Poète Cadurcien de la Renaissance (Cahors, 1529-1561)
Olivier de Magny est né dans une famille bourgeoise de Cahors, d’un père magistrat et banquier, d’une mère très cultivée ayant la passion des lettres.
Après des études à l’Université de Cahors, poussé par le goût de l’aventure, il part pour Paris en 1547, ayant avec lui, grâce à sa mère, une lettre de recommandation de l’évêque de Cahors au poète Hugues Salel (Abbé de Saint-Chéron).
J’entreboyoi soubz un vestement noir, Le marbre blanc de ta cuisse arrondie, Lors que ta main jalousement hardie Priva mes yeux du bon heur de la voir.
C’est auprès de lui, entouré aussi de Pierre de Ronsard et de Joachim du Bellay qu’il perfectionne ses aptitudes naturelles à la poésie. Secrétaire du poète, il fréquente la cour de François 1er. A la mort de son protecteur, il s’attache à Jean de Saint-Marcel qui, chargé d’une mission diplomatique auprès du Saint-Siège, l’emmène avec lui à Rome en 1555.
En passant à Lyon et rencontre Louise Labé dont il tombe amoureux. Il s’exprime à son propos ou en rapport avec elle dans plusieurs de ses recueils et il est l’auteur de trois textes des Escriz de divers poètes, à la louenge de Louize Labé. Certains textes parfois attribués à Louise Labé sont présents dans les livres de Magny.
Grâce à Hugues Salel, il se voit attaché au conseiller du roi, Jean d’Avanson, proche de Diane de Poitiers. De 1550 à 1555 il l’accompagne en qualité de secrétaire dans son ambassade d’Italie.
Après son retour en France (1556), il est nommé au poste de secrétaire du roi Henri II, qu’il occupe deux années.
Disciple de Ronsard, Magny se montre souvent plein de grâce et d’invention, mais ses oeuvres sont souvent marquées par un abus d’érudition et d’un maniérisme à la Pétrarque. Il a surtout cultivé le sonnet. On lui doit Les Amours (1553), Les Gayetez (1554), Les soupirs (1557), Les Odes (1559) et Sonnets (1560).
Il meurt en 1561. Ce fût un poète doué d’un vrai mérite, bien que ses vers soient aujourd’hui tombés dans l’oubli. Il fût enterré dans l’église de la Daurade sur l’emplacement de laquelle se trouve le square Olivier de Magny.
Quelques poèmes :
A sa demeure des champs
Petit jardin, petite plaine
Petit bois, petite fontaine,
Et petits coteaux d’alentour,
Qui voyez mon être si libre,
Combien serais-je heureux de vivre,
Et mourir en votre séjour !
Bien que vos fleurs, vos blés, vos arbres,
Et vos eaux ne soient près des marbres,
Ni des palais audacieux,
Tel plaisir pourtant j’y retire
Que mon heur, si je l’ose dire,
Je ne voudrais quitter aux dieux :
Car ou soit qu’un livre je tienne,
Ou qu’en rêvant je me souvienne
Des yeux qui m’enflamment le sein,
Ou qu’en chantant je me promène,
Toute sorte de dure peine
Et d’ennui me laisse soudain.
Toutes fois il faut que je parte,
Et faut qu’en partant je m’écarte
De vos solitaires détours,
Pour aller en pays étrange
Sous l’espoir de quelque louange
Mâlement travailler mes jours.
Ô chaste vierge Délienne,
De ces montagnes gardienne,
Si j’ai toujours paré ton dos
D’arc, de carquois et de sagettes,
Couronnant ton chef de fleurettes
Et sonnant sans cesse ton los :
Fais que longtemps je ne séjourne,
Ainçois que bien tôt je retourne,
En ces lieux à toi dédiés,
Revoir de tes nymphes la bande,
Afin qu’en ces autels j’appende
Mille autres hymnes à tes pieds.
Mais soit qu’encore je revienne
Ou que bien loin on me retienne,
Il me ressouviendra toujours
De ce jardin, de cette plaine,
De ce bois, de cette fontaine
Et de ces coteaux d’alentour.
Bienheureux est celuy, …
Bienheureux est celuy, qui loing de la cité
Vit librement aux champs dans son propre heritage,
Et qui conduyt en paix le train de son mesnage,
Sans rechercher plus loing autre felicité.
Il ne sçait que veult dire avoir necessité,
Et n’a point d’autre soing que de son labourage,
Et si sa maison n’est pleine de grand ouvrage,
Aussi n’est-il grevé de grand’ adversité.
Ores il ante un arbre, et ores il marye
Les vignes aux ormeaux, et ore en la prairie
Il desbonde un ruisseau pour l’herbe en arouzer :
Puis au soir il retourne, et souppe à la chandelle
Avecques ses enfans et sa femme fidelle,
Puis se chaufe ou devise et s’en va reposer.
Je cherche paix …
Je cherche paix, et ne trouve que guerre,
Ores j’ay peur, ores je ne crains rien,
Tantost du mal et tantost j’ay du bien,
Je vole au ciel et ne bouge de terre.
Au cueur doubteux l’espérance j’enserre,
Puis tout à coup je luy romps le lyen,
Je suis à moy et ne puis estre mien,
Suyvant sans fin qui me fuyt et m’enferre.
Je voy sans yeux, je cours sans desplacer,
Libre je suis et me sens enlacer
D’un poil si beau que l’or mesme il egale.
J’englace au feu, je brusle dedans l’eau,
Je riz en pleurs et ronge mon cerveau,
Chantant tousjours comme fait la cigalle.
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