François-Achille de Maynard (Son principal biographe n’a pas réussi à imposer l’orthographe Mainard) est né à Toulouse en 1582, ville où s’est établie sa famille après le pillage de Saint-Céré où ils vivaient. précédemment. Il est fils d’un conseiller au parlement de Toulouse.
Reçu avocat, puis, attiré par les lettres, il vient à Paris comme secrétaire de la reine Margot, Marguerite de Valois, dont il corrige les vers, à l’hôtel de Sens, rendez-vous des poètes (1602).
En 1606-1607, il rencontre à Paris le poèteFrançois de Malherbe, dont il devient le fervent «écolier» et conquiert vite une réputation que consacre son ample participation aux Délices de la poésie françoise de 1615. Marié en 1611, président au présidial d’Aurillac (1611-1628), il séjourne habituellement dans son domaine de Saint-Céré (Lot), mais également à Paris, où il fréquente l’hôtel de Rambouillet, et y a pour amis des poètes tels que Racan,Desportes, Régnier, Théophile de Viau, Saint-Amant, Colletet, et Flotte.
En 1619, il fait éditer son «Philandre», poème pastoral en cinq chants, en stances de six vers octosyllabes (où une pause est marquée après le troisième vers, selon la recommandation de Malherbe qu’il suit scrupuleusement).
Devenu Conseiller d’État, il est chargé de quelques missions diplomatiques. Assez en faveur auprès de quelques grands personnages qui devinrent ses protecteurs, Cramail, Bassompierre, Montmorency, il inspire à Richelieu une froideur que renforcent ses sollicitations importunes. La charge de Conseiller d’État lui vaut néanmoins d’être anobli en 1644.
En fait d’emploi, il n’obtient rien. Bien qu’élu à l’Académie française dès la fondation de celle-ci, Maynard n’est pas parmi les premiers membres choisis avant le 13 mars 1634 ; il semble même qu’il soit un de ceux qui attaquèrent tout d’abord l’Académie naissante. Quelle que soit l’époque à laquelle il y est admis, il est certain qu’il la fréquente peu et qu’il est dispensé de la résidence.
Après la mort de Richelieu, sans doute aigri de n’obtenir ni de Séguier ni de Mazarin les pensions qu’il souhaite, il se croit quelque peu persécuté et vit le plus souvent retiré à Saint-Céré, où il aime à recevoir les visites de jeunes poètes (La Fontaine, Pellisson, etc.). et où l’attachent des deuils (un fils, une fille, sa femme) et la résignation.
En 1646, conscient de la valeur de son oeuvre et peut-être mû par un pressentiment («Je, François Mainard, misérable pécheur, averti par la commune condition des hommes et par l’âge de soixante ans, me prépare à quitter la vie…»), il fait publier un volume de ses poésies, «Les Oeuvres» où sont notamment recueillies des élégies dont les vers harmonieux ont une mélancolie rêveuse, allant parfois jusqu’à la tristesse («À La Belle Vieille», «En attendant la mort»,…). La même année il meurt après un voyage à Paris.
Il a laissé un volume de vers et un volume de lettres où il traite des questions de prosodie ; ses poésies latines n’ont pas été imprimées. Il a fait éditer, en 1619, Philandre, poème en cinq chants, en stances de six vers de huit syllabes. Les juges des Jeux Floraux de Toulouse lui décernèrent une Minerve en argent qu’ils ne lui donnèrent pas.
« C’est de ses vers qu’il a tiré sa plus grande gloire, comme il le prétendait bien aussi ; et véritablement il faut avouer qu’ils ont une facilité, une clarté, une élégance et un certain tour que peu de personnes sont capables d’imiter. » (Pellisson).
S’il fut un poète sérieux proche des jésuites, Maynard écrivit également des poèmes érotiques et libertins, voire blasphématoires, ainsi que des chansons à boire, rassemblées sous le titre les Priapées. Il sera loué par Voltaire : «On peut le compter parmi ceux qui ont annoncé le siècle de Louis XIV. Il reste de lui un assez grand nombre de vers heureux. »
Mort le 28 décembre 1646, il a été inhumé à sa demande, dans l’église Sainte-Spérie à Saint-Céré. Une plaque commémorative le précise.
Epigramme
Ce que ta plume produit
Est couvert de trop de voiles.
Ton discours est une nuit
Veufve de lune et d’estoilles.
Mon ami, chasse bien loin
Cette noire rhétorique :
Tes ouvrages ont besoin
D’un devin qui les explique.
Si ton esprit veut cacher
Les belles choses qu’il pense,
Dy-moy qui peut t’empescher
De te servir du silence ?
Que j’aime ces forêts !…
Que j’aime ces forêts ! que j’y vis doucement !
Qu’en un siècle troublé j’y dors en assurance !
Qu’au déclin de mes ans j’y rêve heureusement !
Et que j’y fais des vers qui plairont à la France !
Depuis que le village est toutes mes amours,
Je remplis mon papier de tant de belles choses,
Qu’on verra les savants après mes derniers jours,
Honorer mon tombeau de larmes
et de roses.
Ils diront qu’Apollon m’a souvent visité,
Et que, pour ce désert, les Muses ont quitté
Les fleurs de leur montagne, et l’argent de leur onde.
Ils diront qu’éloigné de la pompe des rois,
Je voulus me cacher sous l’ombrage des bois
Pour montrer mon esprit à tous les yeux du monde.
D’après J.A. Delpon, dans Statistique du Département du Lot (1831) : « A Saint Céré on voit encore le cabinet sur la porte duquel il écrivit ces vers si connus :
Las d’espérer et de me plaindre
Des muses, des grands et du sort,
C’est ici que j’attends la mort,
Sans ma désirer ni la craindre. »
D’après : Poésie sur la Toile et Statistique du Département du Lot, JA Delpon, 1831.
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