Le 30 juin 1944, les groupes Vény sous le commandement du Colonel Georges Delmas, dit Drouot, livrent combat près de Gigouzac, à une force allemande nettement supérieure en nombre. Une colonne SS revenant de Gourdon, se heurte au Mas de Blazy, à un groupe Vény. Les Allemands ont déjà abattus à Saint-Germain-du-Bel-Air, des maquisards mais aussi des civils.
Le mas de Blazy est situé sur le plateau du Mas de Guillaume, plateau d’une superficie de quelques soixante hectares, situé au sud-ouest, à environ deux kilomètres de Gigouzac.
Ce plateau domine d’environ 80 mètres le village et offre une bonne vue sur la vallée du Vert.
Le groupe Vény occupe ce cantonnement depuis le 16 juin. Il a eu le temps de s’y installer, de parfaire l’instruction militaire de ses hommes, de compléter son stock d’armes et de munitions et de pourvoir à son nécessaire ravitaillement.
Le 29 juin, un groupe dirigé par Guy Marquis a récupéré sans dommage, des véhicules et du matériel de la société Transports Economiques Départementaux quartier Terre Rouge à Cahors.
Le 30 juin, quand les maquisards se préparent à déjeuner, ils distinguent des bruits de fusillade et d’artillerie, venant du nord-ouest. Le Colonel Delmas est sur ses gardes, car il sait, par son agent de liaison Mickey (alias Jean Chaussade), qui est rentré tout à l’heure, que les Allemands occupent les Moulins de Lamothe sur la Nationale 20 et que d’autres unités étaient réparties jusqu’à Pélacoy.
Des dispositions de combat sont prises ; mitrailleuses et bazooka prennent place, des barrages faits de grosses pierres et de troncs d’arbres dressés pour entraver les accès.
Pour leur protection, au nord, un groupe de l’Armée Reconstituée tient le Mas de Bris, tandis qu’à l’ouest un autre groupe de l’AR est cantonné au Mas de Camp et au moins un itinéraire est libre au sud-est.
Mais petit à petit la situation s’aggrave : côté nord-ouest l’horizon s’obscurcit par des fumées et on entend des tirs et des coups de canon qui se rapprochent. A 13 heures le village de Montamel situé au nord est occupé. Montamel a été envahi par les troupes ennemies. En fin d’après-midi, la protection du Mas de Bris, sur les hauteurs, de l’autre côté de la vallée du Vert, à environ un kilomètre et demi du village, est attaquée.
A 21 heures les premiers éléments blindés Allemands attaquent suivis de chenillettes, de camions chargés de soldats, de chars-canons. La division allemande était forte d’une cinquantaine de camions et de voitures blindées.
Le maquis se compose de soixante-sept hommes. L’engagement durera une heure. Fusils et mitraillettes ne restent inactifs, mais les forces ne sont pas égales et les résistants ne sont supérieurs que par leur courage. C’est celui-ci qui leur permet de tenir sous le feu de l’ennemi ; dirigés par le Commandant Delmas, secondé par Louis Parazines, qui fit preuve d’une grande maîtrise et d’un courage exemplaire.
La surprise de l’ennemi est grande quand les camions chargés d’hommes en armes sont arrosés par le feu nourri des mitrailleuses et que les soldats qui sautent à terre n’ont même pas le temps de se servir de leur arme, car ils sont abattus, quand d’autres sont obligés de de replier.
Mais la surprise des Allemands est de courte durée et une fois à l’abri ils déploient leur artillerie et pilonnent les positions des armes automatiques des résistants. Les soldats ennemis avancent en nombre, se déploient sur plusieurs fronts et commencent à occuper les lieux, leur nombre augmentant par des renforts arrivant de Gigouzac.
Lorsque les résistants se retirent, afin de ne pas se retrouver encerclés par l’ennemi, les pertes sont lourdes. Plus de 100 soldats allemands sont tués ou blessés, quant aux maquisards ils laissent dix des leurs sur le terrain.
Mais les soldats ennemis tortureront, achèveront aussi les blessés et se vengeront sur des civils. Ils incendient et détruisent le parc auto du maquis, qu’il avaient eu bien du mal à constituer, soit une dizaine de voitures et de camions. Des fermes et des granges au Mas de Blazy et au Mas de Guinet sont incendiées. Les hommes du Commandant Drouot regagnent le point de ralliement prévu à Le Sotoul, près du Mas de Camp, du côté de Saint-Denis-Catus, où était déjà stationné un groupe de l’AR.
A l’aube du 1er juillet, une équipe rassemble les corps : on comptera 11 victimes (dont un grièvement blessé, décédera plus tard) et 3 blessés qui ont échappé aux recherches des soldats allemands.
Voici le texte de la Citation, du Colonel Commandant les groupes Vény, le 13 juillet 1944, que l’on peut lire en partie sur le monument de Gigouzac :
– A l’ordre des groupes :
Les groupes du secteur IV – Cahors :
« Sous les ordres de Commandant Drouot, déjà titulaire de dix-sept citations gagnées au cours de la grande guerre qui, attaqués dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, par des forces très supérieures en nombre et en matériel, ont infligé à l’ennemi des pertes sanglantes, mettant hors de combat plus de cent allemands SS, alors que les effectifs du Secteur IV ne se montaient qu’à 60 hommes.
Se sont repliés ensuite en bon ordre conformément aux ordres impératifs reçus, prescrivant de ne pas se laisser jamais accrocher, donnant ainsi un magnifique exemple de décision, de courage et d’abnégation ».
Louis Parazines (1901-1965)
Il est chef de secteur Vény jusqu’en janvier 1944, date à laquelle Raymond Picard désigne Ernest Talou pour le remplacer.
Il sera alors chargé des groupes Vény de Cahors.
Louis Parazines ne couche plus à son domicile, mais à l’imprimerie Coueslant où il travaille, et où un agencement particulier a été réalisé de façon à permettre une éventuelle fuite par les jardins en cas d’alerte.
Cette précaution est d’autant plus nécessaire, qu’une grande partie du personnel de cette entreprise adhère au mouvement de résistance. D’ailleurs, quatre des ses membres seront tués et deux autres déportés.
Toujours secondé par son équipe du début, il assure de nombreuses liaisons et réalise des transports d’armes et de munitions qui permettent l’armement des corps francs. Ces transports constituent des opérations particulièrement délicates. Le groupe AS-Vény a la chance de pouvoir bénéficier de la bienveillance de Georges Imbert, Bois et matériaux de constructions, et de ce fait, dispose de ses camions et du chauffeur de ses véhicules.
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