux importantes opérations de répression sont montées conjointement par l’armée d’occupation et la police de Vichy, dans les régions de Puy-l’Evêque et de Bagnac.
Le 7 janvier 1944, une mission est parachutée à Carennac. Il s’agit d’agents anglais du SOE [10] (Capitaine George Hiller, dit « Max », chef de mission et lieutenant Cyril Watney, dit « Michel », radio) qui rejoindront l’état major Vény [11]. Cette mission leur permettra de bénéficier d’une importante aide matérielle, notamment en armement.
Depuis le 2 juin 44, le maquis « Douaumont [12] », en cours de formation, est cantonné au lieu-dit Marcou, commune de Saint-Martin-Labouval. Des agents français de la Gestapo, renseignés par un milicien de Cajarc [13], réussissent à introduire l’agent « Benoni [14] » dans ses rangs. Dans la nuit du 8 au 9 janvier, sous prétexte d’une livraison d’armes, le rendez-vous tourne au guet-apens : quatre maquisards seront tués, vingt-deux seront faits prisonniers dont quatre blessés, transférés à la prison Saint-Michel à Toulouse, puis dirigés vers Compiègne et l’Allemagne. Neuf sont morts en déportation.
Les usines Ratier à Figeac, fabriquaient, au rythme de 300 par semaine, des hélices à pas variable qui équipaient les avions Heinkel de la Luftwaffe. L’idée d’un bombardement aérien fut vite écartée, car dans ce quartier du Pont du Gua, l’usine ne pouvait être détruite sans qu’il en résulte d’importants dégâts et des victimes dans la population. Le 19 janvier 1944, cinq patriotes [15] allaient poser les pains de plastique nécessaires à la mise hors d’usage de trois machines : la production dont bénéficiait l’armée allemande sera ainsi paralysée. Un jeune patriote, membre des FUJ [16], fut tué accidentellement devant la grille de l’usine, par un morceau de métal arraché à une machine.
Le 31 janvier, le maquis Bessières, sous la direction du « Colonel Georges » [17], investit la gendarmerie de Figeac et s’empare d’un important matériel. [18]
Le 31 mars 1944, 400 individus attaquent la prison de Figeac, défendue par des Gardes Mobiles ; ils emportent une importante quantité d’armes et d’équipements.
Le 6 avril le train venant de Cajarc, fût arrêté à Conduché à 2 heures du matin par des hommes des maquis « France » et « Gabriel Péri » accompagnés de J.-J. Chapou et de techniciens britanniques. Après avoir rendue la locomotive inutilisable, 8 wagons furent lancés en direction de Cahors et bloquèrent en déraillant le tunnel de Bouziès pour deux jours. La seconde partie du train fut incendié dans le tunnel de Coudoulous au confluent du Lot et du Célé. Deux wagons remplis de benzol et d’ammoniaque sont incendiés, mais le lendemain, alors que des ouvriers sont venus déblayer la voie, d’autres wagons explosent, tuant sept d’entre eux. Le trafic fut immobilisé pendant plusieurs semaines.
Le 9 avril, dès 6 heures du matin, une poignée de soldats allemands arrivent à Figeac et cernent rapidement quelques maisons rue Gambetta et place Vival. Ils arrêtent trois personnes qu’ils amènent à la Gestapo de Cahors pour interrogatoire. Les premières arrestations venaient de commencer.
Le 10 avril, au petit matin, Cajarc est investi par huit maquis FTP, soit presque 400 hommes commandés par « Philippe ». Après la neutralisation des voies de communication et la mise en place d’embuscades, la gendarmerie, la poste et la mairie sont occupées. La voie ferrée fut coupée – avec la complicité des cheminots – à un kilomètre de part et d’autre de la ville. Trois traitres responsables de l’extermination du maquis « Douaumont », sont arrêtés, jugés par l’état-major de J.-J. Chapou, et fusillés sur la place.
Les Allemands prévenus, arrivant depuis Cahors, tombent sur le barrage tenu à Larnagol par le maquis «France». L’engagement, qui ne dura que quelques minutes, permet à une voiture allemande de faire demi-tour pour aller chercher du renfort. Quatre soldats allemands sont tués, un résistant blessé. Mais la Gestapo de Cahors était alertée et vers 15 heures, arrivèrent des GMR [19], des miliciens [20], des soldats allemands, des agents de la Gestapo qui attaquent le barrage de tous côtés. Rapidement, compte-tenu de la différence de force au feu, le repli est nécessaire, d’autant que deux maquisards sont tués, d’autres capturés.
Les groupes de GMR attaquent presque tous les barrages autour de Cajarc, aussi « Philippe » ordonne le repli. Ce coup de force, qui a un fort impact sur la population, a été demandé par le gouvernement provisoire d’Alger, afin de soulager les maquis des départements limitrophes. Le bilan fut de cinq morts, trois prisonniers fusillés quelques jours après à Toulouse, un blessé grave.
Dans la nuit du 21 au 22 avril, un parachutage anglais manque sa cible, sur le plateau de Lascamps, entre Faycelles et Béduer. C’était un lieu de rendez-vous des résistants qui y recevaient armes, munitions, provisions. Les Allemands informés que des habitants ont trouvés des caisses, arrivent de Cahors avec deux camions, les chargent, pour repartir après avoir patrouillé dans le secteur et perquisitionné les granges alentours.
Le dimanche 23 avril, à 4 heures du matin, une centaine de soldats allemands en camions et voitures, arrivent à Figeac, mettent des fusils mitrailleurs en batterie dans les carrefours, cernent plusieurs maisons dans lesquelles ils pénètrent pour procéder à des arrestations ; l’opération dure toute la matinée. Après bien des interrogatoires, des fouilles en règle, des vols, les soldats partent à la recherche de la villa «Yvonne». Ils vont et viennent sans la trouver. Dans leur course à travers la ville et furieux de ne rien trouver, ils arrêtent trois hommes qui travaillent dans leur jardin, afin de les interroger. Comme ils ne savent pas répondre, ils les abattent d’une rafale de mitraillette tirée à bout portant. Ils repartent vers Cahors, emmenant les personnes qu’ils ont arrêtés dans la journée, soit sept hommes et trois femmes tous morts en déportation. Les funérailles de ces trois innocents, malgré les interdictions, furent imposantes.
En début d’année 1943, les Allemands demandaient encore à Vichy d’envoyer des contingents de policiers, des GMR, accompagnés de gendarmes et de gardes mobiles, car ils pensaient n’avoir à faire qu’à des petits groupes isolés d’extrémistes, que la police française pouvait facilement maîtriser. La Milice fut substituée à la police, la gendarmerie et les gardes se montrant souvent les alliés des maquisards, qu’ils informaient préalablement des opérations auxquelles ils devaient participer. Mais la Milice se trouva, elle aussi, incapable de réduire les révoltes. Alors, ce sont les soldats de la Wehrmacht, qui furent dès lors mis à contribution, sans plus de succès. Il était donc nécessaire de faire entrer en lice, les Waffen SS et l’une de ses divisions blindées d’élite, la division Das Reich. Désormais, il est nécessaire à l’ennemi, d’engager des bataillons blindés et bien armés. Il ne peut pas non plus, occuper le terrain trop longtemps : il ne lui est alors possible que de piller, bruler pour dégager les axes de communication et semer la terreur. Quant aux résistants, à eux de ne pas tomber dans le piège tendu par ces colonnes puissamment armées, qui ne recherchent que la bataille rangée pour mettre en avant leur importante force de feu. Ils devaient rester fidèles à leur tactique éprouvée, celle du harcèlement permanent, qui rendait la vie des troupes allemandes de plus en plus difficile. [21] Il était nécessaire de créer un climat d’insécurité parmi les armées ennemies, en s’attaquant à leurs moyens de transport et aux industries qui travaillaient pour leur armée.
Le 25 avril, J.-J. Chapou (« Philippe ») est nommé commandant militaire des FTP de Corrèze où il portera le pseudonyme de « Kléber ». Il sera remplacé par « Georges » (Robert Noireau). Il quittera effectivement le Lot, début mai.[22]
Le premier mai, à l’initiative de Philippe, et après l’expérience de Cajarc, c’est l’occupation de Gramat qui est décidée, afin d’attirer dans un guet-apens, les allemands basés à Cahors. Les embuscades sont placées loin de la ville et le dispositif de sécurité renforcé. C’est le lieutenant « Antoine » qui assure l’occupation de la ville et sa protection rapprochée, avec les maquis « Guy Mocquet », « Bessières » et « Douaumont ». Ils constituent ainsi le groupement nord. En interception éventuelle, entre Figeac et Assier, à Reilhaget, près de Reilhac, on trouve les trois maquis espagnols « Liberté », « Egalité », « Fraternité ».
Le groupement sud, est en embuscade à quinze kilomètres de Cahors avec les maquis « Gabriel Péri », « France » et « Jean Bart ». « Philippe » installe son PC à Constans. Les allemands, bien avertis, ne sont pas tombés dans le piège et n’ont pas quittés Cahors [23]. L’opération dont le décrochage s’est effectué à midi, reste positive, ayant, comme à Cajarc, un grand impact sur la population. Une gerbe fut déposée au monument aux morts et des fonds récupérés à la perception et à la poste.
Le 2 mai 1944, un bataillon de chars s’entraîne près de Montpezat-de-Quercy et des balles sont tirées dans leur direction. Il s’ensuit d’importantes représailles contre la population civile. Les SS encerclent la cité, se livrent à des pillages et incendient nombre d’habitations. Cinq personnes sont tuées et quinze sont déportées. A Belfort-du-Quercy, le 4 mai, ces mêmes éléments, à la recherche d’un chef de la résistance, cernent le village. Six personnes seront arrêtées dont quatre mortes en déportation.
Le 7 mai, J.-J. Chapou prend le commandement des FTP de Corrèze. Robert Noireau (« Colonel Georges ») devient commandant des FTP du Lot. Mi-février, Chapou ainsi qu’une grande majorité des maquis MUR étaient passés aux FTP et R. Noireau était ainsi rentré dans le triangle de la direction départementale.
L’action des résistants qui s’était développée dans le Figeacois, devait attirer l’attention de la Gestapo et inciter les chefs de l’armée allemande à intervenir avec force. C’est ainsi que la première grande action de représailles fut lancée le 10 mai au soir et dix objectifs désignés, dont Terrou, Latronquière, Gramat, Saint-Céré et Figeac, sur des informations fournies par des indicateurs français. Le chef de l’action policière, était l’Obersturmbannführer SS Müller. Leurs informations étaient pour certaines très sérieuses,
comme celle qui désignait « un nommé Philippe, ancien professeur au Lycée de Cahors » comme « chef des terroristes ».
Dans la nuit du mercredi 10 au jeudi 11 mai, à partir de minuit, Figeac est réveillée par un bruit assourdissant d’engins motorisés qui se succèdent dans les rues : c’est une partie de la division SS [24] blindée Das Reich [25], régiment Der Führer, cantonnée à Valence-d’Agen et des Compagnies autonomes de Moissac, commandées par Diekmann remontées par Lauzerte, Montcuq, Cahors et qui ont pris la route de Figeac par le causse, ainsi que d’autres bataillons du même régiment, stationnés à Caussade, Montauban, Nègrepelisse, Caylus [26], commandés par Heinz Werner, qui arrivent à Figeac via Limogne. Leur point de ralliement devait se situer au village Le Bourg sur la RN 140. Arrivant par l’avenue de Toulouse, ils traversent la ville et, par la route de Planioles, se dirigent vers le nord et le nord-est du département.
Plusieurs centaines de véhicules et d’engins de toutes sortes passent ainsi : chars lourds, chars légers de cavalerie, canons, chenillettes, automitrailleuses, camions, motos… Environ 12.000 hommes avaient été mobilisés pour cette opération : le défilé se poursuit pendant quatre heures sans interruption.
Au petit jour, tout est passé. La population rassurée, croit à un simple déplacement de troupes.
Il en était tout autrement : c’était le début d’une opération de grande envergure destinée à briser la Résistance dans tout l’arrondissement. Tout était prévu : horaires et points de départ, heures d’arrivées sur les lieux d’opérations, unités engagées, objectifs, nom de l’informateur, etc… [27]
L’objectif pour cette journée du 11 mai, est de visiter et d’occuper presque toutes les communes de la zone situées autour de Figeac pour, la nuit suivante, se concentrer sur la ville elle-même afin d’y procéder à des arrestations massives.
Très tôt, des détachements SS font irruption dans Gramat, rassemblent la population et après un tri arbitraire, font conduire 27 personnes à Figeac, dont onze de confession juive qui furent déportées et périrent dans les camps.
Après 4 heures, à Cabrerets, un ouvrier agricole est abattu, un fermier et son domestique arrêtés, des fermes pillées et même une incendiée
A 6 heures 30, Lauzès est cerné. Après avoir occupés la Poste, désarmés les gendarmes, les troupes allemandes rassemblent la population sur la place. Pendant ce temps des maisons sont fouillées et pillées. Deux femmes (Jeanne Moncoutié et sa fille Berthe) qui menaient leurs moutons au pré sont tuées et plus loin un homme de 66 ans (Adrien Lalo) est abattu dans son jardin. Les hommes arrêtés furent relâchés après vérification de leurs papiers. Puis c’est le tour de Orniac, où le même scénario se répète : rassemblement des hommes sur la place, pillage des maisons. Mais les hommes seront relâchés, à l’exception du maire et de deux de ses concitoyens qui furent emmenés. Deux seront déportés. A Blars, les Allemands fouillent et pillent les maisons et font main basse sur tout ce qui a de la valeur ainsi que du ravitaillement. Onze habitants sont arrêtés.
Dès le matin du 11, les unités FTP avaient reçu l’ordre d’accrocher les allemands par embuscade, partout où ce serait possible en dehors des agglomérations. C’est ainsi que près de Livernon, les 30 maquisards du détachement « Gabriel Péri » attaquent un convoi de blindés du régiment « Der Führer » ; une automitrailleuse, trois chars légers sont détruits et une quinzaine de soldats allemands sont mis hors de combat. Un maquisard sera blessé, mais la ferme du Mas-de-Périé est incendiée en représailles.
Une patrouille du maquis « France » tombe par surprise sur un détachement Allemand sur la D 653 et tue cinq soldats.
Dès leur sortie de Figeac par la RN 140, au premier embranchement rencontré en haut de la côte de Planioles, une dislocation de la colonne se produit. Il en sera de même à de nombreuses autres intersections : des groupes armés se détachent et se dirigent ainsi dans toutes les directions.
En ce 11 mai, les Allemands passent à Grèzes ; deux jeunes qui s’enfuient en courant à l’arrivée de la colonne blindée, sont mitraillés. Ils ne seront heureusement que blessés. Les allemands cernent Le Bourg, demandent aux hommes de se rendre place de l’église. Les premières personnes interrogées sont relâchées ; cependant, vers quinze heures, sans que personne puissent leur parler, onze sont chargées sur des camions.
Dès 8 heures du matin, occupation totale de Lacapelle-Marival. Une fouille des maisons s’effectue, les hommes doivent se rassembler sur la place, et après une sélection arbitraire, 77 sont arrêtés et chargés vers 18 heures dans des camions, avec les autres prisonniers du secteur, pour être emmenés à Cahors où ils passeront la nuit, avant d’être emmenés à Montauban.
Nouvelle visite à Lacapelle le 1er juin : à 15 heures plusieurs camions remplis de maquisards venant de la direction de Figeac s’arrêtent dans la localité pour se rafraichir et se ravitailler. Après une heure, ils reprennent la route de Latronquière et font un arrêt à Rouqueyroux où c’est jour de foire.
Deux heures après, des camions chargés de soldats et d’agents de la Gestapo arrivent. Après un très long interrogatoire du maire – le Docteur Cadiergues –, à propos des résistants : « Il y a des terroristes dans le pays ; vous les ravitaillez ; vous savez où ils se cachent. Parlez ou on vous fusille ! » les allemands repartent en direction de Figeac.
En ce 8 juin, c’est jour de foire à Lacapelle, et donc jour de grande affluence. En fin de soirée les allemands font leur entrée dans la ville. Dès leur apparition hommes, femmes et enfants s’enfuient dans toutes les directions ; cette retraite précipitée met les allemands en fureur. Ordre leur est donné de tirer sur toute personne qu’ils voient s’enfuir. Ce fut le cas pour un homme route de Saint-Maurice. Blessé, il est emporté par les allemands ; après négociation avec le maire, il est amené à l’hôpital de Figeac où il décèdera quelques heures après une opération trop tardive. Ses deux compagnons, arrêtés par la Gestapo, seront emmenés le lendemain 9 juin à Tulle, où ils furent relâchés, après avoir été contraints d’assister aux pendaisons sans savoir si cela n’allait pas être leur tour.
Au cours de ces différents passages des troupes à Lacapelle, des pillages furent exécutés, des atrocités commises, des maisons dévalisées, des femmes violentées, des sommes importantes d’argent et des d’objets divers emportés.
Ce 11 mai, Les troupes venant d’opérer si durement à Lacapelle et au Bourg sont les mêmes qui, en haut de la côte de Planioles avaient pris la route de Paris. L’autre colonne avait continué en direction de La Châtaigneraie et était ainsi arrivée à Cardaillac vers 6 heures du matin. En y pénétrant, les soldats tirent des rafales de mitraillettes de tous côtés, pour affoler la population qui court en tous sens, à la merci des balles ennemies. Après avoir cernés la localité ils installent une mitrailleuse dans le clocher de l’église.
Les officiers parlementent longuement avec le maire, Monsieur Lafage qui ne se laisse aucunement influencer par leurs menaces. Durant l’interrogatoire, les soldats font sortir des maisons tous les hommes de 16 à 60 ans et les amènent sur la place, effectuant un tri. Deux hommes qui ont essayés de s’enfuir furent abattus. Les SS très nerveux, ouvrent le feu sur tout ce qui bouge : c’est ainsi qu’ils tirent sur deux femmes qui gardaient leur troupeau dans un pré. Une fut abattue et l’autre grièvement blessée. Finalement, tous les otages seront relâchés.
Le lendemain 12 mai, une autre colonne allemande cerne le village et y effectue alors un pillage systématique. Cependant, encore une fois grâce au maire, qui explique à l’officier commandant le détachement, qu’une unité allemande est passée hier et a effectué la vérification de l’identité des habitants, le convoi repart en direction de Figeac.
D’autres troupes avaient continué sur Latronquière où elles arrivent vers six heures trente. En quelques minutes l’agglomération est cernée par au moins 2000 soldats. La poste, la gendarmerie sont occupées. Tous les habitants sont rassemblés sur la place puis amenés dans un pré, hommes d’un côté, femmes de l’autre. S’ensuivent des interrogatoires parfois violents. Le chef du détachement, furieux de ne pas avoir obtenu les renseignements qu’il cherchait, retient tous les hommes valides et donne ordre aux autres de rentrer chez eux.
S’ensuit un pillage surement prémédité dans lequel disparaissent tous les biens précieux, toutes les maisons ayant été soigneusement visitées de la cave au grenier. Des maisons sont incendiées.
Vers 14 heures des camions arrivent de Sousceyrac ; les quarante hommes arrêtés, dont le maire, le juge de paix, le percepteur, l’instituteur, l’huissier, deux facteurs, trois
gendarmes, y sont entassés et prennent la direction de Cahors où ils sont cantonnés dans les caves du lycée de jeunes filles. Le lendemain, ils rejoindront les autres déportés de la région à Montauban. Quinze mourront dans les camps. Dans l’église paroissiale Saint-Jean-Baptiste de Latronquière, le chemin de croix peint par Pierre Delclaux, élève de Jean Lurçat, retrace le calvaire des habitants capturés par les SS.
Cette nuit à Latronquière sera une nuit épouvantable : chants de soldats ivres, hurlements, pillages. Le lendemain matin, vers 6 heures c’est le départ des troupes, une partie vers Saint-Hilaire-Bessonies où a lieu ce jour là l’incendie du hameau de Gros-Cassan et en partie vers Lauresses et Maurs. Dans l’après-midi, un char isolé, probablement égaré, fait irruption. Ses occupants visitent plusieurs maisons et remplissent le véhicule de leur butin. Un cultivateur est abattu dans son pré.
A Sousceyrac, quinze hommes sont arrêtés, deux d’entre-eux seront fusillés à Montauban le 16 mai. Trois autres ne reviendront pas des camps. A quelques kilomètres de là, à Saint-Cirgues, un autre détachement opère un pillage très poussé du village mais aucune autre exaction ne sera commise.
Après le départ des camions de prisonniers, toutes les automitrailleuses quittent Latronquière en direction de Molières. En un quart d’heure le village est visité et pillé de fond en comble. Un homme de 37 ans est abattu, trois autres sont emmenés. Les allemands restent peu de temps, le voisinage des forêts épaisses semblant les impressionner.
C’est dans les communes situées aux alentours immédiats de Latronquière que la pression allemande se fait le plus particulièrement sentir en cette journée du 11 mai.
A 6 heures, venant de Rouqueyroux, les allemands sont à Gorses où ils pillent les maisons, rassemblent la population dans un pré face au foirail, prennent neuf otages. Ensuite, ils se dirigent vers Terrou en tirant des balles incendiaires dans la broussaille sèche bordant la route, craignant en effet les embuscades du maquis, sur cette route escarpée. Plus de 50 hectares de bois sont ainsi ravagés par le feu.
Arrivés à Terrou, ils barrent les routes et fouillent toutes les maisons qu’ils pillent. Ils rassemblent les personnes qu’ils trouvent. Vers midi, ivres et furieux après des interrogatoires sans résultat, ils mettent en batterie les canons et bombardent le hameau de La Descargues situé à quelques kilomètres. Ils reprennent après la route de Figeac.
Terrou fait partie des « objectifs » de l’opération allemande, car ils pensent y trouver un important stock d’armes, du matériel, des équipements et pensent que le village abrite un nombre important de maquisards.
Ils y reviendront le 2 juin. Un ensemble de blindés est arrivé à Leyme dès les premières heures et un PC est installé dans l’asile. Un détachement prend la route de Molières et bifurque vers Terrou. Les habitants avaient déserté, prévenus par les résistants de la venue probable des allemands qui lancent des bombes incendiaires et détruisent systématiquement le village qui brûle la journée entière. Le village de Terrou, fut décoré en septembre 1945, de la Médaille de la Résistance.
Durant les opérations dramatiques survenues à Lacapelle-Marival, Le Bourg, Latronquière, Terrou, les allemands avaient continué leur avancée dans la partie nord de l’arrondissement. Ainsi, ils sont signalés à Espeyroux, où ils dévalisent le bureau de tabac, à Leyme, à Saint-Maurice, au Bouyssou, à Saint-Vincent, à Lavergne, à Calméjane, à Sénaillac, à Teyssieu, etc… Ces villages n’eurent pas trop à souffrir ; quelques maisons furent cependant fouillées, des habitants interrogés, des coups de feu tirés pour semer la terreur.
A Saint-Maurice, quatre personnes furent amenés à quelques kilomètres de là pour y être interrogées, puis relâchées.
Toujours dans cette région, à Saint-Médard-Nicourby, trois personnes sont arrêtées et envoyées en Allemagne, une fût relâchée quelques jours plus tard, deux mourront en déportation.
On les voit ensuite à Saint-Hilaire-Bessonies à 7 heures du matin à bord de nombreuses chenillettes ; le village est bouclé en quelques minutes, les habitants rassemblés et interrogés. Après leur départ, les habitants découvrent leurs maisons avec désolation : armoires défoncées, vidées de leur contenu, provisions alimentaires disparues ainsi que bijoux, argent, etc…
A 6 heures 30 Saint-Céré également envahi. La brigade de gendarmerie est occupée et les gendarmes désarmés. La population est prévenue que les hommes valides doivent se présenter devant la mairie, pour un contrôle d’identité. Vers 11 heures, deux personnes sont arrêtées, conduits à l’Hôtel de Paris ou des soldats les questionnent, les fouillent, les maltraitent. Elles sont ensuite conduites devant le cadavre du jeune « Nanou »[28] abattu le matin même par les allemands lors d’un barrage au lieu dit « La Maynardie », sur la route entre Aynac et Saint-Céré [29]. Devant le cadavre, les allemands se livrent à un odieux chantage, en les sommant de parler, afin de ne pas subir le même sort. Mais les deux habitants se taisent. Le soir les allemands font un tri et la majorité des hommes purent rentrer chez eux. Les autres sont conduits en autobus au camp de Caylus ; il y avait une trentaine d’israélites et une quinzaine de Saint-Céréens. Juste avant le départ du car, les deux habitants torturés sont embarqués eux-aussi. Plus tard tous furent dirigés vers la caserne de Montauban. Un est remis en liberté, on ne sait pourquoi, tandis que le second prend le chemin de l’Allemagne. Il sautera du train après Compiègne.
Le bilan de cette journée sera de 37 victimes raflées et déportées ; sur les 16 Saint-Céréens, 5 se sont évadés du train qui les emmène en déportation. Quatre seulement reviendront des camps. Sur les 21 juifs raflés et déportés, une seule femme reviendra.
Pendant ce temps vers midi, les agriculteurs sont libérés et à dix-sept heures tous les autres.
Les allemands sont également signalés à Latouille-Lentillac, passent à Ladirat en direction de Sousceyrac qu’un groupe blindé d’une centaine d’hommes investit vers 6 heures 30. Sur la place, tous les hommes de la localité sont rassemblés par les soldats. Une quinzaine d’habitants furent conduits à Montauban. Parmi eux, deux jeunes infirmes y seront tués. Le motif de cette exécution, sera connu plus tard : « Inaptes au travail ». Un agent de liaison AS, qui passait par là et n’était pas informé, est pris et décède plus tard, des mauvais traitements que les militaires lui font subir. Trois des prisonniers ne reviendront pas d’Allemagne.
Alors commence un important reflux vers Figeac. Des centaines d’engins motorisés, des milliers de soldats, commencent à faire leur apparition vers 18 heures en ce jeudi 11 mai et occupent poste, gare, et principaux carrefours.
Ils cernent entre autre, l’hôtel Tillet où ils s’installent au premier étage, pour procéder aux interrogatoires. Vers minuit, une quinzaine d’ouvriers de l’équipe de nuit de l’usine Ratier, allant prendre leur travail, sont arrêtés et conduits à l’hôtel.
Il en fut de même pour des mineurs de Saint-Perdoux allant prendre leur poste. Au matin, c’est le tour des garde-voies de communication rentrant chez eux après leur service.
Au petit jour la ville est complètement encerclée. Aux environs immédiats les soldats sont partout. Des pièces d’artillerie sont installées sur les hauteurs de la ville, carrefours et places sont gardées par des chars, des mitrailleuses sont en batterie. Un voyageur venant de Limoges par le train, raconte qu’entre Ceint-d’Eau et Figeac, sur la voie ferrée, tous les vingt mètres on pouvait voir un soldat. Les maisons sont perquisitionnées et les Allemands découvrent une cache comprenant un stock important d’armes et de munitions.
A sept heures, un tambour de ville indique que tous les hommes doivent se rendre à la gendarmerie pour un contrôle d’identité.
Pendant ce temps, les allemands perquisitionnent, fouillent la ville, cherchent les hommes et les poussent sans ménagement vers le lieu de rassemblement, place des Carmes. Durant toute la matinée les prisonniers sont interrogés dans les bureaux de la gendarmerie. Vers 13 heures, brusquement, les soldats font mettre les hommes en rang et les conduisent deux cent mètres plus loin, dans la cour et dans les bâtiments de l’école de garçons où ils seront stationnés.
Vers 15 heures, les employés des services publics et les ouvriers des usines Ratier sont libérés ; puis ce fut le tour de ceux qui s’occupent du ravitaillement et des hommes de plus de 60 ans.
Durant leurs perquisitions dans les maisons, les soldats allemands récupèrent surtout des provisions, et bientôt les effets de l’alcool se font ressentir : des détenus sont malmenés, brutalisés et sont même parfois l’objet de simulacre d’exécution, tandis qu’ils sont toujours laissés debout, sans nourriture. C’est seulement vers 16 heures, que les familles sont autorisées à leur porter quelque nourriture ou vêtement.
Vers 17 heures, les premiers camions viennent s’aligner devant la porte ; on fait monter les prisonniers. C’est ainsi que plus de six cent hommes sont emmenés dans 32 camions ! Vingt-cinq sont laissés libres, les allemands n’ayant pas trouvé pour eux de véhicule à réquisitionner.
A 18 heures le convoi prend la route de Cahors.
Les troupes allemandes resteront à Figeac toute la nuit : des soldats ivres pillent de nombreuses maisons de la ville et de sa périphérie ; ils se livrent à de nombreuses exactions sans qu’aucune patrouille ne puisse les retenir. Des véhicules vont et viennent dans les rues, des coups de feu sont tirés dans toutes les directions, dans le seul but d’entretenir la peur.
Au matin du 13 mai, petit à petit, les allemands quittent la ville qu’ils laissent en pleine désolation.
Quant au convoi de prisonniers, il a rejoint Cahors vers 20 heures ; les hommes durent passer la nuit dans les caves à charbon du lycée de jeunes filles. Le lendemain matin, noirs de poussière, ils sont à nouveau chargés sur les camions, et le convoi ainsi formé arrivera à la caserne des Dragons de Montauban vers 14 heures. Les hommes seront alors rassemblés dans le manège de l’ancien quartier de cavalerie. C’est ainsi qu’ils resteront plusieurs jours dans la poussière de ce lieu.
Les allemands voulant recueillir des informations sur l’organisation des maquis de la région de Figeac, leurs caches, le nom des résistants, etc… se livrent à de nombreux interrogatoires, accompagnés de tortures.
Quelques jours après, les prisonniers sont chargés dans des trains partant pour l’Allemagne.
Les conséquences de cette rafle furent tragiques : 4 fusillés à Montauban, 133 déportés dans les camps [30], dont 8 femmes, par le train Fantôme vers Dachau puis Ravensbrück, 226 travaillèrent en usine, 83 raflés sans précision d’affectation [31].
Pendant que la majorité de la troupe allemande opère en ville en ce 12 mai, des groupes armés, d’importance variable, gagnent les alentours où ils vont mener de bien sinistres opérations.
A Lissac, vers 10 heures, une automitrailleuse passe et… rafle des œufs… Vers midi, à la Pierre-Levée, commune de Lunan, ils capturent deux réfugiés dont un sera tué à Figeac, dans des circonstances inconnues. A 5 heures du matin, arrivent à Saint-Perdoux [32] une quinzaine de véhicules. Les soldats pillent, se ravitaillent, prennent sept hommes, des paysans et des mineurs et les conduisent à Figeac. Arrivés à Buzac, ils les font descendre, les alignent devant un mur, les soldats se rangeant en face d’eux les mirent en joue, simulant une exécution. Après ce tragique simulacre, le convoi reprend la route de Figeac. Ces sept hommes furent parmi ceux que les Allemands ne purent envoyer à Montauban, faute de camions !
A 8 heures du matin, les Allemands s’installent à Linac où leur principale préoccupation est le ravitaillement.
Vers 15 heures, environ 200 soldats pénètrent dans le petit village de Saint-Félix. Avec une extrême brutalité, ils l’envahissent et pillent les maisons. Un détachement va vers la localité proche de Rastel où ils tuent deux hommes d’une cinquantaine d’années. Dans un champ, une femme est assise sous un arbre avec ses trois enfants ; les allemands tirent sur eux et les tuent. Un homme de 53 ans est emmené à Figeac où il sera fusillé la nuit suivante.
A Niel, quelques kilomètres plus loin on retrouve le lendemain les corps d’un couple ayant cinq enfants, assassinés par les soldats allemands. Au hameau d’Emblas ils emmènent cinq hommes.
Des patrouilles circulent sur la route de Figeac à Aurillac, arrêtent des voitures. Au moulin de Bouluech, les allemands tirent sur un ouvrier agricole dans son champ ; il mourra le lendemain des suites de ses blessures.
A la gare de Viazac, les soldats détruisent le matériel et s’acharnent sur la bascule.
A Bagnac-sur-Célé, la ville est envahie, tous les hommes sont conduits sur la place du village. Un officier réclame au maire une liste des étrangers et des juifs résidants dans la commune. Le maire ne pouvant fournir ce document, la ville sera mise à sac et après le rassemblement et le contrôle de tous les hommes, quarante-deux seront retenus prisonniers et chargés sur des camions pour Figeac.
Quant aux soldats allemands, restés à Figeac dans la nuit du 12 au 13, ils se livrèrent au pillage systématique de très nombreuses habitations.
Après ces terribles journées des 11 et 12 mai, qui ont laissées Figeac et sa région dans une extrême douleur, peu d’allemands sont aperçus dans le pays. Cependant la population vit dans la crainte de nouvelles représailles.
Premier juin, une opération d’envergure est menée à Capdenac-Gare à partir de cinq heures du matin. Cette ville étant un important centre ferroviaire [33], les responsables du maquis avaient décidé, en prévision d’un débarquement allié, de mettre hors d’usage un maximum de locomotives et les équipements du dépôt. Au total plus de trois cent maquisards, dix sept camions, six voitures légères ont été nécessaires à cette opération, dans laquelle étaient engagés les maquis « Guy Mocquet », « Gabriel Péri », « Douaumont », plus des éléments de
« Liberté » et « République ». Entre Figeac et Capdenac, les maquis « France » et « Jean Bart » sont restés en couverture, de même qu’un élément d’un huitième maquis entre Figeac et Labathude. Le pont transbordeur, la plaque tournante, les pompes du château d’eau, des postes d’aiguillage ont été en partie détruits et vingt-sept locomotives temporairement immobilisées. Une importante somme d’argent a pu être récupérée à la gare et à la perception ainsi que deux camions de conserves. La brigade de gendarmerie fut faite prisonnière, comme éventuelle monnaie d’échange, compte-tenu de l’arrestation de certains membres du maquis par la police de Vichy. Aucune victime à déplorer côté maquis et du côté allemand deux tués, deux prisonniers et un suicidé. Douze cheminots allemands se rendent mais seront libérés en raison de leur attitude antinazie. L’évacuation put être faite, avant que les troupes allemandes n’interviennent. Cette opération, comme les précédentes (Cajarc, Gramat) eut un fort impact sur la population du Figeacois, réconfortée par cette importante concentration de résistants.
Le 1er juin, les unités de la Das Reich stationnées au camp de Caylus lancent des représailles en réponse à l’attaque du dépôt de Capdenac. Sur la route de Jamblusse, un travailleur civil du camp de Caylus sera assassiné. Arrivées à Limogne où c’est jour de marché, la population, croyant à une rafle, s’enfuit de tous côtés ; les allemands tirent dans la foule et tuent sans motif six hommes dont les plus jeunes avait dix-sept et quatorze ans.
Peu de temps après, cette même colonne entre dans le village de Cadrieu où, à leur arrivée, un jeune homme de 19 ans s’enfuit ; poursuivit, il sera pris et emmené sur la place où il sera fusillé après contrôle d’identité. Deux personnes seront tuées à Frontenac en essayant de s’enfuir.
Le 2 juin, à l’aube, une division SS venant de Figeac passe à Planioles en direction de Gramat. Trois camions retardataires, chargés de soldats, seront attaqués à la grenade par un groupe de résistants, à deux kilomètres de Planioles en descendant vers Camburat, au lieu dit La Vigne. Les camions stoppent, font demi-tour et leurs occupants se lancent à la poursuite des maquisards. Ils fouillent les maisons alentours mais ne trouvant rien, ils se ravitaillent abondamment. Après avoir volé un maximum de choses, ils lancent des grenades incendiaires sur une dizaine de maisons, huit granges, toutes sur la commune de Planioles furent entièrement détruites. Deux jeunes sont arrêtés. Ils réussiront à s’évader du train près d’Orléans pour rentrer chez eux trois mois après.
Des exactions similaires sont à dénombrer dans les hameaux voisins de Camburat, Saint-Bressou, Fons, Lissac où de nombreuses maisons et granges furent incendiées, des troupeaux détruits, des arrestations et des pillages exécutées.
Après l’attaque du convoi, l’autre partie du détachement s’était dispersé dans les villages de Roques, Jonquières, Campagne, Doulans qui furent aussitôt occupés. Depuis un char, les allemands tirent dans la direction de Fourmagnac ; des coups de feu partent de tous les côtés. Les habitants des hameaux avoisinants, sont menés vers Roques et regroupés dans une grange. Le même scénario qu’à Terrou ou à Planioles : après avoir mangé et bien bu, les allemands pillent toutes les habitations et brulent vingt-six maisons. Beaucoup de fermes perdirent leur bétail. A Doulans une maison est aussi incendiée.
La veille, dans la côte de Planioles, un habitant de Camburat (évadé d’Allemagne) et son cousin qui reviennent de Figeac à bicyclette, essuient des coups de feu, tirés par les occupants d’une automitrailleuse ; un sera tué, l’autre grièvement blessé pourra se rétablir.
Les dégâts enregistrés à Planioles, Camburat et les hameaux à proximité furent très importants. On comptera en tout plus de 33 maisons et de 25 granges et hangars incendiés, des dizaines d’animaux tués.
Fons, village assez éloigné des grands axes de communication n’avait pas reçu la visite des troupes allemandes. Aussi les habitants furent-ils surpris de voir surgir trois véhicules militaires le 2 juin au soir. Après la vérification des papiers, ils emmenèrent quatre hommes à leur PC de Camburat où ils les enferment dans une grange. Un sera emmené prisonnier, mais réussira à s’évader quelques jours après, quant aux trois autres ils sont libérés le soir même.
Ensuite les soldats prennent la route de Lissac. Dans quelques maisons ils emportent des victuailles, dans une autre ils abattent même le chien de garde.
Le 3 juin, le « Groupe Plastic [34] » tend une embuscade Au Colombier, au-dessus de Viazac, au croisement de la route de Linac. Deux voitures allemandes se retrouvent sous le feu des maquisards. On comptera sept morts allemands. Cependant deux passagers auront la vie sauve et pourront ainsi donner l’alerte, puisque une demi-heure plus tard automitrailleuses et camions chargés de soldats se dirigent vers le lieu du guet-apens. A hauteur de Viazac, ils rencontrent des agriculteurs et des mineurs de Saint-Perdoux qui rejoignent Figeac. Ils en font monter neuf dans les véhicules et arrivant au lieu exact de l’embuscade, ils les alignent le long de la route, dos au Célé, les fusillent et poussent les corps dans le ravin. Une stèle commémore ce drame.
Vers 11 heures, ils arrivent au hameau du Cayla. Ils se dispersent en tirailleurs et montent jusqu’au village où ils tirent sur toutes les personnes qu’ils rencontrent. Huit personnes seront ainsi assassinées, dont le curé de Linac qui était venu porter secours aux blessés. Neuf personnes emmenées par les Allemands, seront libérées quelques jours après.
Cette embuscade du Colombier, devait être à l’origine de la dure répression qui causa la mort de dix-neuf personnes dans ces communes de Le Cayla, Viazac, Bagnac.
Le 5 juin, veille du Débarquement en Normandie, le chef de la division Das Reich, le général Lammerding, dans un rapport, met en garde sa hiérarchie contre les dangers que ferait courir, en cas d’invasion allié, le développement des maquis dans le secteur Cahors-Figeac-Brive.
C’est dans la nuit du 5 au 6 juin, que les alliés choisissent de bombarder Toulouse, ou plus précisément les usines aéronautiques situées à Saint-Martin-du-Touch, Montaudran et Blagnac, qui toutes trois travaillent à la réparation et à la constructions d’avions Junkers et d’hydravions pour les Allemands. Le lâcher de bombes, qui dura trois quart d’heure, fut réalisée à partir de minuit, en quatre vagues de dix bombardiers chacune. Le ciel toulousain s’embrasa et fut remplit des coups sourds des explosions, accompagnés du tonnerre de la DCA allemande. Une centaine de maisons furent détruites du côté de Muret. On compta un millier de sinistrés et soixante-quinze victimes.
Puis vint le débarquement allié.
Le 6 juin un train de ravitaillement, circulant sur la voie ferrée Bordeaux-Aurillac, fut attaqué par les résistants, près de la gare de Port-de-Gagnac. Trois soldats allemands y furent abattus et huit autres faits prisonniers, des tonnes de vivres et du matériel récupérés. Un maquisard fut tué. Les soldats allemands tués furent enterrés près du PC départemental du maquis, installé au château de Lagrenerie.
De nombreux sabotages sur la ligne Cahors-Capdenac-Rodez endommagèrent sérieusement les axes de circulation.
7 juin, Plastic et quatre de ses hommes partent en mission depuis la région de Prendeignes, pour dynamiter un ouvrage dans le département voisin de l’Aveyron, dans le but de gêner les déplacements ennemis. A Viazac, ils sont surpris par une patrouille allemande de plusieurs véhicules, chargés de soldats. La fusillade s’engage, Plastic tirant sur les soldats jusqu’à sa mort pour protéger la fuite de ses camarades. Ces derniers furent néanmoins rattrapés, massacrés et enterrés entre la route et la voie de chemin de fer. Le groupe « Plastic » est décimé, 4 morts et 10 SS tués. Une équipe fut chargée de récupérer les corps. Le cinquième maquisard, sorti plus tard de la prison Saint-Michel à Toulouse, où il avait été emmené pour interrogatoire.
Le 7 juin, vers quatre heures du matin une voiture vient stationner devant la sous-préfecture de Figeac ; un officier allemand en descend, entre dans le bâtiment et ressort en emmenant le sous-préfet. Il en sera de même, quelques minutes plus tard avec le maire. Après avoir été conduits sur les hauteurs du Cingle et de l’Aiguille où les officiers leur ont montré les batteries d’artilleries braquées sur la ville, ils peuvent regagner leur domicile. En début d’après midi, le maire est convoqué à l’hôtel David, siège du commandement allemand. Au cours de la conversation, le maire fait observer à l’officier allemand que des soldats allemands, ont déjà emmenés plus de 600 hommes le 12 mai. L’officier indique qu’il a ordre de pendre 120 personnes, puisque aucun habitant ne veut l’aider à trouver les « terroristes ». Mais un ordre contraire a surement été reçu, puisqu’il ne se passera rien et que le 8 juin les allemands quittent la ville en fin de matinée.
Le 7 juin, à Perches-Haut, à la limite du département du Lot, une patrouille de soldats SS revenant de Caussade, voient une paysanne qui, à la lueur d’une lanterne rentrait son troupeau, et croyant voir des maquisards partout, ils détruisirent des maisons du village, dynamitent le moulin à vent et tuent onze personnes, une seule ayant pu en réchapper.
Après l’annonce du débarquement allié, le 7 juin 1944, ordre est donné à la division Das Reich de se porter en Normandie, le plus rapidement possible. Pourtant, l’urgence ne paraît pas très grande, l’unité rejoignant le front en traversant l’intérieur de la France à partir de la région de Montauban où elle est stationnée, alors que l’itinéraire côté littoral aurait été plus court et plus sûr. En effet, la division Das Reich, flanquée de troupes de protection, a également l’ordre de réduire les foyers de résistance et de semer la terreur sur son passage, dès qu’un motif lui en est fourni par des sabotages, embuscades, ou des obstacles dressés sur son passage. Ce n’est que le le 10 ou le 11 juin qu’elle reçu l’ordre de rejoindre le font de Normandie.
La colonne prit la RN 20 au départ de Montauban et arrivant à Cahors, la plus grande partie – dans laquelle était le Général Lammerding – continuera en direction de Souillac, Brive. Une autre partie, constituée des blindés lourds pris la route de Figeac pour protéger le flanc droit. A Saint-Chamarand, le 1er bataillon Der Fürher, commandé par Dickmann sera détaché sur le flanc gauche vers Gourdon.
Après avoir traversé Figeac, un bataillon suit la RN 140 en direction de Tulle. Au Bourg, un détachement oblique à l’est pour patrouiller. A Issendolus, le 8 juin vers seize heures trente, une importante colonne blindée s’arrête. Des soldats descendent et se ravitaillent à l’hôtel Gautié. Après l’interrogatoire de quelques habitants – les Allemands sont à la recherche « d’une ferme, où se cacheraient des maquisards » – ils quittent le village.
A cent mètres, apercevant le beau-père de la jeune femme dont ils viennent de dévaliser l’hôtel, entrain de chercher des œufs derrière une haie, ils tirent trois rafales de mitraillette et tuent le pauvre malheureux.
Puis ils partent vers la ferme de Gabaudet. Ils devaient être bien renseignés, celle-ci étant située dans un endroit peu accessible, bien loin des grands axes de communication. De nombreux volontaires s’y sont rassemblés suite à l’annonce du débarquement de Normandie.
De tous côtés les véhicules convergent vers la ferme. Les jeunes résistants, la plupart encore sans arme, se sauvent dans les bois alentours. Mais les derniers sont rapidement cernés, et la ferme incendiée par jets de grenades et tir d’obus. Ceux qui veulent s’échapper du brasier sont aussitôt abattus. Au total vingt-neuf victimes et trois disparus. Soixante dix prisonniers qui seront amenés vers Tulle où ils devront assister aux pendaisons sans savoir quel sort leur sera réservé.
De retour vers Donnadieu, ils abattent près de sa grange, le propriétaire qui voulait absolument libérer ses animaux avant l’incendie. Ce hameau sera quasi totalement incendié.
Quelques heures auparavant, ils avaient arrêté deux jeunes gens, dont un réussira à s’échapper, mais l’autre sera fusillé à bout portant. Les allemands quitteront les lieux vers deux heures du matin…
A Reyrevignes, les troupes allemandes passent aussi ce jour là, recherchant des maquisards. Ils contrôlent les identités pendant que d’autres remplissent les véhicules de provisions volées.
Toujours ce 8 juin, les blindés allemands occupent Saint-Céré à partir du milieu de l’après-midi, rejoint par une colonne venant d’Aurillac et remontant aussi vers le nord. Des coups de feu seront entendus une partie de la nuit. Trois personnes seront arrêtées, interrogées, puis emmenées à la sortie de la ville où elles seront fusillées et jetées ensuite dans la rivière. Leurs corps ne pourront être retirés que le lendemain après-midi.
A Sonac, ce 9 juin, vers dix heures trente, une trentaine de soldats allemands rentrent dans le village par la route d’Assier, quant arrive une motocyclette conduite par un maquisard, qui grâce au sang froid d’une habitante pourra s’échapper. Les allemands furieux procèdent à une fouille scrupuleuse de la maison, mais ne trouvant rien, repartent avec leur butin en direction de Gramat.
Dès le lever du jour, les Allemands encerclent Gagnac-sur-Cère. Les résistants purent quitter le PC départemental du maquis, installé non loin, au château de Lagrenerie, en abandonnant matériel et provisions.
Dans Gagnac, les soldats commencent les perquisitions et déménagent aussi ce qui peut les intéresser. Ils mettent le feu au café, les chars tirent des balles incendiaires qui mettent ainsi le feu aux bois alentours. Puis la colonne se dirige vers le château ; ils brulent et pillent les maisons du hameau, profitent des provisions laissées par les maquisards et dynamitent l’édifice. Le lendemain, on découvrira les cadavres de cinq habitants.
En début de nuit, venant de Gagnac, ils arrivent à Glanes. Ils pillent une maison et n’y trouvant rien de suspect, ils tirent au canon sur le village. Se dirigeant vers Cornac, ils tirent à la mitraillette tout le temps que dure la traversée du village, criblant de balles les façades des maisons. Aucune victime n’est à déplorer.
Le 9 juin, à Bretenoux, depuis la veille, le pont est gardé par une compagnie de l’Armée Secrète de Corrèze, afin de protéger les voies menant à Tulle, qui est occupé par le maquis. Le combat s’engage dès six heures trente ; un à un les défenseurs tombent et les autres se replient.
Quant le combat se termine, les SS qui ont lutté avec acharnement et ont été un moment tenus en échec, sont mécontents et exposent à même le trottoir les trente deux cadavres des résistants et civils tués pendant les combats. Une stèle a été érigée à côté du pont, à la sortie de Bretenoux sur la route en direction de Tulle. Les allemands ont finalement réussis à franchir la Cère, incendies les hameaux de Miramont et de Soupette.
La majorité des hommes de Bretenoux ayant quitté la ville, ceux qui sont restés sont rassemblés sur la place. Les maisons et les magasins de la ville furent pillées. Les otages sont alors relâchés et la colonne quitte la ville. On comptera treize victimes parmi la population civile et cinq fermes furent incendiées en représailles.
La division Das Reich aura été ainsi retardée pour plus de trois heures.
Le 9 juin, les allemands traversent Puybrun où des habitants sont questionnés, arrêtés puis relâchés. Deux chars, du fait de leur encombrement ne peuvent traverser un pont sur la Dordogne. Ils sont obligés de faire demi-tour et de colère ils tirent un peu dans tous les sens. A Saint-Michel-Loubéjou, les soldats fouillent toutes les maisons. Un homme de trente-deux ans sera tué d’une balle en pleine tête.
A Prudhommat, on entend le bruit de fusillades dans les hameaux qui avaient reçu la visite des troupes ennemis. Partout des maisons et des granges furent pillées et brûlées.
A Saint-Vincent-du-Pendit, les allemands se mirent à poursuivre les hommes qui s’enfuient à leur passage. Personne ne sera attrapé ni tué. A Calviac il en fut de même.
On ne peut d’ailleurs citer tous les hameaux et villages qui reçurent ces jours là, la visite des troupes allemandes ; leur liste en serait fastidieuse. Chaque fois, les habitants voulant s’enfuir sont poursuivis, des pillages, des arrestations et aussi des exécutions sont organisés.
A partir de la mi-juin, des unités de l’arrière garde de la division Das Reich encore réparties dans plusieurs localités des départements de Haute-Garonne et du Tarn et Garonne, conduisent, dans l’attente d’instructions plus précises, des actions répressives dans plusieurs départements du sud-ouest.
Le 17 juin, le Corps-Franc Pommiès monte une embuscade entre Concots et Limogne afin d’intercepter un convoi allemand, qui emprunte régulièrement cette route. L’endroit retenu se situe au carrefour de la route de Varaire, présentant également l’avantage d’être loin d’une agglomération, évitant ainsi d’éventuelles représailles. Vers 9 heures les camions allemands se font entendre, mais une mauvaise estimation conduit à penser qu’il s’agit d’un convoi de faible importance. En réalité, le convoi comportait plus de dix véhicules, et une centaine de soldats. Une fois le combat engagé, compte-tenu du nombre, les maquisards durent se replier, laissant deux camarades abattus par les allemands. Plusieurs blessés allemands seront soignés dans les hôpitaux de Figeac et de Villefranche, dont l’officier chef du détachement, grièvement blessé.
23 juin 44 : importante action des FTP [35] à Figeac qui est occupée dès 16 heures par un millier d’hommes. Des sabotages ont lieu à la gare et à la poste. La prison est également attaquée et sept gardiens seront faits prisonniers. Des armes, des munitions, des chaussures, du matériel d’imprimerie, du tabac, du papier et y compris de l’argent des établissements de crédit, seront ainsi récupérés.
Ce même jour vers 13 heures, le commando « Hubert », du maquis de Montredon, fait sauter les aiguillages à la sortie du tunnel de Capdenac à l’embranchement de la voie pour Cahors, afin de paralyser le trafic vers Cahors et vers Figeac. Lorsqu’ils veulent se replier, des soldats allemands surgissent du tunnel et engagent un combat poursuite dans lequel 21 FFI [36] seront abattus dont huit fusillés à Capdenac. En effet, en gare de Capdenac, à moins d’un kilomètre, stationne un important contingent de la Wehrmacht solidement armé. Une stèle a été érigée au lieu-dit Lavayssières [37], sur la route Figeac-Capdenac, endroit où des partisans furent tués. Le maquis de Montredon, devenu Vény le 26 juin, perdit ce jour là au moins douze de ses hommes.
Le 24 juin, un camion chargé de soldats allemands traverse le village de Gréalou. Les résistants, pensant qu’il devait repasser, se postent le lendemain, pour une embuscade. Vers huit heures du matin, on entend des coups de mitraillettes, puis silence total. Le curé de la commune part dans la direction des coups de feu et à son retour déclare qu’il a vu quatre soldats allemands tués dans leur véhicule. Le soir même, les maquisards demandent aux habitants de ne rien dire et que le nécessaire sera fait. Le lendemain dimanche, dans l’après-midi le camion et son équipage sont enlevés discrètement et renversés dans un ravin encaissé, du côté de Brengues. Le lundi qui suit un gros orage effacera toutes traces sur les lieux du traquenard. C’est ainsi qu’il n’y a pas eu de représailles.
25 juin. La 2325ème compagnie FTP composée d’Espagnols a établie une embuscade sur la D19 Figeac-Cajarc et tue cinq allemands et en fait deux autres prisonniers. Cinq allemands, dont deux blessés ont réussis à s’enfuir.
Le commandement FTPF décide de commémorer le 14 juillet en organisant de grandes manifestations dans les différents secteurs du département. Ce fut ainsi le cas à Figeac, Lacapelle-Marival, Saint-Céré et Gramat où des défilés devant les monuments aux morts, se sont déroulés sans incident.
C’est aussi ce 14 juillet qu’un très important parachutage à lieu sur le plateau de Loubressac. Il permettra la distribution de 110 tonnes d’armes aux maquis du Lot. Pour la circonstance, 48 chars à bœufs, 38 camions et 1500 hommes furent nécessaires.
Le 20 juillet, à sept heures du matin, une colonne allemande ayant surement été amenée à faire demi-tour, compte-tenu des destructions dans la région de Brive, passe à Rudelle et se dirige vers Figeac, venant de Gramat. Les soldats se ravitaillent grassement au café du bourg, puis continuant leur route, passent au pont sur le Drauzou, à Pontaubar, quelques heures avant que celui-ci ne soit détruit.
A leur approche, la terreur s’empare des habitants, ayant en mémoire les sinistres évènements survenus les 11 et 12 mai. Le lendemain et les jours qui suivent, les allemands patrouillent, installent quelques chars aux carrefours, mais ne se livrent à aucune opération militaire.
Le 21 juillet la bataille des Albres (Aveyron) opposant des soldats SS et des Mongols aux maquisards, dont des lotois, fera 13 morts chez les FFI. Le 24 juillet, les maquisards de l’Aveyron attaquent à Gelle, les SS de Figeac et de Capdenac en fuite vers Villefranche-de-Rouergue ; le combat se soldera par 31 morts chez les FFI (dont deux Lotois) et tous les blessés seront achevés, les cadavres brûlés ou défigurés. Près de Villefranche, à Trigodina, un accrochage avec le maquis fera 4 autres victimes.
Le 24 juillet, une vingtaine de soldats allemands, partent de Figeac à bicyclette pour mener une expédition punitive. Arrivant d’abord à Lissac, ils y fouillent plusieurs maisons à la recherche de maquisards. Ils soupçonnent le fils de l’épicier d’être un « terroriste », mais ils ne l’emmèneront pas. A Laborie, ils tirent sur un jeune de seize ans qui s’enfuit, mais le manquent. Lors de leur passage à Mouret, ils interpellent un homme de vingt-quatre ans qui est dans un champ, en l’accusant d’être lui aussi un « terroriste » ; ils le mettent en joue après l’avoir placé contre un mur ; ils ne tireront pas.
Arrivés à Reyrevignes, ils précisent qu’ils recherchent « un vieux monsieur ayant mal aux yeux, habitant une maison avec balcon, au milieu du village ». En effet, le chef de la Résistance locale, aveugle de guerre, habite bien dans une maison avec balcon, mais pas au milieu du village. Les soldats visitent donc toutes les maisons situées au centre du bourg et qui ont un balcon. Bien entendu, ils ne trouveront pas la personne qu’ils recherchent.
Reprenant leurs bicyclettes, ils partent vers Cambes. Là, un ancien gendarme passé au maquis, répare sa mobylette en bord de route en compagnie d’un voisin. Il est bien équipé : mitraillette à l’épaule, grenades à la ceinture… Avant que les allemands aient eu le temps de descendre de leurs bicyclettes, il disparaît. Mais ils l’ont vu partir et ils se précipitent sur son compagnon, qu’ils interrogent brutalement. L’emmenant vers sa maison, ils la fouillent complètement y compris la grange. Ils retournent un tas de foin, mais dans leur précipitation, oublient de retourner celui qui est un peu plus loin, là où l’ancien gendarme était parti se réfugier. N’ayant rien découvert, les soldats repartent sans qu’il n’y ait eu de représailles.
Lorsqu’ils débouchent au carrefour des routes de Figeac et de Boussac, vers l’église, ils aperçoivent un FFI. Ils s’emparent de lui et ne pouvant l’emmener sur leurs vélos, ils le fusillent sur place.
Ils continuent vers le Drauzou, quand, près de l’embranchement qui part vers Camboulit, ils sont mitraillés par des maquisards installés sur un talus dominant la route. Ils s’abritent alors derrière un mur et de là, disparaissent dans les chemins. Leur retour vers Figeac se fera à la nuit.
Les allemands passent à Ceint-d’Eau le lendemain 25 juillet à sept heures, arrêtent leurs véhicules aux premières maisons, descendent, traversent le village déployés en tirailleurs, l’œil aux aguets et le doigt sur la détente. A la sortie du village, les soldats s’arrêtent, rejoints par les véhicules. Les hommes remontent et le convoi repart, enfin, pense-t-on, car en arrivant, les allemands avaient installé un canon au carrefour des routes de Péret et de Cambes, un second prés du transformateur de Camboulit et au retour, ils arrosèrent le village d’obus et de bombes pendant deux heures. Personne ne fut blessé, seules les toitures eurent des tuiles arrachées par les déflagrations. Le bombardement terminé, maison par maison, ils mirent le feu à une bonne partie du village, puis remontent tout à coup dans leurs véhicules et partent vers La Madeleine, après avoir traversé Figeac s’en s’y arrêter. Dans ce village, quelques jours avant, un groupe de résistants avait tiré sur les allemands, alors que ceux-ci franchissaient le pont sur le Lot. Ils se lancèrent à la poursuite des maquisards qui ne pouvant soutenir le combat, se replient. Les soldats allemands se vengent alors en pillant les maisons, détruisant vaisselle, meubles et en mettant le feu à la plupart des habitations.
La colonne allemande installée à Figeac, quitte la ville le 26 juillet et après avoir quitté le département du Lot au pont de La Madeleine, elle continue à être pourchassée, et durant quelques jours encore des coups de canon résonnent vers Loupiac et Villefranche-de-Rouergue d’où l’on voit s’élever des fumées. La bataille s’est poursuivie sur la route Figeac-Aurillac aux environs de Saint-Mamet. A Décazeville, le 8 août, un combat affronte soldats ennemis et résistants ; deux d’entre eux seront tués.
Les ponts de La Madeleine et de Toirac sur le Lot et assurant la liaison vers Montauban et Toulouse, sautent le 23 juillet et la voie ferrée Figeac-Capdenac rendue inutilisable par d’importants sabotages. Les ponts routiers des environs seront aussi détruits : Capdenac, Lissac, Pontaubar, Las-Cazes, Pournel, Prentegarde, etc… Figeac est isolé : seule la route Cahors-Figeac par la vallée du Célé est praticable. Mais dans les vallées étroites de Saint-Sulpice, Marcillac, le maquis garde la route.
La région de Figeac est définitivement débarrassée des soldats allemands. Toutes ces démonstrations de force se sont soldées par une preuve d’impuissance des Allemands à contrôler le pays, face à la volonté de la Résistance soutenue par la population. Généralisées dans beaucoup d’autres départements, les actions de la Résistance ont obligé les Allemands à conserver dans le sud de la France, la valeur de quinze divisions, qui manquèrent pour les batailles à venir contre les forces alliées. Ce rôle essentiel qui a été reconnu par le Général Eisenhower lui-même.
Le courage de la population devait valoir à la ville de Figeac la Croix de Guerre avec citation :
Citation à l’ordre du corps d’armée.
Dès 1940, a refusé la défaite. A créé le maquis du Haut-Quercy auquel elle a envoyé les meilleurs de ses fils, lui donnant constamment soutien moral et matériel. Totalise pour la défense du territoire et les libertés du Pays 174 morts en combats, fusillades et déportation. A subi avec héroïsme tous les faits de représailles effectués par l’Ennemi ; compte 540 déportés dont 140 ne sont pas revenus. Cette citation comporte la Croix de Guerre avec la médaille de vermeil.
Paris, le 7 septembre 1948
Signé : Bourgès-Maunoury
Bibliographie
Figeac-en-Quercy. Son histoire, ses monuments, Andrés Sors, Imprimerie Salingrades, Villefranche-de-Rouergue, 1970.
Figeac en Quercy sous la terreur allemande, Gilbert Lacan , avril-mai juin-juillet 1944, Imp. L. Hardy, Paris, 1945.
Figeac d’hier et d’aujourd’hui, Aimé Noël, Imp. Moderne, Aurillac, 1984.
Capitaine Philippe ou l’histoire du maquis du Lot au travers de la biographie de J.-J. Chapou, G. Cazard et M. Metges, 2ème édition, Figeac, 1984.
Le temps des partisans, Colonel Georges (Robert Noireau), Flammarion, Paris, 1978.
Ombres et espérances en Quercy, 1940-1945. Les groupes Armée Secrète Veny dans leurs secteurs du Lot, R. Picard et J. Chaussade, Les Editions de la Bouriane, Gourdon, 1999.
Ma résistance, Mémoires, Gilbert Verdier, Imp. Messages, Toulouse, 2003
La Résistance dans le Lot, par E. Baux, AD Lot, BR 1/584
La tragédie de Gabaudet-Donnadieu, Élie Constans, mai 1994
Gramat, printemps 1944, Laurent Elias et Jean-Claude Coustous, mai 1996.
La division Das Reich et la Résistance, 8 juin-20 juin 1944, Max Hastings, Pygmalion Gérard Watelet, Paris, 1983.
La division maudite – La marche de la Das Reich de Montauban au front de Normandie par Tulle et Oradour, Michel Peyramaure, Robert-Laffont, 1987.
R5. Les SS en Limousin, Périgord et Quercy, Georges Beau, Léopold Gaubusseau, Presses de la Cité, 1984
La Das Reich, 2e SS Panzer Division. Des Pyrénées au front de Normandie, par la Dordogne, Tulle, Oradour, Argenton… et tous les autres lieux martyrs (Février-Août 1944), Guy Penaud, La Lauze, 2005
Résistants, vichissois et autres. L’évolution de l’opinion et des comportements dans le Lot de 1939 à 1944, Pierre Laborie, C.N.R.S., 1980, AD Lot, 2/218
La division Das Reich de Montauban à la Normandie, Philip Vickers, Lucien Souny, 2000
A la recherche du Maquis. La Résistance dans la France du Sud 1942-1944, H. R. Kedward, Les Editions du Cerf, Paris, 1999
Saint-Perdoux, village en Quercy, François Tayrac, Jean-Jacques Pernelle, 2002
Les chroniques du Musée de la Résistance du Lot, Tomes 1, 2 et 3
Pierre Bourthoumieux, vie et mort d’un résistant socialiste toulousain, Greg Lamazères, L’Harmattan, 2000
Photo bandeau-article : • Crédits : AFP
Sites internet consultés :
– La bataille de Normandie : www.dday-overlord.com
– Oradour-sur-Glane 10th June 1944 : www.oradour.org
– L’incorporation de force des jeunes d’Alsace et de Moselle : www.malgre-nous.eu
– Fonds Jacques Delarue : division « Das Reich » : www.bdic.fr
– Division Das Reich : wikipedia.org/wiki/2e_division_SS_Das_Reich
Remerciements :
à P. Combes, Musée de la résistance, de la déportation et de la libération du département du Lot, Place Bessières, Cahors
à Claude Lufeaux †, qui est à l’origine de cet article.
NOTES :
[1] Si cette chronologie, ne se limite pas toujours à Figeac ou au Ségala, c’est parque qu’il était nécessaire de citer d’autres évènements qui ont pu influencer le déroulement de ceux de cette région.
[2] Les premières forces Allemandes, entrent dans Cahors le 11 novembre 1942 à 16 h. A ce moment, les SS n’étaient pas encore nécessaires pour le maintien de l’ordre. En 44, c’est le Colonel Gelhof qui commandait les troupes d’occupation. Celles-ci étaient formées de : 400 soldats de la Wehrmacht, 250 Mongols, 50 Feldgendarmes, 20 agents de la Gestapo et 50 cheminots. Le siège de la Feldgendarmerie était à l’hôtel Terminus.
[3] Actuellement Hôtel Administratif Wilson, Communauté de Communes du Pays de Cahors.
[4] Le Service du Travail obligatoire : le 16 février 1942 cette mesure frappe les jeunes de 20 à 22 ans. Les réfractaires étofferont ainsi les rangs de la résistance.
[5] Le Ségala est la meilleure zone de sécurité, par l’importance du potentiel des trois secteurs qui la composent (Figeac, Saint-Céré-Bretenoux). Avec les petites mines de charbon, le village de Saint-Perdoux, était une cache toute trouvée pour les ouvriers venus de Décazeville. Si Cahors reste excentrée, les villes de Souillac et Gourdon sont facilement accessibles.
[6] La création des FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) voulue par Alger, et regroupant les divers mouvements de la Résistance, n’est officielle, sur le papier, que début février 44. Réellement, elle n’interviendra que beaucoup plus tard.
[7] Le siège de la Gestapo est d’abord installé à l’ancien dancing « Robinson », à l’écart de la ville, puis transféré, par crainte des maquis, rue Emile-Zola, Villa Artigues, en avril 1944. Le chef de la Gestapo est le Sturmscharführer SS Henri Jensen. Dans l’ouvrage Pierre Bouthoumieux, vie et mort d’un résistant socialiste Toulousain, (L’Harmattan, 1999), Guy Lamazères écrit : « A Cahors, la Gestapo s’est installée dans les villas Robinson et Artigues. Dans la pièce d’interrogatoire de cette dernière, où on a mis au mur une poulie et un clou. Pour faire parler les prisonniers, les Allemands les suspendent à ce piton, par les pieds et les poings, quasiment nus, comme du bétail dans une boucherie. C’est pour mieux les frapper, aux pires endroits, avec une tringle de fer, jusqu’à l’évanouissement. Ensuite, on piétine le patriote avec des talonnettes à crampons de fer. Ou bien on le force à s’agenouiller des heures durant sur une règle métallique soigneusement aiguisée. Lorsqu’il n’y a plus rien à en tirer, il est jeté dans la cave, où il rejoint d’autres martyrs.
[7 bis] Au début de l’année 1944, l’AS avait nommé J.-J. Chapou, à la tête de tous les groupes de résistants du Lot : les maquis du causse de Limogne, les maquis du causse de Gramat centrés au village de Caniac-du-Causse, les maquis du Ségala des communes de Latronquière, Prendeignes, Saint-Perdoux, là où l’AS de Figeac amena Robert Noireau dans le groupe qui se fera connaitre sous le nom de « maquis Bessières ». Les groupes de maquis comprenaient un grand nombre d’Espagnols et de réfugiés venus de Paris, du Nord de la France et de l’Alsace-Lorraine. J.-J. Chapou, est reconnu comme partenaire dans les groupes francs AS indépendants connus sous le nom de groupes Vény, basés surtout à Saint-Céré. Il sera aussi accepté par Noireau qui deviendra son second.
[8] Résistant des maquis du Lot, Jean-Jacques Chapou est né en 1909 à Montcuq (Lot) de parents instituteurs. Il fait ses études secondaires au Lycée Gambetta à Cahors où il joue dans l’équipe de rugby. Après le baccalauréat il devient maître d’internat (1935-1936), puis professeur-adjoint (1937-1938) et répétiteur, de 1938 à 1939 et de 1940 à 1941. Mobilisé en 1939, démobilisé après l’armistice, il revient à Cahors en juillet 40. Mais à la fin de 1941, le gouvernement de Vichy le radie de l’Éducation Nationale parce qu’il est Franc-Maçon. Il est alors embauché comme secrétaire du Groupement des Transports Routiers du Lot, puis comme chef du service des bus locaux de la maison Artigalas à Cahors. Au cours de l’hiver 1941-1942, Chapou commence à organiser la Résistance dans le département. Il devient le chef départemental du mouvement « Libération » en septembre 1942. Condamné à un an de prison avec sursis par un tribunal spécial à Agen en mars 1943, il quitte Cahors en juillet pour rejoindre le maquis d’Arcambal dit maquis « France ». Il passe à la clandestinité en juillet 44 sous le nom de « Philippe » et devient chef des maquis Mouvements Unis de la Résistance (MUR) du Lot, maquis très actifs et très bien structurés. En désacord avec l’attentisme de l’AS (composante des MUR), il rejoint les FTP en mars 1944. Appelé à commander les FTP de Corrèze il deviendra « Kléber » et dirigera la prise de Tulle qui tournera à la tragédie à l’arrivée d’éléments de la division Das Reich. Le 12 juillet il est envoyé dans la Creuse pour de nouvelles responsabilités. Le dimanche 16 Juillet 1944, à l’entrée de Bourganeuf (Creuse), un barrage allemand ouvre le feu sur son véhicule. Blessé, il se donne la mort plutôt que d’être pris par les Allemands. [en savoir plus sur J.-J. Chapou…]
[9] MOI : Main d’œuvre Immigrée. Cette organisation d’avant guerre, établie par le PCF pour défendre les droits des travailleurs immigrés, subsiste au sein des camps de travail installés par Vichy et des chantiers ruraux qui emploient de nombreux travailleurs du Travail Etranger (TE). En collaboration avec les chefs locaux de la Résistance, elle crée des maquis et des unités FTP quand ces travailleurs sont menacés d’arrestation ou bien de déportation.
[10] SOE : Special Operations Executive (Direction des opérations spéciales) service secret britannique qui opéra pendant la Seconde Guerre mondiale (créé le 19 juillet 1940 par Winston Churchill et dissous le 30 juin 1946), avec pour mission de soutenir les divers mouvements de résistance.
[11] Colonel Jean Lefevre, alias Vincent, dit Vény. On désignait les groupes Vény, par le nom de leur chef, Jean Vincent (colonel Vény) et avaient pour origine le réseau de renseignement « Froment » basé à Marseille mais intégré à l’AS en 1943.
[12] Ce maquis, formé de jeunes de la région Cajarc-Larnagol refusant le STO, s’est constitué près de Cajarc, et a été transféré en septembre 43 dans une grange près de Larnagol. Fin décembre 43, la grange ayant brûlée, il est déplacé sur la commune de Saint-Martin-Labouval.
[13] Sera jugé et fusillé par le maquis, lors de l’occupation de Cajarc, le 10 avril.
[14] Découvert, il sera passé par les armes à la Libération.
[15] Ce sabotage sera exécuté grâce à la complicité active de plusieurs organisations qui l’ont préparé : Yves Ouvrieu, membre du réseau Gallia à Cahors, J.-J. Chapou contacté par Alger et Londres pour étudier la possibilité d’un sabotage, Henri Vaysettes, chef de l’AS-MUR de Figeac, l’agent du SOE Harry Peulevé qui travaillait avec les unités FTP de Corrèze, deux agents du SOE parachutés en janvier 44, (Georges Hiller et Cyril Watney), Jean et Marie Verlhac des groupes Vény dont la cuisine aux Quatre-Routes servie à la fabrication des explosifs, le groupe de Saint-Céré.
[16] Front uni des jeunesses patriotiques ou Forces unies de la jeunesse patriotique. Fondée à l’automne 1943, afin de mobiliser les jeunes pour le soutien des groupes de maquis et des FTP, ce mouvement est né d’une initiative des MUR, mais a dans chaque région son caractère propre et indépendant. Nombre de ses membres sont de très jeunes gens, qui rejoindront par la suite les maquis ou les milices patriotiques à la Libération. Des tracts encourageant au refus du STO dont distribués par les FUJP dans de nombreuses villes du sud. Ils organisèrent des actions afin de s’emparer des dossiers du STO. C’est un coup de main des FUJP, qui, le 4 février 44, procéda à la destruction des archives du STO de Cahors. A noter que début mai 43, ce mouvement a un effectif supérieur à celui de tous les maquis réunis et dispose de son autonomie.
[17] Robert Noireau entre dans la Résistance dès le mois de septembre 1940. Il est responsable pour la zone Paris Ouest de l’Organisation Spéciale du Front National jusqu’en février 1941. Arrêté, il est mis en liberté provisoire pour raisons de santé et passe en zone sud en août 1941. Dès lors, il prend une part active à la résistance dans le Gard et dans l’Aveyron. Arrêté par la Gestapo à Aubin, le 3 août 1943, il parvient à s’évader de la prison des SS de Rodez le surlendemain. Immédiatement il gagne le maquis du Lot. Sous le nom de « Colonel Georges », il se signale comme un organisateur de premier ordre et, prenant le maquis quasiment à zéro, le rassemble et en fait une armée. Rapidement, il dirige le maquis du Lot en qualité de chef départemental de l’Armée Secrète puis des Mouvements Unis de Résistance et FTPF.
[18] « La même nuit, 4400 kg de riz sont enlevés d’un wagon stationné en gare de Figeac ; les autorités ayant fait savoir que cette nourriture était destinée à des enfants français et non aux Allemands, les chefs de la Résistance auront l’habilité de restituer la totalité du riz quelques jours après, à la satisfaction de l’opinion publique. » P. Laborie, Résistants, vichyssois et autres, p. 299.
[19] Groupes Mobiles de Réserve : unités paramilitaires créées par le gouvernement de Vichy. Appartenant à la Police nationale, ils n’avaient donc pas le statut de militaire, ce qui, formellement, respectait les termes de la convention d’armistice. Leur développement fut l’affaire privilégiée de René Bousquet, chef suprême de la police de l’État français.
[20] La Milice du Lot, fût créée le dimanche 2 mai 1943, à 10 heures, au Théâtre Municipal, sous la présidence du Préfet et de ses collaborateurs. La Franc-Garde, partie militaire de la Milice, était formée des éléments les plus actifs et souvent les plus jeunes, nommés par le Préfet. Sa mission était la lutte contre les groupes armés du maquis. Tous les Francs-Gardes furent fusillés à<<<<<<<<<<<< la Libération. Symbole de la collaboration dans ses aspects les plus abjects, se s effectifs dans le Lot furent d’environ 165 (soit très peu par rapport aux autres départements du Sud-ouest), selon un document retrouvé aux A.D. de l’Isère.
[21] Le P.C.F. et la lutte armée, 1943-1944. Témoignage, Guy Serbat, L’Harmattan, 2001.
[22] A partir de cette période, le Lot, département essentiellement FTP, sera divisé en 3 secteurs : le nord du département Souillac et Gourdon constituent le secteur A ; le Ségala, Figeac et l’est du département constituent le secteur B ; Cahors et le sud-ouest du département forment le secteur C.
[23] D’après les ordres, ils ne devaient plus se déplacer qu’en force encadrés par la division Das Reich et ses unités blindés.
[24] SS : SchutzStaffel (police militaire nazie) est le service d’ordre d’Hitler, domaine privé d’Heinrich Himmler : elle comprend la Gestapo (police secrète), la Waffen SS (L’armée du Führer) et les Totenkopf (Garde des camps de concentration).
[25] La division Waffen SS Das Reich (2e SS Panzerdivision) était la plus ancienne des unités armées de la SS. Les deux régiments « Deutchand » et « Der Führer » qui en faisaient partie, avaient été les premiers. En 1943, elle se battait sur le front Russe et elle y subit de lourdes pertes. Elle était commandée par le Général Heinz Bernard Lammerding, et était forte de 18.000 hommes, 2700 véhicules dont 209 blindés lourds, 359 blindés légers. D’après l’ouvrage R5, les SS en Limousin, Périgord et Quercy de G. Beau et L. Gaubusseau, Presses de la Cité, 1984, pp. 180-181, cette division était ainsi constituée : 1er régiment blindé SS Panzer Régiment II Das Reich ; 2 régiments de grenadiers blindés (le SS Panzer Régiment III Deutchland et le IVème Der Führer) ; le 2ème régiment blindé d’artillerie et un groupe de reconnaissance (SS Panzer AA) ; un groupe antichar ; un bataillon du génie ; un groupe de DCA ; un groupe de transmission ; un bataillon de complément ; un détachement d’artillerie d’assaut. Le SS Panzer Regiment IV « Der Fürhrer » est commandé par le colonel Stadler, le 1er bataillon est commandé par Adolf Dickmann et la 3ème compagnie par le capitaine Otto Kahn. C’est cette compagnie qui sera responsable du drame d’Oradour-sur-Glane. Quant au 3ème bataillon du régiment Der Fürher, il est commandé par le commandant Helmut Kämpfe. 64 chars Panthers IV de 23 tonnes et 62 chars Panthers V de 45 tonnes tous armés d’un canon de 75 mm lui donnaient une puissance de feu triple de celle d’un corps ordinaire.
[26] A partir de mars 1944, la 2e SS Panzer Grenadier Division Das Reich – composée de Waffen SS volontaires, mais aussi, pour compenser les pertes subies sur le front Russe, de soldats de l’armée allemande, de déserteurs russes et aussi d’Alsaciens, les « malgré-nous » – investit le sud de la France sur les ordres d’Hitler et se fixa entre Agen, Caussade et Montauban. Cette position stratégique, permettait de faire face à une invasion du sud de la France, que celle-ci vienne de la Méditerranée ou bien de la Manche. En Russie, au front de l’Est, ses soldats avaient participé à des massacres à grande échelle et laissé derrière eux des milliers de morts. L’histoire de cette division est accompagnée d’atrocités. Dans le sud-ouest, les éléments, commandés par le Général Lammerning, sont répartis dans une vingtaine de communes Tarn-et-Garonnaises, dont le camp de Caylus. Dès le mois de mai des éléments de la Das Reich, cantonnés à Valence d’Agen et à Moissac, commandés par Dickmann, et d’autres bataillons (de Montauban, Nègrepelisse, Caylus, Castelsarrasin) dirigés par Werner sillonnent le département et commencent des exactions sur les civils. Les unités de la Das Reich se lancent ainsi dans une campagne d’éradication de la Résistance.
[27] Voir : Ordre spécial pour l’action d’envergure dans le département du Lot, signé de l’Obersturmbannführer SS Müller.
[28] Fernand Nouel, dit Nanou, 21 ans, né à Anglars-Juillac. Il militait depuis plusieurs années dans la Résistance et avait rejoint le Capitaine Philippe en décembre 43. Il s’était signalé par son courage, son dynamisme, sa loyauté et il fut chargé de missions délicates et dangereuses. Quelques jours plus tard, il fit l’objet d’une citation à l’ordre du Corps d’Armée avec attribution de la Croix de guerre et en 1950 la légion d’honneur à titre posthume pour le courage dont il a fait preuve le jour, face à l’ennemi. Une stèle a été élevée à cet endroit.
[29] Dans la traction, qui venait de quitter le PC d’Espédaillac, « Nanou » conduisait, « Marcel » accompagnait le Colonel Georges (Robert Noireau, qui a remplacé Philippe à la tête des FTP du Lot). Ils se rendaient à Noailles pour une importante réunion.
[30] C’est au camp de Neuengamme, au sud-est de Hambourg, que périrent de nombreux détenus de Figeac et du Ségala.
[31] L’Odysée des 700 déportés du train fantôme : http://www.lesdeportesdutrainfantome.org/
[32] C’est dans ce secteur que fut organisée dès 1942, une cachette pour les jeunes qui refusaient le STO. En août 1943, au hameau de Lapergue, Robert Noireau (Colonel Georges) sera chargé de l’organisation militaire de ce groupe.
10 Chef des Opérations de Bataillon.
[33] Capdenac était en effet un important nœud ferroviaire, régulant l’axe Toulouse-Brive via Figeac mais aussi une gare de triage pour le bassin houiller de Decazeville, Aubin et Cransac. Capdenac est un très important nœud ferroviaire, avec à l’époque cinq têtes de lignes : Capdenac-Aurillac, Capdenac-Cahors, Capdenac-Brive et Capdenac-Toulouse. De plus, des trains de charbon provenant de Decazeville, circulent vers Toulouse et la vallée du Rhône pour y alimenter les dépôts vapeur.
[34] Plastic Georges, déserteur de l’Armée allemande, commande ce détachement du 4ème bataillon FTP dans la région Bagnac-Latroquière. Après la mort de son chef, le commando pris le nom de « Groupe Plastic ».
[35] Les Francs tireurs et partisans (FTP) également appelés Francs tireurs et partisans français (FTPF) est le nom du mouvement de résistance armée créé en France à la fin de 1941 par la direction du parti communiste français.
[36] Les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) est le nom donné en 1944 à l’ensemble des groupements militaires clandestins qui s’étaient constitués dans la France occupée (Armée secrète, Organisation de résistance de l’armée, Francs-tireurs et partisans, etc.). Les FFI, placées en mars 1944 sous le commandement du général Kœnig, jouèrent un rôle primordial dans la préparation du débarquement de juin 1944 et dans la libération du pays. [37] Ce monument a été déplacé lors des travaux de réalisation de la déviation de Figeac.