En ce temps là, le monastère du bon abbé de Lunan, Anastase, était dans un état de vétusté que les inondations répétées auxquelles il était soumis, n’arrangeaient certes pas.
Le bon curé avait en vue une vallée riante, ensoleillée, à l’abri des flots destructeurs, mais pour l’instant, personne pour financer son projet de construction.
Ce matin là, il cheminait tranquillement vers son petit paradis quand, au pied d’un buisson, il aperçut une colombe qui se débattait prise au collet d’un braconnier.
Très doucement, il délivra la pauvre bête, la caressa, puis la laissa partir. Mais la colombe ne prit pas tout de suite son envol.
– « Tu m’as sauvé la vie, lui dit-elle, que veux-tu en échange. »
– « Rien que tu ne puisses me donner, gentille colombe. Mon monastère est vieux, humide et malsain ; il me faudrait un riche mécène pour en construire un autre ici. »
– « Qu’à cela ne tienne ! Je sais que le roi doit venir en Quercy. Fais en sorte de le faire venir ici-même, je me charge du reste … »
Et la colombe disparut dans le ciel.
En effet, à quelques temps de là, le Roi s’en vint en Quercy avec toute sa cour et Anastase en profita pour guider ses pas vers la riante vallée, lui promettant un miracle.
– « Que devrais-je voir Anastase ? »
– « Sire, regardez au ciel. »
Et en effet, loin vers l’est, un gros nuage blanc avançait vers eux et au fur et à mesure où le nuage s’approchait, les yeux émerveillés du Roi, de ses soldats, de toute la cour et d’Anastase distinguaient, sur le bleu du ciel, des milliers de colombes blanches.
Elles tournoyèrent au-dessus de leurs têtes, quand, tout à coup, l’une d’elle se détacha et vint poser sur la terre à l’emplacement souhaité par Anastase, un brin de laurier.
Puis, elle repartit droit dans le ciel et disparut au milieu des milliers d’ailes éparpillées.
Tous tombèrent à genoux et le roi promit à Anastase son monastère.
» Fiat là ! (qu’il soit fait là ! ) dit le Roi, d’où le nom de Figeac qu’on donnera ensuite à la ville qui se construira autour du monastère.
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